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 Faire sauter les verrous de l'histoire des Noirs

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mihou
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mihou


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10052006
MessageFaire sauter les verrous de l'histoire des Noirs

Entrevue avec Serge Bilé
Faire sauter les verrous de l'histoire des Noirs

Nadeau, Jean-François

Son histoire des Noirs exterminés par les nazis a, d'un coup, beaucoup attiré l'attention sur Serge Bilé. Publié à la suite de la production d'un documentaire consacré au même sujet, Noirs dans les camps nazis rappelle que Hitler avait aussi ordonné la mort des gens de couleur en plus, notamment, de celle des juifs. L'avait-on oublié?

En 1942, rien qu'en France, on dénombre près de 44 000 prisonniers noirs sous le régime d'occupation. Les armées allemandes ne font pas de quartier aux soldats de couleur qu'elles trouvent sur leur passage, dans une tradition raciste qui remonte en fait, explique Bilé, à une occupation de la Namibie au début du XXe siècle.

Ces rappels historiques, qui, pour plusieurs, prirent l'aspect d'une véritable révélation, ont conduit Serge Bilé à s'attaquer aux mythes sexuels qui alimentent la mécanique du racisme à travers les âges. Dans La Légende du sexe surdimensionné des Noirs, l'essayiste montre que l'imaginaire construit autour des prouesses animales des hommes de couleur n'est qu'une projection raciste qui conduit à les considérer encore davantage comme des bêtes.

Les hommes noirs ont un sexe plus grand que les autres? Un mythe, dit Bilé, au même titre que celui qui affecte défavorablement l'image populaire attachée à la longueur du pénis des Asiatiques. Les rares études scientifiques disponibles sur ces questions démontrent en effet que, sous ce rapport, tout est à peu près semblable chez les humains. Les fantasmes sexuels liés aux Noirs tirent en fait leurs origines des sociétés coloniales ou esclavagistes, montre Serge Bilé. Et ce sont ces imaginaires qui sont reconduits au fil du temps, entre autres par l'univers de la pornographie.

Dans la foulée de Guillemin?

Dans le cadre du Mois de l'histoire des Noirs, Serge Bilé était cette semaine de passage à Montréal, où il s'est rendu aux bureaux du Devoir. L'ancien présentateur de nouvelles en France et dans les territoires d'outre-mer français avoue n'avoir, au fond, qu'un objectif: faire connaître à la population en général et aux Noirs en particulier un certain nombre de faits occultés par l'histoire officielle.

«Le métier de journaliste consiste à vulgariser des choses. Et moi, ce qui m'importe le plus, c'est de vulgariser des faits historiques qui ne sont quelquefois connus que par quelques initiés ou qui sont compliqués à faire comprendre. Je souhaite prendre cette matière et la rendre accessible au plus grand nombre. Je suis effaré de voir aujourd'hui en Martinique - où j'habite - à quel point on méconnaît sa propre histoire. Donc, la meilleure façon de pouvoir faire en sorte qu'elle puisse leur être accessible est d'écrire dans un langage et dans un style qui soient vraiment à la portée du plus grand nombre.»

Par son ton libre autant que par la nature parfois polémique de son propos, le journaliste français Serge Bilé peut faire penser à un Henri Guillemin, cet historien d'origine française, célèbre en son temps - surtout en Suisse, en Belgique et au Canada - pour ses prodigieuses entreprises de vulgarisation. La ressemblance s'établit d'ailleurs bien malgré lui, dans la mesure où Bilé, vulgarisateur hors pair de l'histoire des Noirs, affirme tout bonnement ne pas connaître cet homme grâce à qui, pourtant, plusieurs générations purent prendre contact avec Victor Hugo, Jean-Jacques Rousseau ou le grand Léon Tolstoï.

S'il déplaît à des historiens pour certains des raccourcis qu'il emprunte, Serge Bilé ne risque pas trop d'être victime de l'ostracisme qui frappa en son temps un Henri Guillemin. Le Bilé provocateur, celui qui fait éclater des mythes, n'a en effet, lui, aucune prétention à s'installer, grâce à son oeuvre, dans des chapelles universitaires ou des académies.

Historien chez les journalistes mais d'abord journaliste chez les historiens, Serge Bilé mesure bien toute la difficulté d'établir des sources fiables en ce qui concerne l'histoire des Noirs.

«Pour écrire sur l'histoire des Noirs, on manque forcément de sources, à un moment ou l'autre. Tout seul, on n'y arrive pas. J'ai constitué un réseau d'informateurs. Ainsi, c'est de Toronto que me vient les informations sur la vie des Noirs durant la Rome impériale! Le thème en lui-même, souvent occulté, est vraiment difficile.»

Peut-on regretter que, dans ses livres, les références ne soient pas aussi nombreuses qu'on pourrait le souhaiter? «Cela tient à la nature même de mon travail. Souvent, il n'y a rien ou presque comme matière première... À la fin de mes livres, je donne tout de même des ouvrages à consulter et des références.»

D'où lui vient cette passion pour l'histoire de la communauté noire? «J'ai quitté l'Afrique à 13 ans. Lorsque vous êtes arraché à votre terre à cet âge relativement jeune, vous vous rattachez à des choses particulières qui relèvent de l'histoire. Ce déracinement est lié à un besoin pour moi de me souvenir et à ma volonté, par conséquent, de connaître l'histoire.»

L'héritage de l'esclavage

En France, les Noirs constituent environ cinq millions de citoyens. Pourtant, l'histoire de cette communauté demeure bordée de silences.

«Nous ne sommes pas arrivés à la même situation que les Noirs américains. Eux ont des médias, des livres et des lieux de mémoire pour évoquer leur histoire. Nous, en France, il a fallu attendre 2006 pour seulement faire reconnaître l'esclavage comme une réalité de l'histoire nationale!»

L'esclavage a laissé des cicatrices profondes. «Les conséquences de l'esclavage, même plusieurs générations plus tard, continuent d'être visibles. L'esclavage a permis un manque de confiance, un manque d'assurance et un repli sur soi. Il a permis que des hommes puissent se prendre pour des sous-hommes. Or on est à un stade où il faut redonner confiance. C'est ce que j'essaie de faire en démystifiant l'histoire des Noirs.»

Le succès remporté par ses deux premiers livres a été étonnant, en particulier dans la communauté noire. «Noirs dans les camps nazis a reçu un très bon accueil. La Légende du sexe surdimensionné des Noirs a par contre été accueilli un peu plus difficilement. Dans les Antilles, je me suis trouvé devant quelques centaines de femmes qui venaient l'acheter pour leurs maris, trop gênés de venir eux-mêmes le prendre.»

Tout naturellement, Serge Bilé a reçu plusieurs offres pour poursuivre plus avant son travail de vulgarisation. Il travaille ces jours-ci, quand on lui en laisse le temps, à une sorte d'autobiographie intitulée Sur le dos des hippopotames, dans laquelle il exprime sa conviction que l'Afrique peut s'en sortir, tout comme les nombreux enfants de la diaspora africaine. En parallèle, il entend aussi donner à lire bientôt un ouvrage consacré à la participation des Noirs à l'appareil politique français, une participation très en deçà de la place qu'occupe réellement la population noire dans l'Hexagone. «Malgré tout, on demeure en avance en France sur certains pays européens. En Suisse ou en Allemagne, la situation des Noirs est encore bien pire, malgré ce qu'on peut croire. J'ai la chance d'écrire vite. Je vois des problèmes... Il faut faire sauter les verrous. C'est ce à quoi je travaille.»

***

Noirs dans les camps nazis

Serge Bilé

Le Serpent à Plumes

Paris, 2005, 158 pages

La légende du sexe surdimensionné des noirs

Serge Bilé

Le Serpent à Plumes

Paris, 2005, 198 pages
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