Sans latinos, la Californie frôlerait le désastre
Alexandre Sirois
La Presse
Washington
Sans latinos sur le marché du travail, les autorités de la Californie ont décrété l'état d'urgence. L'impact sur l'État a été tel que certains résidants ont parlé d'" apocalypse ".
Attention! Ce n'est pas ce qui s'est produit en raison du débrayage d'hier aux États-Unis, mais bien ce qui semble avoir inspiré ses organisateurs. Ce scénario catastrophe est celui du film Un jour sans Mexicains.
L'idée de ce long métrage, remarqué lors de sa sortie en 2004, était d'explorer ce qui se produirait si les 14 millions de latinos de la Californie disparaissaient. La réponse: un désastre tant pour la société américaine que sa santé économique.
Controversé, le Jour sans immigrants d'hier est loin d'avoir rallié l'ensemble des immigrants. Plusieurs des quelque 40 millions de latinos au pays y ont tout de même participé et l'impact de l'initiative a prouvé leur importance.
McDonald's a par exemple annoncé que certains de ses restaurants fermeraient leurs portes plus tôt ou offriraient uniquement le service à l'auto.
Tyson Foods, la plus importante entreprise de production de viande au pays, a annoncé l'arrêt des activités de neuf de ses 15 usines de boeuf et de porc.
Christine Chavez, fille du célèbre syndicaliste californien Cesar Chavez, a rapporté que " l'industrie agricole était à l'arrêt " en Californie. Sans immigrants, il n'y avait personne pour cueillir fruits et légumes.
Illégaux essentiels
Bon nombre des immigrants qui font vivre l'industrie agricole- et les secteurs de la construction et de l'entretien- font partie des 11,6 millions d'illégaux au pays.
Ceux-là même qui sont ciblés par un projet de loi répressif de la Chambre des représentants du Congrès américain, législation qui a mis le feu aux poudres.
On estime que 7,2 millions de ces résidants clandestins ont un emploi, ce qui représente environ 5 % de l'ensemble de la main-d'oeuvre au pays. Leur expulsion ne provoquerait certes pas l'apocalypse, mais aurait des répercussions plus que fâcheuses.
Si l'immigration illégale cessait, " les prix de nombreux biens et services seraient plus élevés ", a déclaré hier l'économiste en chef d'Economy.com (Moody's), Mark Zandi, à l'Associated Press.
Les Américains, confrontés au soulèvement de centaines de milliers d'immigrants depuis la fin du mois de mars, commencent à se rendre compte de leur poids économique. Et politique.
Car les immigrants, d'ordinaire discrets, semblent dorénavant déterminés à se faire entendre. Tout particulièrement les latinos, qui sont maintenant plus nombreux que les Afro-Américains au pays. Leur éveil politique risque fort de continuer à faire beaucoup de bruit.
http://www.cyberpresse.ca/article/20060502/CPMONDE/605020737/5160/CPMONDE