Nom commun : poire.
Noms scientifiques : Pyrus communis, P. sinensis (serotina, pyrofolia).
Famille : rosacées.
POURQUOI METTRE LA POIRE AU MENU?
* Elle se marie bien à plusieurs saveurs et même aux aliments salés, ce qui permet de l'apprêter de l'entrée au dessert, en passant par le fromage.
* C'est une excellente source de fibres alimentaires.
* Elle contient des antioxydants, substances contribuant à prévenir les maladies cardiovasculaires et certains cancers.
Profil santé
Excellente source de fibres alimentaires, la poire est un fruit à ne pas négliger dans le cadre d'une saine alimentation. Elle contient des vitamines et minéraux essentiels. Elle recèle aussi de précieux antioxydants, particulièrement dans sa pelure, qui procureraient des bienfaits non négligeables pour la santé.
Principes actifs et propriétés
Les antioxydants : composés phénoliques. La poire contient plusieurs composés phénoliques, des substances présentes dans les aliments d'origine végétale, qui peuvent prévenir certaines maladies, particulièrement grâce à leurs pouvoirs antioxydants. Un apport substantiel d'antioxydants apportés par les fruits et légumes peut réduire les risques de certains types de cancer1-2 et de maladies cardiovasculaires1-3. Dans la poire, ces composés phénoliques, des flavonoïdes et des acides phénoliques, sont présents surtout dans la pelure, mais aussi en plus petite quantité dans la chair du fruit4.
Une étude effectuée chez l'animal a démontré que l'ajout de pelure de poires à une diète riche en cholestérol augmentait la concentration en antioxydants du sang de façon significative, comparativement à une même diète incluant les fruits sans leur pelure5. De plus, l'ajout de poires, plus particulièrement leur pelure, à l'alimentation des animaux empêchait l'augmentation des lipides sanguins à la suite de l'ajout de cholestérol dans la diète. Même si ces résultats doivent être vérifiés chez l'humain avant d'être confirmés, il semble indiquer qu'il est préférable de consommer la poire entière, plutôt qu'uniquement la chair, pour obtenir un maximum d'antioxydants.
Plus d'oxydants dans la poire bio?
Selon des chercheurs, les poires issues de l'agriculture biologique posséderaient des quantités plus élevées de composés phénoliques comparativement à des poires de culture conventionnelle, qui en contiendraient tout de même une quantité appréciables6. En effet, la culture biologique permettrait aux fruits de déployer davantage leurs défenses « antioxydantes » contre les pathogènes, en l'absence de pesticides. Quoi qu'il en soit, il est conseillé de consommer, tous les jours, des fruits et légumes, quel que soit leur type de culture, afin de profiter de leurs multiples bienfaits.
Autres propriétés
La poire est-elle antioxydante?
Très fortement : l'indice TAC d'une poire rouge Anjou est de 2943 umol.
La poire est-elle acidifiante?
Non : elle est plutôt alcalinisante, son indice PRAL étant de -2,9 mEq/100 g
La poire fait-elle augmenter la glycémie?
Un peu : la charge glycémique de la poire crue Bartlett (120 g) est de 3, tandis que celle de la poire en conserve dans un jus de poire naturel (120 g) est de 5.
Nutriments les plus importants
Que vaut une « portion » de poire?
Poids/volume
Crue, avec pelure, un fruit moyen /166 g
Moitiés, en conserve, sirop léger, 125 ml/133 g
Calories
96,0
76,0
Protéines
0,6 g
0,3 g
Glucides
25,7 g
20,1 g
Lipides
0,2 g
0,1 g
Fibres alimentaires
5,0 g
2,1 g
Source : Santé Canada. Fichier canadien sur les éléments nutritifs, 2005
Bonne sourceCuivre. La poire crue est une bonne source de cuivre, tandis que les poires en conserve en sont une source. Le cuivre est nécessaire à la formation de l'hémoglobine et du collagène dans l'organisme. Il fait aussi partie de plusieurs enzymes, dont certaines participent à nos défenses contre les radicaux libres.
Vitamine C. La poire crue est une source de vitamine C. Le rôle que joue la vitamine C dans l'organisme va au-delà de ses propriétés antioxydantes. Elle contribue aussi à la santé des os, des cartilages, des dents et des gencives. De plus, elle protège contre les infections, favorise l'absorption du fer contenu dans les végétaux et accélère la cicatrisation.
Vitamine K. La poire crue est une source de vitamine K. La vitamine K est nécessaire pour la synthèse de protéines impliquées dans la coagulation du sang (autant dans la stimulation que l'inhibition de la coagulation sanguine). Elle joue aussi un rôle dans la formation des os. En plus de se retrouver dans les aliments, la vitamine K est fabriquée par les bactéries présentes dans l'intestin, d'où la rareté des carences en cette vitamine.
Fibres alimentaires. La poire est une source élevée de fibres alimentaires, qui sont importantes pour la régularisation du transit intestinal et la prévention des maladies cardiovasculaires9. Environ deux tiers des fibres contenues dans la poire sont des fibres dites insolubles.5 À noter que la pelure de la poire contient plus de fibres que sa pulpe.
L'expression « excellente source » indique qu'une portion de l'aliment fournit au moins 25 % de l'apport nutritionnel recommandé ou de l'apport suffisant pour ce nutriment ou au moins 50 % dans le cas de la vitamine C.
L'expression « bonne source » indique qu'une portion de l'aliment fournit au moins 15 % de l'apport nutritionnel recommandé ou de l'apport suffisant pour ce nutriment ou au moins 30 % dans le cas de la vitamine C.
L'expression « source » indique qu'une portion de l'aliment fournit au moins 5 % de l'apport nutritionnel recommandé ou de l'apport suffisant pour ce nutriment.
N.B. Les données servant à classifier en sources, bonnes sources ou excellentes sources les nutriments contenus dans l'aliment proviennent des rapports publiés sur les « Apports nutritionnels de référence » (ANREF) par le "National Academy of Press". Ces données diffèrent des « Apports quotidiens recommandés » ou de la « Valeur quotidienne », utilisés par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) pour l'étiquetage nutritionnel.
Précautions
La poire contient du sorbitol et du fructose, des types de sucres qui peuvent occasionner des malaises gastro-intestinaux (gaz, ballonnements, douleurs abdominales, diarrhée) chez les personnes sensibles. Chez l'adulte, ces malaises peuvent être ressentis à partir de 10 g de sorbitol par jour7 (correspondant à environ 2,5 poires moyennes). Une consommation quotidienne de 50 g ou plus de fructose peut également provoquer de la diarrhée (équivalent environ à cinq poires moyennes ou à 625 ml de nectar de poire).
La consommation de nectar de poire ainsi que de jus de pomme chez les enfants pourrait être une cause de diarrhées chroniques idiopathiques (d'origine inconnue)8. Il serait aussi possible qu'il y ait un lien entre l'agitation des bébés et la présence d'une intolérance au jus de poire. Si des symptômes gastro-intestinaux se manifestent, il est important de vérifier si ces boissons sont en cause.
La poire est un aliment incriminé dans le syndrome d'allergie orale. Ce syndrome prend la forme d'une réaction allergique à certaines protéines d'une gamme de fruits, de légumes et de noix, qui touche certaines personnes ayant des allergies au pollen. Il est caractérisé par des symptômes à la bouche et à la gorge. Le syndrome d'allergie orale est presque toujours précédé par la fièvre des foins.
À noter que la cuisson dégrade habituellement les protéines allergènes. Lorsque certaines personnes allergiques au pollen consomment la poire crue, une réaction immunologique peut survenir. Des symptômes se limitant à la bouche, aux lèvres et à la gorge comme des démangeaisons et des sensations de brûlure peuvent alors survenir. Ils disparaissent, habituellement, quelques minutes après que l'on a consommé ou touché l'aliment incriminé. En l'absence d'autres symptômes, cette réaction n'est pas grave : la consommation de poire n'a pas à être évitée de façon systématique. Toutefois, il est recommandé de consulter un allergologue afin de déterminer la cause des réactions aux aliments végétaux. Ce dernier sera en mesure d'évaluer si des précautions spéciales doivent être prises.
Section Profil santé
Recherche et rédaction : Caroline Trudeau Dt.P. nutritionniste
Révision scientifique : Amélie Charest, Dt.P., M.Sc. et Sonia Pomerleau, Dt.P., M.Sc., Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF), Université Laval
La poire au fil du temps
Dans pratiquement toutes les langues occidentales, le nom de la poire est directement dérivé du latin Pyra. Le terme est apparu dans la langue française au XIIe siècle. Le nom de « pomme-poire » que l'on donne à la poire asiatique est erroné puisqu'il ne s'agit ni d'une pomme, ni du produit d'un croisement entre une pomme et une poire, comme on l'a longtemps cru. C'est bel et bien une poire (du genre botanique Pyrus) qui se distingue de sa cousine européenne par quelques caractéristiques, dont sa forme et sa taille.
Qui prend pays
prend nom
La poire Bon Chrétien aurait reçu son appellation après que François de Paule, lui-même un bon chrétien réputé pour sa sainteté et son ascétisme, ait été mandé auprès du roi Louis XI, très malade, qui espérait que le saint homme le guérisse. Ce dernier lui aurait offert une semence de poirier de sa Calabre natale avec instructions de le planter et d'en prendre grand soin. Le poirier fut baptisé Bon Chrétien.
Une fois de l'autre côté de la Manche, la Bon Chrétien revêt le nom d'un monsieur Williams, jardinier de son métier. La traversée de l'Atlantique lui apporte une autre identité : un dénommé Bartlett dit avoir découvert un poirier sauvage dans son verger et l'avoir amélioré. Plus tard, on se rendra compte que Bon Chrétien, Williams, Bartlett, c'est pareil : cette variété est celle que l'on cultive le plus, tant en France qu'en Amérique du Nord.
Les arbres du genre Pyrus sont originaires du Moyen-Orient et des zones subalpines du Cachemire. On trouve encore des espèces sauvages en Asie centrale et en Extrême-Orient, mais les fruits sont petits et peu nombreux, si bien qu'ils ne sont guère cueillis que par les oiseaux.
On croit que les agriculteurs ont commencé à domestiquer le poirier il y a 7 000 ans, probablement en même temps que le pommier. On évoque un certain Chinois nommé Feng Li qui, 5 000 ans avant notre ère, aurait abandonné son poste de diplomate pour se consacrer à sa nouvelle passion, la greffe des pêchers, des amandiers, des plaqueminiers, des poiriers et des pommiers. Deux mille ans plus tard, la poire figure sur des tablettes d'argile sumériennes, aux côtés du thym et des figues.
Les Grecs l'ont certes appréciée puisque Homère disait d'elle que c'était un cadeau des dieux. Mais c'est aux Romains que l'on doit de l'avoir véritablement diffusée dans le reste de l'Europe, après l'avoir moult fois croisée et avoir créé une cinquantaine de variétés. À l'heure actuelle, il y aurait dans le monde plus de 15 000 variétés, toutes dérivées de deux espèces : la poire dite asiatique (Pyrus sinensis) et la poire dite européenne (Pyrus communis).
En Chine, la fleur du poirier est le symbole du caractère éphémère de l'existence, car elle est très fragile. En Occident, dans l'univers onirique, la poire est un symbole érotique - féminin, il va de soi. Les noms qu'on lui a donnés au fil des siècles en témoignent assez bien : Belle Lucrative, Comtesse d'Angoulème, Doyenne du Comice, Duchesse d'Orléans, Joséphine de Malines, Louise-bonne de Jersey, Marie-Louise, Madeleine, Winter Nelis...
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