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 Simon Bolivar, modèle paradoxal

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Simon Bolivar, modèle paradoxal Empty
11072006
MessageSimon Bolivar, modèle paradoxal

: Simon Bolivar, modèle paradoxal (Le Monde 12-7-06)
Simon Bolivar, modèle paradoxal





HUGO CHAVEZ vénère Simon Bolivar, le " Libérateur ", aristocrate
rationaliste qui eut la vision, à l'aube du XIXe siècle, d'une Amérique latine
unifiée, éclairée par l'esprit des Lumières. Mais Bolivar, lui, eût-il aimé
Chavez si, par quelque tour de passe-passe magique, il l'avait rencontré ?

A cette interrogation, la vie de Bolivar n'apporte pas de réponse
évidente. Chavez et son héros ont en partage le goût du pouvoir, l'opiniâtreté,
l'astuce, de bons sentiments et une pensée parfois fantasque. Ils diffèrent par
leurs origines sociales et leurs professions de foi. Bolivar se disait libéral
(mais ne l'était pas toujours), tandis que Chavez prétend construire un "
nouveau socialisme " qui ressemble à l'ancien.

Bolivar est né à Caracas en 1783, au sein d'une des plus riches familles
du Venezuela. Son précepteur lui a fait lire John Locke et Jean-Jacques
Rousseau. " Vous avez ouvert mon coeur à la liberté ", écrit-il à son maître. Il
voyage en Europe, dépense sa fortune, vit une vie assez dissipée. Exalté, il a
des rêves de grandeur. A Rome, il jure ne jamais laisser " reposer - son - bras
ni - son - âme tant que n'auront pas été brisées les chaînes qui nous oppriment
par la volonté du pouvoir espagnol ". Au Vatican il refuse de baiser la sandale
du pape et, en passant par Paris, devient franc-maçon.

Comme plus tard Chavez, il choisit les armes et la rébellion. Quand éclate
la révolution en Espagne, le jeune homme est de retour dans son pays natal et
rejoint l'armée des insurgés de Francisco de Miranda. En 1812, Miranda est
défait par les troupes royalistes. Bolivar est de ceux qui, par dépit, livreront
leur chef à l'ennemi. Miranda finira ses jours dans une geôle de Cadix.

Bolivar rejoint à Carthagène un patriote colombien, Antonio Nariño, qui
fut emprisonné pour avoir traduit et distribué la Déclaration des droits de
l'homme. Puis il reprend le chemin de Caracas, à la tête de 130 hommes. C'est la
" Campagne admirable ". Une " aventure chimérique ", dit-on alors, conçue par "
un esprit délirant ". Le 6 août 1813, il entre dans la ville. Il est sacré "
Libertador ", " un titre supérieur à tous ceux que peut recevoir l'orgueil
humain ".

En 1814, les Espagnols reprennent Caracas, et Bolivar s'enfuit en
Jamaïque, d'où il écrira une lettre restée célèbre dans laquelle il prône
l'union et la république. Il repart à l'assaut du Venezuela à deux reprises. "
Dieu concède la victoire à la constance ". En 1819, il fonde le Congrès de la
Grande Colombie, une fédération unissant les nations libérées, la Colombie, le
Venezuela, Panama et l'Equateur. Il en devient le président. D'autres batailles
suivront, souvent gagnées par le jeune Antonio José de Sucre, pour la liberté du
Pérou et du Haut Pérou (aujourd'hui la Bolivie, ainsi nommée en hommage à
Bolivar).

Viendra ensuite le temps de la désillusion. Bolivar est centralisateur et
s'oppose aux fédéralistes. Pour mieux s'imposer, ce " libéral " se décrète "
dictateur " en 1828. Il échappe à une tentative d'attentat. Sa santé décline, il
est tuberculeux. Il abandonne ses fonctions et meurt à Santa Marta, en Colombie,
le 17 décembre 1830.

Fascinant, mais parfois incohérent, Bolivar est un humaniste (il libère
ses propres esclaves) qui peut massacrer ses prisonniers, un républicain grisé
par le pouvoir absolu. Il lit L'Esprit des lois et La Richesse des nations, tout
en rédigeant une extravagante Constitution qui propose à la Bolivie un président
à vie pouvant désigner lui-même son successeur. Peut-être Chavez a-t-il lu lui
aussi Montesquieu et Adam Smith. Et dans cette hypothèse, comme Bolivar alors,
lui non plus ne les a pas bien compris
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Simon Bolivar, modèle paradoxal :: Commentaires

"himself75" <himself75@...>
Date : Mercredi 12, Juillet 2006 17:49
Objet : Re : Simon Bolivar, modèle paradoxal (Le Monde 12-7-06)

encore un portrait orienté j'adore!

dans les premières phrases quand le journaliste qualifie bolivar ou
chavez: "Chavez et son héros ont en partage le goût du pouvoir,
l'opiniâtreté, l'astuce, de bons sentiments et une pensée parfois
fantasque."

j'adore! dans l'inconscient de certains on dirait que les indiens, les
noirs, les arabes ou les colonisés de toutes sortes ne peuvent pas
être intelligent. on leur concède au mieux le fait d'avoir de l'astuce
ou d'être "malins". mais intelligent... bref, on les considère un peu
comme des singes savants, amusants, malins, mais pas intelligents.
c'est un détail mais c'est révélateur je trouve.

ensuite le parallèle entre chavez et bolivar n'est pas mené à terme:
le journaliste écrit que bolivar se rebelle contre l'empire espagnol,
quand à chavez il n'écrit pas ce qui crève les yeux de ceux qui les
ouvrent: il se rebelle contre l'empire américain. si on ne doit faire
qu'un seul parallèle entre chavez et bolivar c'est bien celui là!
toutes les autres comparaisons sont secondaire, le principal est que
ces deux hommes sont en lutte contre un empire extérieur qui pille
leur terre et opprimme leur peuple.

ensuite la fin où sans préciser le contexte on accuse bolivar de
commettre des massacres gratuits ou de se vautrer dans le pouvoir et
la tyrannie est malhonnête!

chavez aussi s'il veut réussir à vraiment impulser son pays sur la
voie de l'indépendance risque d'être tenté de devenir un despote, car
avec leur système de révolution orange ou autre, les américains sont
capables de détourner toutes les règles de la démocratie en leur
faveur. je suppose que bolivar à son époque a été confronté aux mêmes
problèmes, influence impérialiste espagnole, et potentats corrompus
locaux, qui l'ont obligé à tout centraliser pour mener à bien sa
politique...

une dernière chose que le journaliste ne dit pas, c'est qu'en
émancipant l'amérique latine de l'espagne, bolivar a contribué sans le
vouloir à donner le pouvoir aux impérialistes américains... un
impérialisme en chasse un autre!

avec chavez je ne vois pas quel impérialisme pourrait remplacer celui
des américains, si par chance il parvenait à s'en défaire...
himself75
 

Simon Bolivar, modèle paradoxal

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