Illusionnisme et opportunisme du gouvernement français
Révoltes contre l’emploi au rabais
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Le contrat première embauche (CPE) n’est pas une foucade du premier ministre Dominique de Villepin et de son gouvernement. Avec, en apparence, les jeunes pour seule cible, il s’inscrit dans la droite ligne de la « stratégie de Lisbonne » de l’Union européenne, entérinée en mars 2000 par le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement et récemment réactivée. Les protestations populaires en France menacent cette architecture.
Frédéric Lebaron
Professeur à l’université d’Amiens. Coauteur du Décembre des intellectuels français, Liber - Raisons d’agir, Paris, 1998.
Gérard Mauger
Sociologue, directeur de recherches au CNRS, membres de l’association Raisons d’agir.
Si l’on considère l’éducation populaire, en général, et la formation politique accélérée des jeunes générations, en particulier, le contrat première embauche (CPE) du gouvernement Villepin-Sarkozy a le mérite d’être un véritable cas d’école.
La nouvelle rhétorique réactionnaire, loin de se présenter en France comme une figure inversée de la rhétorique progressiste, reprend à son compte le lexique de l’adversaire (1). Les prophètes du néolibéralisme, leurs exécutants politiques et leurs thuriféraires médiatiques veulent apparaître comme des « modernisateurs », courageux novateurs décidés à surmonter les « pesanteurs », les « blocages », les « immobilismes », les « tabous » de la société française ; comme des « réformateurs », adversaires indomptables de tout « conservatisme » ; comme de fervents partisans de l’« égalité des chances » déterminés à lutter contre les « privilèges des nantis » (à commencer par ceux des fonctionnaires et, par extension, de tous ceux qui ont l’aubaine de « bénéficier » d’un emploi stable) ; comme des « réalistes », capables de se confronter pragmatiquement au monde tel qu’il est (2) et aux chimères des défenseurs attardés d’un passé dépassé ; comme des adversaires résolus du chômage (n’ont-ils pas « tout essayé » ?), défenseurs des « exclus » (les « out »), contre les corporatismes frileux et les égoïsmes hexagonaux (les « in » qui bénéficient d’un « emploi à vie ») ; comme des internationalistes, « ouverts », adversaires inflexibles des « fermetures », des « protections » et des « replis souverainistes », etc.
Interrogé sur LCI, le président de la Banque centrale européenne (BCE), M. Jean-Claude Trichet, plaide ainsi pour « plus de souplesse » sur le marché du travail pour lutter contre le « chômage de masse » (3). Si « la BCE ne se substitue pas aux gouvernements, aux Parlements des douze pays membres de la zone euro, aux partenaires sociaux, explique-t-il, nous les encourageons à aller vers plus de souplesse. (...) Les économies (...)
Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique actuellement en kiosque.
Frédéric Lebaron et Gérard Mauger.