Prévention probablement inefficace
Alliacés. L'usage prête de grandes vertus à l'ail et aux autres produits de la même famille, et des recherches en laboratoire semblent indiquer qu'ils possèdent une action anti-mutagène. Mais la Netherlands Cohort Study sur le lien entre la diète et l'incidence (le nombre de nouveaux cas) du cancer, menée depuis 1986 auprès de 120 852 Néerlandais âgés de 55 ans à 69 ans, n'a trouvé aucune corrélation entre la consommation d'oignon, de poireau, d'ail ou de suppléments d'ail et la baisse du risque de cancer du sein18.
Prévention secondaire
La prévention secondaire a pour objectif de détecter le plus tôt possible le cancer afin d'enrayer sa progression et, si possible, de le guérir.
Autoexamen des seins. La plupart des organismes de prévention recommandent aux femmes de l'effectuer une fois par mois. Pour les femmes de 20 ans et plus, l'examen se fait le 5e ou le 6e jour des menstruations; pour les femmes ménopausées, il s'effectue à date fixe (tous les premiers du mois, par exemple). Pour une démonstration complète, consultez notre section Sites d'intérêt (voir Documents associés). Il n'est pas évident, toutefois, que cet examen soit réellement utile pour réduire la mortalité liée au cancer du sein. Après avoir analysé huit études sur le sujet, le Groupe d'étude canadien sur les soins préventifs « considère que l'autoexamen n'a pas d'avantages véritables ».31
Examen par un professionnel. Les palpations des seins par le médecin constituent le principal mode de diagnostic; elles doivent avoir lieu au moins une fois par année.
Mammographie. Santé Canada recommande le dépistage annuel par la mammographie chez les femmes âgées de 50 ans à 69 ans52. Son efficacité à réduire la mortalité dans cette tranche de la population est appuyée par des études. Le Groupe d'étude canadien en médecine clinique préventive déconseille la mammographie chez les femmes âgées de 40 ans à 49 ans, étant donné l'absence d'avantages et les préjudices possibles. En effet, l'exposition aux radiations et les biopsies qui peuvent suivre un résultat faussement positif pourraient induire la maladie53.
Traitements médicaux
Le traitement du cancer s'opère sur deux plans : local (sur la tumeur elle-même) ou systémique (sur l'ensemble de l'organisme, pour empêcher les métastases). La chirurgie et la radiothérapie opèrent localement. La chimiothérapie touche l'ensemble de l'organisme.
Chirurgie
Pour un cancer du sein, les options chirurgicales sont la mastectomie (ablation totale du sein touché) ou la tumorectomie, appelée aussi chirurgie mammaire conservatrice (ablation de la tumeur et d'une partie des tissus sains qui l'entourent). La grosseur de la tumeur est le facteur principal permettant de choisir une chirurgie ou l'autre. Après la chirurgie, il se peut que l'oncologue administre également de la radiothérapie (pour diminuer les risques de récidive locale) et de la chimiothérapie (surtout aux femmes avec des ganglions positifs). Dans le cas des tumeurs dites hormonodépendantes, on peut également choisir de retirer les ovaires afin de stopper la majeure partie de la production d'oestrogènes.
Thérapie hormonale
On dit aussi thérapie endocrinienne. Cette forme de traitement est souvent appropriée pour les patientes dont la tumeur au sein s'avère hormonodépendantes. L'agent chimique le plus courant est le tamoxifène (voir plus haut), que la patiente prend quotidiennement sous forme de comprimés. Le tamoxifène bloque les oestrogènes hors des cellules cancéreuses, ce qui peut réduire jusqu'à 30 % les risques de récurrence. Notez que Santé Canada approuve l'usage « vigilant » du tamoxifène pour traiter le cancer du sein, mais non pour le prévenir4. L'anastrozole, commercialisé sous le nom d'Arimidex, a été annoncé fin 2001 comme étant le remplaçant du tamoxifène. Il inhibe l'aromatase, une enzyme qui sert à la conversion des androgènes en oestrogènes et bloque ainsi la production d'oestrogènes. Il semble plus efficace que le tamoxifène et ses effets secondaires sont moindres.
Traitement anti-angiogénèse
L'angiogénèse est le phénomène par lequel le corps développe de nouveaux vaisseaux sanguins autour d'une tumeur. Comme ces vaisseaux permettent à la tumeur de se nourrir, les chercheurs explorent maintenant la possibilité d'enrayer le phénomène d'angiogénèse de façon à « affamer » la tumeur. Les traitements médicaux de cet ordre sont encore au niveau expérimental.
Traitements non conventionnels
Voir aussi la fiche Cancer pour les traitements non conventionnels non spécifiques au cancer du sein (en Documents associés).
Efficacité incertaine Alimentation. Quelques recherches démontrent qu'une diète riche en légumes pourrait améliorer le pronostic après un diagnostic de cancer du sein38.
Voir aussi le texte Cancer - Recommandations alimentaires (en Documents associés).
Suppléments
Efficacité incertaine Mélatonine. Plus de 40 recherches de laboratoire se sont penchées sur l'effet cytotoxique de la mélatonine sur les cellules cancéreuses. On a notamment découvert qu'elle possède un effet inhibiteur sur les tumeurs du sein de type MCF-7 estrogen-responsive23. Cette capacité de réduire la prolifération des cellules cancéreuses pourrait être attribuable à son action anti-oestrogénique ou à son effet sur l'agent naturel interleukine-224. Les données portent à croire que de fortes doses de mélatonine combinées à certaines formes de chimiothérapie ou à l'immunothérapie (interleukine-2) peuvent aider à contrôler les tumeurs au sein25. Par ailleurs, des recherches de laboratoire indiquent que la mélatonine pourrait accroître l'effet inhibiteur du tamoxifène sur la prolifération de certains types de cancer du sein27. Il va sans dire que la prise de mélatonine pour traiter un cancer devrait toujours se faire sous surveillance médicale.
Efficacité incertaine Acide gamma-linolénique. Dans les cas de cancer du sein, l'acide gamma-linolénique, un acide gras essentiel de type oméga-6, pourrait activer la réaction de l'organisme au tamoxifène19.
Usage traditionnel Astragale (Astragalus membranaceus) et Troène de Chine (Ligustrum lucidum). Lorsqu'elles sont utilisées conjointement comme adjuvant thérapeutique, l'astragale et la troène de Chine pourraient accroître les chances de survie chez les personnes souffrant d'un cancer du sein et qui suivent un traitement de radiothérapie 20. Ces plantes sont surtout utilisées en médecine traditionnelle chinoise.
Recherches
Coenzyme Q10. On a rapporté plusieurs cas anecdotiques de stabilisation, régression ou rémission d'un cancer attribués à la coenzyme Q10 (de 90 mg à 390 mg par jour, en complément des traitements classiques)43-45, mais, pour l'instant, aucun essai clinique contrôlé n'a exploré cet aspect46. On a déjà observé que les personnes atteintes de certains cancers ont de faibles taux de coenzyme Q10.
Approches à considérer
Approches à considérer Soutien psychothérapeutique. En 1989, une recherche de l'Université Stanford révélait que le soutien psychothérapeutique de groupe (toutes les semaines pendant un an), conjointement avec l'auto-hypnose pour contrer la douleur, permettait d'augmenter du double, environ, l'espérance de vie des femmes souffrant d'un cancer du sein avec métastase32. Malheureusement, les recherches subséquentes n'ont jamais donné de résultats aussi probants, compte tenu, notamment, de la difficulté de contrôler toutes les variables entre le groupe sous étude et le groupe contrôle.
L'opinion de notre médecin
Lorsqu'elle est possible, une chirurgie m'apparaît le plus souvent essentielle. Vue sous un angle global et d'autoguérison, la chirurgie permet « d'acheter du temps », de répondre à l'urgence, le temps de mettre en place une approche globale. La radiothérapie afin de prévenir une récidive est plus discutable, bien que bénéfique chez un grand nombre de femmes. La chimiothérapie afin de prévenir des métastases éventuelles est aussi très discutable, bien que statistiquement bénéfique. Des statistiques adaptées à la situation particulière d'une femme sont souvent utiles pour décider de façon éclairée. La chimiothérapie en présence de métastases vise à guérir, non à prévenir. Son utilité est plus grande en général. Ici aussi on vise à répondre à l'urgence.
Aucune approche médicale n'interdit d'utiliser d'autres moyens alternatifs pour s'aider. L'approche médicale et une approche naturelle d'autoguérison peuvent et ont souvent intérêt à être utilisées en même temps.
Dr Paul Lépine, M.D., D.O.
Recherche et rédaction : Lucie Dumoulin
Révision médicale : Dr Paul Lépine, M.D., D.O.
Fiche modifiée le : 3 octobre 2005