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 BANLIEUES : UNE INTRODUCTION MALSAINE DE LA QUESTION JUIVE

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AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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07122005
MessageBANLIEUES : UNE INTRODUCTION MALSAINE DE LA QUESTION JUIVE

BANLIEUES : UNE INTRODUCTION MALSAINE DE LA QUESTION JUIVE DANS LE
DEBAT

Publié le 5-12-2005


Nous avions eu droit à tout, ou presque tout, sur la révolte des
banlieues : racaille, kärcher, arabo-noirs, sauvages, polygames,
détritus, etc. Mais hormis Finkielkraut, personne, à notre
connaissance, n'avait jusqu'à présent tenté d'introduire,
frauduleusement, le thème de l'antisémitisme dans la récente
explosion de violence. Les faits, tout simplement manquent à
l'appel. Et ni la presse, ni les pouvoirs publics ne se sont risqués
cette fois-ci à vendre au public une marchandise fabriquée, de type
RER D ou autre.


C'est pourquoi nous avons eu lundi la désagréable surprise de
constater que cet oubli était dorénavant réparé, et que le chantage
à l'antisémitisme est décidemment bien utile, y compris lorsqu'il
s'exerce à distance respectable du conflit israélo-palestinien.

Développant un thème que Finkielkraut n'avait fait qu'esquisser dans
son délire raciste sur les banlieues, une série d'intellectuels,
d'ordinaire mieux inspirés pour certains d'entre eux, tirent
prétexte de l'actualité brûlante des banlieues pour disqualifier la
lutte contre le racisme qui frappe les minorités opprimées de notre
pays, noires et arabes au premier chef, au motif que cette lutte est
entachée d'antisémitisme.

Tel est le sens, à notre avis, de la contribution, au titre moyen-
âgeux « Démons français » (comme s'il fallait obligatoirement
employer un vocabulaire religieux lorsqu'on parle politique !),
publiée dans le journal Le Monde par une vingtaine d'universitaires
ou responsables politiques.

Les auteurs (dont nous reproduisons les signatures, en même temps
que leur article, ci-dessous) nous assurent ainsi que la grande
machine à fabriquer du fantasme antisémite, notamment sur le thème
de la « contribution » juive à l'esclavage des Noirs, est
aujourd'hui omniprésente en France, et qu'encore et à nouveau, là
est la priorité du combat anti-raciste.

Pour prouver ce qu'ils avancent, ils se heurtent cependant à une
difficulté de taille : les manifestations d'antisémitisme étant
archi-surveillées, et instantanément réprimées aujourd'hui en
France, elles ne peuvent passer inaperçues. A la faveur d'un conseil
interministériel spécial réuni début 2004 par Sarkozy et Raffarin,
la surveillance et la dénonciation des manifestations
d'antisémitisme ont même officiellement été privatisées par l'Etat,
qui a délégué cette tâche au lobby sharonien qu'est le CRIF. Lequel
en profite bien évidemment pour taxer d'antisémites tous ceux qui
critiquent la politique israélienne !

Alors, les auteurs nous parlent de libelles antisémites d'une grande
virulence qui circulent sur "maints forums d'Internet". Où ? Quand ?
Combien ?

Ces textes anonymes ne peuvent espérer, en tout cas, trouver le
moindre relais médiatique et avoir pignon sur rue (sur des sites web
connus du grand public, dans les colonnes de journaux, sur des
plateaux de télévision ou des antennes radiophoniques), car c'est
interdit, et c'est bien comme cela.

Il est par contre scandaleux que les autres formes de racisme,
visant d'autres minorités, aient, elles, pignon sur rue, au sein du
gouvernement et dans les rangs parlementaires.

Conscients du caractère par définition clandestin de la parole
antisémite sur internet, et du caractère par conséquent lui aussi
fantomatique de leur propre croisade, les auteurs trouvent alors un
coupable en chair et en os, en la personne de ... Dieudonné !

Pourtant, Dieudonné, après le lynchage politico-médiatique dont il
fut l'objet, pour avoir osé critiquer la politique israélienne,
après la série de procès qui lui furent injustement intentés et à
l'issue desquels il a quand même été systématiquement blanchi, après
enfin des propos odieux sur les Juifs qu'il avait proférés,
Dieudonné n'est tout simplement plus présent, depuis plus d'un an,
sur la scène publique.

Parce qu'il fait l'objet d'un boycott total de la part des médias.
Et que ses déclarations, assurant qu'il ne parlerait plus, ni des
Juifs, ni d'Israël, pour consacrer dorénavant ses talents
d'humoriste à d'autres sujets, n'ont pas rencontré le plus petit
écho.
Au demeurant, le boycottage de la parole de Dieudonné a continué de
bien fonctionner ces derniers jours. Finkielkraut, au détour de ses
charges contre les Noirs et les Arabes, s'est en effet permis, à
deux reprises (dans le quotidien Haaretz, puis sur Europe 1), de
dédouaner explicitement Le Pen, et de traiter Dieudonné de « nouveau
patron de l'antisémitisme en France ». Dieudonné a envoyé des
communiqués à la presse pour dire qu'il portait plainte, mais
personne ne les a publiés.

Alors, il est pour le moins bizarre de voir nos auteurs sortir
opportunément Dieudonné de la naphtaline. S'ils sont soucieux, comme
ils le prétendent, de ne pas laisser le débat sur le racisme, les
discriminations et le colonialisme devenir un affrontement entre
arguments « à la Dieudonné » et « à la Finkielkraut », pourquoi ne
donnent-ils pas l'exemple ?

Voici maintenant l'article

Démons Français (Le Monde, daté du 6 décembre 2005)

La France connaît aujourd'hui, à travers la formation de groupes
s'affirmant les "descendants" et les "héritiers" d'épisodes
historiques douloureux - l'esclavage et la colonisation -, une
situation en grande partie nouvelle. Ces groupes cherchent à revenir
sur une généalogie historique souvent occultée et, ainsi, à redonner
une signification à leurs origines, un enracinement à leur histoire
et, sans doute, un sens à leur présence au sein de la nation
française.
Cette démarche identitaire n'a en soi rien d'exceptionnel, et on
l'observe dans beaucoup d'autres pays occidentaux. Mais elle
s'exprime aujourd'hui en France avec une grande virulence. Celle-ci
renvoie à la face sombre de l'universalisme républicain, résistant
toujours à reconnaître la longue histoire d'un racisme d'Etat qui
s'est développé durant la période coloniale sous les atours de
la "mission civilisatrice". Dans la France postcoloniale,
l'incapacité de l'Etat à lutter efficacement contre les
discriminations raciales, qui depuis des décennies empoisonnent la
vie de millions de Français issus des anciennes colonies ou d'autres
pays du Sud, témoigne en même temps du déni de cette histoire. C'est
la conscience, parfois confuse, de cette filiation qu'ont cherché à
exprimer des groupes très divers qui ne supportent plus
l'indifférence des élites face à l'interminable relégation sociale
dont témoigne la pérennisation des cités-ghettos, le "chômage
ethnique", la mobilisation policière dans les contrôles au faciès,
etc.
Dans ses grandes lignes, ce constat nous paraît très largement
fondé. Mais nous voulons souligner ici que ce constat ne saurait en
rester au stade de la révolte, de l'émotion et de la confusion qui
l'accompagnent souvent. Car le risque serait grand alors d'aboutir
aux pires dérives. Des dérives que l'on ne peut admettre et que l'on
ne peut taire, et qui sont déjà là, comme on peut les lire sur
maints forums d'Internet, où les escalades verbales tiennent trop
souvent lieu d'analyse politique.
Nous voulons parler des assimilations absurdes des révoltes des
banlieues à l'Intifada palestinienne, de certains dérapages de la
légitime solidarité avec la lutte du peuple palestinien vers
l'affirmation d'un prétendu "antisionisme" qui cache mal parfois un
réel antisémitisme, le "lobby juif" devenant le principal
responsable de tous les maux de la terre. L'invocation incantatoire
de cette solidarité sert en effet trop facilement de flambeau pour
magnifier une révolte, par ailleurs pleinement fondée, contre un
processus discriminatoire postcolonial dont les racines comme les
causes actuelles n'ont rigoureusement rien à voir avec le conflit
israélo-palestinien.
Une variante à nos yeux particulièrement dangereuse de ce
fourvoiement se retrouve dans les discours inacceptables de
l'humoriste Dieudonné, dont l'audience pouvait jusqu'alors paraître
circonscrite, mais qui semble dépasser désormais les frontières
étroites du noyau proche qui le soutenait. Par glissements
successifs, ce qui au départ était une revendication fondée de la
mémoire de l'esclavage tend à devenir une machine infernale à
énoncer des idées antisémites. La matrice en est - comme toujours -
l'idée du "complot juif". Dans cette perspective, tout est bon, y
compris les falsifications les plus grossières de la vérité
historique. Le ressassement, par exemple, du fait que des "juifs"
auraient été au centre ou auraient joué un rôle prédominant dans la
traite transatlantique. Cette polémique, issue pour partie de
mouvements radicaux tels que Nation of Islam de Louis Farrakhan et
de certains secteurs des African Studies, a duré plus de dix ans aux
Etats-Unis, et elle a été tranchée depuis, les études les plus
sérieuses démontrant, sans aucune ambiguïté, que les juifs n'avaient
joué globalement qu'un rôle marginal dans la traite.
Dieudonné rappelle sans cesse que la participation supposée
des "juifs" à la traite leur aurait permis de fonder des "banques".
Le pouvoir, aux origines monstrueuses, des "juifs" se poursuivrait
donc aujourd'hui par leur puissance financière ou leur omniprésence
dans les médias. Là encore, c'est la reprise d'un thème nauséabond,
répété sans discontinuité depuis le XIXe siècle par les groupes
politiques et les publicistes, à la racine des catastrophes que l'on
sait.
La matrice antisémite est donc là, avec son centre paranoïaque. Les
dangers d'une telle dérive sont évidents. L'antisémitisme
paranoïaque a des effets potentiellement dévastateurs parce qu'il
offre une explication "totale" de l'histoire : tout proviendrait de
la suprématie des "juifs". La force d'agrégation d'une
telle "idéologie" est donc potentiellement immense. Elle dévoie,
dans le cas présent, le sentiment spontanément partagé par nombre de
Français issus des immigrations coloniales - encouragés de surcroît
à se percevoir en "communautés", noire ou arabe, par le discours
politique et médiatique dominant - d'être les victimes et les "boucs
émissaires" de l'histoire, soumis au racisme. Et, dès lors, le bouc
émissaire juif devient la cible racisée, en miroir du Noir esclave
d'hier ou de l'"indigène" de la IIIe République. Processus
vertigineux, et totalement incontrôlable : lorsque la machine à
produire des énoncés antisémites est enclenchée, elle se nourrit de
son propre discours. Elle suit, toujours, un trajet cumulatif de
radicalisation vers le pire.
Pour autant, ce dévoiement n'a rien de fatal. Il est encore temps de
le dénoncer très vigoureusement et de se mobiliser contre son
potentiel destructeur. En l'occurrence, il faut aussi le dire avec
force, les "intégristes de la République", qui tirent argument des
dérives antisémites pour minimiser la part d'ombre de l'héritage
républicain et nier la nécessité de construire un récit partagé de
l'histoire coloniale, ne seront d'aucun secours. Car leur
aveuglement nourrit souvent un discours du complot (islamiste en
l'espèce) - voire parfois un discours de haine de l'autre "basané" -
symétrique de celui que nous dénonçons ici. Le pire des cauchemars
serait celui d'un débat public où ne s'échangeraient plus que des
arguments "à la Dieudonné" ou "à la Finkielkraut", recourant aux
mêmes procédés - falsifications, dénégations, occultations - et se
nourrissant mutuellement.
La France, heureusement, ne manque pas d'historiens, de sociologues,
de politologues - dont beaucoup sont "issus de l'immigration" - à
même d'apporter leur contribution à la lutte contre le double poison
de la dérive antisémite et de la dénégation coloniale. Leur rôle,
certes, n'est pas d'intervenir "pour" ou "contre" telle ou telle
revendication mémorielle. Ils n'ont pas à choisir, par exemple,
entre la mémoire des descendants des esclaves des Antilles et celle
des colons français expulsés d'Haïti après l'indépendance de 1804.
Pas plus qu'ils n'auraient à choisir entre la mémoire des rapatriés
d'Algérie et celle des descendants d'Algériens ayant lutté avec le
FLN. Il est essentiel d'éviter le piège mortifère de la "concurrence
des victimes", car il n'y a pas de hiérarchie à établir dans le
degré de souffrance, pas plus qu'il n'y a de hiérarchie à
reconnaître entre les différentes formes de racisme. Mais nous
sommes convaincus que tous, intellectuels, politiques et simples
citoyens, dès lors qu'ils sont sincèrement attachés à la cause de la
démocratie, peuvent et doivent participer à la renaissance d'une
République enfin débarrassée de ses démons coloniaux. Et que ce
combat ne pourra être gagné que s'il accorde le même poids à la
lutte contre les démons de l'antisémitisme.

Salah Amokrane, Nicolas Bancel, Esther Benbassa, Hamida Bensadia,
Pascal Blanchard, Jean-Claude Chikaya, Suzanne Citron, Maryse Condé,
Catherine Coquery-Vidrovitch, Yvan Gastaut, François Gèze, Nacira
Guénif-Souilamas, Didier Lapeyronnie, Sandrine Lemaire, Gilles
Manceron, Carpanin Marimoutou, Achille Mbembe, Laurent Mucchielli,
Pap Ndiaye, Benjamin Stora, Christiane Taubira, Françoise Vergès,
Pierre Vidal-Naquet, Michel Wieviorka.

Source :
http://www.europalestine.com/article.php3?id_article=1918
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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