LA FRANCE DE VICHYAprès
l’invasion allemande, le France effondrée se choisit un nouveau chef :
le maréchal Pétain. Installé à Vichy, il instaure « l’Etat français »
appelé aussi « régime de Vichy », système politique qui évolue
rapidement vers le fascisme.Un nouveau régime politiqueLe maréchal Pétain à 84 ans quand il devient chef de l’Etat
français. Ancien héros de la bataille de Verdun, il inspire confiance
et respect. Le 10 juillet 1940, la grande majorité des députés et
sénateurs lui confient les pleins pouvoirs pour diriger le pays. La
République étant pour lui responsable de la défaire, il entend
reconstruire la France sur des bases nouvelles en redonnant au pays ses
vraies valeurs. Il rejette ce qu’il appelle « l’anti-France »,
constituée selon lui des communistes, des résistants et des juifs, et
pense que, puisque la France est vaincue, il vaut mieux se soumettre à
l’Allemagne.
La « Révolution nationale »
Le Maréchal Pétain veut construire un nouveau modèle d’Etat
autoritaire, paternaliste, catholique et corporatiste. Instaurant la
« Révolution nationale », il entreprend de réformer la société et la
vie politique françaises. Construite autour de la devise « Travail,
Famille, Patrie » - qui remplace « Liberté, Egalité, Fraternité », la
Révolution nationale entend redonner à la France ses valeurs
traditionnelles.
Le travail est remis à l’honneur, et en particulier les activités
agricoles. Une charte du Travail organise des corporations,
c’est-à-dire des groupes de métiers contrôlés par l’Etat qui dissout
les syndicats et interdit les grèves. La famille a comme fondement la
mère au foyer, dont le rôle est célébré lors de la fête des Mères
officialisée par le régime de Vichy. La patrie, enfin, et le culte du
maréchal sont chaque jour rappelés à la jeunesse dans le cadre de
l’école.
Le gouvernement de Vichy devient chaque jour plus autoritaire et met
en place, à partir de 1943 , une police d’Etat, la milice, qui
collabore avec la police allemande et pourchasse bientôt sans relâche
les résistants, les juifs et tous les opposants au régime.
LA MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU REGIME POLITIQUELe 17 juin 1940, au lendemain de l’invasion allemande, la maréchal Pétain lance un appel sur les ondes.
« Français, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du
gouvernement de la France. […] Je fais à la France le don de ma
personne pour atténuer son malheur […] C’est le cœur serré que je vous
dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette
nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec
nous […] les moyens de mettre un terme aux hostilités.
Que tous les Français se regroupent autour du gouvernement que je
préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour
n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie. »
Maréchal, nous voilà ! L’état français s’organise désormais autour de la personnalité du
maréchal, objet d’un véritable culte soutenu à grand renfort de
propagande. Les portraits de Pétain sont affichés dans tous les lieux
publics et se répandent aussi dans tous les foyers des Français.
L’exaltation du vieux maréchal résolu à sauver la France devient le
thème favori des médias.
Une attention toute particulière est portée à la jeunesse. Les
valeurs du nouveau régime lui sont inculquées quotidiennement et il est
fréquent de voir les enfants des écoles défiler en tenue de sport, le
bras tendu, à la façon du salut nazi en chantant Maréchal, nous voilà !
La collaboration d’EtatEspérant obtenir des avantages auprès du IIIe Reich, le régime de
Vichy s’oriente vers une collaboration avec l’Allemagne. C’est à
Montoire que le maréchal Pétain rencontre Hitler, le 24 octobre 1940.
Prenant pour modèle la politique raciste du Reich, des lois antisémites
sont promulguées, interdisant de nombreux métiers aux juifs et créant
même un commissariat aux Questions juives qui apportera volontiers son
soutien à la mise en œuvre de leur déportation. En juin 1942, la
politique de collaboration s’aggrave avec l’instauration de « La
Relève » qui envoie des ouvriers français travailler outre-Rhin en
échange du retour de prisonniers de guerre. Pierre Laval, chef du
gouvernement, déclare à la radio : « Ouvriers de France ! C’est pour la
libération des prisonniers que vous allez travailler en Allemagne ! »
Et devant des auditeurs stupéfaits, il ajoute : « je souhaite la
victoire de l’Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme demain
s’installerait partout. »
En novembre 1942, avec l’occupation de la zone Sud de la France par
l’Allemagne, la collaboration franchit un nouveau pas. Arrivent au
pouvoir les collaborationnistes les plus déterminés.
L’Allemagne nazie observe cette politique avec un mélange de mépris, de satisfaction et d’exaspération.
LE CULTE DU MARECHALLa chanson
Maréchal , nous voilà devient l’hymne officiel du régime de Vichy. Dans les écoles, les enfants doivent l’apprendre et la chanter.
Une flamme sacrée
Monte du sol natal
Et la France enivrée
Te salue Maréchal !
Tous les enfants qui t’aiment
Et vénèrent tes ans
A ton appel suprême
Ont répondu « présent »
Refrain :
Maréchal, nous voilà !
Devant toi, le sauveur
De la France,
Nous jurons, nous tes gars,
De servir et de suivre tes pas.
Maréchal, nous voilà !
Tu nous as redonné l’espérance
La patrie renaîtra !
Maréchal, Maréchal, nous voilà !Tu as lutté sans cesse
Pour le salut commun ;
On parle avec tendresse
Du héros de Verdun.
En nous donnant ta vie,
Ton génie et ta foi,
Tu sauves la Patrie
Une seconde fois.
[…] Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier, Casterman, 2006