Il y a encore des pays africains assez braves pour célébrer les cinquante ans de leur soi disante indépendance. Honnêtement, je ne vois pas tellement ce qu’il y a à célébrer au vu de la situation actuelle de l’Afrique car le bilan est sombre. Un petit récapitulatif si besoin en était
Il y a des conflits ouverts en cours en Somalie, au Congo « Démocratique », en Ouganda, au Nigeria
Il y a aussi des conflits sous jacents au Sahara Occidental (conflit qui empêche tout espoir pour l’Union du Maghreb Arabe), au Tchad, en Centrafrique, en Algérie et j’en passe.
Le paludisme, le SIDA continuent de décimer les populations africaines et ceci en plus des maladies traditionnelles déjà répertoriées bilharziose, glaucome, dysenterie, fièvre typhoïde, fièvre jaune, etc…
La jeunesse africaine se rue sur tous les moyens de transport pour quitter l’Afrique malgré les besoins criards du continent en main d’œuvre qualifié.
Politiquement, à par de trop rares exemples, le continent ne semble avoir aucune direction idéologique individuelle ou particulières. Les timides tentatives de grands ensembles CEDEAO, SADC, CEMAC ont de la peine à s’établir et demeurent les otages d’intérêts égoïstes. Ces grands ensembles sont dans leur grande majorité sont incapables de régler les problèmes politiques comme économiques de leur zone d’influence respective (Madagascar, Guinée, Cote d’Ivoire, etc…).
L’Afrique n’a jamais pensé à créer un programme commun de lutte contre les grandes pandémies. Il est certain que si un ou des laboratoires communs avaient été créé, les recherches contre le paludisme ou le SIDA, entre autres, seraient autrement plus avancées. En attendant des milliards de francs ont été dilapidés par ci par là et les pandémies se portent à merveille.
L’intégration économique est au point mort, ce qui fait les affaires des Occidentaux qui pillent allégrement les ressources du continent quoique cette fois en payant des montants parfois plus symboliques qu’autre chose
Les leaders africains devraient avoir honte de célébrer les 50 ans de leur indépendance vu l’état de nos nations. L’Afrique est en lambeaux et il n’est pas rare d’entendre les survivants de la génération des indépendances regretter les temps coloniaux. Rien que cela devrait être un signal assez fort pour prouver que 50 ans d’indépendance n’ont rien apporté à l’Afrique sinon un changement au sommet. Au lieu de se faire exploiter par des colons blancs, les peuples africains se font maintenant exploiter par des clans de même couleur qu’eux mêmes. Et il semble que cette nouvelle exploitation est aussi mauvaise sinon pire pour certains peuples.
Le fameux “non” de Sékou Touré a été gâché par le manqué de solidarité des autres pays a l’exception notoire de Nkwamé Nkrumah. D’autres dirigeants comme Senghor ont préféré suivre la ligne tracée par l’ancien colon, ce qui quelque part a mené à l’éclatement de la Fédération du Mali. Les anciens colons se sont assuré qu’aucune tentative embryonnaire ou non de fédération ou d’union des pays africains, n’aboutisse. Ceci avec l’aide de nos politiciens serviles ou aux egos démesurés. Les bouffonneries des leaders africains de Idi Amin à Mobutu ont animé la vie politique européenne surtout française et continuent de le faire, quoique a un niveau moindre de nos jours.
Il n’y a rien à célébrer pour l’Afrique et surtout pour l’Afrique subsaharienne car le bilan est plus que négatif, il est même catastrophique. Les assassinats et autres coups d’état militaires ont fini de parachever l’œuvre du colonialisme en liquidant les rares vrais leaders que l’Afrique ait eu (Lumumba, Nkrumah, Sankara,…). Ce bilan est d’autant plus négatif qu’aujourd’hui, un bouffon armé de pétrodollars tel que Kadhafi se dit propriétaire et défenseur de l’initiative des Etats unis d’Afrique. Une initiative lancée dans les années 50 par Nkrumah et d’autres et qui sera boudée pour d’obscures raisons de soit disant souveraineté. Ce mot « souveraineté » à lui tout seul est responsable de la plupart des maux de l’Afrique car nombre d’injustices et d’horreurs ont été tolérés pour cause de souveraineté, des millions de rwandais ont été trucidés sans que personne n’intervienne, des millions de Somaliens subissent le même sort et à cause de cette sacro sainte souveraineté, rien n’est fait. Le fait que la Somalie ne dispose d’aucune ressource naturelle réelle, contribue aussi au désintéressement de la part de l’Occident sinon une faible réaction aux actes de piraterie. L’Afrique attend tout de l’Occident tout en lui imposant le principe de souveraineté quand les choses déraillent. L’exemple de cette schizophrénie n’est jamais mieux démontré que par les soubresauts politiques en Cote d’Ivoire. Pays riche en ressources naturelles qui suite à des égoïsmes débiles bien loin des idéaux rassembleurs de Houphouët Boigny, se retrouve dans la situation actuelle ou le pays tire vers le bas en se faisant admettre au club des PPTE (Pays Pauvres Très Endettes). Le pays fait aussi financer ses élections (hypothétiques?) par la France et les Nations Unies et veut leur refuser le droit d’ingérence dans la vie politique ivoirienne. Si Monsieur Gbagbo avait utilisé à bon escient, les fonds distribués à ses amis politiques et autres, il aurait aujourd’hui largement de quoi payer ces élections, s’ils les désirent vraiment, mais ceci est un autre débat.
Les Africains pataugent dans la misère cinquante ans après la vague des indépendances, avec en prime, une crise financière aigue que leurs leaders avaient minimisé au départ. Et quand bien même, ils l’auraient vu venir, leurs moyens limites ne leur auraient pas permis de faire plus a moins de rapatrier une partie des fonds que chacun d’entre eux a soigneusement amasse dans les établissements financiers occidentaux. Ceci a très peu de chance d’arriver mais on peut toujours rêver, n’est ce pas? Il n’ya toujours pas assez d’hôpitaux, de routes, de services et de logements sociaux sur la grande majorité du continent mais certains leaders africains sans vergogne s’apprêtent à gaspiller les fonds du pauvre contribuable pour fêter ces cinquante années de soi disant indépendance. Soi disant vu la majorité de ces pays ne peut boucler leur budget sans l’apport de l’aide au développement ou une rallonge d’un pays occidental, la France étant souvent le premier choix pour cet exercice. Comment ensuite faire valoir le principe de souveraineté. Alors Mr Gbagbo et Wade pour ne citer qu’eux, pourquoi n’avoir pas construit un hôpital, une université, quelques écoles ou un tronçon de route pour célébrer nos cinquante ans d’indépendance au lieu de dilapider des fonds dans des manifestations tout aussi futiles qu’inutiles. A monsieur Wade et à son “monument à la renaissance africaine”, quand son peuple meurt de faim sans voies de communication, eau, électricité ou hôpitaux dignes de ce nom. Il a nommé un nombre incroyable de ministres en dix ans avec en finalité gabegie, gaspillage et scandale politique et financier. Quant à Monsieur Gbagbo, il finira bien par épuiser le nombre d’artifices pour ne pas aller aux élections. La stratégie du “après moi, le déluge” semble être le motus operandi de nombreux dirigeants africains car on peut compter sur les doigts d’une main le nombre d’entre eux qui se sont retirés de leur plein gré ou en respectant la Constitution (Mandela, Senghor, Chissano, Alpha Oumar Konaré, Senghor, Kuffor) ou sans qu’on leur force la main (Dadis Camara).
On pourrait faire un livre de ce débat et certains s ‘y attèleront sans doute car il y a beaucoup a dire sur ces cinquante dernières années pour l’Afrique noire surtout. Que dire sinon que l’Afrique du Sud post apartheid est le leader du continent mais nous savons tous que le pays de Nelson Mandela est l’exception par excellence (a cause de la bonne gestion de la minorité blanche, il faut le dire) et si l’exemple politique de Nelson Mandela avait été imite par plus de dirigeants africains, on aurait sans pu célébrer ce cinquantenaire des indépendances avec autant de faste que l’Europe vient de célèbre la chute du Mur de Berlin. Mais que de chemin, il reste a parcourir a ce continent meurtri par tant de tragédies, il faut espérer que la nouvelle génération sera plus a l’aise pour célébrer le centenaire des indépendances avec un continent plus libre, plus sain, plus propre et plus indépendant que jamais. Que Dieu bénisse l’Afrique mère et la préserve des rapaces qui la minent de l’intérieur comme de l’extérieur.
ERIC DAVIS.