Le cholestérol vaut de l'or
Hirtzmann, Ludovic
Collaboration spéciale
La lutte contre le cholestérol est devenue payante pour les Français. Certains assureurs verseront désormais une prime à leurs clients qui achètent des produits anticholestérol.
Mort aux acides gras saturés et autres bourreaux des artères. L'un des principaux assureurs français, la MAAF, a décidé de s'associer au géant agroalimentaire Unilever pour réduire le taux de cholestérol de ses assurés.
Plus de 10 millions de Français sont touchés par ce fléau. Le cholestérol est considéré comme l'un des principaux facteurs des maladies cardiovasculaires. C'est aussi la première cause de mortalité en France.
Partant du constat, que chaque année, 170 000 personnes meurent d'une affection cardiovasculaire dans l'Hexagone, l'assureur, bon prince et bon comptable, a vu là un moyen d'augmenter substantiellement la durée de vie de certains de ses assurés.
" À partir du début 2006, chaque adhérent santé de MAAF Assurances qui, pour faire baisser son taux de cholestérol, consommera régulièrement les produits de la gamme Fruit d'or pro. activ enrichis en stérols végétaux (produits distribués par Unilever), dans le cadre d'une alimentation variée et équilibrée, bénéficiera d'une offre " Pur bonus santé ", allant jusqu'à 40 euros (57 $), à déduire de sa cotisation santé 2007 ", explique Marie-Pierre Michel, responsable des relations extérieures de la MAAF.
Le régime proposé par l'assureur comporte par exemple des margarines permettant de diminuer de 10 % à 15 % le taux de mauvais cholestérol. Les assurés devront bien sûr envoyer des preuves d'achat afin de bénéficier de leurs 40 euros (environ 50 $) de crédit d'assurance.
Décision controversée
La décision de la MAAF de s'associer à Unilever, une entreprise commerciale dont tous les aliments sont loin d'être sans cholestérol, a été perçue par les professionnels de la santé français comme un gigantesque coup marketing.
Plusieurs voix se sont élevées pour rappeler qu'un taux de cholestérol important n'est qu'un élément parmi d'autres contribuant aux maladies cardiovasculaires. Les infarctus. par exemple, dépendent de nombreux autres facteurs, tels que l'âge ou encore les antécédents familiaux.
Par ailleurs, la consommation d'une gamme de produits sans cholestérol pourrait, à tort, être considérée par certains assurés comme un traitement médical. Le ministre français de la santé, Xavier Bertrand, a récemment alimenté la polémique dans le quotidien Le Monde en déclarant qu'il " ne faut pas faire croire que ces alicaments sont des médicaments ".
D'autres rappellent que la gamme de produits anticholestérol d'Unilever coûte plus cher que les autres aliments. Si le consommateur retrouve la santé, il devra donc y mettre le prix.
Unilever a déjà signé, l'an dernier, un accord avec un assureur néerlandais. D'autres assureurs français seraient séduits par le procédé et prêts à s'engager eux aussi très prochainement.