Jérusalem, une ville sainte qui divise Jérusalem, un statut disputé.
(Photo : Wikimédia)
Jérusalem-Est
ayant été annexée en juin 1967 au secteur occidental de la ville sainte
occupé depuis 1948, la Knesset, le Parlement, avait décrété Jérusalem «
capitale éternelle et indivisible d’Israël»,
le 30 juillet 1980. Une décision jugée nulle et non avenue par le
Conseil de sécurité des Nations unies, Etats-Unis compris. Il n’empêche
qu’aujourd’hui encore, une loi prévoit que toute concession
territoriale concernant Jérusalem doit être approuvée par la majorité
absolue des députés. Hier, la moitié d’entre eux (60 sur 120) ont signé
une pétition hostile à tout abandon de souveraineté aux Palestiniens
sur les quartiers arabes, une perspective relancée par le Premier
ministre, Ehud Olmert, dans le cadre de ses négociations avec
l’Autorité palestinienne pour contourner le Hamas islamiste mais aussi
dans le souci de l’avenir démographique de Jérusalem.
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L’idée d’un «partage» de Jérusalem avec les
Palestiniens révulse la majorité de l’opinion israélienne, comme en
témoigne par exemple le sondage publié mardi par le journal
Yediot Aharonot.
Selon ce dernier, 68% des Israéliens interrogés ne veulent même pas y
songer, 11% renvoyant la question à un référendum devant lequel ils
accepteraient de s’incliner si la majorité de leurs compatriotes
concédaient le transfert de certains quartiers arabes de Jérusalem sous
administration palestinienne, ce qui laisse un petit 20% de citoyens de
l’Etat hébreu favorables à cette perspective.
Des «
décisions inévitables»,
selon OlmertTout
particulièrement sensibles à la symbolique religieuse de sites tels que
le Mur des Lamentations, l’Esplanade des Mosquées (érigée sur l’ancien
Temple juif) ou le Saint-Sépulcre, les Israéliens sont encore moins
partageux concernant la Vieille Ville de Jérusalem. 16% seulement
d’entre eux accepterait une souveraineté conjointe
israélo-palestinienne sur les lieux saints du judaïsme, de l'islam et
du christianisme, 21 % préconisant une souveraineté internationale et
61% revendiquant l’autorité pleine et entière d’Israël sur ces vestiges
emblématiques.Lundi dernier, le vice-Premier ministre Haïm
Ramon, un proche d’Ehud Olmert, avait évoqué les négociations en cours
avec les Palestiniens en lâchant, visiblement à dessein, qu’à son avis
Israël devait réfléchir à un statut spécial pour les lieux saints et
surtout se préparer à quitter certains quartiers arabes de Jérusalem
Est. Le tollé a été à la hauteur du tabou israélien posé sur une
question qui a pourtant déjà fait l’objet de discussions approfondies
en 2000, à Camp-David, aux Etats-Unis, entre le Premier ministre
israélien et le chef de l’Autorité palestinienne de l’époque, Ehud
Barak et Yasser Arafat. En 1993, l’accord d’Oslo entre Israël
et les Palestiniens avait inscrit la question du statut de Jérusalem en
«bouquet final» des négociations. Début 2001, avant d’être mis en
minorité à la Knesset et de devoir passer la main au chef du Likoud,
Ariel Sharon, le travailliste Ehud Barak était tout près d’entériner la
rétrocession au futur Etat palestinien de certains faubourgs de
Jérusalem-Est et un statut spécial pour l’Esplanade des Mosquées.
Aujourd’hui, c’est au tour d’Ehud Olmert de dire qu’Israël va devoir
prendre des «
décisions inévitables» et «
renoncer à l'application pleine et absolue des rêves qui ont nourri son âme nationale des années durant».
Contrariétés démographiquesDepuis 1967, Israël s’est attaché à limiter la présence arabe à Jérusalem en s’efforçant en même temps d’isoler sa «
capitale éternelle»
du reste des territoires palestiniens et de rendre toute rétrocession
illusoire. Et cela non sans succès. Mais ceux-ci ont été grandement
contrariés par les lois naturelles de la démographie que la volonté de
«judéisation» israélienne n’est pas parvenue à contenir. «
Résidents étrangers»
dotés du seul droit de vote aux municipales à Jérusalem, les Arabes
sont aujourd’hui plus nombreux que les Juifs à Jérusalem-Est. Et la
tendance est suffisamment forte pour ruiner tout espoir israélien de
garder la main électorale
ad vitam aeternam. Dans ces
conditions, transférer à l’Autorité palestinienne l’administration de
certains quartiers arabes permettrait aussi à l’Etat hébreu de
contourner le problème, ou du moins, de l’émietter.Selon le sondage répercuté par
Yediot Aharonot,
52% des Israéliens estimeraient qu’Ehud Olmert n'a pas mandat sur le
statut de Jérusalem dans ses négociations avec les Palestiniens et
qu’il doit au préalable s’assurer du soutien de 80 des 120 députés de
la Knesset, 22% des Israéliens lui suggérant d’abord un référendum et
7% se refusant à toute idée de rétrocession. Par ailleurs, quinze
députés du parti Kadima d’Ehud Olmert ont signé la fameuse pétition
initiée par un député du Likoud, Israël Katz, hostile à toute
initiative du Premier ministre sur cette brûlante question.
Eviter le Hamas islamisteEhud
Olmert n’avait pas besoin de rappel à l’ordre du Likoud pour savoir
qu’il marche sur des œufs, la moindre révision à la baisse du projet
sioniste déclenchant de profondes réactions. «
Je crois qu'il y a matière à discussion et qu'il faut discuter»
avec le président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah, Mahmoud
Abbas, pour éviter le pire, à savoir le Hamas islamiste, a expliqué le
Premier ministre à la Knesset. «
Une chose est claire : Israël part, le Hamas entre»,
lui a répliqué son prédécesseur du Likoud, Benjamin Netanyahu, en
l’accusant d’avoir déjà accepté de céder Jérusalem-Est et la
Cisjordanie aux Palestiniens. «
Rien n'a été donné, rien n'a été pris et rien n'a été promis», assure Ehud Olmert, «
mais un esprit de confiance mutuelle a été créé»,
estime-t-il. Reste à finaliser un accord qui butte aussi sur le tracé
des frontières des deux futurs Etats, sur le sort des colonies
israéliennes et des réfugiés palestiniens ou sur la question de la
maîtrise de l’eau. Restera ensuite à faire passer la pilule, des deux
côtés.
par Monique
Mas
Article publié le 19/10/2007 Dernière mise à jour le 19/10/2007 à 14:24 TU
http://www.rfi.fr/actufr/articles/094/article_57942.asp