Une recette pour faire de l'argent
Girard, Michel
Pour réussir à faire de l'argent en Bourse, il faut échelonner ses placements durant toute l'année. Simple question de pouvoir profiter des sempiternelles corrections qui frappent chaque année les indices boursiers et leurs titres. Les corrections, en Bourse, cela est inévitable. Et même très sain car les investisseurs ont besoin, de temps à autre, de se faire rappeler à l'ordre.
Le hic avec les corrections? On ne sait jamais quelle en sera l'ampleur ni la durée et ni le point de départ.
Échelonner ses placements, cela vaut non seulement pour les fonds communs d'actions et pour les portefeuilles d'actions, mais également pour les certificats de placement garanti (CPG) et les billets boursiers, deux instruments financiers liés à des indices ou des portefeuilles d'actions. Les CPG boursiers sont émis par les institutions bancaires tandis que les billets boursiers sont distribués par les firmes de courtage.
Depuis plusieurs années, les banques et les maisons de courtage ont effectué de très nombreuses émissions de CPG et billets boursiers. Comme ce sont des placements populaires qui permettent à l'investisseur d'investir en Bourse sans courir le moindre risque, des milliards et des milliards de dollars ont été investis dans les CPG et billets boursiers depuis une dizaine d'années. Surtout au cours des blitz des régimes enregistrés d'épargne-actions (REER) des mois de janvier et février de chaque année.
Malheureusement, un grand nombre d'épargnants n'ont pas empoché un cent de profit avec leurs investissements dans les certificats ou billets boursiers.
Une des explications: ils y investissent une fois par année, toujours pendant la grosse période des REER. Le problème? Si cette période des REER coïncide avec le haut de l'année de la Bourse, comme cela est arrivé à quelques reprises depuis les 10 dernières années, les chances de faire un coup d'argent avec les certificats et billets boursiers sont maigres.
Remarquez que ce constat vaut pour tous les placements boursiers (achat d'actions, de parts de fonds d'actions) qui ont été réalisés pendant les blitz annuels du REER.
Lorsqu'on se bâtit un portefeuille, l'important est d'acquérir des placements à un prix moyen raisonnable. La seule façon d'y parvenir est d'échelonner ses placements, comme je le disais précédemment, sur l'ensemble de l'année et pendant plusieurs années.
Des exemples
Prenons les placements boursiers de Desjardins. Les gens qui ont investi dans les émissions " Épargne à terme Indice canadien " des 8 février 2001, 20 avril 2001, 15 décembre 2000 et 17 octobre 2000 ont très peu de chances d'encaisser un cent de revenu. Pourquoi? Parce que le niveau de départ de l'indice de référence est encore nettement plus élevé que le niveau actuel!
Il en est de même pour les émissions " Épargne à terme Indice américain " du 9 avril 1999, et " Épargne à terme Indice européen " des 14 avril 2000, 14 juillet 2000 et 14 avril 2002.
Les émissions " Épargne à terme Indice japonais " des 2 septembre 1999, 3 décembre 1999, 4 février 2000 et 15 avril 2000 s'annoncent encore plus difficiles puisque les niveaux de départ sont près de deux fois plus élevés que le niveau actuel de l'indice japonais de référence.
Mais en guise de consolation, les détenteurs de ces placements ne perdront pas un cent alors que les épargnants qui ont acheté durant la même période des actions et des parts de fonds communs d'actions se retrouvent encore aujourd'hui avec des pertes substantielles.
À la décharge de Desjardins, les gens qui ont investi dans les nombreuses autres émissions d'épargne à terme axées sur les indices boursiers des années 2002 et 2003 se retrouvent du côté des gagnants, puisque les émissions rapportent jusqu'à présent des revenus intéressants.
Ainsi, en réinvestissant dans des émissions subséquentes, l'investisseur aura réussi à récolter un rendement potable, tout en ne courant jamais de risques!
La performance des émissions de CPG boursiers des autres institutions bancaires ressemble en tout point ou presque à celle de Desjardins et de ses placements " Épargne à terme indicielle ".
Que vous ayez investi dans un CPG boursier de la Banque Royale, de la Scotia, de la Banque Nationale ou de Desjardins, le rendement accumulé à partir d'une période X sera quasi identique si le CPG est basé sur le même indice boursier de référence. Les nuances, s'il y en a, porteront sur le mécanisme de calcul du rendement.
Là où on notera des différences assez marquées entre les CPG boursiers, c'est au chapitre des plafonds de rendement, certaines institutions se montrant plus généreuses que d'autres.
Par ailleurs, du côté des billets boursiers, les investisseurs jouissent d'un avantage majeur: ils peuvent liquider leurs placements avant l'échéance sur un marché secondaire mis en place à cette fin. Ce qu'il n'est pas possible de faire avec les CPG boursiers, les détenteurs étant obligés de les conserver jusqu'à échéance.
Cet avantage portant sur la liquidité des billets boursiers vaut aujourd'hui son pesant d'or. Pour la simple et unique raison que cela permet d'encaisser ses profits avant échéance, et surtout avant qu'une sévère correction ne vienne les couper.
Un conseil: investir dans un billet boursier qui fait l'objet de plusieurs émissions dans une année m'apparaît nettement plus intéressant qu'un billet lié à une seule émission par année.
Le plus bel exemple est le " Billet BNC Blue Chips " de la Financière Banque Nationale. Le rendement de ce billet est basé sur un portefeuille de 20 titres parmi les plus grandes sociétés canadiennes.
Depuis janvier 2003, 10 émissions de ce billet " Blue Chips " ont été effectuées. Cela a permis aux investisseurs d'y investir à différents niveaux de départ, lesquels niveaux fluctuent en fonction de l'évolution de la valeur marchande des titres du portefeuille en cours d'année.
Sur les sept émissions réalisées en 2003, quatre présentent un rendement allant de 13 à 22 %. Celle de septembre 2003 affiche un rendement de 7,7 % et celle d'octobre 2003, un maigre 1,5 %.
Les quatre émissions les plus récentes accusent, pour le moment, un léger recul (de 1 à 4 %) par rapport à leurs niveaux respectifs de départ.
Il y a une nouvelle émission en cours. Compte tenu de la correction boursière qui frappe la bourse depuis mars dernier, le présent billet " Blue Blue Chips " présente un beau potentiel de croissance.
Une contrainte: la Banque Nationale se réserve le droit de racheter ledit billet après trois ans et demi, en offrant un rendement cumulatif plafonné à 35 %. Ce qui donnerait un rendement annuel composé de 8,95 % l'an. Si le billet n'est pas racheté après 3,5 ans, les détenteurs encaisseront à l'échéance le plein rendement accumulé durant sept ans.