Prévention par l'alimentation
Efficacité probable Alimentation saine. Selon une synthèse de 12 études rétrospectives sur la relation entre la diète et le cancer du sein, des chercheurs ont émis l'hypothèse que le nombre de cancers du sein qui pourraient être prévenus par une alimentation adéquate s'élevait à 24 % chez les femmes ménopausées et à 16 % chez les femmes en périménopause34. Le Canadian National Breast Screening Study, une étude menée de 1982 à 1987 auprès de 56 837 femmes, a observé une incidence allant jusqu'à 30 % moins de cancer du sein chez celles ayant l'alimentation la plus adéquate39. Ces deux recherches notaient la consommation de fibres alimentaires, de gras saturés et de fruits et de légumes riches en vitamines A et C.
Efficacité incertaine Fruits et légumes. Les données épidémiologiques de la Nurses' Health Study (une cohorte de 83 234 femmes) révèlent que les femmes en périménopause qui consomment cinq portions et plus de fruits et légumes par jour auraient 23 % moins de risque d'être atteintes d'un cancer du sein que celles qui en consomment moins de deux portions; si ces femmes ont une prédisposition génétique au cancer du sein, leurs risques seraient diminués de 71 %5. Toutefois, une analyse plus récente de huit recherches n'a pas révélé de corrélation significative entre la consommation élevée de fruits et de légumes, à l'âge adulte, et la baisse du risque de cancer du sein40. Certaines recherches constatent que le facteur déterminant dans une diète riche en fruits et légumes (pour la prévention du cancer du sein) serait leur apport en acide folique14,15. On en trouve dans un certain nombre d'aliments ainsi qu'en suppléments. Voir la fiche Vitamine B9.
Efficacité incertaine Brocoli et autres légumes de la famille des crucifères. Une étude épidémiologique menée en Suède auprès de 5 482 femmes, dont un peu plus de la moitié souffrait de cancer du sein, révèle que la consommation de crucifères pourrait réduire de 20 % à 40 % l'incidence de ce cancer36. Les crucifères contiennent notamment du sélénium et des glucosinolates, composés phytochimiques dont l'effet anticancer a été beaucoup observé en laboratoire. Par ailleurs, des recherches semblent indiquer que certains composés phytochimiques des crucifères auraient le pouvoir de modifier de façon positive le métabolisme des oestrogènes chez les femmes en santé37.
Efficacité incertaine Légumes colorés. Les légumes contenant du bêta-carotène (jaunes, orange et vert foncé) semblent avoir un impact positif sur la prévention du cancer du sein chez les femmes en périménopause que l'hérédité met à risque9.
Attention
Les suppléments de bêta-carotène sont déconseillés parce que leur effet est peut-être plus néfaste que positif10.
Efficacité incertaine Tomates et pamplemousses roses. Plusieurs recherches épidémiologiques ont révélé que les Américains qui consommaient beaucoup d'aliments à teneur élevée en lycopènes (surtout les tomates cuites et, dans une moindre mesure, les pamplemousses roses) étaient moins susceptibles d'être atteints de certains types de cancer. Sans être affirmative, une synthèse de 72 recherches indique que le lycopène pourrait aider spécifiquement à la prévention du cancer du sein13.
Efficacité incertaine Grains complets. Une diète riche en fibres obtenues de grains complets (seigle, riz brun et blé entier, par exemple) pourrait réduire l'incidence de plusieurs cancers, dont celui du sein6,7. Divers mécanismes seraient en cause.
Efficacité incertaine Huile d'olive. Les personnes qui en consomment régulièrement une quantité supérieure à la moyenne semblent moins souffrir de cancer du sein8.
Efficacité incertaine Réduction des gras. À la mammographie, l'apparence des tissus mammaires varie selon sa composition, le gras paraissant plus sombre que les tissus de structure; or, on détecte davantage de cancers du sein chez les personnes dont les tissus mammaires révèlent une plus grande quantité de tissus gras. Dans une recherche sur la densité mammaire, 817 femmes ont suivi pendant deux ans une diète faible en gras et les mammographies ont révélé une réduction de zones sombres35. Compte tenu du lien possible entre les graisses alimentaires et le cancer du sein, de nombreux spécialistes recommandent d'en réduire la consommation à moins de 25 % des calories totales : éviter les graisses animales, les graisses polyinsaturées (plusieurs huiles végétales) et les huiles hydrogénées (margarines et shortenings).
Efficacité incertaine Phytoestrogènes (soya et graines de lin). Il semble que, quand il n'y a pas assez d'oestrogènes dans l'organisme, les phytoestrogènes comblent une partie des besoins et que, quand il y a trop d'oestrogènes, les phytoestrogènes peuvent bloquer partiellement leur effet négatif. L'alimentation traditionnelle au Japon contient environ 4,5 fois plus de phytoestrogènes que la diète nord-américaine, ce qui pourrait expliquer, en partie, le taux moins élevé de cancer du sein chez la population japonaise. Le soya est l'une des plus importantes sources de phytoestrogènes. Lors de recherches réalisées sur des rats, la consommation de soya a permis de limiter la croissance de tumeurs aux glandes mammaires.
On sait aussi que la lignane (composante de certaines plantes comme les grains de seigle, de blé, de sésame ou de lin) se transforme en phytoestrogène dans l'intestin humain au cours de la digestion. Des recherches menées depuis plusieurs années par l'University of Minnesota indiquent qu'une consommation quotidienne de quelques grammes de graines de lin réduit la teneur en marqueurs oestrogéniques liés au cancer du sein11.
Toutefois, les résultats des recherches sur les phytoestrogènes sont parfois contradictoires, et leur effet préventif est donc considéré, pour le moment, comme hypothétique.
Efficacité incertaine Thé vert. Les auteurs d'une méta-analyse qui incluait plusieurs études épidémiologiques ont conclu que le fait de boire cinq tasses ou plus de thé vert par jour tend à prévenir le cancer du sein12. Toutefois, l'effet protecteur était faible, et non significatif du point de vue statistique.
Autres modes de prévention
Efficacité probable Activité physique et poids santé. Selon une étude du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une filiale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), un tiers des cancers du sein sont liés à l'inactivité et au gain de poids. Plusieurs recherches se sont intéressées au rapport quantitatif entre l'activité physique et la réduction des risques; malheureusement, trop de variables entrent en ligne de compte pour obtenir des guides précis. Mentionnons tout de même une de ces recherches : lors d'une étude épidémiologique auprès de 6 160 femmes menée de 1971 à 1984 (aucune n'avait de signes de cancer du sein en 1971), on a classé ces personnes selon leur niveau d'activité physique à long terme : bas, moyen, élevé. Chez les femmes de 50 ans et plus en 1984, on a observé que celles avec un profil d'activité élevé avaient 67 % moins de cancer du sein que les femmes avec un profil d'activité bas16. Ce que les experts semblent reconnaître, pour le moment, c'est que le fait d'être modérément active pendant au moins quatre heures par semaine permet probablement de réduire le taux d'oestrogènes et les risques de cancer du sein. Notons que les activités domestiques et les déplacements sont considérés comme des activités physiques.
Une chose est certaine : le surpoids constitue un facteur de risque prouvé pour le cancer du sein, et l'activité physique régulière permet de maintenir le poids santé. On croit que l'excès de poids contribue à une production accrue des oestrogènes (elles sont produites par les ovaires mais aussi par les cellules adipeuses). Par ailleurs, l'activité physique semble limiter la quantité d'oestrogènes produite par les ovaires. Dr Andrew Weil recommande quant à lui la pratique quotidienne de 30 minutes d'exercice physique pour prévenir le cancer du sein.
Usage traditionnel Pharmacopée chinoise. En Médecine traditionnelle chinoise, on utilise au moins quatre formules de plantes médicinales pour leur effet antioestrogénique :
- le Dang Gui Shao Yao San (chez les rats, supprime la production d'une des oestrogènes, l'oestradiol);
- le Gui Zhi Fu Ling Wan (chez les rats, réduit de 50 % le niveau d'oestradiol dans le sang);
- le Xiao Yao San;
- le Er Chen Tang (on a observé que ces deux dernières réduisent de façon marquée le niveau d'oestradiol dans la salive de femmes avec une maladie du sein proliférante).
Efficacité incertaine Allaitement. Les scientifiques savent déjà que l'allaitement contribue à réduire le taux d'oestrogènes, et quelques recherches font état de son impact possible sur une incidence moins forte du cancer du sein. Selon une étude récente auprès de 808 femmes chinoises, une période prolongée d'allaitement (plus de 24 mois) et la durée totale de l'allaitement au cours de la vie permettent de réduire de 24 % à 47 % le risque relatif de cancer du sein, comparativement à des femmes ayant allaité d'un mois à six mois17.
Voir aussi notre fiche Cancer pour les modes de prévention généraux (non spécifiques au cancer du sein) ainsi que notre fiche Cancer - Recommandations alimentaires (en Documents associés).
Prévention pharmacologique
Aspirine. D'après de vastes études de cas témoin, les femmes qui prennent une aspirine par jour seraient moins à risque de souffrir d'un cancer du sein de type hormonodépendant41,42. Le risque diminuerait d'environ 28 % chez les femmes qui prennent quotidiennement de l'aspirine, comparativement à celles qui n'en prennent pas49. À la Clinique Mayo, on recommande aux femmes de discuter de cette option avec leur médecin, d'autant plus que l'aspirine protège aussi contre les maladies cardiovasculaires et vraisemblablement d'autres types de cancer50. L'ibuprofène (Advil®, Motrin®), un autre anti-inflammatoire, réduirait aussi le risque de cancer du sein, mais pas aussi efficacement que l'aspirine.
Tamoxifène. En ce moment, le tamoxifène - dont la fonction est de bloquer les effets des oestrogènes - est encore utilisé pour réduire le risque de cancer du sein chez des femmes à très haut risque. Rappelons que Santé Canada désapprouve l'usage de ce médicament à titre préventif, estimant que les risques associés à la prise de tamoxifène dépassent ses avantages potentiels4. En effet, le tamoxifène augmente légèrement le risque de maladies graves : le cancer de l'endomètre, le sarcome utérin, l'embolie pulmonaire et la thrombose veineuse. L'American Cancer Society estime que le tamoxifène peut être utilisé en prévention chez des femmes à haut risque de cancer du sein, bien informées des dangers liés à la prise de ce médicament.