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mihou
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mihou


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16062006
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Panafricainement.

Entretien avec le Professeur Théophile OBENGA. Propos recueillis le 17 Mai 2003, Fort de France, Martinique par Mounza

Shabaka du Magazine "RACINES" dans le N°11 de juillet-aout 2003.

Dans cet entretien le Pr OBENGA passe en revue les grands sujets tels que : L'Egypte antique, l'Esclavage, la Colonisation, la

situation actuelle de l'Afrique et son avenir notamment la question de l'Unité Africaine et la Renaissance Africaine. Aussi, de

ses projets d'avenir.

Savant le plus prolixe dans le domaine de l'étude de l'Egypte ancienne. Disciple et ami de Cheikh Anta Diop, THEOPHILE

OBENGA est professeur de langue égyptienne et d'histoire, et auteur de plusieurs ouvrages d'érudition, parmi lesquels

L'Afrique dans l'Antiquité (Présence Africaine, 1973) et La Philosophie africaine de la période pharaonique (L'Harmattan,

1990). Il est actuellement Chef du Département des Etudes Africaines à l'Université de San Francisco aux Etat-Unis. Il y

enseigne l'Egyptologie.

Ses domaines de spécialité sont : Philosophie, Egyptologie, Linguistique historique comparative, Achéologie préhistorique,

Sciences de l'éducation.

RACINES :
Pour quelles raisons les Négro-Africains du continent et ceux nés en déportation devraient s'attacher à Kémet (l'Egypte

négro-africaine) ?

Pr Théophile Obenga :
Ce sont les raisons les plus simples, des raisons de vie.
Par exemple, tous les peuples connaissent leur histoire du début jusqu'à maintenant, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Prenez

les Japonnais, ils connaissent leur histoire bien avant les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki. De même pour les

Chinois. Mao leur a dit qu'ils doivent connaître leur histoire depuis Confucius jusqu'à nos jours. Lénine disait à son peuple

que la culture prolétarienne ne tombe pas du ciel, mais qu'elle est faite de toutes les expériences antérieures du peuple

soviétique. Enfin regardez les Indiens. Ils vivent de manière moderne mais ils n'ont pas pour autant rejeté leur religion et ça

les renfore.

Donc c'est normal que tous les peuples de la Terre se rattachent à leur histoire.

Quand ce n'est pas le cas, cela signifie qu'on est malade : c'est le cas des Noirs du continent et des déportés. Ils se posent

des questions qu'aucun autre peuple ne se pose parcequ'ils ont été vendus, colonisés, traumatisés pendant des siècles. Il faut

absolument etre conscient de l'imporance du rattachement à son histoire. Sinon, on fait le petit jeu de l'assimilation, de la

créolité, de la négritude. Ce sont des recherches de conscience qui ne sont pas mauvaises mais qui ne sont pas complètes.

Il faut voir clairement que nous sommes les derniers à ne pas etre connectés avec notre histoire.

Kémet est la base, mais n'est pas la seule civilisation africaine. Il y a les civilisations Yoruba, les civilisations Akan, Kongo,

Kuba, Luba, Zimbabwé…. tout le patrimoine culturel noir-africain précolonial doit etre connu, réactualisé, réaffirmé, discuté

et critiqué par les Africains eux-memes pour batir l'avenir.

Comparons avec l'Europe. Les Gaulois, les Germains, les Scandinaves… n'étaient pas Grecs. Personne n'était Grec, sauf les

Grecs. Cependant toute l'Europe fait de la Grèce le fondement de leur humanisme alors que les Grecs ne sont pas leurs

parents directs. Il y a les langues indo-européennes, le continent européen et cela a suffit à l'Europe pour établir le lien

avec la Grèce ancienne. C'est ce qui a permis la rennaissance européenne.

RACINES :
Comment l'intégration d'un cadre de référence africain peut-elle avoir un impact sur la sphère économique et sociale ?

Pr Théophile Obenga :
Tout a un contexte. Un mouvement culturel ample, radical et sérieux casse avec les manières de faire d'avant. Si vous créez

un nouveau cadre de réflexion, tout s'enchaine. Mais vous ne pouvez pas créez ce cadre en agisant comme maintenant. Par

exemple, par un mouvement radical sur lui-même, l'Empire japonais, pendant l'ère Meiji, a intégré la modernité à ses propres

valeurs.

Un peuple aliéné doit renaitre. Un peuple ne peut pas accomplir son destin dans des paramètres voulus et dirigés par les

autres. Sinon, il ne crée rien, il vit comme on veut qu'il vive, il étudie comme l'autre veut, il connaît ce qu'on veut qu'il

connaisse, son économie est comme l'autre veut qu'elle soit, il meurt comme l'autre veut qu'il meure et on l'enterre comme on

veut. C'est ça le problème de fond.

RACINES :
Que répondez-vous aux Antillais qui disent que ce sont les Nègres qui vendaient les Nègres donc qu'ils n'ont rien à

rechercher en Afrique ?

Pr Théophile Obenga :
Il faut aborder les problèmes un à un et les analyser en profondeur.

Il y a au moins deux points importants dans le problème de l'esclavage des Africains en Amérique.

D'une part, bien avant la traite négrière, il y a une philosophie établie par Voltaire, Montesquieu, Linné… qui consiste à nier à

l'homme Noir Africain toute trace d'humanité. C'est ce qu'on oublie ; on prend cette pensée pour un épiphomène. Cette

philosophie qui est est le fondement de l'esclavage, du fondement du code Noir, des champs de canne à sucre et de coton,

n'a pas été créée par les Noirs Africains. L'aboutissement de cette philosophie a été atteint : pendant quatre siècles, tu

travailles sans salaires, tu n'as pas ta famille, tes marques, ta culture, tu n'as rien, tu es un animal qu'on peut battre, lyncher,

tuer.

D'autre part, Les Européens disent que l'esclavage a été un crime contre l'humanité. Ont-ils dit : "Nous, Européens et

Africains, nous avons commis un crime contre l'humanité en vendant d'autres Noirs" ? Non, ils assument même dans leur

parlement en disant que c'est un crime contre l'humanité fait par eux.

C'est possible que quelques chefs africains aient vendu des captifs mais ce n'était pas systématique. Or les faits sont

présentés comme si les chefs africains avaient vendu leurs semblables normalement avec gaieté. C'est comme la colonisation,

je deviens milicien ; on me donne des armes et on me demande, à moi un Noir, de couper la main d'un autre Noir parce qu'il ne

travaille pas correctement. Est-ce que ce mal vient de moi fondamentalement ? Je suis un outil qui joue un rôle dans un

système donné. Soyez quand même intelligent, je n'ai pas décidé de couper la main, je le fais dans un contexte. Pourquoi les

Noirs ne l'ont-ils fait avant l'invasion de leur pays par les blancs.

C'est tellement monstrueux que l'europe appelle cela la traite négrière. S'ils l'appelaient la traite négrière européenne en

Afrique, quel Européen accepterait une telle dénommination dans un programme ? Pourtant, c'est ce qu'il s'est passé, c'est

bien les Européens qui ont déporté les Noirs dans leurs navires négriers. Les Européens disent que ce n'était pas eux, mais

leurs ancêtres. Ils ne parlent jamais des bénéfices des plantations. Le mensonge européen est tellement sophistiqué, tellement

habile que beaucoup de Noirs y croient.

Si les Noirs ont participé à la traite, ce ne sont pas eux qui ont créé le système.

RACINES :
Depuis le colloque de l'UNESCO au Caire en 1974 (colloque où il a été démontré l'origine nègre des civilisations égyptiennes

pharaoniques), il semble qu'aucun événement d'envergure aussi important sur l'origine des Egyptiens anciens ne s'est déroulé.

Que pensez-vous de ce manque ?

Pr Théophile Obenga :
On ne va pas passer toute la vie à dire que les Egyptiens anciens étaient des Noirs ou des Demi-Noirs. Ce n'est pas utile, c'est

un détail. Les Egyptiens ont fait la civilisation, non parce qu'ils étaient Noirs, Blancs ou Jaunes…. Ils ont fait la civilisation

parce qu'ils étaient des Etres Humains puissants. Les Africains doivent cesser cette affaire.

Aux 16ème, 17ème et 18ème siècles, les Européens traitent les Africains comme les animaux. Est-ce normal que les Blancs ne

veulent pas attribuer aux Noirs ce qu'on leur doit, l'Egypte antique ? Est-il logique de battre un chien puis de dire que ce

chien est un génie ? A partir du 16ème siècle, ils ont créé le mythe du Noir sans civilisation qui perdure jusqu'à présent.

L'ethnographie, l'ethno-anthropologie sont des sciences racistes. Les anciens Grecs (Aristote, Hérodote…) ont vu les

Egyptiens vivants. Ils ont dit que c'étaient des Noirs à cheveux crépus et circoncis. Quand il y a eu l'esclavage, les

Européens ont changé la manière d'écrire l'histoire (l'historiographie) : on est devenu des sauvages, des primitifs dans leurs

écris.

RACINES :
Quel regard avez-vous sur la situation actuelle de l'Afrique ?

Pr Théophile Obenga :
Il faut toujours mettre les choses dans leur contexte. Tu ne peux pas être un pays comme la Côte-d'Ivoire, la Guadeloupe…,

te réveiller et te développer comme ça. Nous sortons d'un système colonial qui a duré presque un siècle après l'esclavage, où

le droit, la vie sociale, l'économie, le sanitaire, la vie scolaire, la langue étaient orientés vers la métropole. Tout ce qui était

local était méprisé. On sort de ce système. De deux choses l'une : soit on créé un autre système de vie, de pensée, de droit,

de santé, d'économie, d'éducation, soit on perpétue le même système. Kwame N'Krumah a dit "Créons un nouveau Paradigme".

On sort de la colonisation, émietté. Chacun a son petit bout de terre, le Mali, le Bénin, le Sénégal…. Proposons un nouveau

système, là où il n'y a pas de francophones, pas d'anglophones. N'Krumah n'a pas pu faire prévaloir ce nouveau système,

certains Africains (Senghor, Houphouët Boiny) n'ont pas voulu de ce système, préférant l'ancien.

RACINES :
L'Unité Africaine est-elle réalisable ?

Pr Théophile Obenga :
Encore une fois, il faut mettre les choses dans leur contexte. On ne peut pas faire l'unité comme ça. C'est l'avis des peuples.

Il faut comprendre le contexte : on est resté très nationaliste, on n'a pas transcendé les frontières. Si tu ne bouscules pas le

système colonial, tu vis encore dedans. Au lieu d'appeler cela Empire colonial français, on appelle communauté

franco-africaine. Dans un tel système, tu ne peux pas te développer car tu perpétues le système colonial : il te permet d'aller

à la banque mondiale, de demander de l'argent. Aucune banque ne prête de l'argent sans intérêt, et aucune banque n'a jamais

développer un pays. On s'endette de plus en plus sans arriver à les payer. Voici les conséquences de ce schéma : la misère, les

dirigeants s'enrichissent des petites miettes qui représentent des grandes choses dans un pays miséreux. La jeunesse n'a pas

de travail. Elle sait manier les armes. Alors, on fait la guerre civile.

Il faut laisser le système colonial se dérouler complètement. Il faut que les gens se rendent compte que c'était un mauvais

choix. C'est à ce moment-là qu'il faudra que l'élite qui a préparé le terrain de l'Unité et de la Renaissance Africaine

intervienne. C'est à ce moment-là que l'Afrique va se développer. Même les autres pays l'aideront. L'Europe et les Etats-Unis

travaillent avec la Chine mais ils ne dictent pas. Le peuple noir est un seul peuple, qu'il soit Guadeloupéen, Ghanéen,

Martiniquais…., qui subit la loi du monde dans tous les domaines.

RACINES :
Quels livres de base conseillerez-vous afin de permettre une réhabilitation qui favoriserait la Renaissance Africaine ?

Pr Théophile Obenga :
C'est l'dée qui compte. Il n'y a pas de livres en fait, mais à la base une idée qui te permet de faire des investigations et

aboutit à écrire des livres. On a donc rien au départ, juste une idée forte qui fait bouger les montagnes. Mais pour poursuivre

ses idées, c'est exigeant, difficile et long. Il y a ceux qui au bout d'un an, de dix ans laissent tomber. Moi, cela fait 40 ans

et je ne laisse pas tomber. C'est exigeant : il faut que j'étudie, il faut que j'apprenne ce qu'on ne m'a jamais enseigné, en

mettant le temps qu'il faut. Le mal qu'il faut dépasser, c'est l'autorisation des leucodermes (blancs) ; ils ne nous donneront

jamais l'autorisation.

Tout comme les Européens qui se sont connus à travers les Arabes (ils ont connu la Grèce antique à travers les écris Arabes).

Nous, Africains, nous connaissons une partie de notre histoire telle l'Egypte antique par les travaux des Européens ;

maintenant on n'a plus besoin d'eux, on fait nos travaux directement. C'est ce que Cheikh Anta Diop appelait la grande

affaire de l'autonomie intellectuelle : ce n'est pas injurier les gens mais c'est juger par soi-même, sans demander la

permission a qui que ce soit.

RACINES :
Quels sont maintenant vos projets pour l'avenir ?

Pr Théophile Obenga :
Je prépare un livre qui aura peut-être plus de 10 000 pages sur Kemit (l'Egypte antique).

RACINES :
Quel massage voudriez-vous laisser à la jeunesse africaine déporteé aux Antilles particulièrement ?

Pr Théophile Obenga :
Quand on est irresponsable, on ne fait pas d'erreur. La jeunesse doit faire ses fautes tout comme les aînés en ont fait :

j'entends par là, qu'il faut être responsable. Si vous êtes responsable de vous, de votre communauté, de votre environnement

immédiat, de votre peuple, de votre race et de l'humanité, vous devez construire. Vous avez des responsabilités vis-à-vis de

l'humanité. Pourquoi la jeunesse asiatique, européenne…. contribuerait à la construction du monde et pas la jeunesse noire ?

La jeunesse mondiale travaille pour préparer son leadership. Vous avez des responsabilités vis-à-vis de l'humanité. Vous faites

la musique, la peinture…. et ce ne sont pas des choses de "négro", c'est humain. Il faut que la jeunesse africaine des

Caraïbes, du Ghana, du Congo… soit responsable. Au fond, la vie est un détail : un homme et une femme ont fait l'amour, tu es

venu au monde, tu n'as pas choisi d'être antillais, d'être noir, blanc, jaune… mais tu ne peux pas pleurer sur ça : ce n'est pas

ton problème. Maintenant, qu'est-ce que tu fais de ta vie, comment diriges-tu ta destinée ?

Là, ce n'est plus un détail. On perd du temps sur des détails : couleur de peau, style de cheveu, ça c'est la nature. Mais nous

avons un cerveau puissant donc il faut assumer notre destinée, donner un sens à sa vie tout comme Aimé Césaire, Frantz

Fanon, Cheikh Anta Diop… l'ont fat durant leurs jeunesses : il faut faire des choix décisifs. Si vous avez vu la lumière, ne

restez plus dans les ténèbres.
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