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 L'Afrique ballottée entre libéralisation et protectionnisme

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mihou
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mihou


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L'Afrique ballottée entre libéralisation et protectionnisme Empty
04112005
MessageL'Afrique ballottée entre libéralisation et protectionnisme

Le Monde ECONOMIE

Etats-Unis - Europe, un commerce obligé
L'Afrique ballottée entre libéralisation et protectionnisme
Pour assurer son développement, le continent noir doit miser sur le commerce régional

Brigitte Breuillac

DAKAR de notre envoyée spéciale - L'Afrique est un acteur marginal de l'économie mondiale. Ce constat, si cruel semble-t-il, s'impose. Le plus grand continent de la planète pèse moins de 2 % du commerce mondial et a reçu, en 2000, 1,2 % des investissements directs étrangers. Accroître l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale apparaît donc comme un défi majeur qui préoccupe aussi l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En témoigne la conférence que l'Organisation a organisée à Dakar (Sénégal), du 23 au 25 avril. Pour la première fois de son histoire, ce club de pays riches a réuni, en terre africaine, des économistes, des ministres, des diplomates et des représentants du secteur privé venus de tous les continents.

Dans sa stratégie de dialogue avec les pays non membres, l'OCDE s'était ouverte aux économies d'Europe en transition et aux économies émergentes. « Mais on s'est rendu compte qu'il restait un grand trou : les économies en développement, relève Eric Burgeat, le directeur du Centre de coopération avec les pays non membres. Et maintenant nous voulons mener un dialogue fondé sur une analyse solide, en dehors des cadres de négociations. »

La mondialisation est passée par là. Constatant que cette évolution se traduit par une expansion du flux d'investissements des multinationales ainsi que du commerce international, l'OCDE a voulu que la conférence de Dakar sur le commerce et l'investissement réfléchisse à « une Afrique qui tire bénéfice de la mondialisation ». A l'ouverture de la conférence, le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, a résumé l'enjeu. « L'Afrique, a-t-il dit, accepte d'être dans la mondialisation plutôt que d'être à l'écart.... Free trade d'accord, mais fair trade aussi », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité d'un commerce libre mais aussi équitable.

Rappelant qu'aucun pays au monde ne s'était développé par le biais de l'aide et du crédit, il a réaffirmé que « la réponse de l'Afrique est le Nepad » (le Nouveau partenariat pour le développement en Afrique), qui s'articule autour de « trois paramètres : la bonne gouvernance, la région comme espace opératoire et le secteur privé comme pourvoyeur essentiel des investissements ».

Le constat est en effet unanime. La politique d'aide au développement a fait la preuve de son échec et le fossé entre les pays développés et l'Afrique ne cesse de se creuser. Comme l'a souligné une responsable ougandaise, son pays qui se trouvait, il n'y a pas si longtemps, au même niveau que la Corée du Sud est aujourd'hui largement distancé par ce tigre d'Asie. La nécessité de nouvelles stratégies de développement où le secteur privé est au coeur de la relance de la croissance apparaît clairement. Seulement la perspective de l'ouverture des marchés suscite des appréhensions. Plusieurs intervenants ont ainsi souligné que la compétition est inégale et qu'il faut maintenir des barrières protectionnistes, pendant quelques années en Afrique. « Nous sommes tous passés par là pour développer notre force industrielle et aider nos entreprises à se consolider », a reconnu Dato Jegathesan, ancien directeur de l'Autorité pour le développement industriel en Malaisie.

Rôle crucial

Certes, comme l'a rappelé Herwig Schlögl, secrétaire général adjoint de l'OCDE, les pays en développement ont joué « un rôle crucial en négociant l'agenda de Doha », où la composante développement a été intégrée. Mais, aujourd'hui, ils déplorent que les pays du Nord ne respectent pas les engagements pris à Doha (Qatar) concernant l'accès aux médicaments génériques, toujours bloqué du fait des Etats-Unis, ou la question du traitement spécial différencié et celle des subventions agricoles dans les pays riches.

Alors que l'initiative du président Chirac pour un moratoire sur certaines subventions agricoles a été saluée, les Etats-Unis ont notamment été mis en cause pour les soutiens accordés aux producteurs américains de coton qui mettent en péril la filière de l'or blanc au Bénin, au Burkina et au Mali. « L'euphorie suscitée à Doha a été dilapidée par des tergiversations et il y a maintenant un problème de confiance au sein de l'OMC », a jugé Omar Hilale, coordinateur du groupe africain à l'Organisation mondiale du commerce.

Les pays africains ont conscience des nombreux obstacles à surmonter sur la voie de la mondialisation, notamment la faiblesse de leurs capacités pour mener à bien les négociations à l'OMC où ils représentent pourtant le tiers des pays membres. Pour développer le commerce et l'investissement, l'accent est mis sur la dimension régionale. « C'est le point de départ de la mondialisation », a indiqué M. Hilale. De même, l'Union européenne suivant la logique de l'accord de Cotonou (Bénin) passé avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) va nouer des accords de partenariat économiques régionaux et commencer en septembre les négociations avec la région de l'Afrique de l'Ouest.

Titre complémentaire : Négociations commerciales multilatérales du cycle (round) de Doha - préparation de la réunion ministérielle de l'OMC à Cancun en septembre - 3 pages

Catégorie : Économie
Sujet(s) uniforme(s) : Politique extérieure et relations internationales; Économie mondiale
Taille : Moyen, 581 mots

(c) 2003 SA Le Monde. Tous droits réservés.

Doc. : news·20030506·LM·0MDE0605_612136




Le Monde
Economie, mercredi 23 avril 2003, p. 3

Papa Demba Thiam, économiste principal au Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest-OCDE
"S'ils ne veulent pas disparaître de l'Afrique, il est temps que les Européens se réveillent"

A quoi attribuez-vous le regain d'intérêt des américains pour l'afrique ?

L'intérêt manifesté par le précédent président américain était à la fois affectif et politique. Bill Clinton voulait soutenir des régimes propres et vertueux, militant en faveur du développement. Cela a donné naissance à l'Africa Growth and Opportunity Act (AGOA), réglementation qui offre un régime douanier préférentiel pour certaines marchandises en provenance des pays africains désignés par Washington. Cette loi est pleine de naïveté, mais les Américains connaissent mal l'Afrique !

Surtout, l'AGOA repose sur la croyance que le développement peut être relancé par le biais des exportations. Or nous savons d'expérience que les accords préférentiels tels que ceux signés par les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) avec l'Union européenne à Yaoundé, Lomé ou Cotonou ne suffisent pas : ces régimes de faveur n'ont pas empêché les exportations de l'Afrique vers l'Europe d'être divisées par trois. Le problème n'est pas l'accès aux marchés, mais l'accroissement des capacités de production, d'autant plus que les nouvelles règles du commerce mondial interdiront bientôt ce genre de préférences douanières.

L'administration Bush, elle, est dominée par un entourage présidentiel issu du monde de l'entreprise. Avec eux, la démocratie passe au second plan. Dans l'état actuel des forces productives en Afrique, ils s'intéressent en priorité à la ressource la plus accessible : la ressource énergétique. Le pétrole du golfe de Guinée est une porte d'entrée pour les Américains, mais ils vont trouver d'autres opportunités économiques, ce que les Français, par exemple, pétris de leur culture administrative, n'ont pas su faire, jouant l'arachide alors qu'elle n'était pas adaptée au sol sénégalais...

Dans quels secteurs ?

Le bois, le gaz et le pétrole sont les ressources les plus évidentes, mais les Américains vont essaimer ailleurs. Il existe des opportunités dans l'industrie agroalimentaire, et les Africains doivent jouer la carte qu'ils n'ont jamais utilisée d'un partenariat avec les entreprises privées américaines.

Car certaines matières premières, comme les fruits tropicaux, ont un potentiel de développement important. Pourquoi n'y a-t-il pas d'unité de fabrication de jus de bissap -extrait de l'hibiscus- en Afrique ? Pourquoi ne profitons-nous pas du fait que le kilo de crevettes se vend 20 dollars, alors que le baril de pétrole ne vaut que 25 dollars ? Pourquoi la Côte d'Ivoire n'a-t-elle pas transformé le caoutchouc de ses plantations d'hévéas ?

Il faut que l'Afrique s'insère dans une chaîne de production, qu'elle entre dans une logique de sous-traitance, laissant aux entreprises multinationales les frais de marketing et de commercialisation. Nous devons travailler avec Coca-Cola ou Danone. Pour cela, il faut que nous mettions en place un véritable cadre économique propice à la création de valeur ajoutée en Afrique.

Pensez-vous que le renforcement de la présence américaine favorisera la mise en place de ce cadre ?

J'espère que cette pression poussera nos amis français à se montrer plus actifs et à contribuer à l'élaboration d'une politique de programmation économique et d'aménagement du territoire. Si les Européens ne veulent pas disparaître de l'Afrique, il est temps qu'ils se réveillent ! Leurs entreprises se comportent toujours en rentiers et leurs managers en fonctionnaires, comme le prouvent les nombreuses privatisations des réseaux d'électricité. Quand comprendront-ils que les opportunités abondent, pour peu qu'on sorte des schémas établis et de la paresse intellectuelle ?

Il y a en Afrique de l'Ouest de bons réseaux de télécommunications et des artistes capables de fournir, via Internet, une infographie de qualité et bon marché à Microsoft, Schlumberger ou à la Sema. Pensez ! Pas de droits de douane, pas de frais de transport et des prix bas. Il nous faut seulement de l'argent pour cela, mais les banques françaises financent seulement les grands groupes...

Le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) permettrait-il d'aider les zones dépourvues de matières premières ?

Si le Nepad accroît les capacités de production, oui. Une autoroute ne doit pas seulement être construite en plein désert ; elle doit créer des opportunités supplémentaires pour une région et pour les acteurs économiques. Le Nepad doit donc orienter les choix en matière d'infrastructures comme en matière d'éducation. En fait, il consiste en une politique de distribution des potentiels de croissance.

Ne risque-t-on pas de laisser pour compte les pays les plus défavorisés, en laissant jouer les seules forces du marché ?

Il n'y a pas de choix cornélien en la matière. L'investissement se localisera, bien sûr, dans les secteurs et les endroits où les efforts et les risques seront moindres. En Afrique, il n'est pas possible d'appuyer sur un bouton en espérant que l'impulsion descende automatiquement et rapidement jusqu'aux acteurs économiques. Les politiques macroéconomiques de type mécaniciste ne marchent pas chez nous, parce que nous ne possédons pas les systèmes de diffusion adéquats. Le tissu économique ne digère pas ce genre de décisions venues d'en haut.

N'est-ce pas un point de vue de chef d'entreprise ?

Ne croyez pas que j'adopte un point de vue purement microéconomique ! Je pense certes qu'aucune économie ne peut fonctionner sans entreprises et qu'une entreprise ne vend pas dans l'abstrait : elle produit les biens pour lesquels existe un marché. Mais, pour prospérer et créer de la richesse, elle a besoin d'un environnement économique adapté et, cela, seule la puissance publique peut le lui procurer. Savez-vous qu'il n'existe plus un terrain de libre à Dakar et que l'immobilier y atteint des niveaux prohibitifs, parce que les gens ont choisi ce type de placement peu productif ? A l'évidence, il serait de la responsabilité du gouvernement de réorienter les investissements sénégalais vers les jus de fruits ou l'aquaculture, grâce à un cadre économique clair et sécurisant.

Propos recueillis par Brigitte Breuillac et Alain Faujas

PAPA DEMBA THIAM

Mars 2002 Papa Demba Thiam devient économiste principal au Club

du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest

de l'Organisation de coopération et

de développement économiques (OCDE).

2000-2002 Il est consultant international auprès de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi)

et auprès de la Commission européenne.

1996-2000 Coordinateur,

puis directeur de projets

pour le développement du secteur privé dans les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) en liaison avec l'Union européenne.
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