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 Lettre de Cuba, « pays voyou » selon G.W. Bush II

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Tite Prout
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Tite Prout


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Lettre de Cuba, « pays voyou » selon G.W. Bush II Empty
27042006
MessageLettre de Cuba, « pays voyou » selon G.W. Bush II

Bon. Je m’égare encore, incorrigible « blablateux »; ça s’améliore pas avec l’âge… Et pourtant, j’aurais bien voulu profiter de l’occasion pour vous dire deux mots de mon cancer…

Joli petit cancer …

Pardon? Quoi? Vous êtes tombé sur la tête? Faut tout de même pas charrier : parler de son cancer en public, ça se fait pas, sauf à la rigueur à l’occasion d’une campagne de souscription pour la Société du cancer. Point final.

Alors, tant pis! C’est mon article! Et ceux qui ne seraient pas contents n’ont qu’à pas le publier ou, encore, à pas le lire. Le cancer tue 140 000 Canadiens par année : ça devrait bien intéresser une poignée de lecteurs parmi mes sept millions de compatriotes qui, entre autres abus, fument encore comme des locomotives.

Pendant 82 ans, j’ai eu une santé de fer, une résistance à toute épreuve, et soudain, en juin dernier, crac! Tout s’écroule d’un coup, je perds mes forces, le moindre effort me tue et des douleurs musculaires souvent atroces me rappellent jour et nuit que j’ai peut-être assez vécu. Mais, chanceux comme un bossu, j’ai un formidable médecin, le Dr Richard Morisset, éminent microbiologiste de l’hôpital Hôtel-Dieu de Montréal. Avec la collaboration de spécialistes en tous genres, il s’attaque à mon cas avec un bel enthousiasme, me traînant d’une radiographie à l’autre, de biopsie en électro, poussant lui-même mon fauteuil roulant dans les couloirs de l’hôpital à une vitesse folle, certainement interdite par le règlement.

Je sais bien qu’on me cherche un petit cancer quelque part, mais, à la mi-décembre, on ne savait pas encore où il se logeait, ni même s’il existait vraiment. Tant pis! Comme d’habitude depuis la retraite du Sénat, je quitte mon beau pays trop froid et m’installe à La Havane. Le bonheur!

J’ose dire que j’aime cette ville comme on aime une femme. Même un peu plus tous les jours. Chaque matin, les douze moineaux, les trois moqueurs et l’unique geai bleu habitant le minuscule patio viennent me réveiller en chantant sous ma fenêtre comme des hystériques, parfois un peu trop tôt. J’ouvre l’œil et je regarde dehors : encore un ciel tout brillant bleu en février! Les palmiers agitent leurs mains caressantes, les hibiscus sont tout en clins d’œil et les trois orchidées, élégantes princesses, me sourient avec distinction. La joie qui m’envahit alors est tellement intense qu’il m’arrive de crier! Fin seul! Un vrai fou! Personne ne peut m’entendre, mes amis piailleurs criant plus fort que moi.

Je m’égare encore, hélas! Mille excuses. Allez aux pages sportives, ce sera plus sûr.

Bon, cette année, La Havane me paraît un peu moins drôle : je passe mes journées au lit, mangeant à peine, incapable de dormir la nuit ou d’écrire une ligne le jour. Après avoir avisé une ambassade du Canada remplie de gens sympas, dont une ambassadrice absolument magnifique, je prends un taxi et me rends à une petite clinique surtout fréquentée par les diplomates et les étrangers. Les Cubains reçoivent les mêmes soins dans les autres hôpitaux, plus grands… et gratuits.

Jolie chambre, excellente cuisine (wow! dans un hôpital!) et une profusion de médecins résolus à aller au fond des choses. En six jours, ils ont refait à peu près tous les examens subis à Montréal, avec les mêmes appareils, parfois d’un modèle plus récent. Le sixième jour, sept spécialistes envahissent ma chambre, radiographies en mains, et discutent l’affaire devant moi. Conclusion : il faut opérer et extraire un bon morceau de l’os iliaque aux fins d’analyses plus sérieuses.

J’ai passé ma longue vie sans savoir que j’avais un os appelé iliaque, joli nom qui pourrait davantage convenir à une île grecque… Bref, 24 heures plus tard, je savais que j’avais un cancer de l’iliaque. J’étais plutôt content. Le cancer peut jeter son dévolu n’importe où, parfois en des endroits peu convenables et dont on n’a pas envie de parler devant les dames ou dans un journal. Le gros intestin, quelle horreur! La vessie fait triste et un peu ridicule. Il y a pire encore. Mais, avouons-le, un cancer de l’iliaque, ça ne manque pas de classe!

J’annonçai la chose à un ami canadien de passage à Cuba, fort désolé comme il convient.

« Alors, me dit-il, tu prends le prochain avion pour Montréal…
- Pardon?
- Mais enfin, tu vas aller te faire soigner au Canada…
- Jamais de la vie! J’adore le Dr Morisset et ses savants collègues, mais j’ai la chance inouïe d’avoir un cancer de l’iliaque à la Havane, la plus belle ville des Amériques, débordante de soleil à l’année, de fleurs éclatantes, d’oiseaux heureux et, surtout, de gens chaleureux, humains, joyeux, avec qui je m’amuse du matin au soir, en temps normal. Je pourrais, mon cher, t’épuiser d’anecdotes à mourir de rire. Bref, pas question de retourner au Canada : je me ferai soigner à la Havane. »


Le pays des médecins

J’ai une confiance absolue dans la compétence des médecins de cet « état voyou » qui en compte un plus grand nombre par habitant que n’importe quel pays riche et développé. Fidel Castro a bien réussi un de ses grands paris : offrir des services médicaux complets et gratuits à tous les citoyens cubains, depuis leur naissance jusqu’à la mort. Quelques chiffres rarement cités à CNN et à Radio-Canada : Cuba compte 590 médecins pour 100 000 habitants, alors que la moyenne en Amérique latine est de 160.

Taux de mortalité infantile : 5.2 pour 1 000 à Cuba, alors que dans la très démocratique République Dominicaine, il est de 31 pour 1 000… et de 80 pour 1 000 en Haïti.

Espérance de vie à Cuba : 74,7 ans, alors qu’elle est de 51 ans en Haïti… et de 74 aux États-Unis. Oups! dépassés de 0,7 par les « voyous »!

Et n’oublions jamais que ce pays minuscule et démuni qui compte en ce moment 66 000 médecins en disperse près de 25 000 dans 60 pays du monde, où ces médecins volontaires vont soigner gratuitement des pauvres, encore plus pauvres qu’eux. À propos, combien de médecins canadiens sacrifient deux ans de leur carrière pour aller soigner des pauvres dans des trous perdus d’Afrique ou d’ailleurs? Qu’on m’envoie des chiffres pour que je puisse dire à mes amis médecins de Cuba qu’ils ne sont pas les seuls et que leurs collègues du Canada se démènent de leur bord. (Bien entendu, si le chiffre est minable, je ne dirai rien. J’ai ma fierté, moi aussi…)

On peut comprendre l’immense honneur que je ressens de confier ma veille carcasse à cette invraisemblable et miraculeuse armée d’êtres humains, plus humains que nature, vivant comme des pauvres avec les pauvres, pour les servir, les guérir et les aimer.

Même dans leur propre pays, les médecins les plus prestigieux demeurent des pauvres. J’ai oublié combien les médecins canadiens gagnent par année. Hélas! Hélas! La mémoire fout le camp quand on vieillit, mais je sais que les médecins cubains, en quittant l’école de médecine, touchent un minimum de 19 $ canadiens par mois. Le maximum pour les spécialistes : 60 $ ou un peu plus. Vous avez bien lu. Les miens, parmi les meilleurs, viennent à l’hôpital à bicyclette… Par contre, comme tous les Cubains, ils feront instruire leurs enfants gratuitement, depuis la maternelle jusqu’à l’université inclusivement. Le coût de la vie – loyer, électricité, nourriture de base – est dérisoire, etc.

J’espère que les journaux canadiens ont fait écho à l’offre extraordinaire de Fidel Castro d’envoyer d’urgence 2 000 médecins cubains à la Nouvelle-Orléans, au lendemain de l’ouragan Katrina. En raison de la proximité de Cuba, ils auraient été sur place en quelques heures, et des vies humaines auraient été sauvées, surtout chez les pauvres, c’est-à-dire les Noirs. Bien sûr, G.W. Bush a refusé net, avec sa petite moue méprisante. Peut tout de même pas accepter pareil cadeau d’un « état voyou »!

Et pourtant, l’offre était sincère et généreuse car, curieusement, les Cubains aiment bien les Américains, même si leur gouvernement persécute Cuba depuis 47 ans à coups de blocus, de lois odieuses genre Helms-Burton, et de mille tracasseries toutes destinées à appauvrir Cuba, à détruire la révolution castriste, épine dans le pied de la plus grande puissance du monde. (Ce qui n’empêche pas une pointe de malice du vieux Castro, dont le sens de l’humour est à toute épreuve!)

Non seulement le peuple cubain aime bien le peuple américain, mais la réciproque serait évidente si Bush, la CIA, CNN et les autres médias de notre commun voisin ne faisaient pas un si beau travail de diffamation. En dépit de la totale illégalité de leur geste, plus de 50 000 citoyens américains viennent à Cuba chaque année, en faisant des détours souvent invraisemblables et coûteux par les pays voisins (Canada, Mexique, Jamaïque, etc.). Si la CIA a vent de l’affaire, ces téméraires risquent de sérieux ennuis, dont une amende de 20 000 $ (US, bien sûr!).


600 000 visiteurs du Canada

Sur le plan voyage, les Canadiens se distinguent encore cette année en fournissant le groupe le plus important de touristes, venus de tous les coins du pays: 600 000 sur un total de plus de deux millions de visiteurs étrangers. C’est pas rien. (Et ça enrage nos chers voisins!)

Ah! Varadero, les plus belles plages du monde à moins de quatre heures de Montréal ou de Toronto! Une semaine à se bronzer, étendu sur du sable fin comme du sel de table. En revenant, on va leur en mettre plein la vue aux filles du bureau!

Au bout de la semaine, allez hop! l’avion du retour avec la bouteille de rhum, la boîte de Cohiba et un plein sac de petits souvenirs « artisanaux » achetés à la boutique de l’hôtel (et importés de Chine) pour rappeler aux parents et amis médusés qu’on a eu l’audace d’aller passer sa semaine de vacances dans un pays communiste. Au moins, ces braves Canadiens contribuent, à hauteur de plusieurs millions de dollars chaque année, au budget de Castro pour ses écoles, ses hôpitaux et ses autres manies.

Certains de ces experts de Varadero ont parfois des opinions bien arrêtées du genre : « Bien sûr, le régime a ses bons côtés, mais comment expliquer que tous les Cubains veuillent fuir leur pays pour immigrer en Floride? »

Faux. La grande majorité de la population a un profond respect pour Fidel Castro, plusieurs le vénèrent comme un héros, mais il y a un certain nombre de Cubains qui n’ont pas la fibre révolutionnaire, surtout chez les jeunes. Veulent pas changer le monde et rêvent plutôt d’aller à Miami rejoindre les huit cent mille Cubains souvent anticastristes, travailler chez McDonald’s, servir les riches à des salaires de famine et finir par se payer un jour une belle grosse voiture américaine presque neuve.

C’est aussi le fantasme de millions d’autres désœuvrés qui, loin du péril socialiste, vivent dans les pays voisins pourtant très libres, très démocratiques et très, très chrétiens, tels la République Dominicaine, Haïti, El Salvador, le Guatemala, sans parler du Mexique, etc.

En vérité, des millions et des millions de pauvres de tous les continents voudraient s’installer aux États-Unis, qui seraient vite submergés, débordés, étouffés très probablement par ces hordes de malheureux, souvent malades, illettrés et pleins de poux. Heureusement, les agents d’immigration et les garde-côtes américains ont l’œil : ils les refoulent sans pitié, y compris ces tombeaux flottants surchargés d’Haïtiens aux grands yeux épouvantés qui finiront chez les requins.

Il n’en est pas de même, oh non! pour les réfugiés cubains envers qui les Américains ont toutes les complaisances « ¡Bienvenido, amigos! On vous loge, on vous trouve du travail, on vous chouchoute… » Particulièrement accueillante, la mafia cubaine de Floride pavoise dès que le moindre de leurs anciens compatriotes touche le sol des États-Unis et témoigne devant les télévisions émues et frémissantes des horreurs subies aux mains des communistes de Castro.

Bref, bravo à nos 600 000 vacanciers canadiens qui, chaque année, se payent une semaine de soleil à Varadero, à Cayo Largo ou à Cayo Coco. Qu’ils atteignent bientôt le million et qu’ils encouragent leur député à réclamer une augmentation du budget d’aide économique à Cuba, qui n’a cessé de fondre d’une année à l’autre. (Oui, sous les Libéraux!) Sans grand effort, notre gouvernement conservateur actuel pourrait faire mieux et donner une fière leçon à ceux qui les croient sans compassion parce que conservateurs. Tout le monde sait que le Canada est le seul pays d’Amérique (avec le Mexique) qui, en dépit des formidables pressions de nos amis américains, a maintenu avec Cuba d’excellentes relations diplomatiques, économiques et culturelles, sans interruption depuis 1945, et sans l’ombre d’une réticence sous les gouvernements de Diefenbaker, Clarke et Mulroney.

Enfin (ça achève!), j’ai une petite idée à offrir (gratuitement) à mon pays et à mon gouvernement. Le budget de Jeunesse Canada Monde, en provenance principalement de l’ACDI, ajouté aux budgets de toutes les organisations non gouvernementales qui s’intéressent au volontariat des jeunes Canadiens au Canada ou à l’étranger, représente une goutte d’eau dans le budget total du Canada. Pourquoi le gouvernement canadien actuel qui, sur pareil sujet recevrait l’appui des autres partis, ne ferait-il pas un coup fumant en proclamant que, à partir de tel jour, tous les jeunes citoyens canadiens entre 17 et 24 ans, ont le droit de servir comme volontaires, pendant une période de six à douze mois, une communauté au Canada (avec Katimavik, Frontier College ou autre) ou à l’étranger (avec Oxfam, Jeunesse Canada Monde, Carrefour canadien international, etc.)
Résultat : au lieu de quelques milliers de jeunes Canadiens transformés en meilleurs citoyens du monde chaque année grâce à ces programmes, il y en aurait bientôt des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers. La plus petite communauté canadienne serait revigorée par la présence en son sein de jeunes volontaires venus d’autres communautés du Canada ou de l’un quelconque des 190 pays des Nations Unies devenus nos partenaires enthousiastes.

En dix ans, le Canada aurait été transformé en une terre vraiment humaine, tolérante, unique. Notre beau pays deviendrait le catalyseur des relations entre les riches du Nord et les pauvres du Sud, un havre de paix, de justice, d’amour, l’envie du reste du monde! Une fois pour toutes, nous sortirions de notre insignifiance congénitale, et tous les Canadiens, depuis Victoria jusqu’à
Saint John’s, en passant par Iqaluit, seraient enfin fiers d’appartenir à ce merveilleux pays trop grand et trop froid.

Ouf! Ouf! Faut conclure! Qu’on en finisse!


Conclusion en forme d’anecdote

Il y a quelques mois, je me promenais dans mon quartier, rue Sherbrooke Ouest, quand, tout à coup, un grand jeune homme dans la vingtaine m’aborde avec une joie évidente, comme si on se connaissait: « J’arrive d’Indonésie où je viens de terminer mon programme avec Jeunesse Canada Monde. Formidable! Je ne suis plus le même homme! Merci! »

J’ai entendu ça combien de fois depuis 1971? Des milliers, peut-être…

« Alors, demandais-je au garçon, qu’est-ce qu’on va faire maintenant? »

Je m’attendais à ce qu’il me parle voyage, travail, université…

« Je suis de Vancouver, j’ai appris le français et je viens de traverser tout le pays pour revoir les participants canadiens de mon groupe d’Indonésie, dispersés dans nos cinq régions. Woh! On a bien rigolé!

- Bon. Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait? »

Soudain devenu très sérieux, il me regarde droit dans les yeux et me dit d’une voix calme :
« Maintenant, on va changer le monde! »

http://www.cyberpresse.ca/article/20060426/CPSOLEIL/60426052/5287/CPOPINIONS
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