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 Cuba: entre l'enfer et le paradis

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Tite Prout
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Tite Prout


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Localisation : Montréal
Date d'inscription : 01/06/2005

Cuba: entre l'enfer et le paradis Empty
19032006
MessageCuba: entre l'enfer et le paradis

Le paradis...peut-être, si l'on sait se contenter de manger, d'avoir un toit et de profiter des minutes de la vie.
L'enfer, si la voie capitaliste du "toujours plus" est déjà entrée dans votre coeur.

Laurie

Entre l'enfer et le paradis

Isabelle Hachey

La Presse

La Havane

Cuba est un purgatoire dont on ne voit pas le bout. Le système séduit à prime abord, mais on voit vite que ça craque de partout. La vie au quotidien est ardue, exigeante. Le système D vient heureusement à bout de bien des contrariétés. De ces contrariétés que les touristes ne voient pas, ou si peu.

Te espero. Je t'attends. Les mots sont gravés sur le bracelet de Juan Gonzalez. C'est une femme, une Française, qui le lui a offert. Comme ce mémorable souper aux chandelles au chic Maxim's de Paris. Et comme toutes ces nuits, ardentes, au coeur de la Ville lumière. «Elle était folle amoureuse de moi, confie-t-il en effleurant la chaînette argentée du bout des doigts. Mais elle n'a pas réussi à me retenir.»

Malgré les privations, malgré la dictature, Juan Gonzalez ne voudrait quitter Cuba pour rien au monde. Pas même une femme.

Nous sommes attablés à la terrasse d'un bistrot qui n'accepte que les pesos convertibles, la monnaie des touristes, presque inaccessible aux Cubains ordinaires. Autour de nous, des étrangers ventrus et grisonnants se pavanent aux bras de Cubaines plus jeunes et plus mignonnes les unes que les autres. Non loin, des gamins hilares se rafraîchissent sous les lames qui se brisent avec fracas contre le Malecon, le grand boulevard de La Havane qui longe l'Atlantique.

Juan Gonzalez (nom fictif) n'est pas un partisan du gouvernement castriste. Ce professeur quinquagénaire en a assez des pénuries chroniques, de l'apartheid touristique, des disparités qui affligent une société soi-disant égalitariste, d'un régime à la Big Brother qui rend les Cubains paranoïaques. «On nous surveille, chuchote-t-il, l'air nerveux. On sait que je suis en train de discuter avec vous.»

Pourtant, Juan Gonzalez ne peut se résoudre à partir. «À Cuba, j'aime le ciel, la mer, les gens. Nulle part au monde je n'ai trouvé la même ambiance. Quand je pars en voyage, j'ai toujours très envie de revenir. C'est mon pays.»

Un pays de contradictions. Ni noir, ni blanc, quoiqu'en disent les ennemis et les admirateurs du castrisme qui, de Miami à Montréal, se livrent une farouche guerre de propagande depuis maintenant un demi-siècle.

Un pays de contradictions

Pour le plus grand bonheur des touristes, La Havane respire encore le charme de l'époque coloniale espagnole, comme figée dans le temps, avec ses grandes maisons à colonnades. La capitale résiste encore et toujours à l'envahisseur – les Gap et McDonald's de ce monde n'y ont décidément pas leur place.

Ici, pas de réclames publicitaires ni d'affreuses enseignes au néon. Les seules affiches – omniprésentes – font la propagande du régime.Vamos bien, dit l'une d'elles, montrant Fidel Castro vêtu de son éternel uniforme olive. «Nous allons bien», assure donc le Lider Maximo à son peuple, comme pour l'en convaincre. La pénible crise ayant suivi la chute de l'empire soviétique, ancien mécène de l'île communiste, serait finalement en train de se résorber.

Mais les Cubains vont-ils vraiment bien ? Pas si mal, à en croire Alexis Grela, barbier à La Havane. Il discute en taillant des moustaches, à l'étroit sous une cage d'escalier éclairée par un néon grésillant. «Tout le monde a le téléphone et l'électricité. On ne peut en dire autant dans plusieurs pays d'Amérique latine. Et tous les enfants vont à l'école. Vous n'en verrez pas en haillons, se faufilant entre les voitures pour quémander quelques pesos. Ici, ils ont le droit d'être des enfants.»

C’est vrai, les petits écoliers en uniformes bourgogne qui s'amusent après les classes dans les rues de La Havane font plaisir à voir. Mais, disent les Cubains aigris, à quoi servent les programmes d'alphabétisation quand le régime censure les livres jugés «antirévolutionnaires»? À quoi servent les cliniques gratuites s'il n'y a pas de médicaments quand nous sommes malades?

Comme une belle américaine

Cuba fait penser aux voitures américaines des années 50 qui sillonnent les rues de La Havane : séduisantes au premier coup d'oeil, mais fort mal en point quand on les observe de plus près. Rafistolées des dizaines de fois, elles étouffent à tout moment, crachent une fumée noire nauséabonde et dissimulent sous leur capot un moteur Lada d'une autre ère. On s'étonne de les voir rouler, à force de débrouillardise, malgré la misère et le temps qui passe.

L'île paradisiaque de nos hivers trop rudes séduit, mais sous son capot se cache un système à la soviétique qui craque de partout. La capitale si bien protégée du capitalisme est en train de s'écrouler. Littéralement. Chaque année, 300 immeubles s'effondrent, exposant toujours plus crûment la faillite d'un régime fossilisé.

Carnet de rationnement trop mince, pannes, nids-de-poule géants, aqueducs qui coulent plus qu'ils ne livrent d'eau... les Cubains croulent sous les problèmes. Et c'est sans parler de l'accablante médiocrité des transports publics.

Gilberto, un professionnel de La Havane, aimerait acheter une voiture, mais il sait bien que c'est impossible. Pourquoi rêver? Il n'a pas l'argent, ni même la permission du gouvernement. Alors, comme des millions d'autres Cubains, il s'installe au bord de la route et attend qu'un automobiliste daigne le cueillir. Sinon, il se fraye un chemin à bord d'un bus archiplein ou à l'arrière d'un camion. «Souvent, dit-il, les gens s'empêchent de sortir de chez eux parce qu'ils craignent de perdre leur journée à voyager.»

Vamos bien, disent pourtant les affiches. En tout cas, Fidel Castro, lui, va bien. Son alliance avec le président vénézuélien Hugo Chavez a donné un nouveau souffle à la révolution cubaine, que l'on croyait en phase terminale après l'effondrement du bloc communiste. Ragaillardi, le «commandant en chef» semble vouloir effectuer un retour aux années 70, en démantelant une à une les réformes qui avaient signalé une certaine ouverture et en resserrant sa poigne contre les dissidents politiques, invariablement accusés d'être à la solde des États-Unis.

Un paradis sélect

Cuba, c'est l'enfer ou le paradis, selon le filtre par lequel on décide de l'observer. C'est un «néostalinisme tropicalisé», s'indignent les exilés, dont les plus furieusement anticastristes forment la puissante bourgeoisie cubaine ayant trouvé refuge en Floride après la chute du dictateur Batista. C'est le «dernier bastion socialiste» résistant héroïquement à l'impérialiste américain, rétorquent les nostalgiques qui vouent un culte romantique – et aveugle – à la révolution cubaine.

C'est le cas de Jean-Guy Allard, 57 ans, qui a abandonné un poste auJournal de Montréal pour devenir journaliste àGranma International, l'organe officiel du Parti communiste cubain. Fidel Castro était le «Robin des bois» de sa jeunesse, explique-t-il. Et l'éternel duel Québec-Canada l'ennuie à mourir. «Ici, ils l'ont leur souveraineté, et ils la défendent contre la plus grosse puissance économique au monde. C'est un peu ça, aussi, qui m'a fait craquer pour Cuba.»

En 30 ans de service chez Quebecor, M. Allard n'a jamais raflé un prix de journalisme. Mais depuis cinq ans, mentions et médailles s'accumulent dans son appartement de La Havane. Il les exhibe fièrement, bien qu'il écrive pour une feuille de propagande dans un pays où la liberté de presse n'existe pas. Mais il préfère voirGranma comme «un journal militant dans un pays en guerre».

M. Allard s'est marié avec une jeune Cubaine, à qui il a fait un enfant. De ses années chez Quebecor, il a accumulé un fonds de retraite avec lequel il s'en tire beaucoup mieux que les Cubains qui l'entourent. Cela ne correspond peut-être pas à ses convictions égalitaristes, mais ça rend la vie plus douce. Et ce n'est qu'une contradiction de plus sous le soleil cubain. Comme le dit si bien Juan Gonzalez, «Cuba est un paradis pour ceux qui peuvent se le payer».
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