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 "L’ex-ministre américain Henry Kissinger a tué plus que

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mihou
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mihou


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"L’ex-ministre américain Henry Kissinger a tué plus que Empty
08062005
Message"L’ex-ministre américain Henry Kissinger a tué plus que

"L’ex-ministre américain Henry Kissinger a tué plus que Ben Laden"

Martín Almada, 65 ans, enseignant et avocat aux Etats-Unis et au Paraguay, est le découvreur des archives du plan Condor, le gigantesque réseau de répression mis en place par les dictatures d’Amérique du Sud (Chili, Argentine, Paraguay, Uruguay), qui a servi à torturer et à assassiner des milliers de personnes avec l’accord des États-Unis. Sa découverte, “les Archives de la Terreur”, a ouvert une brèche dans le mur d’impunité qui protège encore les responsables des dictatures. Il a reçu le 9 décembre 2002 le prix Nobel alternatif pour son action en faveur des droits de l’homme et la protection de l’environnement dans son pays. (20 décembre 2002)



Où se trouvent actuellement les “Archives de la Terreur “?


Elles ont été transportées au palais de justice d’Asunción (Paraguay). Nous sommes en train de les microfilmer. L’accès du public est libre. L’idée est ensuite de mettre toutes ces informations sur Internet afin que chacun puisse y avoir accès. Il y a encore beaucoup de gens en Amérique du Sud qui recherchent des informations sur cette période (en gros, du début des années 70 à la fin des années 80), qui veulent désespérément trouver comment sont morts leurs disparus ou un indice concernant le lieu où se trouvent leurs cadavres. C’est toute l’histoire de la répression qui se trouve là. Le Paraguay de Stroessner a joué le rôle de banques de données. Il y a beaucoup de choses à voir, des documents très variés : revues, livres, fiches d’identité, papiers administratifs, correspondance militaire et d’espionnage, photos, lettres…

Pourquoi les grands dictateurs d’Amérique latine sont-ils encore libres ?

C’était et c’est toujours une véritable mafia militaire. Ils se protègent tous entre eux et ils en ont les moyens financiers. C’est comme ça que Stroessner bénéficie de la protection des militaires brésiliens actuellement. Ceux qui sont poursuivis dans leur pays passent dans les pays voisins où ils ont un réseau de complices. En un sens, le plan Condor continue à fonctionner. Ces tortionnaires ont amassé illégalement des fortunes colossales qui leur permettent d’acheter l’aide ou le silence de beaucoup de monde.

Mais alors, que faudrait-il faire pour les coincer ?

Eh bien justement, une bonne piste serait d’enquêter sur la partie économique des dictatures. De mettre en lumière les richesses accumulées par les répresseurs, et avec quelles complicités. On découvrirait des choses terribles. La chambre d’industrie et de commerce du Chili doit posséder des documents prouvant la complicité des industriels locaux avec Pinochet et établissant leurs liens avec l’armée chilienne. De surcroît, on doit y trouver de nombreuses références de comptes bancaires en Suisse. Et au Paraguay, en Argentine, il faut suivre la trace des biens volés aux disparus. L’impunité génère deux choses : plus de corruption et plus de répression. Nous devons connaître la vérité. Si nous possédons des documents écrits, nous pouvons traîner ces gens en justice.

Depuis l’affaire Pinochet, des avancées ont quand même eu lieu concernant l’impunité.

Oui, heureusement. Mais tout avance lentement en matière de droits de l’homme. En avril dernier, un mandat d’arrêt international a été lancé contre Stroessner et Sabino Montanaro [son ex-ministre de l’Intérieur], ce qui est une bonne chose. En Argentine, de nombreux tortionnaires sont en résidence surveillée. Les associations appartenant à la société civile font un travail formidable pour faire triompher la vérité.

Quel est le rôle des Etats-Unis dans la recherche de la vérité concernant les dictatures sud-américaines ?

L’attitude américaine est complètement contradictoire. D’une part le gouvernement Clinton ordonne l’ouverture des archives de la CIA en 2000 et d’autre part on nomme ce mois-ci Henry Kissinger [ministre des Affaires étrangères de 1973 à 1977 et Prix Nobel de la paix] président de la commission d’enquête sur les attentats du 11 septembre. [En fait, Kissinger a refusé cette mission le 13 décembre.] Tout le monde sait bien le rôle sinistre joué par Kissinger en Amérique latine. La déclassification des documents de la CIA, l’enquête menée par le journaliste anglais Christopher Hitchens (“The trial of Henry Kissinger”), et les documents trouvés dans les Archives de la Terreur prouvent que Kissinger était un véritable cerveau du terrorisme d’Etat qui a sévi dans la région de 1973 à 1986. Avec les milliers de morts de ces dictatures, on peut dire que Kissinger a largement battu Ben Laden au niveau des victimes du terrorisme !

Y a-t-il une transparence de la part des Etats-Unis sur les documents révélés ?

De toute façon le gouvernement américain ne prend pas l’initiative de dévoiler des documents. Il faut qu’il y ait une demande formulée et cela prend du temps. En plus, le département d’Etat remet ces documents en les censurant, beaucoup de passages sont noircis. Surtout quand ils compromettent les Etats-Unis dans les crimes.

L’opinion publique américaine ne peut-elle faire avancer les choses ?

Il n'y a pas d’opinion publique aux Etats-Unis à l’heure actuelle. C’est le règne de la pensée unique. Cela limite énormément toute action en faveur de la vérité et des droits de l’homme.

Est-ce vrai qu’en Amérique latine un plan Condor 2 fonctionne encore actuellement, en démocratie ?

Oui, parfaitement. On sait que des réunions de haut-gradés militaires ayant eu un rôle clé pendant les dictatures se sont tenues dans divers pays. Ceux-ci utilisent comme vitrine la réunion bisannuelle de la Conférence des armées américaines (CEA) [héritée de la guerre froide]. [Ils se sont réunis en 1997 en Argentine et à Quito (Equateur), là sous l’égide d’Augusto Pinochet, et en 1999 en Bolivie, sous la bénédiction du général Hugo Banzer, dictateur local décédé en mai 2002]. En novembre 2001, ils se sont même réunis au Chili avec l’accord de Ricardo Lagos [le président socialiste élu en 2000]. C’est terrible, parce que les présidents démocratiques cautionnent cela en vertu de leur fonction de chef des armées. Nous avons écrit à Lagos et demandé à assister à ces assemblées, mais l’accès nous en a été refusé.

Quel est le but de ces réunions de militaires ?


Eh bien, le même qu’autrefois. Resserrer les liens du réseau, échanger des renseignements sur l’état des poursuites à leur encontre, pour mieux s’en protéger, et surtout établir les listes des supposés subversifs [opposants]. Ces militaires sont vraiment dangereux car ils ont énormément de moyens financiers et sont assez désœuvrés.

Mais qui sont les subversifs d’aujourd’hui ?

Nous pensons que Condor 2 a pour but de freiner tous les mouvements opposés à la mondialisation et aux politiques néolibérales. Les nouveaux opposants sont les paysans sans terre, les pauvres qui revendiquent plus de justice sociale, les journalistes qui enquêtent sur la vérité, les associations civiles, les défenseurs des droits de l’homme, des droits des indigènes, etc.

Le rôle de la société civile s’est beaucoup accru en Amérique latine ces dernières années, face aux crises tant économiques qu’institutionnelles dans lesquelles replonge le sous-continent. L’espoir ne réside-t-il pas là ?

Oui, c’est mon espérance. Le changement en profondeur, dans ces pays, ne viendra pas d’en haut. Regardez ce qu’il s’est passé au Brésil [avec l’élection en octobre d’Ignacio Lula Da Silva, un président issu de la gauche populaire]. Le changement vient de la base même, de la société civile, qui s’est développée justement parce que l’Etat n’a pas rempli sa mission de protection du peuple. On le voit dans l’Argentine de la crise et ailleurs. Ce sont les gens, l’opinion publique, qui vont forcer les gouvernements et les marchés à considérer le bien-être de tous.


Quelles sont aujourd’hui vos activités au Paraguay ?

J’ai créé la fondation Celestina Pérez, du nom de ma première femme, morte sous la torture. Cette fondation lutte contre la pauvreté et la préservation de l’environnement. Avec le soutien de l’Espagne, nous mettons en place un programme de développement des zones rurales grâce à l’énergie solaire. Grâce au soleil, nous déshydratons des plantes médicinales et les conditionnons pour la vente sur le marché local. Au Paraguay, il y a beaucoup de pauvreté et les gens n’ont pas accès aux médicaments. C’est pour cela qu’il est essentiel de développer une médecine traditionnelle alternative. Soixante-dix femmes s’occupent de faire tourner cette affaire. Les ressources en jeu sont l’imagination, la créativité, la reconnaissance du potentiel humain et la valeur des éléments naturels. Nous fabriquons aussi du papier végétal fait à la main à partir de feuilles de fruits ou d’arbres. Nous le vendons pour les arts plastiques, les faire-part… Avec une ONG suisse, Volog, nous avons créé un village indien qui fonctionne entièrement à l’énergie solaire. Le tout à l’échelle humaine : 42 familles bénéficient ainsi de la lumière, de réfrigérateurs, de ventilateurs, de cuisinière… avec, bien sûr, zéro pollution.

L’environnement est votre autre domaine d’action ?

Vous savez, protéger l’environnement, c’est aussi protéger les droits de l’homme. Créer des emplois, c’est également agir en faveur des droits de l’homme.

Que représente ce prix Nobel alternatif pour vous [le prix est doté de 220 000 dollars à partager entre quatre lauréats] ?

Pour moi, c’est tout d’abord un grand soutien moral. La reconnaissance de ma lutte. Ensuite, c’est le moyen de former une équipe en matière de droits de l’homme. Je n’ai pas de relais dans les autres pays d’Amérique du Sud, car les gens n’ont pas les moyens, et en plus ces recherches sont risquées. Avec le prix, je vais pouvoir rechercher des gens pour m’aider. Je voudrais par ailleurs agir dans le domaine de l’éducation. Transmettre aux générations futures cette histoire. Au Paraguay, par exemple, je me rends compte que les jeunes ne savent pas ce qu’il s’est passé pendant les dictatures. Et pourtant ce sont eux qui feront la nation future. C’est de la prévention, et puis c’est le moyen de contrer cette politique de “mémoire interdite” pratiquée par les gouvernements et qui entretient l’impunité. Au Paraguay, 50 % de la population est jeune. Les vieux sont résignés et trop occupés à survivre pour penser. Ce sont les jeunes qui bougent, l’espoir de temps meilleurs réside là.

Propos recueillis par Christine Lévêque,
© Courrierinternational.com




BIOGRAPHIE
Une découverte de plus de cinq tonnes
Martin Almada fut emprisonné et torturé entre 1974 et 1977 dans un camp de concentration paraguayen sous la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989). Exilé au Panamá, puis en France, il a été mandaté par l’UNESCO pour promouvoir de 1986 à 1992 le développement rural en Amérique latine et en Afrique. Il présenta en 1992 devant les tribunaux paraguayens une demande d’accès à ses antécédents policiers et militaires et commença parallèlement sa propre enquête. C’est comme ça que le 22 décembre de la même année, guidé par des informations anonymes, il découvrit dans un bureau du siège de la police de Lambaré (à quelques kilomètres d’Asunción) les gigantesques archives de la police de Stroessner (actuellement réfugié au Brésil), preuves de la véritable dimension du plan Condor. Une documentation de plus de cinq tonnes, appelée “les Archives de la Terreur”, brèche dans le mur de l’impunité qui protège encore les responsables des dictatures. A ce jour, le dépouillement des archives continue. Seulement 80 % des documents ont pu être examinés.
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