Sénégal: Emergence économique : l'ombrageux développement du secteur non formel
Le Soleil (Dakar)
28 Juin 2006
Publié sur le web le 27 Juin 2006
M. L. Badji
L'économie sénégalaise souffrirait du " dualisme " entre le secteur moderne et celui " à moderniser " ou plus commun " informel ", selon Mamadou Lamine Diallo.
L'économie du Sénégal est caractérisée par un " dualisme " entre un secteur moderne et un autre " à moderniser ", a soutenu l'écrivain essayiste Mamadou Lamine Diallo, au cours d'une conférence de presse, au Centre des études et sciences de l'information. M. Diallo était invité par ladite institution, en partenariat avec l'association sénégalaise des anciens de Sciences Po de Paris, à parler de son dernier livre : " Le Sénégal, un lion économique ? Essai sur la compétitivité d'un pays du Sahel ".
Selon M. Diallo, le " dualisme " entre le cadre moderne et celui que d'aucuns, à l'exception de l'intéressé qui dit ne lui avoir pas encore trouvé d'étiquette, appellent " informel ", pose problème dans la mesure que ce dernier secteur est " persistant ". Mieux, ce secteur traditionnel est " en train de se développer ", dit-il, ajoutant qu'il repose sur la " rationalité relationnelle " cherchant à " minimiser les risques ", dans l'investissement s'entend.
Ã- en croire l'actuel directeur de Cabinet du président de la Commission de l'Union africaine, c'est là un des aspects de notre économie à laquelle il faut remédier dans l'optique de faire du Sénégal un pays émergent. Pour M. Diallo, " le Sénégal n'est évidemment pas un pays émergent ". Le pays ne l'est d'autant pas encore que " la mise à niveau institutionnel du secteur moderne n'est pas terminée et qu'il n'a pas encore atteint son potentiel de croissance maximum ", avance l'économiste. M. Diallo cite par exemple des problèmes dans la fourniture de l'énergie nécessaire pour asseoir une productivité soutenue, facteur de croissance.
Il a identifié trois barrières à lever : la formation scientifique et technique, le financement bancaire, un " véritable problème " du fait qu'il est à environ 20 % du Pib (contre 100 % en France et plus dans certains pays d'Asie), et notamment supporté par la partie moderne de notre économie. Le troisième obstacle noté par M. Diallo est la " question des valeurs ". Ã- ce propos, le chargé du projet des États-Unis d'Afrique à l'Union africaine a estimé que les " élites africaines doivent faire montre des valeurs d'émergence et les faire partager ".
http://fr.allafrica.com/stories/200606270447.html