LA DEPORTATIONDès
son arrivée au pouvoir, Hitler entreprend d’éliminer ses adversaires
politiques qu’il fait interner dans le camp de Dachau, premier camp de
concentration de l’Allemagne nazie. Au cours de la guerre, les camps se
multiplient et voient arriver chaque jour des milliers de déportés.Les camps de concentrationChaque conquête du IIIe Reich est suivie de la création de nouveaux
camps : Auschwitz en Pologne, Mauthausen en Autriche, le Struthof en
France. Y sont internés les déportés dits « raciaux », les tsiganes,
les slaves, les juifs, mais aussi les hommes et les femmes auteurs
d’acte de résistance : sabotages ou renseignements militaires fournis
aux Alliés. Homosexuels, prisonniers de droit commun suspectés de
crimes ou de menus larcins sont eux aussi déportés.
Par la création des camps de concentration, les nazis cherchent non
seulement à interner ceux qu’ils considèrent comme les « ennemis de
l’Etat », mais aussi à exploiter leur travail pour l’industrie du Reich.
Arrestation, déportation, exterminationUn acte de résistance qui tourne mal, la dénonciation d’un voisin ou
une rafle de milliers de personnes conduisent la Gestapo, généralement
aidée par la police locale, à arrêter puis à déporter des hommes, des
femmes et aussi des enfants.
Venant de tous les pays d’Europe, des convois convergent
inexorablement vers les camps. Entassés sans nourriture et sans eau
dans des wagons à bestiaux, les déportés sont nombreux à mourir pendant
le voyage, qui dure plusieurs jours.
Dès l’arrivée s’opère la sélection des prisonniers. Alignés sur le
quai, appelé la rampe, les déportés sont séparés en deux groupes par
les SS. Très peu nombreux, ceux qui sont jugés aptes à travailler sont
placés à droite ; tous les autres – les vieillards, les handicapés, les
enfants avec leur mère – sont rassemblés à gauche pour être conduits
vers des chambres à gaz.
La survie dans les campsLes camps sont dirigés par des SS, mais la plupart des gardiens sont
choisis parmi les prisonniers eux-mêmes ou recrutés dans la population
des villages voisins. Les prisonniers devenus gardiens sont appelés
Kaposet bénéficient de conditions de vie un peu meilleures. Les déportés,
hommes et femmes, sélectionnés pour le travail à leur arrivée sont
rasés et dépouillés de leurs vêtements. Leur nom, remplacé par un
numéro tatoué sur l’avant-bras, est inscrit sur un registre. Ils sont
ensuite affectés à un
Block et à un
Kommando. Le
Block est un baraquement en bois dans lequel les détenus logent. Le
Kommando est une équipe de travail.
Le déroulement de la journée est immuable : lever à l’aube,
distribution d’un semblant de café et de pain, toilette sommaire et
appel des détenus par leur numéro de matricule. Les
Kommandospartent ensuite sur leur lieu de travail, à l’extérieur des camps, et
rentrent à la nuit, à bout de forces. Le soir, nouvel appel et retour
dans les
Blocks. Nourris essentiellement de pain et de soupe,
soumis au manque d’hygiène et aux expériences médicales, les déportés
s’affaiblissent rapidement et ne sont bientôt que l’ombre d’eux-mêmes.
Chaque jour des prisonniers manquent à l’appel, morts de maladie ou
d’épuisement.
L’ouverture des campsEn janvier 1945, les armées soviétiques et alliées pénètrent en
Allemagne. La défaite du Reich est proche et les commandants des camps
reçoivent l’ordre d’évacuer les prisonniers. Commencent alors les
« marches vers la mort », interminables périples à pied ou en train à
travers l’Europe. De nombreux déportés périssent de faim, de froid,
d’épuisement, ou sont froidement exécutés par les SS sur le bord de la
route. En entrant dans les camps, Soviétiques Américains et
Britanniques découvrent avec horreur des prisonniers squelettiques,
trop faibles pour se tenir debout, ainsi que des baraquements vides,
des crématoires en partie détruits et des amoncellements de cadavres
que les nazis n’ont pas eu le temps de brûler.
Malgré les rumeurs et les témoignages des rares personnes qui ont pu
survivre ou s’échapper, le monde n’est pas préparé à la découverte de
ces terribles massacres : près de 6 millions de juifs sont morts, 500
000 de tziganes et des milliers de résistants….
Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier, Casterman, 2006