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 L'HISTOIRE OUBLIÉE DES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS DE LA SECONDE

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mihou
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mihou


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22052006
MessageL'HISTOIRE OUBLIÉE DES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS DE LA SECONDE

L'HISTOIRE OUBLIÉE DES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE > ESSAI

L'HISTOIRE OUBLIÉE DES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE > ESSAI
Une interview de Moulaye Aïdara

« On fleurit les tombes, on réchauffe les soldats inconnus. Vous mes frères obscurs, personne ne vous nomme. On promet cinq cent mille de vos enfants à la gloire des futurs morts, on les remercie d’avance, futurs morts obscurs ».
Léopold Sédar Senghor



Moulaye Aïdara retrace l'épopée de ses ancêtres partis se battre pour une guerre qui n'était pas la leur. L’auteur analyse plus particulièrement les méthodes de recrutement des tirailleurs au Sénégal, l’action des marabouts locaux acquis à la propagande française, l’arrivée des troupes en métropole, leur emploi stratégique dans la conduite de la guerre, et bien d’autres épisodes occultés par les manuels d’histoire. Au total, plus 140 000 africains ont être mobilisés entre 1938 et 1945, plus de 17 % des effectifs français. A l’heure où l’on envisage le rôle « positif » de la colonisation, l’auteur nous rappelle celui des "forces noires" dans la défense de la France et rétablit leur place dans l’histoire.

Moulaye Aïdara travaille actuellement à une adaptation de son livre en bandes dessinées et poursuit son oeuvre de sensibilisation sur le site : www.diasporasafricaines.com


Un extrait
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Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis sénégalais et mes grandes passions sont l'écriture et l'art. Je donne des cours en centre de formation pour adultes (Action de Pédagogie Personnalisée). J'aime beaucoup écrire mais aussi peindre et inventer des bandes dessinées, j’y consacre la plupart de mon temps libre. Je me suis aussi mis à l'écriture de scénarios il y a 2 ans et je viens tout juste de terminer l'écriture d'un second long métrage.


Quelle a été la proportion et le rôle des forces noires dans l'armée française durant la seconde guerre mondiale ?
A la mobilisation de 1939, l'armée française avait à sa disposition 75 000 noirs (30 000 en AOF, 8000 en AEF, 4500 en côte des Somalis). Ils vont prendre une part active pendant la campagne de 1939/1940. Par exemple, du 15 mai au 11 juin 1939, les 1ère et 6ème DIC (Division d'Infanterie Coloniale) arrêtent l'ennemi allemand dans l'Aisne et l'Argonne avant de manoeuvrer en retraite sur les Vosges où elles subissent le sort de la ligne Maginot. Les 4ème, 5ème et 7ème DIC participent à la défense dans la Somme ; elles sont en grande partie anéanties lors de l'offensive allemande du 5 juin. D'autres éléments se distinguent dans la région de Lyon et de l'Isère (25ème RTS), en Normandie et dans la région de la Loire (27ème et 28ème RICMS). A la suite de l'Armistice, l'AEF se rallie à De Gaulle et parvient à mettre sur pied dès l'hiver 1940/41, 3 bataillons de marche prêts à partir et 3 autres à l'instruction. A la fin de 1944, 15 bataillons y avaient été mis sur pied et 15 000 africains recrutés.


Même si aucune unité de tirailleurs ne participe à l'invasion de la Sicile, des troupes noires participent à la libération de la Corse. C'est surtout pour la libération de l'Île d'Elbe que les tirailleurs sénégalais sont utilisés en force. Au sein de la 9ème DIC comprenant les 4ème, 6ème et 13ème RTS se trouvent en effet plus de 11 000 tirailleurs sénégalais surtout originaires d'Afrique de l'ouest. Le 16ème RTS participe ensuite au débarquement de Provence en compagnie de la 9ème DIC. Marseille est libérée par les régiments algériens et tunisiens. Cependant, après la libération de Belfort le 20 novembre 1944, De Gaulle " blanchit " les RTS en intégrant les maquisards et résistants en leur sein et en libérant une grande partie des tirailleurs. Les RTS deviennent alors des RIC ( Régiment d'Infanterie Coloniale) ou des infanteries européens. Les pertes coloniales pendant la campagne de 1939/40 ne sont connues qu'à partir de 1942.


Combien ont survécu ?
Au total 4439 sont tués, 21 505 sont faits prisonniers et 10 049 ont « disparus ». En fait, les sources sur les pertes sénégalaises sont très rarement concordantes car une autre source retient 24 000 tués et 49 500 prisonniers. Par rapport au 140 000 africains mobilisés entre 1938 et 1945, cela fait environ 17,4% des effectifs mobilisés. Cependant, il faut noter qu'une tendance à l'intégration des troupes coloniales dans l'ensemble de l'armée française a pu en partie biaiser ces statistiques.



Comment ont été recrutés et préparés les tirailleurs sénégalais ?
Les Français avaient compris depuis la Grande Guerre que l'administration coloniale est réticente à une levée en masse en Afrique. Pendant la Grande Guerre, Joost Van Vollenhoven avait préféré démissionner plutôt que de recruter des militaires de "seconde zone" en Afrique. La France connaissait aussi l'importance des marabouts. Elle allait utiliser ses expériences pour un recrutement optimal. Au lieu de 10 à 12 000 appelés des années normales, la France va recruter 25 000 hommes parmi la classe normale. Ce nombre ne fera qu'augmenter. Ainsi, de 21 000 appelés en septembre 1939, il va va passer à 122 320 en juin 1940. Mais le véritable succès du recrutement fut l'emploi des marabouts. En AOF, l'illustre marabout Seydou Nourou Tall, descendant du fondateur de l'empire Toucouleur musulman au nord du Sénégal, fit une tournée de plus d'un mois, haranguant les foules pour la défense de la France.


Se battaient-ils vraiment pour la "mère patrie" ?
Beaucoup d'africains, lors de la mobilisation, fuirent en Gold Coast (actuel Ghana). Pour les Africains, la guerre en Europe signifiait une mort certaine et une douloureuse épreuve (réquisition). La Première Guerre mondiale a laissé des souvenirs douloureux. Il semble que beaucoup n'avaient pas le choix tout simplement. Ils étaient obligés d'aller se battre pour la France. Cependant, certains africains vont rejoindre le camp gaulliste de leur propre chef. C'était surtout des Africains dit "évolués" qui avaient été à l'école française et avaient grandi avec l'idée que "La France est la mère Patrie qui nous nourrit". Pour le tirailleur non instruit qui ne comprenait que le "moi ya dit", c'était juste une épreuve de plus imposée par l'homme blanc. D'ailleurs, lorsqu'on leur en donnait l'occasion, beaucoup choisissaient de rentrer au pays plutôt que de poursuivre les combats. Sur le front cependant, ils se conduisent tous bravement face aux Allemands et restent loyaux à la France.


Comment voyaient-ils leurs frères d'arme blanc ? et l'ennemi allemand ?
La propagande française présentait l'ennemi allemand comme un être ignoble qui avait l'intention de rétablir l'esclavage. Les Africains y croyaient vraiment. Mais au front, ils se rendent compte que l'Allemand n'est pas si différent du Français. De Gaulle jouissait d'une grande admiration au sein des tirailleurs. Sa grande taille, son charisme vont faire du Général une sorte de roi guerrier dans la conscience collective des troupes noires. Les officiers français disposaient d'un réel pouvoir sur leurs troupes car les tirailleurs sénégalais étaient d'une fidélité incompréhensible.


Quelle place leur réserve-t-on aujourd'hui dans les pages de l'histoire française ?
Les livres d'histoire parlent peu des tirailleurs sénégalais et des troupes arabes. Les jeunes d'aujourd'hui ne savent souvent pas que des troupes noires et arabes ont participé à la libération de la France pendant les deux guerres mondiales. Est ce voulu ? Je ne sais pas mais je pense que l'histoire ne ment pas, les autorités françaises doivent assumer ce rôle des troupes coloniales de la défense de ce pays qui par ailleurs a aussi apporté pas mal à ses ex-colonies. On ne peut pas parler du rôle positif de la France dans ses colonies en occultant le rôle des "colonisés" dans la défense de la France pendant ces années difficiles que sont les deux guerres mondiales.



Que pensez-vous de "Indigènes", le film de Rachid Bouchareb produit par Djamel Debouze sur le sujet ?
J'aime beaucoup Jamel Debouze. C'est un garçon intelligent qui a conscience de son appartenance à deux cultures et surtout qui assume cette double appartenance. Le film de Rachid Bouchareb "Indigènes" (sortie prévue en septembre 2006) qu'il co-produit est très important. D'abord parce que les acteurs qui jouent dans ce film sont les "Beurs" les plus connus du cinéma français mais aussi parce qu'il est historique. Le Sénégalais Sembène Ousmane avait fait un film sur les Tirailleurs "Thiaroye 44" mais ce film n'a pas reçu le soutien de la France car il raconte une page peu glorieuse de l'histoire de la France, le massacre de tirailleurs sénégalais par l'armée française à leur retour de guerre en Afrique. Ils réclamaient tout simplement leurs arriérés de solde. Jamel résume sa participation à ce film en une phrase intéressante "Les jeunes Beurs sauront que nous ne sommes pas là par hasard."


Que représente pour vous la francophonie ?
La francophonie représente pour moi beaucoup de choses. La France au fond, c'est le pays que je connais le mieux après le Sénégal. Les liens que j'ai avec la France sont historiques. Je me sens solidaire de ces liens et je crois que la francophonie n'est pas qu'un outil de domination mais surtout une voix commune, un attachement à cette belle langue française. J'ai beaucoup d'admiration pour Léopold Sédar Senghor. Il était un grand partisan de la francophonie, un amoureux de la langue française, un poète. Il est un peu un modèle pour moi.


Aujourd'hui pourquoi publier ce texte sur Manuscrit.com ?
Le concept Manuscrit.com est intéressant. Il permet à des auteurs qui aiment écrire mais qui ont peut être d'autres activités de se faire lire. Le succès de Manuscrit.com n'est pas étonnant car ce concept est ouvert et solidaire.



Quels sont vos projets ?
Continuer à écrire. Arriver à toucher un réalisateur avec mes scénarios. J'aimerai surtout réaliser une BD sur l'épopée des tirailleurs sénégalais. L'histoire est prête, j'aimerai m'associer avec un dessinateur ou un illustrateur. Continuer à promouvoir l'écriture dans la communauté africaine grâce à notre site www.diasporasafricaines.com


http://www.manuscrit.com/Edito/Auteur/Pages/@Marsroma_Aidara.asp

Propos recueillis par Audrey Cluzel, mars 2006
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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