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 LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES

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mihou
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MessageSujet: LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES   LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES EmptySam 13 Mai - 0:04

La Presse
Plus, dimanche 30 avril 2006, p. ACTUEL8

LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES
QUI DIT VRAI?

Cardinal, François

Finlande, Helsinki - " J'achèterais une maison voisine d'un réacteur nucléaire demain matin. " Attablée à un café au centre de la capitale finlandaise, Riitta Kyrki-Rajamäki, une des rares femmes dans le monde versées en génie nucléaire, entend redorer le blason de cette source d'énergie controversée.

Si son rire et sa bonhomie tranchent avec le sérieux de l'industrie, son discours, quant à lui, est à des années-lumière de celui, apocalyptique, des écolos.

" Disons que j'ai beaucoup plus peur des trains de marchandises chimiques. Aucune industrie ne doit respecter des règles aussi contraignantes que le nucléaire ", lance-t-elle entre deux bouchées de son déjeuner.

La spécialité de madame? La sécurité des installations nucléaires. En plus d'avoir travaillé pendant 30 ans sur les réacteurs finlandais, elle a aussi analysé le " cas Tchernobyl " dans les moindres détails. Sa conclusion: il n'y a absolument rien à craindre.

" En génie nucléaire, on suppose qu'il y aura des erreurs, dit-elle. On se prépare donc en conséquence avec des plans B, C, D, etc. Je dis tout le temps à mes étudiants qu'un réacteur est comme un pantalon que l'on fait tenir avec deux paires de bretelles et deux ceintures. Le jour où une ceinture est oubliée, le pantalon tient toujours en place. "

Mais cela est loin de convaincre les environnementalistes qui citent, en plus de l'accident de Tchernobyl, celui de Three-Mile Island, survenu en 1979 aux États-Unis. La méfiance des écolos est si élevée que Greenpeace était convaincu que le représentant de La Presse était en Finlande pour remplir une mission commandée par l'industrie nucléaire...

" Pourquoi un problème, celui des changements climatiques, devrait-il être remplacé par un autre problème? demande Kaisa Kosonen, de Greenpeace, en levant ses bras au ciel. Ce n'est pas parce que la technologie évolue, comme l'affirme l'industrie, qu'elle est aujourd'hui complètement sécuritaire. Il y a toujours le facteur humain, comme on a pu le voir à Tchernobyl. "

Trois problèmes

Les problèmes du nucléaire, selon les opposants, sont au nombre de trois: la sécurité, les déchets et la prolifération. Ils sont si importants, à leur avis, qu'ils hypothèquent la sécurité des prochaines générations.

" Et on va faire ce choix pourquoi? Pour des strictes raisons financières, lance Mme Kosonen. Les industriels aiment cette énergie tout simplement parce qu'elle procure des prix stables et bas. "

Mais les partisans du nucléaire balayent cet argument de Greenpeace d'un revers de main en soutenant que les environnementalistes crient au loup.

Selon Jukka Laaksonen, directeur général de STUK, l'équivalent finlandais de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, jamais l'Occident ne pourrait être témoin d'un accident similaire à celui qui a frappé Tchernobyl, en avril 1986. Les normes occidentales sont si importantes qu'elles prévoient tout... jusqu'à l'écrasement sur un réacteur d'un Boeing A380, le plus gros avion commercial de l'histoire de l'aéronautique, qui n'est pas encore en service commercial.

" La double enceinte de confinement (plus de 2 mètres) protège les réacteurs de tout accident extérieur et protège l'extérieur de tout ce qui pourrait arriver à l'intérieur ", indique Anneli Nikula, vice-présidente de Teollisuuden Voima Oy, l'entreprise responsable du projet.

En outre, ajoute-t-elle, les nouveaux réacteurs contiennent quatre sous-ensembles répartis dans autant de bâtiments séparés et protégés individuellement. Ainsi, peu importe le problème, il y a toujours un système qui est en mesure de prendre le relais.

Mais pour les environnementalistes, des assurances similaires avaient été données avant 1986. Et Tchernobyl est néanmoins survenu. " L'erreur humaine est toujours possible, croit Heikki Korpela, de Friends of the Earth. Pourquoi donc prendre un risque lorsque les énergies renouvelables comme l'éolien sont tout à fait sécuritaires? "

La prolifération

Autre problème majeur lié au nucléaire: la prolifération. Dans le contexte géopolitique actuel, les écologistes misent beaucoup sur la crainte que suscitent les ambitions de l'Iran pour faire valoir que personne, nulle part, n'est à l'abri d'une utilisation frauduleuse de l'uranium enrichi (obtenu après utilisation du carburant dans un réacteur).

Pour Peter Haug, directeur général de FORATOM, le Forum atomique européen, tout cela n'est que baliverne. " Les environnementalistes sont complètement déconnectés de la réalité, estime-t-il. Ils devraient être les premiers à se réjouir de la recrudescence du nucléaire. Mais ils sont trop proches des groupes pacifistes des années 60: on leur parle de nucléaire et ils entendent bombe atomique! "

" Ce n'est pas une vraie menace, renchérit l'ingénieure Riitta Kyrki-Rajamäki. Le plutonium qui se trouve dans les réacteurs n'est pas très bon pour faire des bombes. Il faudrait vraiment que le pays tout entier veuille faire une bombe pour détourner ainsi un réacteur: une petite quantité ne suffit pas, contrairement à ce que certains affirment. "

Vrai, mais toutes ces assurances ne sont belles qu'en théorie, répondent les écologistes. " Le réacteur sera en exploitation pour au moins 50 ans. Bien des choses peuvent se passer pendant une telle période, fait remarquer Heikki Korpela, de Friends of the Earth. Après tout, la Finlande n'existait même pas il y a un peu plus de 100 ans...Comment peut-on prévoir qu'un pays restera pacifique pendant tout ce temps? "

Et que fait-on avec les besoins énergétiques en forte croissance partout dans le monde? On développe l'énorme potentiel des énergies renouvelables, dit-il. L'éolien, le solaire, la géothermie sont autant de sources d'énergie qui, utilisées ensemble, peuvent très bien répondre aux besoins de la planète.

" N'oublions pas, lance avec le sourire Kaisa Kosonen, la représentante de Greenpeace, que personne n'a jamais tué quelqu'un avec des éoliennes. "


Illustration(s) :

Avril 2000. Un membre d'une nation autochtone proteste contre la construction projetée d'un lieu d'entreposage de déchets nucléaires, au pied de la montagne Yucca, au Nevada. Six ans plus tard, la construction n'a toujours pas débuté, mais le président Bush souhaite qu'elle soit achevée en 2015.
Avril 2005, deux militants de Greenpeace transportant une fausse éolienne sont interceptés par un gardien aux abords de la centrale nucléaire de Vanddellos, en Espagne.
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MessageSujet: Re: LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES   LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES EmptySam 13 Mai - 0:05

Le Canada réfléchit...

Cardinal, François

Le Canada n'échappe pas à la vague nucléaire. Comme dans bien d'autres pays, les élus envisagent ici de relancer le programme nucléaire.

Trois provinces comptent aujourd'hui des réacteurs sur leur territoire, le Nouveau-Brunswick, le Québec et, surtout, l'Ontario. Si on n'ose pas encore toucher à ce controversé sujet dans les Maritimes, il en est tout autrement dans les deux principales provinces du pays.

Au Québec, avec seulement 3 % de l'énergie provenant de cette filière, la question qui se pose à l'heure actuelle est celle-ci: doit-on rénover ou carrément fermer le seul réacteur en activité, Gentilly 2? L'avenir du réacteur, qui devrait cesser ses activités en 2013, est donc actuellement en plan.

Hydro-Québec a déjà choisi son camp: la société d'État propose la réfection du réacteur afin que l'exploitation se poursuive au moins jusqu'en 2035. Le gouvernement, qui devait prendre une décision ces derniers mois, continue de réfléchir. Étant donné la délicatesse du sujet, une décision semble bien improbable avant les prochaines élections.

En Ontario, la situation est tout autre. Un rapport de l'Office de l'électricité de l'Ontario, publié en décembre dernier, révèle que les deux tiers des unités de production devront être remplacées au cours des 15 prochaines années.

Le débat fait donc rage sur la suite à donner à ce document, d'autant que la province s'est engagée à fermer ses très polluantes centrales au charbon d'ici 2009. Le premier ministre, Dalton McGuinty, n'a pas hésité à prendre position pour le nucléaire il y a 10 jours.

Incontournable

Le gaz naturel est cher, l'éolien est peu fiable, le charbon est polluant et le potentiel hydroélectrique est minime, a dit en substance M. McGuinty. Dans un tel contexte, le nucléaire est tout simplement incontournable à ses yeux.

À l'étranger, on observe avec un léger amusement le questionnement canadien. C'est que le pays est le plus important producteur mondial d'uranium, utilisé comme carburant pour les réacteurs, et le fabricant des réacteurs CANDU, en exploitation un peu partout sur la planète.

" Je ne suis pas un expert de la situation, mais je constate qu'il serait naturel pour le Canada de profiter de ses importantes ressources en uranium ", fait remarquer Peter Haug, directeur général de FORATUM, le Forum atomique européen.
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MessageSujet: Re: LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES   LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES EmptySam 13 Mai - 0:05

Des déchets encombrants, et pour très longtemps

Cardinal, François

Helsinki - L'idée semble loufoque. Elle est pourtant très sérieuse. La seule et unique solution à l'épineux problème des déchets nucléaires consiste à faire un trou dans le sol, enfouir le combustible irradié et attendre longtemps... très longtemps.

L'industrie nucléaire a beau miser sur la propreté des réacteurs pour redorer son blason, elle a de la difficulté à cacher la verrue sur le nez de cette source d'énergie: des déchets radioactifs pendant des centaines de milliers d'années...

Il existe deux sortes de déchets: ceux de faible et moyenne activité, et ceux de haute activité. Les premiers, qui constituent 90 % des déchets, ne sont radioactifs que pendant 30 ans. Ils sont solidifiés dans du béton, des bitumes ou des polymères pour être stockés en surface dans des centres spécialisés.

Les seconds, par contre, posent problème car ils peuvent être radioactifs pendant des centaines de milliers d'années. Provenant de l'utilisation de l'uranium comme carburant, ces résidus sont enfermés dans des grappes de verre ou de bitume qui les isolent du contact avec l'homme.

À l'heure actuelle, presque partout dans le monde, ces petits colis sont stockés de façon temporaire, habituellement aux côtés des réacteurs. Deux exception: la France et la Grande-Bretagne recyclent une partie de ces déchets et en font un nouveau combustible utilisable dans les centrales.

Au Canada, les 22 réacteurs actuels ont produit au cours des dernières décennies près de deux millions de grappes (36 000 tonnes d'uranium). Empilées, ces grappes rempliraient cinq patinoires jusqu'au haut de la bande.

" La radioactivité du combustible décroît avec le temps (des milliers d'années), mais sa toxicité chimique persiste et il présente un risque pour la santé pendant une très longue période ", reconnaissait en novembre dernier la Société de gestion des déchets nucléaires du Canada.

Stockage profond

Que faire? C'est ce que se demandent les scientifiques depuis 1955, année où le sujet a été évoqué pour la première fois. À l'heure actuelle, un peu partout dans le monde, on travaille sur une seule et unique solution: le stockage géologique en profondeur.

Encore une fois, la Finlande se distingue à ce chapitre: c'est le seul endroit au monde où une décision politique a été prise dans le but de stocker les résidus de la filière nucléaire à un jet de pierre des réacteurs d'Olkiluoto.

Aux États-Unis, une profonde cavité a été construite dans la Yucca Mountain, au Nevada, mais ce n'est pour l'instant qu'un vaste laboratoire. Un peu comme le Hard Rock Laboratory de Äspö, en Suède. Situé à 460 mètres sous le " bouclier scandinave ", ce complexe est entouré d'une masse de granite si importante qu'elle bloque les rayonnements radioactifs.

Tout comme en Grande-Bretagne et en Allemagne, on commence seulement à envisager la chose, ici au Canada. En novembre dernier, la Société de gestion des déchets nucléaires a rendu public un rapport recommandant d'enfouir bien profondément les déchets dans le bouclier canadien, possiblement au Québec. Facture: 24 milliards de dollars.

" Nous ne voulons certainement pas laisser en héritage aux générations futures le problème des déchets nucléaires. Le temps d'agir est venu ", écrivaient les auteurs.

En Finlande, on agit

Mais pendant qu'ailleurs on parle, en Finlande, on creuse: un tunnel d'une longueur d'un kilomètre a déjà été percé près des réacteurs d'Olkiluoto. Il s'étendra, à terme, sur un total de huit kilomètres. Le tunnel serpentera jusqu'à une distance de 500 mètres dans le sol. La mise en service de ce stockage permanent, situé sous un magnifique terrain bordant la mer, est prévue pour 2020.

" L'idée est de descendre les déchets, bien sécurisés dans des contenants en cuivre, dans un complexe système de labyrinthe, explique Jukka Laaksonen, directeur général de STUK, l'équivalent de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Ni les tremblements de terre ni l'eau souterraine n'affecteront les déchets. "

La loi votée par le Parlement finlandais prévoit qu'un bilan sera fait en 2050 afin de voir, à la lumière des technologies alors disponibles, si le site doit ou non être définitif.

Les beaux discours n'y feront rien, les écologistes estiment qu'il s'agit là d'un très dangereux pari. Comment croire que des résidus aussi toxiques resteront sous la terre, intacts, pendant des centaines de milliers d'années? N'est-ce pas là qu'une manière de mettre la poussière sous le tapis?

" Personne n'a encore prouvé l'efficacité du stockage, estime Kaisa Kosonen, de Greenpeace. Comment savoir si cela ne deviendra pas un fardeau pour les générations à venir? "


Encadré(s) :

Le nucléaire dans le monde

30 pays exploitent 438 centrales

31 centrales nucléaires en construction (2002)

31 en cours de planification (2002)

Part du nucléaire dans la production énergétique

Monde: 17%

Etats-Unis: 20%

France: 80%

Finlande: 26%

Canada: 15%

Ontario: 50%

Québec: 3%

Nouveau-Brunswick: 30%

FINLANDE: QUI PAYE ?

Il n'y a pas d'argent public d'investi dans le nucléaire, tant le dossier est délicat. Mais comme c'est rentable, la compagnie d'électricité finlandaise Teollisuuden Voima Oy (TVO) a acheté un réacteur au consortium formé d'Areva et Siemens. Le montant global du projet clé en main est estimé à plus de 3 milliards d'euros (4,2 milliards canadiens). Les écologistes estiment qu'il est faux de dire que cela sera la seule dépense. Ils prétendent que l'on cache d'importants coûts indirects, notamment en raison des retards de construction.

Illustration(s) :

Transport de déchets sous haute surveillance, près de Gorleben, dans le nord de l'Allemagne. On aura compris qu'il ne s'agit pas de restes de table mais bien de déchets provenant de centrales nucléaires allemandes.
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MessageSujet: Re: LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES   LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES EmptySam 13 Mai - 0:06

Le nucléaire de nouveau sous tension

Cardinal, François

Helsinki - " En Finlande, il y a neuf mois d'hiver et trois mois passés à attendre l'été... " Ce dicton n'a jamais été aussi vrai que cette année: des records de froid ont persisté jusqu'à la mi-avril dans ce pays nordique.

Pendant que le Québec profitait du printemps, ces dernières semaines, Helsinki grelottait toujours. " L'été est peut-être court, mais au moins il n'y a pas beaucoup de neige ", se consolent les Finlandais en pensant à la belle saison qui approche.

Parfois affectée par le climat continental asiatique, la Finlande connaît ainsi des périodes de grands froids en hiver et des vagues de forte chaleur en été. Les besoins en énergie sont à l'avenant: le pays a la consommation énergétique par habitant la plus importante au monde, après les États-Unis et le Canada.

C'est notamment pour cette raison que la Finlande est en train de se tailler une réputation de pionnière dans le monde: on y trouve le seul réacteur nucléaire en construction en Occident, le premier depuis 1991.

" Tout cela ne s'est pas fait facilement, reconnaît Riku Huttunen, chef de la section nucléaire au ministère de l'Industrie et du Commerce. Nous avons eu des discussions vives et musclées. Mais lorsque le Parlement s'est prononcé en faveur, en mai 2002, presque tout le monde s'est rangé. Le peuple finlandais est très pragmatique. "

La construction de ce réacteur, qui a suivi une importante levée de boucliers, n'est pas à prendre à la légère. Elle ouvre la porte à la renaissance de cette source d'énergie, qui n'émet pas de dioxyde de carbone (CO2) ni de dioxyde de soufre (SO2) ou d'oxydes nitreux (NOx).

" Il faut arrêter d'avoir peur ", lance l'ingénieure nucléaire Riitta Kyrki-Rajamäki, femme joviale qui a foi en cette source d'énergie comme d'autres en Jésus-Christ. Après avoir étudié l'origine de l'accident de Tchernobyl, celle qui enseigne à l'Université technologique de Lappeenranta est catégorique: " Un tel accident ne pourrait jamais survenir ici. Si les réacteurs occidentaux étaient déjà sûrs à l'époque, ils le sont encore plus aujourd'hui. "

Sûreté renforcée

Aux quatre réacteurs construits en Finlande dans les années 70 et 80 s'ajoutera donc, dès 2009, le premier réacteur de troisième génération au monde (1600 MW). Acheté par le secteur privé au coût de 3,2 milliards d'euros (4,4 milliards de dollars canadiens), le réacteur possède certains avantages: réduction des coûts d'exploitation, production moindre de déchets et, surtout, sécurité renforcée.

" C'est ce qui se fait de mieux au monde ", assure Jukka Laaksonen, bien calé dans le fauteuil de son bureau, en banlieue d'Helsinki. Malgré une réserve propre aux gens du Nord, le directeur général de STUK, l'équivalent de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, s'exprime avec conviction.

C'est son organisme qui a inspecté les plans du promoteur. C'est lui aussi qui inspecte quotidiennement le chantier d'Olkiluoto, dans la petite municipalité d'Eurajoki, à 200 kilomètres à l'ouest de la capitale, Helsinki.

Une p'tite vite

De leur côté, les écologistes et les verts sont furieux. Fortement opposés au nucléaire, qu'ils estiment dangereux, ils ont souvent cité les accidents de Tchernobyl et de Three Mile Island pour tenter de convaincre les Finlandais de tourner le dos à cette source d'énergie. Ils estiment aussi que les déchets sont un fardeau pour les générations futures.

Ils sont d'autant plus fâchés qu'ils prétendent s'en être fait passer une " p'tite vite " par la France, qui aurait réduit du quart la facture du réacteur. " La France et le lobby nucléaire avaient besoin de la Finlande pour montrer qu'il y a une renaissance, croit Heikki Korpela, de l'organisme Friends of the Earth. C'est une véritable bouée de sauvetage. "

Malgré cela, le gouvernement a dit oui. Le Parlement aussi. Et les sondages montrent que l'appui au nucléaire ne cesse de croître depuis les années 80.

Plus impressionnant encore, des discussions viennent de débuter pour la construction d'un sixième réacteur...


Illustration(s) :

En France, on lancera très prochainement la construction d'un réacteur en Basse-Normandie. Les Pays-Bas et l'Italie ont amorcé un débat public sur la question, tout comme le Canada. Et c'est sans compter les pays en développement comme la Chine et l'Inde, qui prévoient, respectivement, la construction de 40 et de 15 réacteurs
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MessageSujet: Re: LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES   LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES EmptySam 13 Mai - 0:06

LA PERCÉE FINLANDAISE

Cardinal, François

Helsinki, Finlande - L'industrie nucléaire est à la veille d'une renaissance. Et la Finlande est le pays qui aura ouvert la voie: il s'y construit actuellement le premier réacteur occidental en 15 ans. Notre journaliste François Cardinal revient de Finlande, un dossier à lire aujourd'hui et demain.

Amère ironie pour les écologistes: l'année même du 20e anniversaire du pire accident nucléaire de l'histoire, cette source d'énergie revient en force dans le discours des chefs d'État de la planète.

Certains parlent de renaissance, d'autres de l'aube d'une renaissance. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une réhabilitation certaine pour le nucléaire, discrédité depuis l'accident de Tchernobyl.

La décision de la Finlande de relancer son programme nucléaire avec la construction d'un tout nouveau réacteur aux côtés des quatre érigés dans les années 70 a eu, sans mauvais jeu de mots, l'effet d'une bombe dans le monde.

Il s'agit en effet du premier indice de guérison du syndrome de Tchernobyl: le patient est encore sous le choc, mais il se relève.

" On ne peut parler de renaissance, mais bel et bien de l'aube d'une renaissance ", se réjouit Peter Haug, directeur général de FORATOM, le Forum atomique européen, joint à Bruxelles par téléphone.

Bien que le nucléaire ne soit encore qu'à l'étape des discours, les pays sont nombreux à briser le tabou. D'autant que le World Energy Council a soutenu récemment que la seule façon pour la communauté internationale de respecter les objectifs du protocole de Kyoto était de tripler le parc nucléaire d'ici 40 ans.

Les États-Unis ont ainsi mis sur pied des programmes totalisant six milliards pour relancer la construction de réacteurs. La Grande-Bretagne lorgne avec insistance cette industrie... et regarde avec envie la Finlande.

En France, on lancera très prochainement la construction d'un réacteur en Basse-Normandie. Les Pays-Bas et l'Italie ont amorcé un débat public sur la question, tout comme le Canada. Et c'est sans compter sur les pays en développement comme la Chine et l'Inde, qui prévoient, respectivement, la construction de 40 et de 15 réacteurs.

Et les verts?

Mais les environnementalistes n'ont pas dit leur dernier mot. Bien que le nucléaire soit un atout dans cette ère Kyoto- il n'émet pas de CO2-, il demeure très dangereux, disent-ils. Et le problème des déchets nucléaires est loin d'être réglé.

Des personnes influentes, comme l'ancien président Bill Clinton et le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, ont aussi invité les leaders à fermer la porte à cette option. Avec les verts, très actifs en Europe, ils ont convaincu l'Allemagne, la Belgique, l'Irlande, le Danemark, l'Autriche, l'Espagne et la Suède de tourner le dos à cette énergie.

Fait intéressant, un schisme est apparu ces dernières années chez les verts. Des écolos de renom comme James Lovelock, connu pour l'hypothèse Gaïa- selon laquelle la Terre s'autorégule-, et Patrick Moore, président de Greenpeace Canada de 1977 à 1986, sont sortis du placard pour appuyer le nucléaire.

" Au début des années 70, je croyais que l'énergie nucléaire était synonyme d'holocauste nucléaire. Trente ans plus tard, mon opinion a changé ", écrivait la semaine dernière M. Moore dans le Washington Post.

" L'opposition à l'énergie nucléaire s'appuie sur une peur irrationnelle nourrie par une fiction dans le style d'Hollywood, les lobbies écologistes et les médias, écrivait pour sa part M. Lovelock en 2004. Ces peurs sont injustifiées. L'énergie nucléaire, depuis ses débuts, en 1952, s'est révélée la source d'énergie la plus sûre de toutes. "

Et ses dangers? Il ne viendrait à l'idée de personne d'interdire l'automobile malgré des dizaines de milliers de morts annuellement, rétorque M. Moore, pourquoi faudrait-il agir ainsi avec le nucléaire?

À n'en pas douter, il y a à tout le moins l'aube d'une renaissance. Un premier pas, peut-être, vers la guérison complète du patient.


Encadré(s) :

La Finlande / Le Québec

Capitale> Helsinki (559 330 hab.) / Québec (712 000 hab.)

Population> 5,2 millions d'habitants / 7,6 millions d'habitants

Langue> Finnois / français

Superficie> 338 145 km2 / 1 542 056 km2

Densité> 15 h/km2 / 4,91 h/km2

Chômage> 8,9% / 8,5 %

Le nucléaire en Finlande

4 unités nucléaires au total

2 réacteurs à eau bouillante de 840 MW

2 réacteurs à eau sous pression de 488 MW

27% de la consommation d'électricité

La production d'électricité en Finlande

Nucléaire > 26 %

Charbon > 18 %

Hydro > 17 %

Gaz naturel > 12 %

Tourbe > 7%

Pétrole > 2%

Biocarburants > 12 %

Éolien > 0,1 %

Le futur réacteur d'Olkiluoto

Ouverture > 2009 Puissance > 4300 MW

Coût > 3,2 milliards d'euro Personnel nécessaire > 150

(4,4 milliards CAN)
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MessageSujet: Re: LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES   LE RETOUR DU NUCLÉAIRE-CONTROVERSES EmptySam 13 Mai - 0:08

Les Finlandais n'avaient pas le choix

Cardinal, François

Helsinki - Les Finlandais sont le seul peuple à se taire dans les deux langues, disait l'auteur germanique Bertolt Brecht.

Pour tâter leur pouls et comprendre leur intérêt pour le nucléaire, la patience est donc de mise. L'homme de la rue, Brecht le constaterait s'il était journaliste, a de la difficulté à s'épancher. Encore plus lorsqu'il est question du nucléaire, un sujet d'éthique, de valeurs personnelles en Finlande.

Direction sauna donc, ce lieu qui équivaut là-bas au bar ou à la taverne. Plus précisément au Yrjönkadun Uimahalli, complexe art déco très populaire situé en plein coeur d'Helsinki.

Assis dans le sauna sec, Jukka Toivonen se laisse aller à quelques confidences. " Il faut savoir que les Finlandais sont très pragmatiques, souligne-t-il en s'essuyant le front. Lors des premières présentations du projet, les raisons ne semblaient pas suffisantes pour aller de l'avant. Mais aujourd'hui, la situation est différente. "

Par deux fois dans le passé, la compagnie d'électricité Teollissuden Voima Oy (TVO) a tenté de lancer la construction d'un réacteur, en vain. La première fois, en 1986, la tentative n'a pas pris de temps à s'écraser comme un soufflé raté parce qu'elle a été faite... deux mois avant l'accident de Tchernobyl. Puis sept ans plus tard, au sortir d'une grave crise économique, l'idée de construire un pipeline de gaz naturel depuis la Norvège a éclipsé celle du nucléaire.

Lucidité

Mais depuis une dizaine d'années, la donne a changé: la consommation d'électricité n'a cessé de croître et, surtout, le protocole de Kyoto a été ratifié. " Disons, pour être gentil, que nous ne sommes pas près d'atteindre notre cible de réduction des émissions (+ 21,5 %), ce qui nous oblige à regarder le problème avec lucidité ", fait remarquer M. Toivonen.

Le nucléaire, rare source d'énergie à ne pas émettre de CO2, est donc perçu comme une solution intéressante. D'autant plus que le charbon, très polluant, est exclu. Que l'éolien est mal vu. Que le solaire est miné par l'absence de soleil neuf mois par année. Et qu'une loi empêche de harnacher de nouvelles rivières.

Facile, donc, de choisir le nucléaire? Non. La Finlande a en effet été divisée en deux pendant des mois et des mois. D'un côté, les partisans du nucléaire comptaient dans leurs rangs le patronat, le milieu des affaires, les élus conservateurs et même quelques sociaux-démocrates. En face, des représentants de la gauche, du Parti vert et des groupes écologistes leur donnaient la réplique... sans succès. Par 107 voix contre 92, le Parlement a donné son accord en 2002.

" Le promoteur a été très habile ", lance Tuomo Saarinen, assis quant à lui dans un coin du sauna électrique. Il rigole en racontant comment le promoteur du projet, soir après soir au bulletin télévisé, a mis de l'avant des porte-parole féminins. Les hommes ayant toujours été plus favorables au nucléaire que les femmes en Finlande, la tactique a marché.

Après le sauna vient la relaxation. Tout autour de la piscine où les Finlandais se plongent, histoire de retrouver une température corporelle normale, une mezzanine attend les visiteurs. Ils y terminent leur expérience en se payant une boisson rafraîchissante dans laquelle flottent quatre raisins secs.

Confortablement assis, les yeux tournés vers la piscine, Martin Björkbom tente à son tour une explication, dans un français impeccable: " On est encore un pays pauvre dans notre tête, indique-t-il en prenant une gorgée. Ça aide à nourrir ce fameux pragmatisme qui fait que, une fois une décision prise, les gens se rangent. Et c'est précisément ce que les Finlandais ont fait."


Illustration(s) :

L'énergie nucléaire a l'avantage de n'émettre ni dioxyde de carbone (CO2) ni dioxyde de soufre (SO2) ni oxydes nitreux (NOx).
C'est dans le chantier d'Olkiluoto, dans la petite municipalité d'Eurajoki, à 200 kilomètres à l'ouest de la capitale, Helsinki, que se construit le quatrième réacteur nucléaire finlandais.
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