A Paris, le lundi 24 juillet 2006
Il n’y avait pas assez de guerres dans la région. Le 25 juin 2006, c’est le
début de la nouvelle guerre d’Israël contre la Palestine, contre Gaza, contre la
résistance palestinienne, contre le Hamas. Le 12 juillet 2006, c’est le début de
la nouvelle guerre coloniale d’Israël contre l’état indépendant et souverain du
Liban, contre la résistance libanaise, contre le Hezbollah. La situation
militaire au Liban est extrêmement inquiètante. La guerre d’agression et
d’invasion israélienne commence par une campagne de quinze jours de
bombardements aériens. Les chiffres des victimes civiles, plusieurs centaines de
morts, augmentent tous les jours. Les chiffres des destructions des
infrastructures économiques et industrielles libanaises, plusieurs milliards de
dollars, augmentent tous les jours. Le prix du baril de pétrole flambe à plus de
80 dollars. L’armée d’extrême droite israélienne bombarde Beyrouth, comme
l’armée d’extrême droite étatsunienne bombardait Belgrade, Kaboul et
Bagdad. Cette campagne de bombardements aériens prépare une offensive
terrestre. L’armée israélienne demande aux habitants des villages du Sud Liban
l’évacuation de leurs villages. Cette guerre est une guerre moderne, c’est une
guerre contre les civils.
Quels sont les objectifs de cette nouvelle guerre d’invasion et d’occupation ?
L’armée israélienne occupera t elle à nouveau le Sud Liban à vingt kilomètres au
nord de la frontière internationale comme elle le faisait pendant vingt deux ans
? Le gouvernement d’extrême droite israélien bénéficie du soutien total du
gouvernement d’extrême droite étatsunien. L’armée israélienne occupera t elle
Beyrouth ? Ira t elle à le frontière entre le Liban et la Syrie ? Franchira t
elle la frontière entre le Liban et la Syrie ? Bombardera t elle Damas ?
Occupera t elle Damas ? Renversera t elle le régime syrien ?
Cette nouvelle guerre de conquête coloniale israélienne, cette nouvelle
violation des règles les plus élémentaires du droit international et de la
charte de l’ONU provoque une nouvelle crise diplomatique internationale. Cette
guerre n’est pas seulement une nouvelle guerre régionale d’Israël contre le
Liban, c’est une guerre de l’axe du mal Washington Tel Aviv Londres. Entre
Washington et Tel Aviv, entre le gouvernement d’extrême droite étatsunien et le
gouvernement d’extrême droite israélien, qui donne les ordres et qui les
applique, Israël obéit aux ordres des Etats Unis, Israël ne ferait rien sans le
soutien total des Etats Unis. Les arguments de la propagande sioniste sont
parfaitement réversibles. Du point de vue de la propagande sioniste, le
Hezbollah appliquerait les ordres de la Syrie et de l’Iran. D’un certain point
de vue, la propagande sioniste a raison. Israël obéit effectivement aux ordres
des Etats Unis.
L’ONU, la France, la Russie, la Chine et les pays arabes appellent au cessez
le feu. La question diplomatique centrale est la question de l’application de la
résolution 1559 du conseil de sécurité de l’ONU relative à la fin de
l’occupation du Liban par une armée étrangère et au désarmement des milices
libanaises. Cette question est la plus hypocrite de toutes les questions en
particulier quand Tel Aviv, Washington et le représentant de Washington à New
York demandent l’application de la résolution 1559. D’un certain point de vue,
ils ont également raison. L’application de la résolution 1559 exige
effectivement la fin immédiate de la guerre d’agression et de l’occupation du
Liban par l’armée israélienne dans une situation internationale dans laquelle un
état et un seul n’applique pas depuis bientôt soixante ans les dizaines de
résolution de l’ONU contre lui, c’est l’état d’Israël. Quant à l’actuel
représentant de Washington à New York, l’ambassadeur des Etats Unis au
conseil de sécurité de l’ONU, le faucon ultra conservateur John Bolton, dont la
nomination à ce poste à elle seule était une provocation contre l’ONU, il
faisait pendant des années des dizaines de déclarations par lesquelles il
demandait la dissolution de l’ONU.
Les divergences relatives à l’application de la résolution 1559 sont
exactement identiques par rapport aux divergences pendant douze ans entre 1991
et 2003 relatives à la fameuse question des armes de destruction massives
irakiennes. Pendant douze ans, contre la volonté des Etats Unis, l’ONU
organisait un système d’inspection et obtenait la destruction des armes
nucléaires irakiennes par l’intermédiaire de ce système d’inspection. L’objectif
du gouvernement étatsunien n’était pas le problème des armes nucléaires
irakiennes, c’était la guerre pour le renversement du régime irakien et pour la
destruction de l’état irakien.
De la même manière, l’application de la résolution 1559, quand Israël
respectera l’indépendance du Liban et quand Israël paiera pour la réparation de
ses dommages de guerre au Liban, passera par l’intégration des forces militaires
et politiques du Hezbollah dans l’armée et dans le gouvernement libanais.
Le troisième front est enfin un autre front, c’est le front des médias et des
manifestations populaires et citoyennes contre la guerre dans les capitales
occidentales. Il y a un premier objectif de guerre, une première forme
d’importation de la guerre au centre des capitales des métropoles impérialistes
occidentales, c’est le boycott total, la censure de guerre contre les images de
ces manifestations. Le deuxième objectif de guerre, c’est tout simplement
l’interdiction de ces manifestations et l’organisation d’affrontements à
l’intérieur de ces manifestations. Le 4 juin 2006, le préfet de police de Paris
décidait l’interdiction d’une manifestation de solidarité pour la Palestine. Le
22 juillet 2006, un service d’ordre commun de fonctionnaires en civil de la
préfecture de police de Paris et de militants d’organisations de la gauche et de
l’extrême gauche sionistes françaises faisaient la police à l’intérieur d’une
manifestation de solidarité pour le Liban et pour la
Palestine, ils organisaient un check point démocratique, ils faisaient le tri
entre les bons et les mauvais manifestants.
En 1982, Sharon organisait l’invasion du Liban et les massacres des camps
palestiniens de Sabra et Chatila dans la banlieue de Beyrouth. Des mois plus
tard, un tribunal israélien jugeait et condamnait Sharon pour crimes de guerre,
Sharon démissionnait de son poste de ministre de la défense, il commençait sa
traversée du désert, c’était la seule défaite de sa carrière militaire et
politique. Tel sera le sort de Olmert, de Peretz et de Halutz. Soldats de
l’armée d’Israël, désertez, désobéissez, n’obéissez pas aux ordres de vos
généraux, ce sont des criminels de guerre.