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 La Havane des dernières années de Fidel

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Tite Prout
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Tite Prout


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21072006
MessageLa Havane des dernières années de Fidel

Cuba
La Havane des dernières années de Fidel

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par Miguel Otero

N’importe quelle scène de La Havane mérite une photo : les bâtiments et les palais en ruine, les voitures américaines de plus d’un demi-siècle d’âge, les queues devant les commerces d’alimentation, ces personnages noirs aux regards et aux sourires cinématographiques... Le visiteur est pressé de tout immortaliser parce qu’il a peine à croire que ce qu’il voit est réel. Il sait que maintenant, il l’a devant lui et il peut le voir, mais que peut-être, dans quelques années cela ne sera plus là. C’est comme descendre d’une machine à remonter le temps et disposer d’un espace temps limité pour s’imprégner des réalités de cet autre monde. Le voyageur profite au maximum de son séjour dans la capitale cubaine parce qu’il sait qu’il ne peut pas y rester. Tous les étrangers qui arrivent dans l’île doivent avoir leur billet de sortie. C’est une des conditions indispensables pour obtenir le visa d’entrée dans la réalité de Cuba.

Les rues du quartier Centro Habana sont très abîmées après presque 50 ans de lutte révolutionnaire et le blocus des Etats-Unis, mais au milieu des bâtiments anciens, pointent soudain des maisons peintes à neuf et bien entretenues. Salomé vit dans un foyer protégé par les grilles d’une porte de métal avec toutes les commodités d’une famille de classe moyenne et le système lui convient : « Ici, personne ne meurt de faim, tout le monde a le nécessaire », commente-t-elle après avoir bu une gorgée de son délicieux café. Salomé est une privilégiée à La Havane à l’époque du « chavito », nom par lequel les Cubains désignent la monnaie artificielle convertible qui a remplacé le dollar comme « monnaie dure ». La dame, âgée d’environ 55 ans, dirige une auberge privée qui a la licence pour héberger des touristes et pour chaque nuitée, elle reçoit 25 pesos convertibles (CUC), c’est-à-dire, 25 chavitos. En d’autres termes, Salomé touche presque 25 euros par jour (1 euro équivaut à 1,08 CUC) en échange d’une chambre bien arrangée avec une salle de bain individuelle et un petit déjeuner qu’elle offre aux étrangers.

Salvador, quant à lui, n’a pas la même chance. Il travaille de 10 heures du matin à 10 heures du soir comme disc-jockey au Cabaret Palermo, un des endroits les plus populaires de Centro Habana et il touche le salaire minimum mensuel de 240 pesos cubains, connus sur l’île comme « la monnaie faible ». Un peso convertible vaut actuellement 24 pesos cubains, ce qui fait que Salomé gagne, impôts déduits, autant en un jour que Salvador en un mois de travail. Mais il ne se décourage pas : « Je ne gagne pas beaucoup, mais finalement, je fais toujours la connaissance d’un touriste, je lui montre la ville et lui il m’aide. »

Après l’URSS, le tourisme

Ces paroles montrent bien à quel point les Cubains sont devenus extrêmement dépendants du tourisme depuis la chute de l’Union Soviétique en 1991. Les aides de la superpuissance socialiste « représentaient avant cette date plus de 30% du PIB de l’île et lorsqu’elles prirent fin, il ne resta d’autre remède à Fidel Castro que d’ouvrir les portes au tourisme de masse pour éviter que l’économie cubaine ne s’effondre complètement » comme le reconnaît Pablo Mijares, un haut responsable du régime cubain. Fidel lui-même a révélé à plusieurs reprises que, du point de vue idéologique, cette décision a été une des plus difficiles et douloureuses de sa vie et le temps lui a donné raison. Les touristes ont apporté beaucoup d’argent à Cuba mais ont été aussi la principale cause des inégalités existantes.

Pour éviter l’influence négative de la mentalité capitaliste des touristes sur la population locale, le régime socialiste de Fidel Castro a essayé durant toutes ces années de construire un système de services et de prix pour les étrangers et un autre pour les Cubains, mais cette stratégie a entraîné beaucoup d’inconvénients. « Avant la chute de l’Union soviétique, je pouvais, avec quelques pesos cubains, passer une nuit à l’Hotel Inglaterra (un des hôtels les plus emblématiques de La Havane), alors que maintenant, ils ne me laissent même pas entrer » commente Julio Cabrera, un journaliste indépendant de la capitale qui confirme que les Cubains ont un accès limité aux hôtels et restaurants pour touristes. Pablo Mijares, de son côté, explique cette mesure d’un point de vue socialiste. « Avec les prix que nous pratiquons actuellement pour les touristes, les seuls Cubains qui jouiraient vraiment des hôtels de luxe seraient ceux de Miami, c’est pourquoi nous avons opté pour la solution : ou tout le monde, ou personne. »

Il est évident qu’aucune personne disposant de bas revenus n’aime voir son voisin vivre dans l’opulence, mais quelle différence que ce voisin soit un Cubano-américain ou un étranger européen ? Ce qui dérange les Cubains qui luttent chaque jour pour obtenir la « monnaie dure », c’est de voir qu’aujourd’hui, ce sont les étrangers qui profitent des lieux qui avant leur appartenaient. Gullantay, une vendeuse ambulante comme il y en a beaucoup à La Havane, l’explique de manière imagée : « C’est comme un réfrigérateur. Nous avons tous travaillé pour le fabriquer. Une fois que nous l’avons fabriqué, on y a mis de la bière pour tous et tout le monde pouvait aller au réfrigérateur et prendre ses bières, mais maintenant, ils ont mis un cadenas au frigo et seuls les étrangers ont la clé pour l’ouvrir. »

Le fait est que les Cubains ne se voient pas seulement limiter l’accès aux établissements hôteliers pour touristes, les prix d’entrée dans les discothèques et les clubs de Centro Habana comme la Casa de la Música sont aussi prohibitifs pour quiconque touche son salaire en « monnaie faible ». La simple entrée pour voir un groupe de renom peut s’élever à 20 chavitos, c’est-à-dire le double de ce que reçoit Salvador pour un mois de travail.

Tout ceci pourrait passer inaperçu pour un esprit européen ou états-unien, mais dans la Cuba de Fidel, il faut faire la différence entre ce qui représente les luxes réservés à une société capitaliste et consumériste et les exigences que peut avoir un être humain socialiste. Il n’y a pas de doute : l’extraordinaire de la révolution cubaine, c’est que, malgré plus de 40 ans de blocus de la part des Etats-Unis, elle a réussi à satisfaire les besoins de base de sa population. La liste des aliments du « panier de base » ne permet pas de grands festins et beaucoup de Cubains se plaignent des rations réduites, mais il est bien certain que personne ne souffre de la faim. Le transport public est extrêmement bon marché à La Havane. Gullantay a été un jour à l’hôpital, on lui a décelé un kyste aux ovaires et au bout de quelques heures elle était déjà opérée et en salle de convalescence. A La Havane, à la différence de la majorité des villes d’Amérique latine, il est pratiquement impossible de voir un enfant travailler ou demander l’aumône dans la rue. « Les enfants cubains sont à l’école, là où ils doivent se trouver », souligne Salomé. Le processus révolutionnaire cubain s’est également toujours préoccupé d’offrir une bonne culture au peuple. A La Havane, le théâtre, le cinéma, le ballet, l’opéra et le base-ball sont à la portée de tous, y compris des gens à bas salaire.

Une Cuba bon marché, l’autre chère

La Cuba d’aujourd’hui est divisée entre un système bon marché et accessible qui couvre les besoins de base des Cubains et un système cher, agrémenté de toutes les sortes de luxes du premier monde pour les touristes. Comme l’explique Pablo Mijares, les prix pour les touristes sont aussi élevés parce que c’est, pour l’Etat, la première source de financement lui permettant d’offrir l’éducation, la santé et la culture gratuites aux Cubains. Ce qui se passe, c’est qu’il y a des personnes comme Gullantay ou Salvador qui ne se contentent pas des besoins de base. Ils savent parfaitement apprécier les services que leur offre l’Etat, mais ils les considèrent comme insuffisants. Gullantay se plaint parce que ses filles ne reçoivent qu’un cahier et un crayon au début des cours et ensuite, elle doit leur acheter le matériel scolaire dans les magasins pour les touristes qui vendent leur marchandise en chavitos. Salvador, de son côté, regrette de ne pouvoir aller à la Casa de la Música que lorsqu’il prend à un touriste ami l’envie de l’inviter. Dans La Havane de l’ère du chavito, il y a deux structures bien différenciées mais, de même que les commodités et les privilèges du système pour touristes attirent l’attention des Cubains, les prix modiques du système pour les Cubains attirent les étrangers à faibles moyens.

Cette circonstance fait que la demande grandit dans les deux systèmes et finalement, suivant une logique capitaliste, et cela fait aussi monter les prix. « Ces dernières années, les marchés pour Cubains sont de plus en plus chers » souligne Juan, un peintre bohême qui vit dans la Vieille Havane et qui a rarement de la « monnaie dure » dans ses poches. L’inconvénient n’est pas seulement que les touristes utilisent les services destinés aux Cubains et font donc grimper les prix, le plus grand problème est qu’il y a de plus en plus de produits de base qui commencent à être commercialisés en chavitos. Juan comprend qu’une canette de Coca Cola, des chaussures Nike ou un lecteur de Cd Sony soient vendus en monnaie dure, « mais comment peut-il se faire qu’une chemisette ou un pantalon quelconque, une canette de bière cubaine de la marque Bucanero ou même l’huile, qui est une nécessité de base, soient vendus en chavitos ? ». Sur ce thème, Pablo Mijares est aussi d’accord. « L’huile est un produit de base pour cuisiner, elle devrait vendue en pesos cubains, c’est vrai, c’est une des nombreuses choses qui ne vont pas et que nous devons changer », reconnaît le haut cadre du Régime qui, malgré sa position privilégiée ne gagne que 900 pesos cubains par mois, soit moins de 40 euros.
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La Havane des dernières années de Fidel :: Commentaires

Tite Prout
Re: La Havane des dernières années de Fidel
Message Ven 21 Juil - 21:06 par Tite Prout
Telle qu’est maintenant la vie à La Havane, l’attrait du pouvoir d’achat offert par le chavito est trop fort pour que les Cubains résistent à la tentation de se procurer d’une façon ou d’une autre la « monnaie dure ».

Salaire minimum : 10 chavitos

La réalité de La Havane est la suivante : le salaire minimum des Cubains est de 240 pesos cubains, ou, ce qui revient au même, 10 chavitos. Une bière nationale, de marque Bucanero, qui est, en principe, un luxe, coûte, à n’importe quel endroit de la ville, un chavito, c’est-à-dire 10% du salaire minimum. Un shampoing courant pour les cheveux, autre luxe, coûte plus de 3 chavitos. Un jus d’orange pasteurisé, autre privilège, coûte plus de 2 chavitos. Et ainsi de suite, jusqu’aux chaussures Nike qui peuvent dépasser les 80 chavitos. Cela fait que le Cubain s’ingénie à obtenir de la « monnaie dure », et les méthodes sont très variées.

Ceux qui ont le plus de chance, ce sont ceux qui ont de la famille à l’étranger et qui reçoivent périodiquement des mandats. Gustavo Aliago, un autre journaliste cubain indépendant qui a des liens à Miami, explique que « les envois de devises des Cubains de l’étranger représentent la seconde source de revenus de l’île après le tourisme. »

Mais tous n’ont pas la chance d’avoir un proche à l’étranger ou de diriger une auberge privée pour étrangers comme Salomé et à ceux-là, il ne reste d’autre remède que de « chercher leur vie » comme dit Salvador. Lui, comme beaucoup d’autres de Centro Habana ou de la Vieille Havane, fait le guide touristique, avec l’espoir de recevoir une invitation ou un pourboire. Un ou deux chavitos, soit un ou deux euros, cela représente déjà 10 ou 20% de son salaire mensuel. Gullantay, de son côté, achète tout type de vêtements aux commerçants vénézuéliens et pour chaque pièce qu’elle vend dans la rue, elle se fait quelques chavitos. Juan, le peintre, a toujours l’espoir qu’un touriste sera intéressé par ses oeuvres ou et à chaque tableau vendu il gagne déjà plus que ce qu’il gagnerait avec un salaire en pesos cubains. Tomas, par exemple, a une voiture et s’en sert illégalement comme taxi. Quand un étranger monte, il risque que la Police lui inflige une amende et lui confisque son véhicule, mais comme il dit : « de toute manière, je dois trouver de la bonne nourriture pour mes enfants, non ? Et si l’étranger paie en chavitos, cette nourriture sera bien meilleure. »

L’arrivée du tourisme de masse et l’augmentation de la circulation de « monnaie dure » ont favorisé aussi d’autres activités illégales comme la prostitution et la délinquance, même si dans ce cas, il faut dire que le volume de ces activités est bien supérieur dans n’importe quelle autre capitale latino-américaine que dans la ville de La Havane. Reinaldo Morales, un historien, commente que le narcissisme des Cubains fait que les gens, à La Havane, pensent que leur ville est une des plus dangereuses du monde et qu’il n’y a pas plus grande misère ou pauvreté que les leurs. « Il faut relativiser les choses. Si on compare avec les pays voisins, Cuba offre une meilleure qualité de vie à sa population que les autres îles des Caraïbes et qu’une grande partie des pays d’Amérique centrale », explique Morales. Beaucoup de Cubains se plaignent de leur situation parce qu’ils ne sont jamais sortis du pays et ne peuvent comparer leur qualité de vie avec celle de leurs voisins. Et c’est précisément ça que demande la plupart des jeunes de La Havane. Beaucoup ne sont pas opposés à SON régime (les Havanais parlent de Fidel Castro à la troisième personne pour s’éviter des problèmes), la seule chose qu’ils veulent, c’est de pouvoir sortir de l’île et connaître d’autres réalités.

« Bientôt, les choses vont changer dans l’île »

Oscar est un jeune homme de 30 ans, il est coiffeur à Centro Habana. Aujourd’hui il a une fiancée de Barcelone et souhaite sortir de Cuba pour connaître l’Espagne. « Je ne suis pas contre le système » dit-il, « la seule chose que je souhaite, c’est de pouvoir voyager et connaître le monde comme le font les touristes qui viennent ici. Cette île est petite, et si tu y restes toute ta vie, finalement, elle se transforme en une grande prison d’où on ne peut s’évader ». Oscar est un jeune homme à la mentalité très ouverte et ayant une grande connaissance de ce qui se passe dans le monde et à mesure qu’il raconte ses aspirations et ses objectifs pour l’avenir, on remarque dans ses yeux l’illusion que « bientôt, les choses vont changer dans l’île ». Avec l’âge avancé de Fidel Castro, Cuba se trouve aujourd’hui dans une phase critique propre d’un changement de génération dans le pouvoir. Julio Cabrera, le journaliste, explique à juste titre le sentiment de la majorité des habitants de La Havane. « Les gens sont dans l’expectative aujourd’hui parce qu’ils savent qu’il ne reste que quelques années de vie à Fidel, mais ce qui est certain, c’est que presque tout le monde est d’accord pour dire que la situation ne peut continuer ainsi ». L’augmentation des inégalités et la hausse des prix ont fait que de nombreux Cubains sont désireux de voir un changement dans le système.

La question clé est donc : que se passera-t-il à la mort de LUI ? « C’est une question à laquelle personne ne peut répondre pour le moment, pas même Fidel », commente l’historien Reinaldo Morales. Mais plusieurs scénarios sont possibles. Le premier serait la succession au pouvoir du frère de Fidel, Raul Castro, mais Gustavo Aliaga écarte cette option, considérant que même les cadres socialistes n’accepteraient pas une dynastie au pouvoir. « Ce serait très peu socialiste et révolutionnaire. », dit le journaliste. Si donc on écarte la succession familiale, il reste trois autres possibilités qui vont du scénario catastrophe au scénario rose pour la révolution cubaine. Le scénario catastrophe serait la lutte interne pour le pouvoir et l’émergence d’une guerre civile. Comme l’explique Jésus Arboleya dans son livre « Cuba et les Etats-Unis : un débat actuel », il y a la possibilité que la diaspora cubaine de Miami mène la stratégie de financer des groupes dissidents internes pour qu’ils créent des troubles et des affrontements entre les Cubains eux-mêmes et ainsi qu’elle favorise l’anarchie et le vide de pouvoir pour reprendre les rênes du pays grâce à l’aide d’une intervention militaire des Etats-Unis. Oscar est convaincu que ce scénario est le plus probable. « Lorsque LUI mourra, les gens vont s’entretuer, c’est pour cela que je veux m’en aller d’ici », dit le coiffeur.

L’attraction de l’ American way of life

Le scénario intermédiaire ne serait pas aussi dramatique. Gustavo Aliaga pense que les nouveaux dirigeants de la révolution cubaine vont céder aux propositions des entrepreneurs cubains de Miami. Au vu des nécessités actuelles du pays, il est très probable qu’il y aura une phase de transition et que peu à peu se produira dans Cuba une ouverture politique et économique. « Les nouveaux dirigeants vont s’asseoir à table avec les Cubains de la diaspora et les grands entrepreneurs des Etats-Unis et, à la fin, ils arriveront à un accord. Les relations entre les Cubains de l’île et ceux de la diaspora ont toujours été historiquement très étroites et c’est ce qui va l’emporter », explique Aliaga. Reinaldo Morales renforce cette hypothèse en assurant que l’influence culturelle des Etats-Unis a toujours été très grande dans l’île. « Nous, les Cubains, on aime le base-ball, on aime les films hollywoodiens, et on aime aussi la musique qui vient de ce pays, il suffit de voir comment les jeunes d’aujourd’hui s’habillent pour comprendre que 47 années de révolution n’ont pas éliminé l’attrait qu’exerce l’American way of Life sur la société cubaine. » Le scénario intermédiaire, ce serait Cuba avec une démocratie libérale et une économie de marché.

Mais Pablo Mijares n’accepte pas cette thèse. Pour lui, le processus révolutionnaire cubain va continuer à avancer après la mort de Fidel. « Il est possible que beaucoup de jeunes ne soient pas d’accord avec certaines choses du système, mais tous savent reconnaître les prestations sociales qu’il offre. » « Ici, nous ne voulons pas que le néo-libéralisme arrive », commente Samuel, un jeune serveur noir qui travaille dans une cafétéria du centre de la ville. Julio Cabrera analyse la conjoncture actuelle et penche également pour le scénario rose. « Il y a beaucoup de mécontentement dans la population, mais cela ne veut pas dire que les Cubains soient contre l’idée de socialisme. En outre, la révolution vénézuélienne d’Hugo Chavez a amené un souffle d’air frais au processus cubain. Aujourd’hui même, si les gens devaient choisir entre le néo-libéralisme et le socialisme, la majorité inclinerait vers la seconde option. » Beaucoup d’habitants de La Havane, comme Juan, le peintre, peuvent passer des heures à critiquer les décisions de Fidel mais quand on les interroge sur le socialisme, ils n’hésitent pas à dire que c’est le but final auquel doit aspirer tout être humain. Juan fait même partie des optimistes, il pense que nous sommes déjà dans une phase de transition historique entre le capitalisme et le socialisme. « L’homme a mis des siècles à passer d’une société féodale à une société capitaliste et il mettra autant de siècles pour passer d’une société capitaliste à une société socialiste, mais à la fin, il réussira, de cela, cela ne fait aucun doute. »

N.B. Les noms utilisés dans ce reportage sont fictifs, à la demande de la plupart des personnes interviewées.

En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

RISAL - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine
URL: http://risal.collectifs.net/

Source : Agencia de Información Solidaria (AIS - www.infosolidaria.org), 4 juin 2006.

Traduction : Marie-Paule Cartuyvels, pour le RISAL (www.risal.collectifs.net).
 

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