Risque accru d'infarctus associé à un médicament contre l'hypertension
14 janvier 2005 - Un médicament prescrit de plus en plus fréquemment pour le traitement de l'hypertension pourrait augmenter le risque d'infarctus du myocarde, selon deux chercheurs canadiens1.
À la lumière des résultats d'études cliniques, les deux experts en cardiologie ont conclu que les médicaments appelés antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARAII) pouvaient augmenter de 20 % à 36 % le risque de subir un infarctus du myocarde.
Il existe deux principaux types de médicaments antihypertenseurs : les ARAII2 et les inhibiteurs d'enzyme de conversion de l'angiotensine (IECA). Les deux médicaments réduisent efficacement la pression artérielle, mais leur action sur l'angiotensine, une hormone naturelle contribuant au maintien de la tension artérielle dans l'organisme, n'est pas la même.
Les possibles effets des ARAII font l'objet d'une polémique au sein de la communauté scientifique. Selon l'analyse des deux chercheurs, Marty Strauss et Subodh Verma, les ARAII augmenteraient le risque d'attaque cardiaque tandis que les IECA, eux, en réduiraient le risque de 20 %. Depuis la publication de cette analyse en novembre dernier, dans le British Medical Journal, plusieurs scientifiques ont remis en question le lien que les deux chercheurs canadiens font entre les ARAII et le risque d'infarctus du myocarde.
Marty Strauss, de l'Hôpital North York à Toronto, dit ne pas vouloir alarmer inutilement les patients qui prennent des ARAII. Par contre, il souhaite que les médecins suivent de plus près les lignes directrices établies par plusieurs organisations médicales en matière de traitement médicamenteux de l'hypertension. Celles-ci recommandent de faire d'abord usage de diurétiques et, si nécessaire, de prescrire un inhibiteur d'enzyme de conversion de l'angiotensine (IECA) comme médicament antihypertenseur. Marty Strauss suggère que les ARAII soient utilisés seulement en cas d'intolérance des IECA.
La popularité croissante des ARAII n'indique pas, selon Strauss, que cette démarche soit suivie de façon systématique. Selon une entreprise spécialisée dans la collecte de statistiques sur la santé, le nombre de prescriptions des antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II a quadruplé depuis 1999.
Marie france Coutu - PasseportSanté.net
D'après The Globe and Mail.
1. Verma S, Strauss M, Angiotensin receptor blockers and myocardial infarction, British Medical Journal, 27 novembre 2004, Vol. 329, No 7477, 1248-9.
2. Il existe plusieurs médicaments ARAII sur le marché, dont valsartan (commercialisé sous le nom de Diovan), irbesartan (Avapro), candesartan (Atacand) et losartan (Cozaar).
http://www.passeportsante.net/fr/actualites/nouvelles/fiche.aspx?doc=2005011201