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 Jésus-Mahomet : Match au sommet

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mihou
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mihou


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06052006
MessageJésus-Mahomet : Match au sommet

Jésus-Mahomet : Match au sommet

Monothéistes, enracinés dans le même fonds sémitique et biblique, le christianisme et l'islam ont beaucoup en commun. Mais ils divergent sur des points clés de leur vision de Dieu, de la religion et de la société. De quoi motiver une visite guidée de ces dogmes et de ces traditions.

Eric Vinson

Dieu. « Et le Verbe s'est fait chair, et Il a habité parmi nous [...] ; et nous avons contemplé sa gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jean, 1, 14). Jésus se définit comme Dieu incarné en l'Homme pour assumer en tout sa condition et le « sauver ». A la fois vrai homme et vrai Dieu, le Nazaréen rejoint dans la théologie chrétienne le Père et l'Esprit saint au sein de la « Sainte Trinité », « triple visage » du Dieu unique. Trinité, Incarnation : deux idées inacceptables aux musulmans, pour qui Dieu se caractérise justement par son absolue Unité, Unicité et Transcendance incorporelle : « Dis : "Lui, Dieu, est Un ! Allah, l'Impénétrable ! [...] Il n'a jamais engendré, ni n'a non plus été engendré. Et nul n'est égal à Lui ". » (Coran, sourate 112, 1-4). Pour l'islam, Jésus et Mahomet ne sont que les deux principaux prophètes du monothéisme, de simples hommes sans commune mesure avec l'Essence divine, même s'ils ont été élevés au plus haut par la grâce en vue de la révéler au monde. Cette divergence pèse sur la vision que les deux religions se font de la nature humaine et de ses relations avec Dieu. Chez les chrétiens, celui-ci est susceptible d'« associer » l'homme à sa vie intime par le Christ. Chez les musulmans, « l'association » au divin d'autre chose que lui-même constitue un péché mortel. Une opposition qui influence directement le rapport de chaque civilisation à l'art : l'« icône » de Jésus deviendra la pierre d'angle de la peinture et de la sculpture occidentales alors que l'islam rejettera les images par crainte de l'idolâtrie.

La Révélation. Islam et christianisme donnent une place déterminante à la Parole divine, puissance à la fois créatrice, véridique et salvatrice. A ceci près que, pour l'islam, le Verbe s'est fait Livre par la révélation à Mahomet du Coran - « incréé », éternel et intangible - alors que pour le christianisme il s'est fait homme en la personne de Jésus-Christ... Le culte musulman - selon ses propres mots - est donc la « religion du Livre », « soumission » (islam en arabe) à la Loi divine intégralement révélée dans ce Coran, « monolithe verbal » de la « vérité absolue » (s. 69, 51) dont « l'Original demeure à jamais - sagesse sublime - dans le sein de Dieu » (s. 43, 4). Le christianisme se centre en revanche sur la figure humano-divine du Messie, dont témoigne le Nouveau Testament sans cacher ses limites tout humaines.

Bien que leur nature soit différente, les textes sacrés des deux religions n'échapperont pas, chacun à leur manière, à l'interprétation et à l'exégèse, progressivement étouffées, sur les deux rives de la Méditerranée par un même dogmatisme scolastique. Pour évoluer, les textes chrétiens devront attendre le XIXe siècle et l'application à la Bible par les Européens de la méthode historico-critique, non d'ailleurs sans résistance d'un christianisme rallié seulement au cours du XXe. Un travail qui reste toujours à faire pour l'islam, auquel il pose un problème explosif vu la sacralisation du Coran.

Le salut. Matthieu, Marc, Luc et Jean : les quatre Evangiles canoniques recueillent l'enseignement éthique et spirituel de Jésus à travers ses paroles et le récit de ses actes. Pourtant, ce précieux contenu ne constitue pas l'essentiel de la « Bonne Nouvelle » qui donne leur nom à ces textes, à savoir l'annonce extraordinaire d'un salut apporté à tous les hommes - fussent-ils « pécheurs » - par la Passion, la Mort et la Résurrection du « Sauveur ». Cette Rédemption est le coeur du christianisme, comme l'affirme son codificateur saint Paul : « Si le Christ n'est pas ressuscité, notre message est vain, vaine aussi notre foi » (1, Corinthiens, 15, 14). Elle est complètement dénuée de sens pour les musulmans, qui réfutent la mort en croix et a fortiori la Résurrection de leur prophète Issa (« Jésus » en arabe). En islam, seule mène au salut la « soumission » à la Parole coranique exprimée « à travers » Mahomet, ainsi que l'affirme Dieu lui-même dans un hadith célèbre : « Rien de ce qui m'est agréable ne rapproche autant mon serviteur de moi que l'accomplissement des obligations par moi à lui imposées. »

L'Amour et la Loi. La Parole de Dieu a en islam un caractère « législatif » - celle d'un code individuel et social nommé charia. C'est l'application attentive de cette Loi qui mène au Paradis d'Allah... Les chrétiens préfèrent la foi en la « Loi de l'Amour » incarnée par le « Fils de l'Homme ». Capitale, cette divergence a pu faire considérer l'islam comme un « retour » au judaïsme - lui aussi taraudé par l'exigence de la Loi -, mais en une version « universalisée » par Mahomet. Autant dire une normalisation après la folle tentative chrétienne de fonder l'existence sur le « Aime et fais ce que voudras » par lequel saint Augustin (354-430) résumait la foi en l'homme sauvé. Mais l'amour se commande-t-il ? L'altruisme absolu du Galiléen est-il accessible à tous ses fidèles, à la merci d'une cruelle culpabilité depuis son « inhumain » « Soyez parfaits ! » (Matthieu, 5, 48) ? De quoi rendre plus réalistes et plus humaines les obligations de Mahomet, les cinq piliers de l'islam : profession de foi, prières, jeûne de Ramadan, aumône, pèlerinage à La Mecque.

La société. Imitation de Jésus-Christ, exemplarité du Prophète... Chrétiens et musulmans font bien d'un tel « mimétisme » la voie suprême de l'accomplissement humain. Sauf que tout sépare les parcours de ces deux modèles, hormis leur égal abandon à la volonté divine. D'un côté, Jésus, juif pauvre et errant dont on ne connaît au fond que la naissance et quelques mois de « vie publique » : celle d'un prédicateur célibataire charismatique et thaumaturge, supplicié à 33 ans avant un énigmatique destin post mortem... De l'autre, Mahomet, notable arabe, polygame, père de famille décédé à 62 ans de sa belle mort, chef politico-religieux d'un empire naissant. Deux vies marquées l'une par le dénuement, l'échec et le martyre, l'autre par la réussite, la reconnaissance. Et le pouvoir... C'est-à-dire l'usage de la force. Car est-il une distance plus nette entre le Nazaréen et le Mecquois que leur rapport opposé à la violence ? Avec son « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Matthieu, 22, 21), le premier renonce clairement à la tentation du politique, malgré l'impérieuse attente de son peuple. Loin des prescriptions de l'ordre social, son message relève de l'ordre de la grâce, qui conduit au sacrifice accepté pour le salut du monde.

A l'opposé, après des années de prêche infructueux, Mahomet quitte La Mecque pour conquérir Yathrib ainsi devenue Médine : sa « ville » (Medina en arabe). Deux villes qui deviendront le noyau d'un Etat islamique fondé sur les commandements coraniques, indissociablement juridiques, moraux et religieux. Mahomet y pratiquera la justice, l'administration, la diplomatie, la ruse et la lutte armée. « Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent » (s. 2, 190). De quoi mettre au point cette fameuse « guerre sainte » (djihad), aujourd'hui si exploitée (lire l'interview de Gilles Képel, page 80)...

Annonce d'un « royaume » purement spirituel chez Jésus contre fondation - ici et maintenant - d'une « cité d'Allah » chez Mahomet... Pour l'une et l'autre civilisation, les effets de promesses aussi éloignées sont bien sûr incalculables. Le plus important ? Sans doute la distinction - structurante pour les chrétiens, problématique pour les musulmans - entre le spirituel et le temporel, entre le sacré et le profane, entre le surnaturel et le naturel, et finalement entre le public et le privé. La « communauté » chrétienne est ainsi partagée entre les sphères « cléricale » et « laïque » alors que les musulmans n'envisagent qu'une seule et même oumma. Un espace indivisible et égalitaire, sans prêtres, ni moines, ni magistère.

La femme. La chasteté d'un Christ qui s'intéresse néanmoins aux femmes - même prostituées - résume les ambivalences chrétiennes face à l'évidence patriarcale du modèle mahométan, « progrès » (relatif) vu l'aliénation que connaît la femme avant lui en terre arabe. Longtemps, les disciples de Jésus considéreront le mariage et la procréation comme un « moindre mal » - inférieur à l'idéal angélique de l'abstinence - alors que les héritiers de Mahomet feront de l'union féconde un quasi-devoir religieux.
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