Introduction
La démocratie… La démocratie est un mot difficile à cerner, difficile à définir. Il n’y a pas encore de définition précise sur le concept qu’est la démocratie. La preuve est que presque tous les pays au monde se disent démocratiques et pourtant les régimes sont très souvent diamétralement opposés. Qui a tort, qui a raison? Par contre, il existe un certain consensus sur les principes de la démocratie venant surtout de l’idéologie libérale. Les principes fondamentaux de la démocratie où il y a « consensus » sont : le suffrage universel, le pluralisme politique et l’égalité des droits.
La révolution cubaine des années 1959-1960 fut un événement très important dans la vie nationale, car elle modifia tout l’environnement : le politique, social, culturel, etc. C’est à partir de ce moment crucial que nous pouvons grosso modo expliquer les différentes étapes de la vie politique cubaine.
En effet, même si la République de Cuba a subit quelques changements depuis 1960, causés en partie par l’effondrement de l’U.R.S.S. lors de la Guerre froide, cette île des Caraïbes reste façonnée par les attributs donnés par ceux enclenchés par la Révolution cubaine de Castro en 1960.
Cuba est une île dont la capitale est La Havane. La nature de l’État est une république unitaire communiste, plus précisément un « État socialiste des ouvriers et des paysans », selon la Constitution de 1976. La nature du régime est socialiste à parti unique dirigé par le Parti communiste cubain (PCC). Le chef de l’État est Fidel Castro Ruz aussi président du Conseil d’État, président du Conseil des ministres, premier secrétaire du Parti communiste, commandant en chef des Forces armées (au pouvoir depuis 1959). L’institution qu’est l’Assemblée nationale populaire est élu au suffrage universel direct. Par contre, seul le Parti communiste cubain peut participer aux élections.
Prenant en considération tous ces faits, la question est de savoir si cet État répond aux principes fondamentaux de la démocratie. Peut-on mettre l’État de Cuba dans la catégorie des États démocratiques du monde. Il faut mentionner que Cuba se dit démocratique et ce, à l’article 1 de sa constitution de 1976 : « La République de Cuba est un État socialiste de travailleurs, indépendant et souverain, organisé avec tous et pour le bien de tous, en tant que République unitaire et démocratique, pour la jouissance de la liberté politique, la justice sociale, le bien-être individuel et collectif et la solidarité humaine . »
Malgré cette affirmation, Cuba est-il démocratique? Possède t-il les qualités d’un État démocratique. Dans ce texte, nous tenterons de dresser l’état de la démocratie à Cuba. À priori, de savoir s’il répond aux qualités fondamentales d’un État démocratique et, si tel n’est pas le cas, de voir si cet État est sur le bon pied pour faire une éventuelle transition démocratique et répondre à ces principes fondamentaux.
Pour ce faire, nous tenterons de définir les bases des principes démocratiques normalement acceptés par tous, ensuite, en décrivant les institutions au pouvoir à Cuba ainsi que son fonctionnement. Troisièmement, il serait question de la participation populaire des Cubains à la vie politique cubain ainsi que le sort des dissidents à Cuba.
Les principes fondamentaux de la démocratie
Définir la démocratie reste une tâche très ardue pour ceux qui s’y aventure. Il n’existe pas une seule définition de la démocratie, mais plutôt plusieurs définitions de ce principe. La définition la plus largement connue est celle venant des mos grecs et qui veulent dire « le pouvoir par le peuple ». Mais elle est un peu trop simpliste, car la démocratie est beaucoup plus que cela.
Le pouvoir du peuple signifie la capacité pour le plus grand nombre de vivre librement, c’est-à-dire de construire leur vie individuelle en associant ce que l’on est et ce qu’on veut être, en résistant au pouvoir au nom à la fois de la liberté et de la fidélité à un héritage culturel .
Cette définition résume le consensus établi entre plusieurs auteurs sur la définition de la démocratie. Nous pouvons ressortir de cette définition des principes fondamentaux de la démocratie et c’est sur ces principes que nous nous baserons pour effectuer ce travail. Si l’État cubain respecte la majorité de ces principes, Cuba sera considéré comme un pays démocratique et vice-versa. Ces principes sont le suffrage universel, le multipartisme, la liberté et l’égalité des droits.
I.A Le suffrage universel
La représentativité des citoyens de la société est un élément extrêmement important pour assurer l’existence de la démocratie. Pour qu’une société soit le mieux représentée possible, le plus de personnes doit participer à son pouvoir. Et c’est ici que le principe du suffrage universel entre dans les principes fondamentaux de la démocratie.
Il n’y a aucun pourcentage établi pour que le principe de représentativité soit respecté puisque les sociétés diffèrent trop entre elles. Ce que l’on impose, c’est que la majorité ait accès au pouvoir. Ainsi, une société dite démocratique doit s’assurer de la participation la plus large des individus à la prise de décision . Dans le même ordre d’idées, tous doivent avoir le droit de vote. Dans ce mot « tous » est inclu les hommes et les femmes et pas seulement les majeurs légaux. En effet, les mineurs constituent parfois un grand pourcentage d’une société et doivent donc pouvoir y être représentés et participer à la vie politique du pays.
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I. B Multipartisme
Le principe même de la démocratie stipule que doivent être organisées des élections libres, régulières, honnêtes, contrôlées, neutres, en plus de respecter la règle de la majorité . Ici, le mot élection sous-entend que le citoyen doit faire un choix entre plusieurs partis différents. La différence entre les aspirants au pouvoir est très importante, car deux représentants du même parti ne répondent pas au critère du pluralisme politique .
De plus, l’existence d’une opposition au pouvoir est une condition essentielle à la souveraineté populaire, caractéristique de la démocratie. En effet, où se situe la souveraineté populaire si les électeurs se déplacent pour un vote qui ira dans les poches d’un seul et même parti.
I. C La liberté
La liberté est un principe large, mais très important pour le respect de la démocratie. Les principes de la liberté sont inclus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ainsi, pour assurer qu’il y ait une pluralité politique, certaines libertés fondamentales doivent être garanties. Parmi ces libertés, nous comptons la liberté de pensée, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, a liberté d’association et de réunion ainsi que la liberté politique. Toutes ces valeurs sont promues par les articles 18 à 20 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme .
Tout d’abord, les gouvernés doivent avoir le pouvoir de choisir librement ceux qui les représenteront. Ce choix ne doit pas être fait dans la peur et la menace. « Un gouvernement qui cherche à légitimer son action par les contraintes de la situation perd son caractère démocratique, même s’il reste tolérant et libéral ». Si la violence ne peut pas être employée par les gouvernants sur les gouvernés, le contraire est possible dans le cadre de la démocratie. En effet, selon Alain Touraine, la liberté du citoyen va même jusqu’à l’emploi de la violence si, et seulement si, elle est légitime . Si plus aucun moyen n’existe pour se faire entendre et respecter, la violence légitime en est un de derniers recours. Cette liberté doit aussi être accompagnée de la liberté de presse où tous peuvent se faire entendre en incluant les plus petits et pas seulement ceux qui possèdent les moyens de le faire . Ainsi, tous les citoyens possèdent la liberté de formuler des demandes quelconques, peut faire part de ses réactions à haute voix, a le droit de protester quand bon lui semble. Autrement, le libre choix est bafoué .
Le respect de la laïcité est aussi très important car elle est fondée sur le respect des valeurs, des croyances qui influenceront le vote libre par la suite. Ainsi, les assemblées et les réunions doivent respecter aussi ce droit au choix de la religion.
I. D L’égalité des droits
Il doit exister dans la société une égalité entre les citoyens. Cette égalité entre les citoyens doit être entre les pouvoirs de la majorité et les pouvoirs de la minorité. Les minorités doivent pouvoir participer au pouvoir autant que la majorité. Aucune discrimination ne doit se voir et se faire. Autant les valeurs de la majorité que de la minorité doivent être le plus possible respectées.
II. Le système politique cubain
Le système politique cubain a vu ses structures actuelles se fondées en 1960 lors de la Révolution cubaine avec le leader et encore chef de l’État Fidel Castro Ruz. Les institutions politiques du pouvoir cubain ont été adoptées le 24 février 1976 et écrite dans la Constitution de la République de Cuba. Elle contient quelques amendements adoptées en juillet 1992. Les institutions au pouvoir sont celles du Parti communiste cubain (PCC). La nature du régime cubain est un pays socialiste à parti unique. Par conséquent, la nature de l’État est une république unitaire communiste, plus précisément un « État socialiste des ouvriers et des paysans », selon la Constitution de 1976 .
I. A. 1 Le Parti communiste cubain
C’est en vertu de l’article 5 de la Constitution que le Parti communiste cubain existe et est le seul parti politique permis sur l’île de Cuba.
Le Parti communiste cubain (…) est la force dirigeante supérieure de la société et de l’État, qui organise et oriente les efforts communs vers les objectifs élevés de l’édification du socialisme, ainsi que la marche vers la société communiste.
C’est au travers de la personne qu’est Fidel Castro que le Parti communiste cubain rayonne, car il occupe les postes à la fois de président du Conseil d’État, président du Conseil des ministres, premier secrétaire du Parti communiste cubain et commandant en chef des Forces armées. Toutes ces fonctions lui sont attribuées depuis 1959.
Étant le seul parti permis sur Cuba, le Parti communiste cubain veut aussi maintenir cette hégémonie. « La force de Fidel Castro a été d’établir autour de cet héritage un consensus national dont le creuset était le parti unique, présenté comme le rempart de l’unité nationale . » Donc, l’idéologie première du parti est de maintenir l’idéologie ainsi que les valeurs révolutionnaires. Les dirigeants du parti croient que le parti est mis en place pour sauver la révolution et tous les moyens sont employés pour parvenir à ce but ultime, jour après jour. C’est ainsi que le PCC contrôle toute la vie cubaine; de l’économie à la culture, la vie étudiante, sociale, familiale, etc. C’est aussi pour cette raison que le PCC est un parti politique militarisé. Certains caractérisent même le parti comme un « parti-armée ».
Les Forces armées révolutionnaires (FAR)
Les FAR portent bien leur nom : ils sont des pro-révolutionnaires. Donc, leur principal but est le même que le PCC : soit de sauver la révolution.
Le rôle des forces armées, sous la direction de Raùl Castro, promu grand réformateur, s’explique par la capacité de celles-ci à introduire avec discipline des changements en profondeur sans compromettre un équilibre socio-politique fragile. En ce sens, l’armée est le pivot et le garant de la stabilité du régime pour les secteurs les plus conservateurs dont elle facilite l’acceptation des réformes .
Présentement, vu le manque de ressources du parti, les moyens entrepris pour sauver l’idéologie révolutionnaire sont moindres qu’auparavant et se limite au cadre national cubain. Les moyens actuels des armées visent la défense du territoire national puisque les menaces sont constantes venant surtout des États-Unis, pays voisin. Deuxièmement, en collaboration avec le Ministère de l’Intérieur, les armées contribuent à la sécurité interne du pays .
Comme nous le disions auparavant, les FAR font partie intégrante du PCC. Par conséquent, le gouvernement cubain a bien pris soin de créer leur propre ministère : le Ministère des Forces armées révolutionnaires (MINFAR). Le lien est si proche que c’est même le président du Conseil d’État (Fidel Castro) qui « préside le Conseil de défense nationale » selon l’article 93 h) de la Constitution.
Les FAR participent même à la vie économique cubaine en aidant à la récolte de la canne à sucre et dans plusieurs autres secteurs agricoles . Pendant la crise économique de 1990, les FAR ont mis beaucoup d’efforts de temps pour l’aide agricole et la distribution de nourriture. De plus, avec l’industrie du tourisme en croissance fulgurante, les FAR sont des partenaires des investisseurs étrangers et s’assurent ainsi que tout se déroule bien sur les lieux.
Subordination du Ministère de l’Intérieur avec le MINFAR
Le Ministère de l’Intérieur poursuit les mêmes buts que le MINFAR, mais en fonctions plus politiques. Plus concrètement, cela constitue à renforcer le pouvoir de Castro par divers moyens dont les « organisations auxiliaires » que nous analyserons plus tard. Ses responsabilités sont de nature militaire, paramilitaire et il contrôle les services secrets cubains.
Une branche du MININT est la police nationale révolutionnaire (PNR) qui s’occupe de la dissidence. Avec les Comités de défense de la révolution, la police nationale agit si des actes sont jugés pré-criminels, ce qui peut être un discours anti-castrisme. De plus, par les Brigades d’action rapide (BAR) où les effectifs ne sont plus des policiers, mais des civils, le MININT s’assure d’une surveillance constante à l’interne et ainsi préserve le contrôle social.