L’Egypte, La Grèce et l’école d’Alexandrie : Théophile OBENGA restitue une histoire interculturelle dans l’Antiquité
24/01/2006
L’Egypte, La Grèce et l’école d’Alexandrie. Histoire interculturelle dans l’Antiquité. Aux sources égyptiennes de la philosophie grecque. [Khepera / L’Harmattan, Paris, 2005]. Celui que l’on pourrait appeler dans la culture négro-égyptienne «Le Suivant de Diop», comme les Africains de l’époque pharaonique parlaient des «Suivants d’Horus» poursuit inlassablement et avec une passion communicative l’œuvre de son illustre aîné, le savant Cheikh Anta Diop, dans les domaines de l’histoire, de la linguistique, de l’étude des civilisations, il s’agit du Pr. Théophile OBENGA. Trente ans passés après son premier ouvrage phare l’Afrique dans l’Antiquité, le chercheur clairvoyant qui a bouclé un pan de l’historiographie Cheikh Anta Diop en démontrant les parentés génétiques entre langues négro-africaines et africaines pharaoniques, confirmant la continuité culturelle Egypte-Afrique, revient sur les relations entre la Grèce, l’Afrique et le Monde antique.
Professeur de langue égyptienne et d’Histoire culturelle ancienne passé par plusieurs universités américaines et africaines, Théophile OBENGA se penche sur des classiques qu’on lui connaît, les sources égyptiennes de la philosophie et du savoir grec, l’importance de l’école d’Alexandrie dans le développement des sciences, de la philosophie, des mathématiques dans les civilisations méditerranéennes, orientales, accoucheuses de l’Occident moderne.
D’un point de vue thématique l’ouvrage aborde 3 thèmes :
§ Le rôle civilisateur de l’Afrique pharaonique, l’Egypte sur la Grèce.
L’analyse serrée des documents anciens produits par les Grecs eux-mêmes ne laisse guère de doute sur le fait que le rayonnement de la Grèce antique a puisé quasiment tous les éléments de sa civilisation en Afrique. Un renversement de perspective intervient dès lors, qui a de quoi ébranler bien des certitudes, et quelques ethnocentrismes. La philosophie grecque n’est pas un miracle, elle résulte de l’apprentissage des premiers sages grecs, étudiants ou visiteurs à l’école africaine d’Egypte. Pour les plus connus, et pour d’autres encore, passés dans la postérité pour leur génie philosophique ex-nihilo, Théophile OBENGA reconstruit les parcours « scolaires », les cursus des Thalès, Pythagore [22 ans en Egypte], Platon, Aristote qui visita l’Egypte et la considérait comme le berceau de sciences, mathématiques, astronomie, philosophie, ...
La démarche consistant ici à éviter les doxographies tardives et se rapprocher au plus près des textes grecs anciens afin de les faire parler dans les réalités de leur époque, sans euphémisme ni gêne spéculative.
Les emprunts grecs aux savoirs égyptiens, leur quasi vénération et mimétisme par moments de la civilisation pharaonique traduit avec le recul du temps, une éminente contribution africaine à la Grèce et aux civilisations du monde. Cette conclusion qui est une re-confirmation de l’historiographie diopienne traduit bien le caractère universel de la pensée, de l’effort intellectuel et d’édification humaine, que malheureusement trop d’œillères, en particulier la situation présente de l’Afrique, interdisent au vulgaire d’apprécier à sa juste valeur.
§ La Bibliothèque et l’école d’Alexandrie
Alexandre Le Grand, roi de Macédoine [Balkans actuels] fonda en Egypte conquise la ville d’Alexandrie en -332. Cette ville africaine va être le centre d’un développement merveilleux des sciences, mathématiques, astronomie, médecine, pharmacie, chirurgie, philosophie... Les bibliothèques comptent des milliers de livres, dans cette cité dédiée à la connaissance, marquée de bout en bout de l’âme africaine pharaonique. Presque inimaginable, on dénombrait plus de 700 000 titres dans la bibliothèque d’Alexandrie.
Le travail de l’historien nous familiarise avec les savants de cette école, leurs noms et travaux essentiels, situés dans leur cadre historique, permettant un rétablissement précis des faits historiques.
Cette ville et son héritage égyptien pris à la source, vont influencer et modeler la civilisation gréco-romaine. Un courant civilisateur circula donc de l’Afrique pharaonique vers la Grèce ancienne via l’école d’Alexandrie. Cette influence s’étend du monde gréco-romain aux civilisations arabo-musulmanes, puis au Moyen age jusqu’au temps modernes.
Dans le vision diopienne sous laquelle évolue notre auteur, l’importance des apports africains aux autres peuples de la terre n’occulte pas sa conséquence, les héritages communs des différents peuples du monde.
§ Les Mots d’Egypte ancienne dans le Grec et les langues contemporaines
Il est normal que des relations interculturelles aussi étroites aient laissé des traces plus ou moins indélébiles, notamment chez ceux qui ont été les bénéficiaires des sciences et connaissances africaines d’Egypte. Aussi s’attendrait-on à ce que la langue, comme dans tous les processus similaires [colonisation, échanges économiques et culturels durables, ...] soit une espèce de mémoire vive d’un passé partagé.
Théophile OBENGA va donc méticuleusement étudier une série de mots grecs dont l’origine égyptienne est démontrée, issus des domaines très divers comme la géographie, la faune, la flore, les poids et mesures, les textiles, les institutions, les titres, la philosophie... On n’est pas surpris que le mot pharaon, désignant le roi d’Egypte [après avoir désigné son palais] soit d’origine ... égyptienne. Des mots plus proches de notre modernité, le prénom Suzanne ou ébène [bois d’ébène] proviennent également du faramineux legs égyptien. En passant par l’Egyptien ancien, le Démotique, le Copte puis le Grec, Théophile OBENGA dévoile l’origine méconnue de termes courants dans les langues européennes -français, anglais, allemand,...-, sémitiques -accadien, hébreux, arabe-, sa grande érudition l’amène par moments à retrouver des cousins de ces termes en Afrique noire contemporaine.
Cet ouvrage de Théophile OBENGA rapproche tous les peuples, tous les amoureux des relations entre civilisations de grands courants antiques et historiques de la connaissance, des sciences, des techniques, de la philosophie. Pour les Africains du continent et de la Diaspora, il alimente le fond documentaire et scientifique disponible pour une Renaissance africaine substituée aux platitudes et contrefaçons développementalistes et népadiennes, consciente de la richesse d’une histoire dont les faits et institutions demeurent mobilisables pour l’édification d’une Afrique debout d’elle-même.
L’éditeur Khepera confirme [?] par cette sortie, à la suite de l’excellent ouvrage pédagogique de Yoporeka SOMET, L’Afrique dans la philosophie [octobre 2005], un rythme de production que beaucoup attendent plus soutenu, la qualité relevée et l’axe éditorial diopien ayant d’ores et déjà convaincu.
Théophile OBENGA
Professeur de langue égyptienne et d’Histoire culturelle ancienne, conférencier, Université d’Etat de San Francisco. Historien, linguiste, égyptologue, principal continuateur connu de Cheikh Anta Diop, il a contribué à faire reconnaître par la communauté scientifique le continuum égypto-africain insécable lors du colloque du Caire en 1974. Ses travaux sur les parentés génétiques entre langues africaines et égyptiens anciens ont une grande valeur épistémologique.
Une carrière universitaire longue et riche
§ USA : Temple University, Philadelphie, San Francisco [En cours]
§ Afrique : Congo Brazzaville, RDC, Côte d’Ivoire, RCA, Gabon
§ Ancien directeur du CICIBA [Centre international des Civilisations Bantoues]
§ Etudes primaires et secondaires au Congo
§ Etudes supérieures à Bordeaux, Paris La Sorbonne, Genève, USA [Pittsburg], Suisse [Genève]
§ Docteur es Lettres et sciences humaines, spécialité : Philosophie, Egyptologie, linguistique historique comparative, archéologie historique, sciences de l’éducation.
§ Nombreuses publication d’articles scientifiques et d’ouvrages sur l’Histoire de l’Afrique, l’Egyptologie, la linguistique...
§ Directeur de la revue d’Egyptologie et des civilisations africaines Ankh
Quelques ouvrages
§ L’Afrique dans l’Antiquité [1973, Présence Africaine]
§ La Philosophie africaine de la période pharaonique -2780 à -330 avant notre ère, [Paris, L’Harmattan, 1990]
§ Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx [Paris, Présence Africaine, 1986]
Dernier ouvrage publié :
L’Egypte, La Grèce et l’école D’Alexandrie.
Histoire interculturelle dans l’Antiquité
Aux sources égyptiennes de la philosophie grecque
[Paris, Khepera / L’Harmattan, 2005]
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