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QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides

 

 Au sujet de Israël-Palestine : le cancer:"

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mihou
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mihou


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07062005
MessageAu sujet de Israël-Palestine : le cancer:"

Au sujet de Israël-Palestine : le cancer:" , Le Monde " et Edgar Morin condamnés en appel

" Le Monde " et Edgar Morin condamnés en appel

LA COUR D’APPEL de Versailles a condamné, jeudi 26 mai, le sociologue
Edgar Morin, le directeur de la publication du Monde, Jean-Marie Colombani,
ainsi que le député européen Sami Nair et l’écrivain Danièle Sallenave à verser
un euro de dommages et intérêts à l’association France-Israël et à l’association
Avocats sans frontières. Dans son arrêt, la cour estime que dans une tribune
intitulée " Israël-Palestine : le cancer", et publiée dans Le Monde du 4 juin
2002, les auteurs se sont rendus coupables de " diffamation raciale". Cet arrêt
de la cour d’appel de Versailles infirme le jugement rendu en première instance,
le 12 mai 2004, par le tribunal de grande instance de Nanterre qui avait débouté
les associations de leurs poursuites (Le Monde des 19 mars et 14 mai 2004). Une
centaine d’intellectuels avaient dénoncé "l’accusation doublement scandaleuse"
dont était victime Edgar Morin (Le Monde du 30 mars 2004).


Le texte en question (Le Monde 4-6-2002)

Israël-Palestine : le cancer


Le Moyen-Orient est une zone sismique de la planète où s’affrontentEst
et Ouest, Nord et Sud,riches et pauvres, laïcité et religion,religions entre
elles


LE cancer israélo-palestinien s’est formé à partir d’une pathologie
territoriale : la formation de deux nations sur une même contrée, source de
deux pathologies politiques, l’une née de la domination, l’autre de la
privation. Il s’est développé d’une part en se nourrissant de l’angoisse
historique d’un peuple persécuté dans le passé et de son insécurité
géographique, d’autre part du malheur d’un peuple persécuté dans son présent
et privé de droit politique.

"Dans l’opprimé d’hier l’oppresseur de demain", disait Victor Hugo.
Israël se présente comme le porte-parole des juifs victimes d’une
persécution multiséculaire jusqu’à la tentative d’extermination nazie. Sa
naissance attaquée par ses voisins arabes a failli être sa mort. Depuis sa
naissance, Israël est devenu une formidable puissance régionale, bénéficiant
de l’appui des Etats-Unis, dotée de l’arme nucléaire.

Et pourtant Sharon a prétendu lutter pour la survie d’Israël en
opprimant et asphyxiant la population palestinienne, en détruisant des
écoles, archives, cadastres, en éventrant des maisons, en brisant des
canalisations et procédant à Jenine à un carnage dont il interdit de
connaître l’ampleur.

L’argument de la survie n’a pu jouer qu’en ressuscitant chez les
Israéliens les angoisses de 1948, le spectre d’Auschwitz, en donnant à un
passé aboli une présence hallucinatoire. Ainsi la nouvelle Intifada a
réveillé une angoisse qui a amené au pouvoir le reconquistador Sharon.

En fait Sharon compromet les chances de survie d’Israël dans le
Moyen-Orient, en croyant assurer dans l’immédiat la sécurité israélienne par
la terreur. Sharon ignore que le triomphe d’aujourd’hui prépare le suicide
de demain. A court terme, le Hamas fait la politique de Sharon, mais à moyen
terme, c’est Sharon qui fait la politique du Hamas. Si, en deçà d’un certain
seuil, l’Intifada a poussé Israël à négocier, au-delà elle a ranimé
l’angoisse de la proie, exaspérée par les attentats-suicides, et la
répression impitoyable semble une juste réponse à la menace. Si rien ne
l’arrête de l’extérieur, l’Israël de Sharon va au minimum vers la
bantoustanisation des territoires palestiniens morcelés.

C’est la conscience d’avoir été victime qui permet à Israël de devenir
oppresseur du peuple palestinien. Le mot "Shoah", qui singularise le destin
victimaire juif et banalise tous les autres (ceux du goulag, des Tsiganes,
des Noirs esclavagisés, des Indiens d’Amérique), devient la légitimation
d’un colonialisme, d’un apartheid et d’une ghettoïsation pour les
Palestiniens.

La conscience victimaire comporte évidemment une vision unilatérale de
la situation et des événements.

Au départ du sionisme, la formule "un peuple sans terre pour une terre
sans peuple" a occulté le peuplement palestinien antérieur. Le droit des
juifs à une nation a occulté le droit des Palestiniens à leur nation.

Le droit au retour des réfugiés palestiniens est vu aujourd’hui, non
comme un droit symétrique à celui du retour de juifs qui n’ont jamais vécu
en Palestine, mais à la fois comme un sacrilège et comme une demande de
suicide démographique d’Israël. Alors qu’il aurait pu être considéré comme
une réparation aux modalités négociables.

Il est horrible de tuer des civils selon un principe de culpabilité
collective, comme le font les attentats-suicides, mais c’est un principe
appliqué par Israël frappant, depuis le temps de Sabra et Chatila et du
Liban nord jusqu’à aujourd’hui, et hélas probablement demain, des civils,
femmes et enfants, et en détruisant la maison et les cultures des familles
d’auteurs d’attentat. Les victimes civiles palestiniennes sont désormais de
15 à 20 fois plus nombreuses que les victimes israéliennes. Est-ce que la
pitié doit être exclusivement réservée aux unes et non aux autres ?

Israël voit son terrorisme d’Etat contre les civils palestiniens comme
autodéfense et ne voit que du terrorisme dans la résistance palestinienne.
L’unilatéralisme attribue à Arafat seul l’échec des ultimes négociations
entre Israël et l’Autorité palestinienne ; il camoufle le fait que, sans
cesse depuis les accords d’Oslo, la colonisation s’est poursuivie dans les
territoires occupés et considère comme "offre généreuse" une restitution
restreinte et morcelée de territoires comportant maintien de colonies et
contrôle israélien de la vallée du Jourdain.

L’histoire complexe des négociations est effacée par la vision
unilatérale de cette "offre généreuse" reçue par un refus global, et
l’interprétation de ce supposé refus global comme une volonté de détruire
Israël.

L’unilatéralisme masque la dialectique infernale répression-attentat,
elle-même alimentée par les forces extrémistes dans les deux camps. Il
masque le fait que la tournée de Sharon sur l’esplanade des Mosquées n’a pu
que renforcer le cercle vicieux infernal qui favorise le pire dans les deux
camps.

Le cercle infernal où tout accroissement du pire de l’un accroît le
pire de l’autre a donné le pouvoir au clan nationaliste-intégriste en
Israël, a installé des officiers issus des colonies à la tête de Tsahal, a
transformé des éléments de cette armée de réoccupation en soldatesque
pillant et tuant parfois jusqu’au massacre (Jenine). Il a accru le
rayonnement et l’emprise des mouvements religieux fanatiques sur la jeunesse
palestinienne.

Certes, il y a également un unilatéralisme palestinien, mais sur
l’essentiel, depuis l’abandon par la charte de l’OLP du principe
d’élimination d’Israël, l’Autorité palestinienne a reconnu à son occupant
l’existence de nation souveraine que celui-ci lui refuse encore. Sharon a
toujours refusé le principe "la paix contre la terre", n’a jamais reconnu
les accords d’Oslo et a considéré Rabin comme un traître.

En Occident, les médias parlent sans cesse de la guerre
israélo-palestinienne ; mais cette fausse symétrie camoufle la
disproportion des moyens, la disproportion des morts, la guerre de chars,
hélicoptères, missiles contre fusils et kalachnikovs. La fausse symétrie
masque la totale inégalité dans le rapport des forces et l’évidence simple
que le conflit oppose des occupants qui aggravent leur occupation et des
occupés qui aggravent leur résistance.

La fausse symétrie occulte l’évidence que le droit et la justice sont
du côté des opprimés. Elle met sur le même plan les deux camps, alors que
l’un fait la guerre à l’autre qui n’a pas les moyens de la faire et n’oppose
que des actes sporadiques de résistance ou de terrorisme. De même, il y a
fausse symétrie entre Sharon et Arafat, l’un maître d’une formidable
puissance, capable de défier les Nations unies et les objurgations (certes
molles) des Etats-Unis, l’autre de plus en plus impuissant. Une sinistre
farce consiste à demander à Arafat d’empêcher les attentats tout en
l’empêchant d’agir.

On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le
plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires
humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux
générations en "peuple dominateur et sûr de lui" et, à l’exception d’une
admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier.

Les médias rendent mal les multiples et incessantes manifestations de
mépris, les multiples et incessantes humiliations subies aux contrôles, dans
les maisons, dans les rues. Cette logique du mépris et de l’humiliation
n’est pas le propre des Israéliens, elle est le propre de toutes les
occupations où le conquérant se voit supérieur face à un peuple de
sous-humains. Et dès qu’il y a signe ou mouvement de révolte, alors le
dominant se montre impitoyable. Il est juste qu’Israël rappelle à la France
sa répression coloniale durant la guerre d’Algérie ; mais cela indique
qu’Israël fait pour la Palestine au moins ce que la France a fait en
Algérie. Dans les derniers temps de la reconquête de la Cisjordanie, Tsahal
s’est livrée à des actes de pillage, destructions gratuites, homicides,
exécutions où le peuple élu agit comme la race supérieure. On comprend que
cette situation dégradante suscite sans cesse de nouveaux résistants, dont
de nouvelles bombes humaines. Qui ne voit que les chars et les canons, mais
ne voit pas le mépris et l’humiliation, n’a qu’une vision unidimensionnelle
de la tragédie palestinienne.

Le mot "terrorisme" fut galvaudé par tous les occupants, conquérants,
colonialistes, pour qualifier les résistances nationales. Certaines d’entre
elles, comme du temps de l’occupation nazie sur l’Europe, ont certes
comporté une composante terroriste, c’est-à-dire frappant principalement des
civils. Mais il est indu de réduire une résistance nationale à sa composante
terroriste, si importante soit-elle. Et surtout, il n’y a pas de commune
mesure entre un terrorisme de clandestins et un terrorisme d’Etat disposant
d’armes massives. De même qu’il y a disproportion entre les armes, il y a
disproportion entre les deux terreurs. L’horreur et l’indignation devant des
victimes civiles massacrées par une bombe humaine doivent-elles disparaître
quand ces victimes sont palestiniennes et massacrées par des bombes
inhumaines ?

Il ne faut pas craindre de s’interroger sur ces jeunes gens et jeunes
filles devenues bombes humaines. Le désespoir, certes les a animés, mais
cette composante ne suffit pas. Il y a aussi une très forte motivation de
vendetta qui, dans sa logique archaïque si profonde, surtout en
Méditerranée, demande de porter la vengeance, non pas nécessairement sur
l’auteur du forfait mais sur sa communauté. C’est aussi un acte de révolte
absolue, par lequel l’enfant qui a vu l’humiliation subie par son père, par
les siens, a le sentiment de restaurer un honneur perdu et de trouver enfin
dans une mort meurtrière sa propre dignité et sa propre liberté.

Enfin, il y a l’exaltation du martyr, qui par un sacrifice de sa
personne féconde la cause de l’émancipation de son peuple. Evidemment,
derrière ces actes, il y a une organisation politico-religieuse, qui fournit
les explosifs, la stratégie et conforte par l’endoctrinement la volonté de
martyre et l’absence de remords. Et la stratégie des bombes humaines est
très efficace pour torpiller tout compromis, toute paix avec Israël, de
façon à sauvegarder les chances futures de l’élimination de l’Etat d’Israël.
La bombe humaine, acte existentiel extrême au niveau d’un adolescent, est
aussi un acte politique au niveau d’une organisation extrémiste.

Et nous voici à l’incroyable paradoxe. Les juifs d’Israël, descendants
des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les
juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent,
persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre
impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs
victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les juifs, boucs
émissaires de tous les maux, "bouc-émissarisent" Arafat et l’Autorité
palestinienne, rendus responsables d’attentats qu’on les empêche d’empêcher.

Une nouvelle vague d’antijudaïsme, issue du cancer
israélo-palestinien, s’est propagée dans tout le monde arabo-islamique, et
une rumeur planétaire attribue même la destruction des deux tours de
Manhattan à une ruse judéo-américaine pour justifier la répression contre le
monde islamique.

De leur côté, les Israéliens voisins crient "Mort aux Arabes" après un
attentat. Un anti-arabisme se répand dans le monde juif. Les instances
"communautaires" qui s’autoproclament représentantes des juifs dans les pays
occidentaux tendent à refermer le monde juif sur lui-même dans une fidélité
inconditionnelle à Israël.

La dialectique des deux haines s’entretenant l’une l’autre, celle des
deux mépris, celui du dominant israélien sur l’Arabe colonisé, mais aussi le
nouveau mépris antijuif nourri de tous les ingrédients de l’antisémitisme
européen classique, cette dialectique est en cours d’exportation. Avec
l’aggravation de la situation en Israël-Palestine, la double intoxication,
l’antijuive et la judéocentrique, va se développer partout où coexistent
populations juives et musulmanes. Le cancer israélo-palestinien est en cours
de métastases dans le monde.

Le cas français est significatif. En dépit de la guerre d’Algérie et
de ses séquelles, en dépit de la guerre d’Irak, et en dépit du cancer
israélo-palestinien, juifs et musulmans coexistent en paix en France.

Cependant une ségrégation commence. Une rancœur sourde contre les
juifs identifiés à Israël couvait dans la jeunesse d’origine maghrébine. De
leur côté, les institutions juives dites communautaires entretenaient
l’exception juive au sein de la nation française et la solidarité
inconditionnelle à Israël.

C’est l’impitoyable répression menée par Sharon qui a fait passer
l’antijudaïsme mental à l’acte le plus virulent de haine, l’atteinte au
sacré de la synagogue et des tombes. Mais cela conforte la stratégie du
Likoud : démontrer que les juifs ne sont pas chez eux en France, que
l’antisémitisme est de retour, les inciter à partir pour Israël. Ne
devons-nous pas au contraire mobiliser l’idée française de citoyenneté comme
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