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 Complot américain pour l'assassinat d'Hugo Chavez

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Tite Prout
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Tite Prout


Nombre de messages : 1737
Localisation : Montréal
Date d'inscription : 01/06/2005

Complot américain pour l'assassinat d'Hugo Chavez Empty
21112005
MessageComplot américain pour l'assassinat d'Hugo Chavez

NOTE SUR MICHAEL PARENTI :
Michael Parenti est l'auteur de deux livres récents : «Superpatriotism»
(Superpatriotisme) et «The Assassination of Julius Ceasar»
(L'assassinat de
Jules César). Son dernier ouvrage, «The Culture Struggle» (La lutte
culturelle), sera publié en automne. Pour de plus amples informations,
consultez le site Internet de Michael Parenti.

Je viens de visiter le Venezuela. Même avant mon arrivée, je savais
qu'il y
régnait une grande division de classe. Durant le vol de correspondance
entre
Miami et Caracas, j'étais assis à côté d'une Vénézuélienne attrayante
et
très élégamment vêtue. De par son apparence prospère, je m'attendais à
ce
qu'elle déclare, dès qu'elle en aurait l'occasion, son opposition au
président Hugo Chávez. J'avais malheureusement raison. Notre
conversation
allait de bon train jusqu'à ce que nous abordions la question de la
lutte
politique en cours au Venezuela. «Chávez», siffla-t-elle, «est
terrible,
vraiment terrible», «c'est un menteur», «il trompe le peuple», «il
dirige
tout seul le pays».

Propriétaire d'une entreprise de mode féminine pour les classes
affluentes,
elle faisait affaire avec des compagnies réputées des États-Unis. Je
lui ai
demandé comment Chávez nuisait à ses affaires. Elle m'a répondu : «Il
ne m'a
pas du tout affectée!», ajoutant du même souffle : «Mais plusieurs
autres
entreprises ont souffert des dommages irréparables, ainsi que
l'ensemble de
l'économie». Elle a continué à vilipender rageusement Chávez, affirmant
que
si ce démon continuait à faire ce que bon lui semble ce serait la
catastrophe nationale.

Au Venezuela, j'ai rencontré d'autres personnes opposées à Chávez, qui
lançaient le même type d'attaques, constituées de peu de faits mais de
beaucoup de venin, et exprimées avec toute la férocité de ceux qui
craignent
que leurs droits de naissance (c'est-à-dire leurs privilèges de classe)
ne
soit menacés par ceux qui, situés en dessous d'eux dans l'échelle
sociale,
reçoivent maintenant une plus grande part du gâteau.

Au Venezuela, plus de 80% de la population vit sous le seuil de la
pauvreté.
Avant Chávez, la majorité des pauvres n'avaient jamais reçu les soins
d'un
médecin ou d'un dentiste, leurs enfants n'avaient jamais été à l'école
faute
d'argent pour payer les frais annuels de scolarité. Les "ajustements"
néo-libéraux des années 80 et 90 visant à étendre l'économie de marché
n'avaient fait qu'empirer les choses : les gouvernements précédents
avaient
sabré dans les dépenses sociales et éliminé les subventions réduisant
les
prix des biens de consommation. Les gouvernements successifs n'avaient
rien
fait pour combattre la corruption endémique ou pour réduire le fossé
qui
grandissait entre les riches et les pauvres, pour combattre la
malnutrition
et le désespoir croissants.

Loin de diriger tout seul le pays, le gouvernement Chávez a implanté
une
série de mesures positives :
- il a instauré une réforme agraire pour aider les petits agriculteurs
et
les pauvres sans terre. Ce mois-ci seulement (mars 2005), la vaste
propriété
foncière d'une compagnie de viande bovine a été occupée par des
travailleurs
agricoles à des fins de culture;
- il a rendu l'éducation gratuite jusqu'au niveau universitaire, ce qui
a
augmenté, de façon phénoménale, les inscriptions à l'école primaire;
- il a créé un programme de protection de l'environnement marin et se
prépare à implanter des mesures pour protéger les droits et le
territoire de
pêche des peuples indigènes;
- il a crée des banques spéciales d'aide aux petites entreprises, aux
coopératives de travailleuses/eurs et aux petits agriculteurs/trices;
- il a bloqué les tentatives de privatiser davantage l'industrie du
pétrole
dirigée par l'État (80% de celle-ci étant propriété publique) et a fixé
des
limites à la pénétration de capitaux étrangers;
- Chávez a expulsé les conseillers militaires étasuniens du pays et a
interdit le survol du territoire vénézuélien aux aéronefs militaires
étasuniens qui se livrent à des activités anti-insurrectionnelles en
Colombie;
- les «Cercles bolivariens» ont créé dans tout le pays des comités de
quartiers qui organisent les citoyens/ennes au niveau communautaire
pour
qu'ils participent aux campagnes d'alphabétisation, d'éducation et de
vaccination et à d'autres services publics.
- le gouvernement engage des chômeurs, sur une base temporaire, pour la
réparation de rues et de systèmes d'égouts et de distribution d'eau des
quartiers pauvres.

Quant au programme de santé, j'ai visité une clinique dentaire de
l'État de
Barinas, lieu de naissance de Chávez. Le personnel était constitué de
quatre
dentistes, dont deux jeunes Vénézuéliennes et deux Cubains, engagés
dans le
cadre d'un programme de un an. Les dentistes vénézuéliennes
soulignaient le
fait qu'avant Chávez les dentistes n'avaient pas assez de travail. Bien
que
des millions de citoyens/ennes avaient besoin de soins, l'accès leur
était
durement limité par les lois du marché privé, c'est-à-dire par leur
capacité
de payer. Comme tout autre produit ou service, les soins dentaires
n'étaient
pas dispensés à toutes les personnes qui en avaient besoin, mais
seulement
aux personnes qui avaient les moyens de payer.

Quand la clinique gratuite de Barinas a été créée, elle a été envahie
par
une foule de personnes qui avaient besoin de soins dentaires. Pourtant
elle
n'a refusé personne, ni même les opposant/antes au gouvernement Chávez,
qui,
mettant de côté leur antagonisme politique, se sont présentés pour
recevoir
des soins gratuits.

Dans les cliniques de quartier, un grand nombre de médecins et de
dentistes
viennent de Cuba. Il en est de même d'une grande quantité de
fournitures
médicales et de produits pharmaceutiques. De plus, Chávez a assigné aux
cliniques gratuites des médecins et des dentistes des forces armées
vénézuéliennes. Face à ces changements, une grande partie de
l'«establishment» médical vénézuélien s'oppose violemment au programme
de
cliniques gratuites. Il le perçoit comme étant une campagne communiste
cubaine visant à "baisser" les normes de professionnalisme médical et à
réduire les revenus des médecins.

Le fait que les personnes à faible revenu reçoivent, pour la première
fois
dans leur vie, des soins médicaux et dentaires, ne semble pas compter
beaucoup pour les praticiens qui défendent le plus le
"professionnalisme".

Pour ce qui est de la nourriture, j'ai visité un des magasins
d'alimentation
appuyés par le gouvernement et répartis dans tout le pays, surtout dans
les
zones à faibles revenus. Ces établissements modestes vendent des
aliments en
conserve, des pâtes alimentaires, des haricots, du riz et certains
produits
et fruits à des prix bien inférieurs à ceux du marché. Pour une société
ayant des taux élevés de malnutrition, ces magasins sont une véritable
bénédiction.

Les marchés d'alimentation populaires ont éliminé, dans leur réseau,
les
couches de commerçants intermédiaires, rendant ainsi les produits de
première nécessité accessibles aux résidents de ces zones. La plupart
de ces
marchés sont dirigées par des femmes. De plus, le gouvernement a créé
une
banque financée par l'État, ayant pour fonction de fournir à des femmes
à
faible revenu les fonds nécessaires pour le démarrage de coopératives
dans
leurs communautés.

Le nombre de coopératives de travailleurs/euses a augmenté. L'une
d'elles,
située à Caracas, est née de la transformation d'un dépotoir en
fabrique de
souliers et en fabrique de t-shirts. Financée par une somme allouée par
le
ministère du Pétrole, cette coopérative donne du travail à des milliers
de
personnes. Les travailleurs/euses semblent enthousiastes et pleins
d'espoir.

Est-il surprenant qu'un grand nombre de Vénézuéliens/iennes ne
connaissent
rien ou que peu de choses sur ces coopératives de travailleurs/euses?
Cela
est dû au monopole presque total qu'exerce le capital privé sur les
médias
écrits et télédiffusés. Les riches magnats des grands médias, tous
violemment opposés à Chávez, sont propriétaires de quatre des cinq
stations
de télévision et de tous les journaux à grand tirage.

L'homme qui a la plus grande part de responsabilité dans les
changements
révolutionnaires survenus au Venezuela, Hugo Chávez a droit au genre de
traitement que les médias étasuniens réservent habituellement à ce type
de
dirigeant : des attaques constantes contre sa personne. Un article du
«San
Francisco Chronicle» le qualifie de «président querelleur du
Venezuela». Un
texte antérieur du «Chronicle» (30 novembre 2001) cite un opposant
politique
qui traite Chávez de «psychopathe» et de «type extrêmement agressif».
Le
«London Financial Times» le présente comme un homme «de plus en plus
autocratique», qui gouverne ce que le journal qualifie de
«démocratie-voyou».

Dans le journal «Nation» (6 mai 2002), Marc Cooper, un de ces libéraux
de la
Guerre froide qui aujourd'hui défend l'empire, a écrit un article sur
Chávez. Selon lui, le président, qui a été élu démocratiquement, «parle
souvent comme une brute» et «frise la mégalomanie». Cooper poursuit sa
litanie : Chávez a un comportement «proche de la paranoïa», il gouverne
en
ayant recours à de la «démagogie grossière», il a «un style toujours
plus
autocratique». Comme beaucoup d'autres opposants, Cooper minimise les
réalisations de Chávez et son article présente une liste d'insultes
plutôt
que des analyses basées sur des faits concrets.

Selon d'autres porte-parole des médias Chávez est «d'humeur
changeante», a
une «mentalité d'assiégé», est un «incompétent», a un «caractère
dictatorial». C'est «un populiste de caserne», «un homme de poigne»,
une
«personne conflictuelle» et, surtout, une «personne de gauche». Les
articles
n'expliquent jamais ce qu'est «personne de gauche». Une personne de
gauche
est quelqu'un qui préconise une distribution plus équitable des
ressources
sociales et des services humains, et qui appuie des programmes du genre
que
le gouvernement Chávez est en train d'implanter. (Inversement une
«personne
de droite» est quelqu'un qui s'oppose à de tels programmes et qui vise
a
accroître les privilèges insatiables du capital privé et la richesse de
la
minorité constituée de riches.)

Si l'expression «personne de gauche» est souvent utilisée dans les
médias
étasuniens, elle est rarement définie. Servant à étiqueter les gens, sa
puissance vient du fait qu'elle n'est jamais accompagnée d'une
définition,
qu'elle porte en elle un sens abstrait caché, ce qui lui donne un grand
pouvoir de démonisation, qui bloque à l'avance toute analyse
rationnelle sur
son véritable contenu politique.

Inversement, les médias étasuniens présentent les opposants de Chávez
d'une
toute autre manière. Ceux qui, en avril 2002, avaient organisé un coup
d'État illégal et anticonstitutionnel contre le gouvernement
démocratiquement élu, sont qualifiés de champions de la gestion des
affaires
publiques de type «pro-démocratique» et «pro-occidental». En fait ces
opposants sont les plutocrates (personnes très riches qui exercent par
leur
argent une influence politique) du libre-échange et les leaders du
complexe
militaro-industriel qui veulent maintenir l'ordre social des
privilégiés. Au
cours du coup d'État qu'ils ont organisé en 2002, ils ont tué, en 48
heures,
un nombre de citoyens/ennes supérieur à celui des personnes qui ont été
affectées par les changements réalisées par Chávez au cours de toutes
ses
années au pouvoir.

Quand le général Carlos Alfonzo, l'un de ces responsables, a été accusé
pour
le rôle qu'il y avait joué, le «New York Times» a choisi de le
qualifier de
"dissident", dont les droits ont été enlevés par le gouvernement
Chávez.
Quatre autres officiers supérieurs, accusés d'avoir organisé le coup
d'État
de 2002, subiront probablement un procès. Ils seront sûrement décrits,
eux
aussi, par les médias, non comme des conspirateurs ou des traîtres qui
ont
essayé de détruire un gouvernement démocratique, mais comme des
"dissidents", comme de simples citoyens respectables, dont le droit de
ne
pas être d'accord avec le gouvernement a été nié.

Le président Hugo Chávez, dont j'ai écouté trois conférences publiques,
s'est révélé, au cours de sa présidence, être une personne éduquée,
articulée, particulièrement bien informé et qui a beaucoup lu. Doué
d'un
caractère généreux, de profonds sentiments humains et d'un esprit
pénétrant,
il fait preuve d'un dévouement sincère et inlassable à la réalisation
de
changements salutaires pour la majorité de son peuple. Il a prouvé
qu'il
est, sous tous ses aspects, à la hauteur de la révolution démocratique,
respectable et pacifique, qu'il dirige. Des millions de ses
compatriotes
croient avec justesse qu'il est le seul président qui se soit intéressé
aux
populations les plus pauvres de son pays. Il n'est donc pas étonnant
qu'il
soit l'objet de calomnies et de tentatives de coups d'État de la part
des
secteurs dominants de son propre pays et des cercles dirigeants du Nord
du
continent.

Chávez accuse le gouvernement des États-Unis de préparer un complot
visant à
l'assassiner. Je crois qu'il a raison.


Michael Parenti
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