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 Le téléphone portable au Cameroun

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Tite Prout
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Tite Prout


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10042006
MessageLe téléphone portable au Cameroun

Le téléphone portable au Cameroun

Songue, Guy Parfait [ Douala - Cameroun ]

Réflexion portant sur les dérives de l'utilisation du du téléphone portable au Cameroun. La réalité est que l'usage du portable, avec les « bipages » exigeant un appel, entre tout simplement dans une logique qui veut que la sexualité de la majorité des concitoyens soit bourrée de concepts faux et dégradant pour la femme et pour l'homme : l'homme a le devoir de dépenser de l'argent pour elle et elle joue en échange la carte libidinale.

La téléphonie mobile a envahi le continent africain au rythme de la symphonie du développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication. S 'il est vrai que beaucoup de pays africains restent encore très peu au parfum de ces avancées scientifiques, il est aussi incontestable que dans certaines nations du sud, les outils de communication modernes font partie du quotidien de la plupart des personnes de classe moyenne. Le Cameroun est dans cette dernière catégorie, et il est probablement un des pays où l'utilisation du téléphone portable a pris des tendances non prévues par les fabricants, ce depuis quatre ans où il a été de plus en plus vulgarisé.
Outil de communication par excellence, le téléphone mobile présente plusieurs avantages qui indubitablement permettent d'accroître la mobilité, la disponibilité, l'accessibilité des personnes et des biens ; il est un outil aujourd'hui nécessaire voire indispensable pour le développement d'une société. Malgré les divers inconvénients de santé qu'on peut lui attribuer, il est tout au moins utile à tous ceux qui savent en avoir un usage dynamique et performant tant sur le plan familial, social, que professionnel. Mais tous ceux qui vivent à l'intérieur du territoire national camerounais peuvent témoigner de l'usage insolite que « les pauvres » ont du téléphone portable ; appelons-le tout simplement le portable.
Il suffit d'avoir un peu le sens de l'observation au Cameroun pour avoir une panoplie d'usages peu en harmonie avec les usages du portable. Veuillez noter que le geste le plus fréquent avec cet appareil dans de ce pays est le « bipage » c'est à dire, lancer un appel et le couper dès que vous constatez que le poste de votre correspondant sonne. C'est un geste qui demande une grande habileté car si vous n'êtes pas assez rapide il décroche. L'intérêt à le faire est de prévenir votre correspondant sur le fait que vous avez essayé de le joindre, car si ce pseudo appel a eu lieu depuis votre mobile, il verra apparaître votre nom pendant ou après votre bipage. L'intérêt à le faire est dans la majorité des cas est de pousser l'autre à appeler.
Maintenant que vous connaissez le jargon dont nous allons faire usage nous ferons un balayage des attitudes liées au portable. Tout d'abord, cet outil est parfaitement nuisible pour bon nombre de Camerounais, car ils en sont tombés psychologiquement malades. Il est fréquent de voir des personnes faire semblant d'être en communication ce juste pour paraître important aux yeux de leur entourage immédiat. Ainsi, vous les entendrez « causer » avec un pseudo correspondant qui est sensé se trouver en Europe ou aux États-Unis ou qui est sensé être ministre, avocat, colonel ou quelque chose d'autre, qui aux yeux de l'entourage, les valoriserait et leur permettrait de se faire valoir.
Cependant, dans la réalité les personnes qui le font un réel complexe et peuvent aisément passer de longues semaines sans avoir au bout du fil la seule personne qui serait suffisamment aisée et liée pour pouvoir appeler. Pourquoi se doter d'un appareil dont on n'a pas besoin, dont l'usage ne peut que vous appauvrir ? Est-ce juste pour suivre la vague ? Le portable, avant d'être utile au Camerounais, est resté pendant et reste encore pour beaucoup, n'en déplaise à certains, un objet de snobisme. Il permet aisément de comprendre la hiérarchisation des relations interindividuelles dans la société camerounaise.
Le pauvre, nous disions tantôt, ignore le bon emploi de cet outil, mais qui est le pauvre, utilisateur du portable ? Ce n'est pas le spécialiste en Médecine, en droit, en sciences politiques, communication, en marketing, en mécanique, ce n'est non plus le commerçant qui a en permanence besoin de contact pour suivre ses affaires. Non, le pauvre est celui qui quelle que soit sa classe sociale s'installe en infériorité par rapport à l'ensemble de ses interlocuteurs. Deux cas sont ici à relever :
Le premier est celui qui concerne la majorité des filles et jeunes femmes dont les unités ne servent qu'à biper pour qu'on les rappelle : elles n'ont jamais assez d'unités pour appeler une personne dont elles ont pourtant besoin en permanence. Les hommes les aident généralement à normaliser, à légitimer, et à naturaliser finalement ce comportement qui dans une certaine mesure crée un déséquilibre qui va bien au-delà de l'utilisation du portable et des appels téléphoniques.
La réalité est que l'usage du portable, avec les « bipages » exigeant un appel, entre tout simplement dans une logique qui veut que la sexualité de la majorité des concitoyens soit bourrée de concepts faux et dégradant pour la femme et pour l'homme : l'homme a le devoir de dépenser de l'argent pour elle et elle joue en échange la carte libidinale. Ce qui montre une grande ignorance scientifique des prédispositions naturelles de la femme en matière d'épanouissement sexuel. Car s'il est établi dans l'esprit de celles-ci, que c'est à elle de donner du plaisir et qu'en échange l'homme doit en quelque sorte « payer » ce plaisir (ce qui est une forme de prostitution pudique) à travers un lot de dépenses, telles que dépenses pour cartes téléphoniques ou achat d'un portable ; comment le « marché » devrait se définir si l'homme a une connaissance assise en matière de biologie, psychologie et de sexualité féminine ? Nous y reviendrons dans un autre article, mais notez que le déséquilibre établi entre les hommes et les femmes dans l'usage du portable est un des éléments flagrants intégrant une mauvaise gestion de leur sexualité et une mentalité de mendicité prononcée de la part un grand pourcentage de la gent féminine au pays. Vivant avec des hommes qui trouvent leur compte à attiser ce désordre, comment peuvent-t-elles avoir de ces derniers un regard autre que condescendant ? Seule une minorité de la population, ayant assez de grandeur morale, échappe à cette norme presque institutionnalisée.
Le second cas est celui de ceux ou celles qui, malgré leur niveau de vie au-dessus de la moyenne, sont tellement avares que leur attitude frôle l'absurde. Pour la petite histoire, on a vu une dame, propriétaire de plusieurs taxi, biper pendant une heure de temps, un de ses chauffeurs, juste s'il-vous-plait pour lui faire des reproches. Il a fallu que le chauffeur, employé de cette dame appelle, pour savoir pourquoi sa patronne le bipe depuis une heure de temps. Vous en verrez donc ainsi qui bipent afin qu'on les rappelle alors que c'est eux qui se trouvent dans le besoin. A ce niveau on rejoindrait le premier cas, car c'est encore les femmes qui remportent la palme d'or du bipage : elles le font généralement pour réclamer à leur « idiot »(elles le pensent le plus souvent) de partenaire, un service. N'est ce pas de la pauvreté vraie ?
En dehors de cet usage peu recommandable du bipage, il existe d'autres usages dont l'interprétation est simple et compréhensible. Les amis, les membres d'une même famille, les parents et leurs enfants utilisent ce geste pour se dire bonjour ou bonsoir, surtout lorsqu'ils n'ont pas le privilège de se rencontrer fréquemment, se faire signe de vie ou demander de l'aide et là ce n'est généralement que lorsque le besoin est établi que le signal est lancé ; à ce niveau d'ailleurs, la complicité l'amour qui entoure ce comportement ne doivent être que sanctifiés.
Aborder n'importe quel problème au Cameroun vous ramène inéluctablement à la problématique de la pauvreté et surtout de la misère morale de certains citoyens ; mais surtout dès que vous voudrez prendre le problème dans toute sa spatialité et son historicité, vous découvrirez un enchevêtrement de problématiques non résolues, mais toutes liées à la mauvaise gestion que les citoyens se sont faite de leur part de responsabilité dans leur propre éducation. La responsabilité du gouvernement camerounais dans cette misère sociale n'est pas à éluder ; la pauvreté matérielle étant une réalité pour beaucoup. Même ceux qui ne la connaissent pas se sont installés dans une attitude de misère qui a fini par pourrir la société et déstabiliser la perception globale que l'on se fait du bon sens dans toute une société. Qui a dit le bon sens était la chose la mieux partagée ? Peut -on vraiment le partager là où tout le monde se veut activement pauvre ?

Guy Parfait Songue
Politologue
© 2006 Zombiemedia

http://www.icicemac.com/edito/pointfinal.php3?nid=353
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