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 La grâce accordé à Kenneth:Ma journée chez les diplomates

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mihou
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mihou


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25092007
MessageLa grâce accordé à Kenneth:Ma journée chez les diplomates

Ma journée chez les diplomates.

La grâce accordé à Kenneth Foster est bien évidemment une grande avancée pour les droits de l’Homme et les partisans de l’abolition. Cela démontre également que la réprobation internationale et l’implication des gens de bonne volonté peuvent changer la face des choses.
Je suis moi-même intervenu sur mon blog au début du mois d’août, à un moment où la torpeur des vacances, même si l'été était humide, n’était guère propide à une mobilisation de l’opinion. Je terminais une pièce de théâtre que j’écris sur Delgrès. Le désespoir et la lucidité de mon héros étaient comparables à ceux de ce condamné. C’était l’époque où l’on parlait beaucoup des vacances de Nicolas Sarkozy et de sa prochaine rencontre avec le président Bush. Il me semblait que l'entretien pouvait être l’occasion d’attirer l’attention des États-Unis sur la position de la France à l’égard de la peine de mort en général et sur le cas de Kenneth Foster en particulier. Ma logique était simple : on veut tuer Kenneth Foster parce qu’il est accusé de n’avoir pas empêché un meurtre en fait imprévisible. En ce sens, nous serions tous coupables si nous ne faisions rien pour empêcher le meurtre, légal et prévisible, de Kenneth Foster. J’en appelais aussi à Rama Yade, chargée de la question des droits de l’Homme au quai d’Orsay.
Ce texte a fort opportunément été repris et m’a permis de me rapprocher des quatre correspondantes françaises du comité de soutien que j’ai essayé d’aider du mieux que je pouvais. Bien sûr, Kenneth a été informé de ma démarche.
L’heure de l’exécution approchait et les nouvelles n’étaient pas bonnes. La direction de la prison venait de découvrir le téléphone portable qui nous permettait de communiquer clandestinement avec le condamné. Ce téléphone lui avait été remis par un gardien opposé à la peine de mort. Kenneth, résigné et sans grande illusion, avait déjà chargé Fatou, l’une des correspondantes françaises que je soutenais, d’aller en Afrique disperser ses cendres au cas où les choses tourneraient mal. J’avais pris la résolution d’y aller aussi. C'est dire que nous étions désabusés. Ne sachant plus que faire, j’ai adressé mardi au président de la République une longue lettre ouverte qui reprenait mes arguments. Hier matin, informé du transfert de Kenneth Foster sur le lieu de l’exécution, j’ai en outre demandé à Rama Yade ainsi qu’à Nicolas Sarkozy de me recevoir en urgence. À ma grande surprise, la directrice de cabinet de Rama Yade m’a appelé en me proposant une rencontre immédiate. Je me suis donc rendu au quai d’Orsay, où Rama Yade occupe des locaux à mon avis un peu exigus, dans les anciens bâtiments des archives. J’étais accompagné de Kadia, une jeune correspondante de Kenneth. La dernière fois que j'étais allé au Quai, c'était en 2003 pour donner mon point de vue sur l'attitude de la France vis à vis d'Haïti et j'avoue que ça ne s'était pas très bien passé. Mais c'était du temps du ministre-poète qui admirait tant Napoléon.

Cette fois, les diplomates que nous avons rencontrés étaient visiblement de bonne volonté, mais c’étaient quand même des diplomates. Et moi, je n’ai pas la réputation de l’être trop, surtout quand une vie humaine est en jeu. Nous avons appris, ce que des amis m’avaient déjà fait savoir, que Rama Yade serait intervenue auprès du gouverneur du Texas. La date de cette intervention ne m’a pas été communiquée. Je ne peux donc dire si elle est antérieure ou postérieure à la publication de mon blog. Cette démarche nous a été présentée comme une intervention officielle de la France. J’ai exprimé avec insistance le souhait que cette démarche, un peu trop discrète à mon goût, soit rendue publique avant l’exécution, de sorte qu’elle puisse avoir un effet réel sur la décision du gouverneur, ce qui est toujours mieux qu'une indignation posthume. Il m'a été objecté que cela pouvait provoquer un effet contraire à ce que nous souhaitions, mais cela ne m'a pas convaincu. J’ai également demandé un signe fort de la part de Rama Yade pour marquer sa désapprobation à l’égard de la peine de mort. La publication d'un livre blanc sur les exécutions dans le monde, par exemple. On m'a dit que c'était inutile. J'ai répondu que je le ferais avec mes modestes moyens et qu'on allait bien voir. Nous sommes sortis du ministère un peu déçus et nous nous sommes bientôt retrouvés place de la Concorde où quelques policiers nous attendaient. J’avais pris des dispositions en cas de garde à vue. On n'est jamais à l'abri d'une bavure. Les pandores étaient plutôt débonnaires, mais c’étaient quand même des pandores. Pas question de s’approcher de l’ambassade. Nous les avons quand même prévenus que si Kenneth était exécuté dans la nuit, gardes mobiles ou pas, il n'était pas impossible qu'il y ait un peu de tapage nocturne. Vers 18 h 30, nous avons reçu un appel du Texas pour nous informer que le comité des grâces avait rendu un avis favorable à Kenneth. Restait à savoir si le gouverneur suivrait cet avis. C’est à ce moment là que l’Élysée m’a appelé. On me proposait un rendez-vous avec un conseiller pour le lendemain, c’est-à-dire aujourd’hui. La dernière fois que je suis allé à l'Elysée, c'était en 2005 pour plaider la cause du général Dumas auprès de Blandine Kriegel qui, ce me semble, ne s'en souciait guère.

Au même moment, j’ai su que Rama Yade avait enfin communiqué sur cette affaire et adressé un ultimatum au gouverneur du Texas. La nouvelle de la grâce de Kenneth est tombée vers 19 heures. J’ai traversé à pied la place de la Concorde pour rentrer chez moi, abandonnant à leur joie les défenseurs de Kenneth. Je savais que, la bas, le condamné et sa fille étaient sereins. Vous allez sûrement me demander pourquoi j’ai fait tout ça. Simplement parce que cette histoire avait fini par m’empêcher de dormir. J'ai besoin de beaucoup de sommeil, sans quoi je deviens chagrin, voire colère. Malheureusement, même si Kenneth est sauvé, il est encore en prison et il faut le faire sortir. Et puis, il y a beaucoup de condamnés à mort qui auront moins de chance que lui. En un mot, je vois beaucoup de nuits blanches en perspective. Donc beaucoup de lendemains où il ne faudra pas trop me contrarier.
http://www.claude-ribbe.com/blog.htm
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