Une remise en cause du droit du sol pas exclue en outre mer
PARIS (Reuters) - La France n'exclut pas de remettre en question le droit du sol
dans ses collectivités d'outre mer afin d'y enrayer l'immigration clandestine,
annonce le ministre français de l'Outre mer François Baroin.
Dans un entretien au Figaro Magazine qui sera publié samedi, François Baroin
considère que le droit du sol "ne doit plus être tabou" et estime qu'il faudrait
"envisager" cette remise en question pour certaines collectivités d'outre mer où
"nous sommes confrontés à des politiques de peuplement non maîtrisée".
A ses yeux, cette solution ne provoquera pas les "mêmes réticences" qu'en
métropole, en raison des différences historiques et géographiques.
Le ministre qui se dit "conscient" du débat que peut susciter cette remise en
cause souligne qu'il n'est pas question d'en "faire un calque" dans l'Hexagone.
"Si l'on ne fait rien maintenant, à terme, ce sera l'explosion sociale" en outre
mer, assure le ministre qui plaide pour "des mesures à caractère exceptionnel".
Il dénonce notamment la politique des naissances à Mayotte, dans l'océan Indien,
où deux tiers des mères viennent des Comores et 80% sont en situation
irrégulière. Il critique "la paternité fictive" qui est devenue "un service qui
s'achète".
François Baroin prévoit dans "les tout prochains mois" une loi qui complètera le
dispositif d'adaptation aux situations particulières de l'outre mer.
La majorité des cas de reconduction à la frontière de la France concerne
l'outre-mer, assure-t-il.
A Mayotte et en Guyane française, plus d'un habitant sur quatre est un étranger
en situation irrégulière. En Guadeloupe, le nombre de personnes en provenance
d'Haïti ayant sollicité une demande d'asile est passé de 135 en 2003 à 3.682 en
2004, souligne le ministre.
"Si en métropole on avait le même taux d'immigration clandestine, cela ferait 15
millions de clandestins sur le sol métropolitain", ajoute-t-il.