En dépit des actions de lutte menées sur le terrain
La menace persiste
La terre se dégrade. Elle se meurt lentement. Selon des estimations, 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent chaque année dans le monde.
L’ONU avait, en marge du lancement de l’Année internationale des déserts et de la désertification, qui a eu lieu en marge des travaux de la 60e session de l’Assemblée générale des Nations unies, tiré la sonnette d’alarme en termes de sécheresse et de l’avancée du désert. Un tiers de la superficie des terres émergées du globe (4 milliards d’hectares) sont menacées par la désertification et plus de 250 millions de personnes sont directement affectées par ce phénomène. Plus de 110 pays ont des terres qui sont potentiellement menacées par la désertification. L’Afrique, l’Asie, et l’Amérique latine sont les régions les plus menacées par la désertification. En Afrique, les zones arides et les déserts couvrent les 2/3 de la superficie du continent, soit 73% des terres arides sont touchées par la désertification. En Algérie, près de 13 millions d’hectares sont menacés par l’avancée du désert. Connue pour la fragilité de son équilibre essentiellement due à l’aridité de son milieu, la zone steppique, qui compte 32 millions d’hectares, est menacée de désertification. C’est la vie de près 7,2 millions d’habitants, dont la majorité tire ses revenus de l’élevage, qui suscite inquiétude. Mais, qui en est responsable ? S’il est admis que le phénomène de désertification est la résultante d’interactions complexes entre différents facteurs physiques, biologiques, socioéconomiques et culturels, l’homme constitue l’un des facteurs aggravant de la désertification en Algérie. L’Algérie fait partie d’une région bioclimatique, ce qui induit une grande précarité de la productivité biologique. Le couvert végétal disparaît à cause du « surpâturage », de la mise en culture inappropriée et du prélèvement excessif. Que faire ? Les actions menées jusque-là ont permis de préserver (de restaurer) par la mise en défens de près de 3 millions d’hectares de cet écosystème, selon le Haut commissariat au développement de la steppe (HCDS). La stratégie de lutte contre la désertification englobe un programme à long terme par l’application d’une politique de développement intégrée de la région steppique, initiée par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Bien que les efforts du HCDS aient permis de réduire un peu les effets de ce phénomène, la menace de désertification persiste. La stratégie appliquée semble confrontée à des lacunes qu’il convient de combler. La faible adhésion des autorités locales, du fait surtout de leur méconnaissance de ce phénomène, constitue un véritable handicap pour une stratégie cohérente de lutte contre la désertification. Les parcours, appelés communément « arch » dont le statut reste à redéfinir sont non moins une autre contrainte entravant la lutte efficace dans les zones steppiques. Aux yeux de Mme Khammar, professeur à l’USTHB, les actions de lutte doivent nécessairement s’appuyer sur un diagnostic fiable de l’état de l’environnement local en intégrant l’identification des responsabilités et des intérêts respectifs de tous les acteurs. Sans ça, l’avancée du désert risque d’être dramatique pour certaines couches de la population. La désertification conjuguée à la sécheresse ont été responsables de 1991 à 2000 de la mort de plus de 280 000 personnes, selon un rapport de l’Unesco publié en juin 2005.
http://www.elwatan.com/2006-04-18/2006-04-18-40690