Ressources pétrolières: L’Amérique latine se rebiffe
· La fronde contre les compagnies pétrolières s’intensifie en Bolivie, Venezuela, Equateur, Pérou…
La nationalisation des hydrocarbures proclamée lundi 1er mai en Bolivie constitue un nouvel épisode de la contestation croissante à l’encontre des compagnies pétrolières étrangères en Amérique latine, où l’arrivée de gouvernements de gauche a imposé de nouvelles règles du jeu. Le président bolivien Evo Morales a lancé un ultimatum en ordonnant aux multinationales de verser plus de 80% des bénéfices à la compagnie pétrolière publique YPFB, désormais chargée de gérer tous les gisements boliviens. Jusque-là, la loi sur les hydrocarbures datant de mai 2005 avait rehaussé à 50% les impôts et royalties à verser par les compagnies étrangères et restitué à l’Etat le contrôle de la production. Quelque 26 compagnies étrangères dont Repsol (Espagne), Total (France), Exxon (Etats-Unis), British Gas (GB), Petrobras (Brésil), ont désormais 180 jours pour signer un nouveau contrat d’exploitation dans ce pays qui détient après le Venezuela les deuxièmes réserves de gaz d’Amérique du Sud. Morales suit ainsi l’exemple de son allié, le président vénézuélien Hugo Chavez. Le Venezuela vient quant à lui d’imposer aux compagnies étrangères la stricte application d’une loi sur les hydrocarbures datant de 2001, en faisant passer les impôts sur les bénéfices de 34 à 50% et les royalties de 0 à 30%. Le président Chavez a contraint les groupes étrangers à modifier des contrats signés dans les années 1990 et à s’associer systématiquement avec la compagnie publique PDVSA en lui réservant une participation de 60%. Une vingtaine de multinationales se sont pliées à cette exigence, alors que la plus grande compagnie pétrolière du monde ExxonMobil a préféré vendre sa participation dans un gisement. En Equateur, 5e producteur d’Amérique latine, avec 530.000 barils de brut par jour, le gouvernement a imposé en avril dernier une nouvelle loi sur les gains des pétroliers étrangers. Devant la flambée du prix du pétrole, Quito a décidé de répartir à égalité les bénéfices provenant de la différence entre le prix du marché du brut à l’exportation avec le prix fixé dans leur contrat. Le Pérou pourrait suivre ce mouvement de fronde en cas d’élection du nationaliste Ollanta Humala, vainqueur du premier tour de la présidentielle.
Synthèse L’Economiste
http://www.leconomiste.com/article.html?a=70305