Pan Afrique: Lutte contre la corruption : la
Banque mondiale affine sa
stratégie
Le Soleil (Dakar)
15 Avril 2006
Publié sur le web le 17 Avril 2006
Ansoumana Sambou
C'est parce que la corruption est un " grave
obstacle au développement
et compromet le bon fonctionnement de l'État "
que la Banque mondiale
engage un combat pour l'éradiquer. Le président
de l'institution,
Paul Wolfowitz, a présenté avant-hier les grandes
lignes d'une
stratégie globale pour lutter contre ce fléau.
"La corruption est un grave obstacle au
développement et compromet le
bon fonctionnement de l'État ". C'est la ferme
conviction du patron de
la Banque mondiale, Paul Wolfowitz. Dans le
discours qu'il a prononcé
à Jakarta (Indonésie), il a présenté un plan
visant à accroître
les efforts déployés par le Groupe de la Banque
mondiale dans les
domaines de la gouvernance et de la lutte contre
la corruption sur
trois fronts. D'abord au niveau des pays, ensuite
dans les projets de
la Banque mondiale et enfin par le biais de
partenariats forgés avec
différentes parties prenantes.
" La corruption est souvent à la racine même de
ce qui peut expliquer
les dysfonctionnements de l'État ", a expliqué
Wolfowitz. " C'est
elle qui affaiblit les systèmes, qui fausse le
jeu du marché. Ã-
terme, ce sont les États et leurs administrés qui
en paieront le
prix, sous forme de revenus moins élevés, d'un
moindre volume
d'investissement et de fluctuations économiques
plus marquées...
En revanche, lorsque que l'appareil étatique
fonctionne de manière
satisfaisante, c'est-à-dire lorsque les pouvoirs
publics luttent
contre la corruption et confortent le respect des
principes du droit,
un pays peut, à long terme, aller jusqu'à
quadrupler son revenu
national ". Wolfowitz a aussi expliqué qu'au
niveau des pays, les
mesures axées sur la gouvernance et la lutte
contre la corruption
seront renforcées pour tous les instruments de la
Banque mondiale
(prêts, dons, travaux de recherche et assistance
technique).
Protéger les projets
La Banque accroîtra ses investissements dans des
domaines essentiels
tels que la réforme judiciaire, la réforme de la
fonction publique,
les médias et la liberté d'information, et la
décentralisation de la
prestation des services publics. Elle mesurera
les progrès accomplis
au moyen d'instruments tels que le rapport Doing
Business report. Par
ailleurs, la Banque continuera à collaborer très
étroitement avec la
société civile pour permettre aux groupes qui la
composent de jouer
un rôle de contrepoids et de promouvoir la
responsabilisation des
administrations publiques.
" La lutte contre la corruption exige un
engagement à long terme. Nous
ne pouvons pas nous attendre à obtenir des
résultats immédiatement
", a toutefois noté Wolfowitz. Des équipes de
lutte contre la
corruption seront déployées dans un grand nombre
de bureaux
extérieurs de la Banque, et collaboreront avec
des institutions
locales telles que les services de contrôle des
finances publiques et
les commissions de lutte contre la corruption,
pour protéger les
projets appuyés par la Banque et renforcer les
procédures de
passation de marchés publics.
Dépister les fraudes et enquêter
Aussi, la Banque a choisi de renforcer son propre
service des enquêtes
en le dotant d'effectifs, de compétences et de
ressources nécessaires
pour dépister les fraudes et enquêter sur les cas
présumés de
corruption, en particulier pour les projets
présentant des risques
élevés. "L'application de mesures de coercition
ne permettra pas, en
soi, de résoudre le problème de la corruption. Ce
que nous pouvons
accomplir, et les progrès que nous pouvons
réaliser dépendent de la
mesure dans laquelle l'État et la société civile
sont déterminés
à mettre en place le cadre nécessaire à un
développement sain,
robuste et durable ".
La Banque élargira également la gamme de ses
partenariats pour
inclure des groupes qui ont tout à gagner d'une
amélioration de la
gouvernance. Elle collaborera avec les pays
riches pour éviter, dans
la mesure du possible, que des fonds volés soient
déposés sur des
comptes bancaires étrangers. Et pour tenir les
sociétés privées
responsables si elles exportent la corruption
dans les économies
émergentes.
Wolfowitz collabore avec les directeurs de
banques multilatérales de
développement (Bmd) à la formulation d'une
approche commune de la
lutte contre la corruption et d'une stratégie
pour inscrire sur une
liste noire les sociétés qui pratiquent la
corruption dans le cadre
des projets des Bmd et échanger les informations
recueillies sur ces
sociétés. La Banque forgera également des
partenariats avec le
secteur privé qui subit d'énormes pertes lorsque
la corruption est
généralisée ou quand la règle de droit n'est pas
respectée.
http://fr.allafrica.com/stories/200604170771.html