Esclavage: les évêques africains demandent pardon
AFP
Dakar - Les évêques africains, réunis à Dakar à l'occasion d'une assemblée triennale de leur organisation, ont reconnu ce week-end la responsabilité des Noirs dans la traite des esclaves en direction du continent américain, avant l'organisation hier d'une «cérémonie du pardon» à Gorée, île-symbole de ce «crime contre l'humanité».
«La traite négrière est un des actes les plus odieux de l'histoire humaine aussi bien par ses dimensions de dégâts humains que par les mentalités et les comportements qui l'ont permise. Parmi eux, nous inscrivons en premier, pour notre part, les mentalités et comportements de nous-mêmes, Nègres», affirme une contribution du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) rendue publique samedi.
Ce document, intitulé Poids de l'Histoire sur la race noire et pastorale de l'Église d'Afrique, a été rédigé et présenté en plénière par le secrétaire général de la Conférence épiscopale régionale de l'Afrique de l'Ouest francophone (CERAO), l'abbé Barthélémy Adoukonou.
«Nous ne devons pas, par honte, faire l'impasse sur la question de notre race et du poids de l'histoire qui pèse sur elle», déclare l'auteur, formateur, théologien et pasteur béninois. Selon lui, «trop de cadres et d'intellectuels se réfugient dans la culture d'une conscience accusatrice, au lieu d'une analyse courageuse et sereine de la condition des peuples noirs en vue d'un aveu libérateur du sens des responsabilités».
Cependant, ajoute l'abbé Adoukonou, «l'Église d'Afrique, en méditant sur le drame de la race noire, ne veut pas disqualifier purement et simplement les propositions qui viennent d'un peu partout», comme «l'exigence d'une réparation, un plan Marshall pour l'Afrique». Elle ne cherche pas non plus «un nivellement des degrés de responsabilités, ni une mise à dos des pays occidentaux et de l'Afrique», précise-t-il.
Les évêques africains ont décidé, disent-ils, de se rendre en «pèlerinage» à Gorée, où ils se trouvaient hier. Ils se sont aussi préparés à procéder, sur l'île, à «une purification de la mémoire». Les ecclésiastiques africains ont reçu le soutien de leurs pairs catholiques des États-Unis.