Mieux vivre l'allaitement
Côté, Jacinthe
Collaboration spéciale
Malgré un manque d'expérience en la matière, on peut comprendre les défis qu'impose l'allaitement en écoutant et observant les femmes autour de soi.
Les questions sur ce mode d'alimentation, vieux comme le monde, sont nombreuses. En effet, toute femme qui allaite pour la première fois se demande comment savoir si son bébé boit suffisamment, de quelle façon donner le sein confortablement, comment déterminer la fréquence des boires, éviter les engorgements, gérer les douleurs aux mamelons, etc.
À cela, s'ajoute, bien sûr, de nouvelles considérations liées à la vie moderne. Comment gérer le retour au travail, faire participer le père, tirer son lait et le conserver, jumeler la vie familiale à l'allaitement, etc.
Pour soutenir les femmes dans leur expérience de l'allaitement, la Ligue La Leche a lancé le 14 mai dernier la cinquième édition de son guide pratique intitulé L'art de l'allaitement maternel. Ce livre, volumineux et extrêmement bien documenté, répond aux questions importantes. Il passe en revue les différentes techniques pour l'extraction et la conservation du lait maternel, indique leurs avantages et désavantages, comment les mettre en application et quel tire-lait choisir.
On mentionne un truc intéressant pour savoir si bébé boit adéquatement. Il suffit de calculer le nombre de couches mouillées quotidiennement; ce chiffre devrait se situer entre six et huit. Pour reconnaître la texture d'une couche jetable bien mouillée, on conseille de verser de deux à quatre cuillerées à soupe d'eau dans une couche jetable sèche.
Quand bébé tend à mordre le sein, plusieurs femmes décident de cesser l'allaitement. Dans L'art de l'allaitement maternel, on recommande à la mère de demeurer vigilante pour mieux détecter les signes indiquant la fin de la tétée, afin qu'elle puisse mettre son doigt dans la bouche de son bébé dès qu'il s'apprête à mordre. Elle doit immédiatement retirer son sein et dire fermement à son bébé de ne pas mordre. Si cette approche n'est pas efficace, on suggère d'autres trucs.
La Leche offre gratuitement plusieurs services aux mères qui allaitent ou projettent de le faire. Elle organise des réunions d'information, offre un soutien téléphonique et prête divers ouvrages traitant de la grossesse, de l'accouchement, de l'allaitement et de l'éducation des enfants (1-866-255-2483; www.allaitement.ca).
Si le sujet vous intéresse, sachez que le congrès annuel de la Ligue La Leche se tiendra à Montréal, au collège Jean-de-Brébeuf, le 18 juin. Des ateliers pratiques seront offerts. Pour faire une réservation ou pour plus d'information: (514) 342-9342, poste 5236. Bébé et papa sont, bien sûr, les bienvenus!
Précisions
La semaine dernière, la chronique répondait à la question d'une lectrice qui se demandait si la consommation du poulet nourri aux grains céréaliers pouvait entraîner des symptômes d'allergie au gluten. Certains lecteurs ont réagi au contenu de la réponse et voici quelques précisions.
Quand on dit " allergie au gluten ", le terme gluten fait référence aux protéines prolamines des céréales. La prolamine du blé se nomme gliadine. Sécaline est le nom donné à la prolamine du seigle. La prolamine de l'orge est l'hordéine et celle du millet est la panicine. Toutes ces protéines prolamines sont toxiques pour les personnes souffrant de maladie coeliaque. Leur consommation entraîne une forte réaction inflammatoire qui endommage la surface des cellules de l'intestin grêle et cause des crampes abdominales, des ballonnements et des diarrhées.
Pour ce qui est de l'alimentation des volailles élevées au Québec, sachez que la moulée de céréales est généralement composée de maïs, de blé et d'orge. Aux États-Unis par contre, la moulée de céréales des volailles est surtout constituée de maïs et de soja.
À cet égard, il est intéressant de savoir que les proportions de ces différentes céréales vont influencer la couleur de la peau et du gras de la volaille. Plus la moulée est riche en blé, plus la peau et le gras du poulet seront blancs. Ces parties du poulet seront plus jaunes si une plus grande proportion de maïs est utilisée.
Il est important de rappeler que la consommation de viande et de volaille n'entraîne habituellement pas de réaction chez les personnes atteintes de maladie coeliaque. Dans cette chronique, on mentionnait la possibilité que le poulet ne digère pas complètement les protéines des céréales consommées et que des quantités minimes de prolamines demeure dans son organisme. On aurait dû toutefois préciser que cette hypothèse est peu probable puisque la majorité des personnes allergiques au gluten tolèrent la viande et la volaille. Des études approfondies seraient nécessaires pour élucider la question.
Merci à Michelle Laflamme et Maria Acosta pour leurs commentaires.
L'auteure de cette chronique hebdomadaire est membre de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec.
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Illustration(s) :
Reuters
Ces mères allaitent leurs bébés dans un parc de Palma de Majorque (Espagne), lors d'un événement tenu par l'Unicef en octobre 2004 pour sensibiliser la population aux bienfaits du lait maternel comme nourriture exclusive dans les six premiers mois de la vie.