C'est long mais ça en vaut vraiment la peine!
Soutenir le gouvernement et Tsahal en ces heures ne sert à rien !
Meïr Ben-Hayoun - Tekoa
vendredi 21 juillet 2006 - 15:12
Comme un réflexe conditionné, la première chose qu’on désire en ces heures de Bérézina israélienne, c’est avoir la sensation
de faire quelque chose en multipliant les initiatives de soutien au gouvernement (voir le discours à la Knesset de Binyamin
Netannyahou, Lundi 17 Juillet), à Tsahal et aux militaires qui sont nos frères, nos enfants ou parfois, nous-mêmes…
Je soutiens qu’à part l’expression d’un sentiment de générosité louable et de solidarité indéniable, cela, non seulement ne
sert strictement à rien, mais nous cause du tort. A charge pour moi d’expliquer cette prise de position agressive, provocante,
polémique, outrancière et scandaleuse de la part de quelqu’un, qui se considère un authentique et pur patriote israélien.
J’avoue qu’à l’instar de ceux, exaspérés par la lecture de ces lignes, je souffre de devoir les écrire. Et que ces propos
sortent du clavier d’une personne qui, arrivée de France à la fin des années 70, a servi dans Tsahal au Liban et pendant plus
de 20 ans en active et en réserve et qui n’est pas pris par des états d’âme pacifiques.
Nous n’aurons pas raison du Hezbollah et de nos autres ennemis absolus grâce au potentiel opérationnel et technologique de
Tsahal, des plus avancées au monde. C’est même tout le contraire, c’est ce potentiel des plus sophistiqués qui a permis au
Peuple d’Israël de vouer un véritable culte à la force militaire virtuelle et par conséquent de se sentir invincible face aux
menaces de destruction proférées à nos portes. Tsahal a cessé d’être cette petite armée du peuple aux moyens rudimentaires,
prête à prendre tous les risques et à faire tous les sacrifices lorsqu’une goutte de sang juif était répandue par terre. Cette
armée qui, lorsque trois parachutistes avaient sauté sur des mines en 1966, sans attendre même l’enterrement des frères
d’arme, dès le lendemain, le commandant du régiment de parachutistes, Raphaël (Rafoul) Eytan, de mémoire bénie, engageait
ses unités dans un raid punitif qui coûta la vie à… 60 légionnaires jordaniens. Tels étaient le barème et la promptitude de
réaction d’une armée pauvre et sommairement équipée, mais qui, un an après, était capable en seulement six jours de
réintégrer le Peuple Juif dans les régions qui constituent le berceau de son Histoire. C’était une armée, sous des aspects bon
enfant, aux critères très rudes et sévères, qui cherchait insatiablement le combat, à établir au plus vite le contact avec
l’ennemi et à l’exterminer en le regardant dans le blanc des yeux.
C’est cette tradition de soldats équipés d’armes à courte portée et au petit calibre comme le célèbre «Ouzi» qui a fait la
légende et la réputation d’efficacité de la première Armée juive apparue sur la scène de l’Histoire après 2000 ans d’exil.
La capacité, prétendue ou réelle, de Tsahal, a servi d’alibi aux pires entreprises aventurières de «paix», en passant par
toutes les abdications et retraites de ces dernières années, que ce soit les malheureux accords de Camp David en 1979, les
maudits accords d’Oslo, le pathétique retrait du Liban par Ehoud Barak en mai 2000, le «désengagement» de Gaza il y a onze
mois et les futurs plans de trahison les uns plus fous que les autres qui, jusqu’à présent, ne font même pas l’objet d’un
nouveau débat.
Les missiles dirigés sur une bande de terre très étroite et fortement peuplée comme le Nord d’Israël, ont produit un nombre
anormalement bas de victimes, vu le nombre exorbitant des katiouchas tirées. Le bilan aurait très facilement pu être de 500
victimes, voire plus, faisant prendre à cette défaite israélienne l’effet de Pearl Harbor ou du 11 Septembre pour les
Américains si le Dieu de miséricorde, qui, comme le confère notre tradition, nous protège à nous, Son Peuple, malgré nos
égarements. Ceci n’est pas l’expression d’une opinion personnelle de crédulité religieuse ou de mysticisme aigue. C’est
l’expression de Vérité de la protection divine que les évènements que nous vivons corroborent quotidiennement. D’ailleurs,
personne ne veut trop réfléchir à ce nombre réduit inexplicable de victimes en dépit de l’intensité et de la précision sans
précédent des tirs, sinon, on serait pris de panique ou de migraine insupportable.
«Tsahal a des réponses pour tous les types de menace. Les citoyens israéliens peuvent dormir tranquilles (comme à Naharya,
ce soir) grâce à leur armée formidable. Les innovations technologiques, le haut niveau des cadres de l’armée sont garants des
risques «calculés» qu’on doit prendre pour s’ouvrir à des perspectives de paix. Le retrait du Liban, de Gaza et de Judée
Samarie réduisent les risques encourus et ouvrent à l’Etat d’Israël des possibilités insoupçonnées. La société israélienne ne
peut se permettre cette situation de guerre permanente qui la mine de l’intérieur. Le Hezbollah, une fois les forces
étrangères (c. à d. israéliennes, pas syriennes) en dehors du Liban, ne sera plus motivé à combattre Israël. Idem pour les
Palestiniens, une fois qu’ils auront réalisé leur autodétermination et obtenu leur propre état. Ils sont réalistes et savent qu’ils
ne peuvent vaincre Tsahal» : Voici l’archétype de discours avec lequel on a sevré le Peuple israélien et les Juifs de diaspora
jusqu’à les abrutir et les soustraire à toute analyse critique, en dépit du fait que ces propos portent en eux-mêmes une
incohérence flagrante : en effet, si Tsahal est si fort qu’on peut se permettre le risque de renoncer à des acquis stratégiques
comme la profondeur territoriale, en quoi préserver cette profondeur territoriale constituerait un danger si Tsahal est si
fort ? Si Tsahal est fort, pourquoi y aurait-il urgence à se retirer de régions qui constituent notre patrimoine national et
éloignent les canons ennemis de nos centres urbains ?! On nous répond que c’est parce que dans ces régions, la majorité des
Arabes nous sont hostiles ! Et si ces régions ne sont plus sous notre contrôle, ces Arabes seront moins hostiles et moins
dangereux ? Comme après le retrait du Liban ou après le «désengagement» de Gaza où les habitants de ces contrées sont
subitement devenus sionistes ? Ne se retire que celui qui est incapable de garder ces régions, n’est ce pas ? C’est comme cela
que les Arabes ont interprété le retrait du Liban et le retrait de Gaza, et pour une fois, ils ne se sont point trompés !
«Tsahal n’est pas si fort que les Israéliens et les Juifs s’en gargarisent, donc pour nous Arabes, le temps est arrivé
d’attaquer l’ennemi juif chez lui, là où il se sent en sécurité et de l’humilier où ça lui fait le plus mal (par exemple en
capturant ses soldats) pour ébranler sa confiance en lui-même et l’éroder petit à petit jusqu’à sa perte finale» Voilà en gros
ce que se disent les Arabes aujourd’hui, et nos réactions mitigées, hésitantes et pathétiques ne font que le conforter.
Pour nous autres Juifs, il reste à savoir si Tsahal est réellement efficace ou pas et peut remplir ses missions, ce qui ne va pas
toujours de paire avec le potentiel technologique et sa richesse en équipement. Ou bien alors, on cherche à se tranquilliser en
se convainquant que Tsahal est fort pour ne pas se confronter à la réalité ? Quel est ce paradoxe du discours juif, qui dit
que nous avons une des meilleures armées au monde, c'est-à-dire que nous sommes pratiquement invulnérables d’une part, et
d’autre part, que nous ne pouvons nous permettre de garder tous nos acquis territoriaux et que, par conséquent, nous devons
composer avec l’ennemi, ce qui signifie en clair que nous sommes vulnérables. On voit bien que ce discours repris par tous les
intellectuels et politiciens juifs et israéliens est incohérent, paradoxal et devrait faire l’objet d’une analyse de spécialiste en
psychologie.
Ce qui est sûr, c’est que la réalité n’a pas grand-chose à voir avec les craintes ou les certitudes exprimées par les élites juives
et israéliennes qui conduisent notre Peuple droit vers l’abîme et mettent en danger les vies de millions de Juifs en Israël et
en diaspora. Sans mentionner l’immoralité et la corruption de toute valeur juive qu’implique l’adoption de la politique que ce
type de discours abracadabrant induit, à savoir, déporter des Juifs de chez eux, détruire leurs maisons, et les faire errer
comme des bannis au profit des pires énergumènes de la planète. Que ce soit en Israël où le Premier Ministre, malgré sa
réputation sulfureuse n’est même plus contesté, bien que la déroute de la politique de désengagement se dévoile au grand
jour et que notre Pays brûle, ou bien même en France où un intellectuel juif comme A. Finkelkraut, souteneur des accords de
Genève, lors de sa rencontre le 9 juillet avec le public juif parisien au Centre Rachi dans le cadre d’une émission de Radio
RCJ (écouter enregistrement sur www.radiorcj.com), n’est pas interpellé par personne sur ces prises de position favorables
aux divers retraits israéliens alors que le Hamas a pris le pouvoir dans l’AP et que les tirs de kassams pleuvent sur Sdérot,
donc que le désengagement témoigne de l’irresponsabilité, la méchanceté gratuite de ceux qui l’ont conçu et de la profonde
bêtise de ceux qui l’ont approuvé et n’ont ni le courage, ni même l’honnêteté de l’avouer, ni la probité intellectuelle de
constater l’évidence qu’ils se sont trompés et nous ont trompés de façon colossale. C’est à se demander parfois si une grande
partie du public juif, en Israël et en diaspora, n’est pas irrémédiablement anesthésié.
Tsahal, l’Armée de Défense d’Israël, est entraînée dans cette pente glissante et sert à mettre en œuvre ces desseins
criminels de désengagement, convergeant avec les plans d’extermination qui se trament chez nos ennemis. Nos bombardements
massifs du Liban coûtent la vie à de nombreux libanais «innocents» - on doit le reconnaître, même si personnellement cela ne
m’émeut pas du tout – d’ailleurs, on remarquera que plus de 220 victimes libanaises suscitent beaucoup moins de protestations
de la part du monde entier que lorsque l’enfant El Dura a été tué par une balle perdue palestinienne dont on rend Tsahal
responsable.
Essayons de comprendre pourquoi. L’explication que je propose est que ces bombardements massifs ne remettent pas en cause
le principe de retrait territorial israélien que les Américains, les Européens, les Russes, l’ONU et les Arabes, sans oublier les
Israéliens, soutiennent. Si une seule botte israélienne avait foulé le sol libanais à Rosh-Hanikra, on aurait entendu un de ces
tintamarres d’indignation à tout casser de part et d’autre de la planète. Là, les protestations sont très mitigées du genre «la
réaction israélienne est disproportionnée» Cette critique est presque un hommage par rapport avec ce qu’on avait l’habitude
d’entendre. L’Union européenne fronce les sourcils, mais il n’y a pas de proposition de boycott des produits israéliens, comme
après Jénine où seulement 55 Palestiniens avaient été tués. Pourquoi ? Non pas que le monde comprenne mieux les Israéliens
aujourd’hui comme des esprits précipités et faussement naïfs le prétendent, mais parce que la réaction israélienne, même
considérée disproportionnée, ne remet pas en cause le principe de retrait territorial israélien. Et on veut le maintien au
pouvoir de celui qui a promis que les Israéliens non seulement ne réinvestiraient pas les territoires déjà évacués au Liban et à
Gaza, mais qui fait du futur désengagement l’axe central de sa politique. Donc tant qu’il fait tuer des libanais «innocents»
mais ne fait pas bouger ses troupes, on le laisse faire.
Plus d’une semaine après l’offensive du Hezbollah, pas une force terrestre israélienne ne s’est encore introduite en territoire
libanais pour faire le travail que les tirs d’artillerie et les bombardements aériens les plus précis ne peuvent réaliser. Chose
impensable il y a encore quinze ans selon les critères très sévères de réaction que le leadership militaro sécuritaire israélien
s’était fixé. Pour démanteler un potentiel militaire et réduire à néant l’ennemi, ce sont exclusivement l’infanterie, les blindés,
le génie militaire qui assurent l’achèvement de ce travail. Les Américains et les Anglais n’on pu se contenter des
bombardements massifs en Afghanistan et en Iraq. Ils n’ont pas eu d’autre choix que d’investir les territoires de ces pays par
des troupes terrestres afin d’y atteindre leur objectif.
S’introduire au Liban et à Gaza est incontournable, bien que cela représente un danger pour le jeune appelé israélien.
Préfère-t-on voir sa maman ou sa petite soeur à Haïfa ou sa grand-mère à Sdérot prendre le risque d’être en première ligne
de feu à sa place ? Et de plus, la destruction des infrastructures libanaises ou palestiniennes, voir la mort massive d’Arabes
civils que les bombardements israéliens provoquent, n’entament en rien la motivation du Hezbollah au Nord et du Hamas au
Sud à poursuivre leurs agressions. Non seulement, ça ne leur fait rien, mais ça leur fournit de l’eau à leur moulin et les
motivent encore plus. D’autant plus que Tsahal, en dépit des apparences, s’efforce d’éviter de tuer des civils, sinon ce sont
des milliers de morts que le Liban et Gaza auraient à pleurer.
Dans la conception politique militaire du monde arabo-musulman, ce qui constitue une défaite cuisante plus que la mort
massive, c’est la perte de territoires. Et afin que cette défaite arabe soit intégrée par les concernés, il est impératif que les
pertes de territoires leur soient définitives et sans appel, d’autant plus que les régions en question font partie intégrante
d’Eretz Israël, que ce soit Gaza, le Liban et toutes les régions occupées par nos voisins directs.
Jeu 27 Juil - 3:37 par mihou