MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE

Vues Du Monde : ce Forum MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE est lieu d'échange, d'apprentissage et d'ouverture sur le monde.IL EXISTE MILLE MANIÈRES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VÉRITÉ.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Derniers sujets
Marque-page social
Marque-page social reddit      

Conservez et partagez l'adresse de MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE sur votre site de social bookmarking
QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

 

 IMMIGRATION CLANDESTINE, ESCLAVAGE, TRAITE NEGRIERE

Aller en bas 
AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

IMMIGRATION CLANDESTINE, ESCLAVAGE, TRAITE NEGRIERE Empty
11122006
MessageIMMIGRATION CLANDESTINE, ESCLAVAGE, TRAITE NEGRIERE

IMMIGRATION CLANDESTINE, ESCLAVAGE, TRAITE NEGRIERE ET DEVOIR DE MEMOIRE



Chères toutes et tous,

Malgré les patrouilles qui sillonnent les frontières maritimes et terrestres. Malgré le dispositif électronique qui scrute les horizons pour détecter les mouvements des personnes. Rien n'y fait. Rien ne casse la dynamique de l'immigration clandestine (voir mon article. Immigration clandestine : hypocrisie européenne et responsabilité africaine). Les candidats à l'immigration clandestine s'adaptent à la nouvelle donne et peaufinent des stratégies en conséquence. A cela s'ajoute les sans-papiers qui sont à l'intérieur de l'Europe, devenue une forteresse prétendument imprenable. Les Etats-Unis ne sont pas non plus épargnés par les affres de l'immigration clandestine et les sans-papiers (voir ci bas).

L'immigration clandestine et les sans papiers empoisonnent la vie des gouvernements et des partis politiques en Europe. Parce qu'ils font le lit de l'extrême-droite. Partout en Europe, l'extrême-droite monte dans les sondages d'opinion. L'immigration clandestine et les sans-papiers deviennent des enjeux capables de défaire des gouvernements. Ils investissent les plateaux de télévision, les stations de radio, alimentent la presse écrite avec une iconoclaste frénésie et suscitent des débats contradictoires souvent virulents et vifs.

Ici et la, les sans-papiers s'organisent, se réfugient dans des églises, mobilisent les opinions nationales et demandent l'obtention des papiers de séjour. Parallèlement, des groupuscules d'inspiration néo-nazie, -essentiellement nourri par le racisme, xénophobie et l'antisémitisme- font la croix gammée, profanent les tombes, brûlent les synagogues, harcèlent et souvent tuent des personnes innocentes dont le tort est d'avoir, soit une couleur de la peau différente, soit une confession différente ou les deux a la fois. Le triple meurtre d'Anvers en Belgique, en est une parfaite illustration. Triple meurtre parce que la jeune femme africaine abattue était en grossesse (la troisième victime est la fille qu'elle gardait).

Même la Russie –ancienne gardienne de l'international socialiste est atteinte de plein fouet par ce fâcheux phénomène. Les meurtres des africains et d'autres étrangers défrayent régulièrement la chronique. Karl Max, Lénine, Trotski et Che Guevara –qui rêvaient d'un monde fraternel, convivial, ou les inégalités, le racisme, l'antisémitisme et l'oppression- disparaîtront avec la mort du capitalisme doivent se retourner dans leurs tombes. Il est vrai que la perestroïka, le glanost et la chute du mur de Berlin (1989), ont reformaté sociologiquement, géographiquement et idéologiquement l'URSS et ses anciens pays satellites.

Partout en Europe, pour contrer l'extrême-droite, la droite classique s'invente une idéologie hybride faite du néo-libéralisme matinée du social-populisme, voire du poujadisme larvée. Partout en Europe, mais en France plus qu'ailleurs, la droite sort sous des oripeaux retailles, une stratégie de lutte contre l'immigration clandestine et qui par ricochet, l'aidera à freiner la montée de l'extrême droite. La droite redoute le remake du cataclysme du 21 Avril 2002, mais cette fois-ci, avec l'élimination du candidat de la droite des le premier tour en 2007. Ce spectre hante les esprits des leaders de la droite française et ne relève pas de l'autoflagellation schizophrénique, encore moins du masochisme morbide.

Déjà en campagne pré-électorale, la droite française passe à l'offensive et investit le terrain de prédilection de l'extrême-droite. Immigration Choisie et non subie, Carte de Compétence Universelle est la nouvelle mouture proposée par la droite française. Elle annonce une série des mesures draconiennes. Attaque tout azimuts contre les mariages en blancs, durcissement des conditions de regroupement familial, expulsion –menottes aux poings- des clandestins, refus de régulariser les sans-papiers et encouragement des retours volontaires aux pays d'origine, moyennant compensation financière. Le tout dans un décor surmédiatisé. Spectacle burlesque et ludique. Spectacle sulfureux aussi.

Les leaders de l'extrême-droite comprennent le danger de la récupération de leur cheval de bataille. Ils préviennent : « Les français ne sont pas dupes. Ils choisiront –le moment venu- l'original et non la copie ».

L'Amérique a aussi ses immigres clandestins et ses sans-papiers. Dans cette Amérique, riche, puissante et plus impériale que jamais, les sans-papiers en ont ras-le-bol, des emplois au rabais, des salaires de misère et du manque total de protection sociale : ils n'ont ni assurance-maladie, ni assurance-chômage.

Comme en Europe, les sans-papiers –environ 12 millions- demandent la régulation de leurs statuts. Ils choisissent la rue et le spectaculaire pour exprimer leurs revendications. Les sans-papiers –majoritairement « Hispanic »- soutenus par la grande majorité des « Hispanic » résidents et naturalisés américains, organisent des marches de protestation et appellent pour une « ville morte ». Ils savent qu'ils sont en train de gagner la bataille démographique. Ils constituent –désormais- la plus large communauté parmi les minorités. Les « Hispanic » naturalisés américains ou ceux d'entre eux qui ont acquis la nationalité américaine a la naissance (le fameux droit du sol et non le droit du sang comme dans beaucoup des pays européens) peuvent voter. Et par solidarité avec leurs sans-papiers, ils peuvent nuire au parti Républicain lors des élections de « Mid-Term » pour le Congres au mois de novembre. Très mauvaise nouvelle pour la Maison Blanche, fragilisée par Katrina (voir mon article ; Etats-Unis : Katrina, racisme, pauvrete et moralité), la guerre de l'Irak, les démissions en cascades, les affaires qui défrayent la chronique. La dernière est cette affaire d'écoute téléphonique par la NSA (ressentie comme une intrusion du pouvoir dans la vie privée des américains).

Les « Hispanic » manifestent dans les grandes villes américaines. Ils bombent les torses, roulent les muscles et donnent de la voix, portant le ton aussi dans le paroxysme. Ils hissent le drapeau mexicain et d'autres pays de l'Amérique du Sud. Ils chantent l'hymne américain en ….espagnol. Ce geste est perçus comme une dangereuse dérive communautaire et identitaire qui peur menacer la cohésion nationale, chèrement acquise. Les oreilles de la Maison Blanche sifflent et quelques faucons du Parti Republicain sortent du bois, s'indignent : « They don't have a right to translate our national anthem in spanish. This is America , they have to respect the rules and regulations ». (Ils n'ont pas le droit de traduire l'hymne national en espagnol. Nous sommes en Amérique, ils doivent obéir aux lois et règles).

Esclavage et Traite Négrière et devoir de mémoire. Beaucoup des mémoires. Mémoire africaine blessée, mémoire trahie, mémoire assassinée,

Mémoire blessée. On stigmatise la collaboration des royaumes et empires africains lors de l'esclavage et la traite négrière mais on passe sous silence les virulentes résistances contre l'innommable. Tel Mpanzu a Nzinga dont la farouche opposition a la traite négrière mais aussi a la main mise des occidentaux sur les ressources du royaume du Kongo causa sa perte. Les puissances européennes esclavagistes se coalisèrent et décidèrent de son élimination physique. Il fut abattu le jour de son accession au trône par un soldat portugais. Telle, la reine Nzinga qui avec son armée, se battra pendante près de 30 ans contre les armées de coalitions portugaise, néerlandaise et anglaise. Les exemples de résistances dans d'autres royaumes et empires africains sont légions.

Mémoire trahie. Les anciennes puissances européennes esclavagistes traînent les pieds pour reconnaître leurs crimes et responsabilité dans la traite négrière et esclavage. La France a fait le premier pas. Le 10 mai, en France, sera désormais, la journée officielle de commémoration de l'abolition de l'esclavage. Initiative doublement tardive : cinq ans après la loi « Taubira » et près de 160 ans après l'abolition de l'esclavage en 1848. Frileuse, la France s'arrête a mi-chemin et rechigne a franchir le rubicon : celui de réparation et compensation. Les gouvernants ne veulent pas ouvrir la boite de pandore donnant ainsi du grain a moudre a l'extreme-droite et a tous les cassandre de la ‘Justice, Ici et Maintenant' qui exigent des réparations pour l'Afrique. Ce 10 Mai, une partie de la presse française montre des photos sur les horreurs de Leopold II. Elle plonge et remue le couteau dans les plaies des RDCongolais qui ne se cicatriseront pas de si tôt.

Mémoire assassinée. Le racisme qui fit à la base de la déshumanisation de l'homme Noir qui s'est poursuivit au cœur de l'Europe des Lumières, n'a pas pris de ride. Aujourd'hui encore le Noir est considéré comme un sous-être, incapable de s'assumer, de définir son devenir et d'apporter sa contribution a l'essor scientifique et technologique. Cet afro-pessimisme trouve écho auprès de certains occidentaux paternalistes, qui prétendent –avec un lyrisme un peu pataud- que la technique est étrangère à l'Afrique, et même à son génie et que c'est même contraire à sa chaleur humaine.

Mémoire ressuscitée. Comment le monde s'est transformé et surtout comment les premiers hommes sont partis de l'Afrique pour gagner les autres continents. Comment l'Afrique a produit d'autres races, d'autres morphologies. The « National Geographic » apporte sa contribution, utilisant une arme redoutable : ADN. 100.000 échantillons de salive vont être prélevées sur les populations de tous les continents. Une première a l'échelle de la planète Il s'agit d'établir le patrimoine génétique de toutes les premières tribus de la planète et d'étudier leur migration. Les chercheurs vont prélever des goûtes de salive, car chaque salive est une page de l'histoire de l'humanité. La génétique au secours de l'histoire, de la géographie, de l'anthropologie, de la sociologie…..

Abdoulaye est furax et dépité. Toute amertume n'a pas encore quitté son cœur. Il regarde au ciel et ne comprends pas. Il vient d'être refoulée à la frontière espagnol pour la quatrième fois. Avec un groupe d'amis, il s'était passé des passeurs. Question de réduire sensible les frais.

A la question du journaliste qui lui demande s'il recommencerait, il fulmine : « Je recommencerai jusqu'à ce que la chance me sourit. J'ai une licence en bio-chimie. Je suis au chômage depuis six ans. Je n'ai pas des pistons pour trouver du boulot dans mon pays. Je suis marie et père de trois enfants. J'ai aussi des sœurs. J'ai quitté mon pays, parce que je ne supportais plus de voir mes enfants crever de faim. Je ne supportais plus d'être inutile. Je préfère mourir dans l'océan que mourir de misère et de honte. Je recommencerai jusqu'à mort s'en suive… ».

Frustré par l'impuissance du gouvernement fédéral américain, d'enrayer l'immigration clandestine, les comites d'auto-défense de la nation, sillonnent les frontières et traquent les immigrants clandestins. Ce jour la, le chef de la milice est aux anges. La « prise » est bonne. Il montre fièrement un groupe des « hispanic ». Enrico est du groupe. Il craque et confesse. Il a payé très cher son « voyage » : quatre mille dollars. Il a bravé les morsures de serpent, le vent aveuglant du désert, la chaleur déshydratante et suffocant du désert.

Comme Abdoulaye, Enrico est prêt à recommencer. Il tentera de nouveau sa chance. Un jour –peut être- il y arrivera. Il rejoindra les autres clandestins, travaillera au noir et enverra l'argent à sa famille. Il se débrouillera pour faire venir d'autres, à commencer par sa femme qu'il a laissé dans son pays.

Il y aura de plus en plus d'Enrico et d'Abdoulaye. L'Occident refuse de se rendre à l'évidence simple : L'immigration clandestine est le résultat des inégalités de bien être et de richesse entre les pays riches et les pays pauvres et du manque d'opportunités et perspectives dans les pays pauvres.

Aussi tant que ce déséquilibre durera, les pays riches –Etats-Unis en tête- fascineront et attirerons toujours les immigres clandestins. Et, ce n'est pas les mesures de coercition, d'intimidation qui résoudront le problème. L'Occident doit aider les pays pauvres à mettre de l'ordre chez eux. Les années 60 et 70, on parlait des « boat people » chinois. Qui en parle encore aujourd'hui ? Mêmement pour les Vietnamiens. Pourquoi les chinois et les vietnamiens ne tentent plus ces expériences périlleuses ? Parce qu'ils vivent bien chez eux.

Le 10 Mai 2001, le parlement français vote la loi « Taubira » qui reconnaît la traite négrière et l'esclavage comme des crimes contre l'humanité. Mais il faut attendre cinq ans pour que la France célèbre pour la première fois la commémoration de l'abolition de l'esclavage.

Ce 10 Mai 06, Françoise Verges, prof en Sciences Po et vice-présidente du Comité est invitée par TV5Monde, pour commenter sur son dernier livre : MEMOIRE ENCHAINEE, questions sur l'esclavage, Edition Albain Michel . A la question du journaliste qui lui demandait : pourquoi se réveille-t-on si tard ? Pourquoi cette commémoration si tardive ?

Pour Françoise Verges, « des 1848, il y a eu un silence en France, un silence total sur la traite négrière et l'esclavage. Il n'y aura aucune ligne dans les grands livres d'histoire, dans les grands récits qui vont fonder le registre national Français, aucune trace dans les manuels scolaires. Des générations des français vont aller à l'école sans savoir, qu'il y a eu la traite négrière et l'esclavage. On le cache en France. Simplement parce que la France ne veut pas s'associer a cette histoire, veut la mettre derrière elle, ne veut pas la reconnaître. Mais de ce fait, en ne reconnaissant pas cette histoire, la France produit des trous de mémoire, des troubles aussi. Le silence va s'accumuler et produire dans les années 60 et 70, dans les départements d'outre-mer –anciennes sociétés esclavagistes- un besoin, une nécessité de dire l'histoire ».

Pour couvrir la commémoration de l'abolition de l'esclavage, la presse française ; audio-visuelle et écrite a été très friande. Dans la revue Intelligence du Monde du 10 mai 06 , on découvre des photos répugnants, de l'atrocité et l'horreur en grande nature, haut en couleur. On voit un congolais tétanisé et meurtri en train de regarder le corps mutilé d'une jeune fille gisant à même le sol. Le bras et la jambe gauche de la fille sont coupés. Un panier de caoutchouc a moitié vide, une chicote (fouet) a cote de la fille. Le congolais reconnaît sa fille. On vient de la punir, parce que, lui, le père n'a pas assez produit du caoutchouc, son rendement est en dessous de la moyenne, sa productivité insignifiante. Plus loin, les congolaises sont enfermées dans des enclos pour dissuader et décourager toute velléité de fuite de leurs époux et fils.

A l'époque, le Congo utile était à l'Equateur. L'Etat Indépendant du Congo (propriété de Léopold II, excusez du peu) et le Liberia étaient les deux pays au monde capable de produire du caoutchouc à grande échelle. La naissance de l'industrie automobile avait besoin de caoutchouc. Le malheur de nos grands parents de l'Equateur, était de se trouver au mauvais endroit et d'être propriétaire d'une terre qui avait une ressource naturelle convoitée par les occidentaux. Pendant qu'on mutilait, foutait nos grands parents, qu'on violait nos grandes- mères, les occidentaux, eux, roulaient en voiture, limousine, carrosses et pédalaient la bicyclette. Avaient-ils conscience que les congolais et les libériens qui produisaient ce caoutchouc étaient soumis à des régimes des travaux forcés où ils étaient battus, mutilés, humiliés ?
Revenir en haut Aller en bas
https://vuesdumonde.forumactif.com/
Partager cet article sur : reddit

IMMIGRATION CLANDESTINE, ESCLAVAGE, TRAITE NEGRIERE :: Commentaires

Ironie du sort, la RDCongo se retrouve dans la même situation que le Congo de Léopold II. Seul la province a changé. La ressource naturelle aussi. Le grand Kivu –le nouveau Congo utile- possède parmi tant d'autres ressources : le coltan. Seuls deux pays au monde possèdent cette ressource en abondance : La RDCongo et l'Australie. Le coltan sert a La fabrication du téléphone portable, certaines particules des avions et de l' electro-ménager. Les occidentaux et même les africains, ont-ils conscience que les téléphones portables (qu'ils exhibent fièrement, qui leur confèrent un statut social) portent la détresse et les multiples souffrances des RDCongolais ?

La quête du devoir de mémoire peut-elle conduire à une dynamique communautaire susceptible de déboucher sur un repli communautariste et a des réactions genre racisme a rebours? Pas du tout. Le devoir de mémoire doit se nourrir de la double volonté de connaître la Vérité et de se Réconcilier. Les sociétés civiles de tous les pays doivent s'investir pour que toutes les mémoires s'entrelacent, se moulent, se rencontrent pour écrire une seule Histoire . Pour ce faire, il faut que la vraie Histoire de l'esclavage soit dans les manuels scolaires, beaucoup plus d'enseignements, plus des centres de documentation, des librairies, plus des bibliothèques, des archives, des films de fictions, des documentaires, des pièces de théâtre.

Au Sénégal par exemple, tous les instruments de la pédagogie active sont réunis (théâtre, jeu de rôle, poésie, manuels scolaires) pour enseigner l'histoire de la traite Trans-Atlantique. Avec l'aide de l'UNESCO, ces matériels didactiques visent un seul objectif : briser le silence et dire ce qui n'a jamais été dis.

Les cameras de TV5 Afrique se sont promenées sur l'Etablissement Mariama Ba, une école « select » située sur l'île de Gorée. Trois lycéennes de moins de 15 ans témoignent.

Fatoumata Dia : « Nous sommes des jeunes et je crois que notre histoire ne doit pas nous échapper. On doit tout savoir sur la traite négrière pour raconter ça aux générations futures pour qu'elles sachent ce que leurs ancêtres ont vécu ».

Ramatoulaye Mbacke : « Même si je ne l'ai pas vécu, je l'ai appris et je ne l'oublierai jamais ».

Ndeye Mossane Mabate : « Il y a l'Europe qui s'en sort, qui a la grande victoire, qui devient puissante. Et après on nous demande de pardonner. On a pardonné. Mais il faut pas, après qu'on nous dise que vous etes pauvres. Parce qu'en fait, notre pauvreté découle un peu de ça ».

Joseph Ndiaye -82 ans- Conservateur de la Maison des Esclaves de Gorée, depuis 40 ans nous interpelle : « Entre 1536 et 1858, 15 a 20 millions des noirs de l'Afrique de l'Ouest ont été envoyés aux Amériques. Six millions d'entres eux sont morts de faim, de privation et de mauvais traitement. Il faut noter que c'est la force vive qu'on déportait. On prenait les plus robustes, les plus jeunes, les plus forts. L'esclavage et la colonisation ont une seule origine : le racisme. L'exploitation d'une race par une autre –prétendument supérieure-. Le retard de l'Afrique sur le développement, trouve aussi ses origines dans ces deux crimes ».

La nouvelle histoire passe par la confrontation entre celle écrite par les colons et les puissances européennes esclavagistes et celle écrite par les colonisés, les victimes . A l'époque coloniale, les belges commémoraient la fin de l'esclavage. Mais a leur manière et avantage. Ils offraient a nos parents et a nos aînés des pièces de théâtre, souvent au stade et a travers des formats, qu'ils appelaient pompeusement : Spectacle Populaire. On voyait des congolais parqués dans l'esclaverie (pièces étroites où on confinait des centaines d'esclaves) comme des bêtes de somme, par les Arabes et prêts a être expédier vers les Amériques et ailleurs. Puis arrivait les belges et autres européens. Ils livraient un combat féroce, subissaient des pertes, mais plus fort, ils chassaient les arabes et libéraient les congolais. Ils libéraient les congolais au prix de leur sang. Ce formidable entreprise de décervelage produisit l'effet escompté dans l'imaginaire collectif des congolais. Pour beaucoup de nos parents, arabe rimait avec esclavage et belge s'accommodait avec libération et civilisation . Les puissances coloniales avaient habilement instrumentaliser la lutte contre les marchands d'esclaves arabes pour justifier leur présence dans les differents empires et royaumes africains.

Les puissances européennes esclavagistes, ont aussi stigmatisé la collaboration et la responsabilité des empires et royaumes africains pendant la traite négrière et l'esclavage. Les résistances africaines contre l'innommable sont délibérément passées sous silence. Tel Mpanzu a Nzinga du royaume du Kongo. Il était contre la traite négrière mais surtout voulait écourter les relations bilatérales entre le royaume et les puissances européennes. C'était son thème de campagne. Contrairement aux idées reçues, la monarchie Kongo n'était pas héréditaire (la succession se faisait par élection et il n'était pas systématique qu'un fils succède à son père). Bien que prince et prétendant favori a la succession de son père, Mpanzu a Nzinga a du battre campagne et convaincre les représentants des clans et des corps de métiers Kongo (le corporatisme : initiation et apprentissage des corps de métiers. Pratique qui était en vogue dans la féodalité européenne. Les ne-Kongo et les autres empires africains le pratiquaient avant leur contact avec des blancs), du bien-fondé de son programme.

Elu triomphalement, il fut assassiné le jour de son accession au trône. Car le prince élu menaçait les intérêts occidentaux. Avant l'arrivée des européens, le royaume Kongo était à son apogée. Grâce à sa dotation en ressources naturelles mais aussi en ressources humaines, formées dans les meilleurs écoles (les plus connues sont les quatre prestigieuses écoles –Kimpasi, Kinkimba, Buelo et Lemba- ou étaient formées l'élite Kongo), le royaume disposait d'un vaste réseau commercial et échangeait avec les autres empires et royaumes africains. Les produits les plus prisés furent le cuivre, l'or, les vêtements des raffia et la poterie. On y battait la monnaie et les finances publiques étaient saines. Les pays européens bénéficièrent de ces échanges, comme les autres royaumes de la région. Ils voulurent y ajouter la lucrative traite négrière. Le programme électoral de Mpanzu a Nzinga, la radicalité de ses propos (rompre toute forme de relation avec les pays européens) et son refus de verser dans la traite négrière poussèrent les puissances européennes esclavagistes (Portugal, Hollande et Angleterre) d'organiser la riposte et programmer son élimination physique. Il fut abattu par un soldat portugais. Ana Nzinga reprendra le flambeau et a la tête d'une armée se battra pendant près de 30 ans contre les armées de coalitions portugaise, néerlandaise et anglaises. Les exemples de résistances dans d'autres royaumes et empires africains sont légions.

Pour faire « parler » notre mémoire, deux écrivains, ont écrit. L'un est Soudanais, l'autre Angolais. Retransmettre l'histoire, les événements, des souvenirs, pour ne pas les voir se perdre dans la mémoire défaillante ou pour ne pas laissez a d'autres de les falsifier au gré des intérêts du moment.

Deux écrivains nous livrent leurs réflexions sur ces thèmes entre la littérature et la sauvegarde de la mémoire. Mais est-il possible que des pays perdent leur mémoire ? Répondre a cette lancinante question –oh combien récurrente- a nourrit la démarche de deux écrivains africains, bien de chez nous.

Commençons d'abord par la Nubie, entre l'Egypte et le Soudan ou la construction du barrage d'Assouan a permis l'irrigation -mais a noyé au passage- des villages entiers. Jamal Mahjoub garde en mémoire les paroles de sa grande mère nubienne : « Ne laisse pas aux autres falsifier l'histoire glorieuse de ton pays, de ton Afrique, ton histoire ». A toute occasion la mémoire du majestueux fleuve l'interpellait. L'histoire du fleuve est tellement ancienne et dépasse de loin, tous les récits et paraboles concoctés par ceux qui sont venus d'ailleurs. Pour essayer de ressusciter la mémoire enfouie, Jamal Mahjoub vient de publier son dernier roman : MEMOIRE NOYEE DANS NUBIA INDIGE, qu'il vient de présenter a Paris.

Il confie au journaliste de TV5 Afrique : « Pour moi, je vis en Espagne, j'écrits en Anglais, je viens du Soudan. La seule chose qui reste comme centre de gravite pour moi, c'est l'écriture ». Il a choisit de se battre pour réhabiliter la mémoire africaine. La quête du devoir de mémoire , encore et toujours.

Mémoire noyée pour Jamal Mahjoub, mémoire falsifiée pour l'écrivain angolais José Eduardo Agualusa qui vient de publier : LE MARCHAND DU PASSE . Une fable politique très réussie sur la mémoire réinventée.

Lors de la présentation de son livre, Agulusa –avec un brin de dépit- confie : « En Angola, la mémoire est quelque chose de très fragile, parce qu'on n'a pas les outils de la mémoire comme en Europe. Il y a très peu de bibliothèque ou pas du tout. Très peu des librairies voir pas du tout ».

Parmi les outils pour reconstruire la mémoire, le musée de l'esclavage de Luanda fait ce qu'il peut avec les reliques de l'histoire ou les esclavagistes régnaient en maîtres et les maisons du littoral témoignent difficilement d'une période coloniale qui a renforcé les clivages entre les ethnies.

Ecoutons Agualusa : « Il y a eu d'abord l'effacement de cette mémoire par le système colonial au 19eme Siècle. Par exemple, le système effaçait la mémoire africaine ou en tout cas, ne la mettait pas en valeur. Ce faisant, il effaçait en quelque sorte la mémoire proprement africaine ».

Agualusa est né dans la ville de Huambo (ex-Nova Lisboa). Ici, les enfants rêvent d'un pays imaginaire nommé ALASKA. On espère qu'ils pourront un jour, lire ces romans nécessaires pour soigner une mémoire blessée.

Comme tous les chercheurs avant eux, les deux écrivains regrettent amèrement une chose : L'Afrique –berceau de l'humanité, mère des peuples et des continents- n'offre pas les conditions optimales pour des travaux qui visent a réhabiliter sa mémoire falsifiée et blessée, sinon assassinée.

Comme pour répondre à ce cri de détresse et à faire justice, la génétique vient au secours , non seulement de l'Afrique mais de toute l'humanité. Le monde a connut des mutations, et transformations inégalées. Du premier homme, aux tribus, puis aux royaumes, empires et nations. D'une population insignifiante a près de 6 milliards d'habitants aujourd'hui. The « National Geographic » lance un projet ambitieux. Comment le monde s'est transformé et surtout comment les premiers hommes sont partis de l'Afrique pour gagner les autres continents. Comment l'Afrique a produit d'autres races, d'autres morphologies.

Devoir de mémoire. Mémoire enfouie, mémoire souillée, mémoire assassinée, les scientifiques de « National Géographique » apportent leur contribution et recourent a une arme redoutable : ADN. Ce Projet qui vient d'être lancé, couvrira le monde entier et durera cinq ans. Une première a l'échelle de la planète Il s'agit d'établir le patrimoine génétique de toutes les premières tribus de la planète et d'étudier leur migration. Les chercheurs vont prélever des goûtes de salive, car chaque salive est une page de l'histoire de l'humanité. Une partie de l'équipe des chercheurs est déjà au Tchad. Une tribu - qui ne s'est jamais mélangée aux autres, qui n'a jamais quitté la terre de ses ancêtres- vient d'être identifiée. D'autres populations les plus reculées de la planète sont aussi ciblées, y compris celles de la Sibérie. . Les scientifiques vont comparer les patrimoines génétiques sur tous les continents. 100 000 échantillons d'ADN vont être prélevés en cinq ans. Lors d'un point de presse, pour donner le contours et les objectifs de la recherche, Dr. Spencer Wells –responsable do projet- déclare : « Certains de nos ancêtres ont quitté l'Afrique pour l'Australie il y a 50 000 ans. D'autres émigreront vers l'Europe et la Sibérie, puis vers les Amériques. Avons-nous dans nos veines du sang africain, esquimaux et indien ? La génétique permettra de percer un peu plus les mystères de nos origines ».

Patriotiquement,

Mme Mulegwa Kinja
mulkinja@ip-worldcom.ch

14 Mai 2006
 

IMMIGRATION CLANDESTINE, ESCLAVAGE, TRAITE NEGRIERE

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» De la Francafrique criminelle à l’Immigration clandestine
» En Guyane, le dossier explosif de l'immigration clandestine
» Immigration clandestine. Les petits profits d’Abdoulaye Wade
» Film sur la traite negriere
» Juifs et la traite négrière

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE :: SOCIETE-SOCIETY :: IMMIGRATION-EMIGRATION-
Sauter vers: