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 Le "lobby pro-israélien", pieuvre ou fumée?

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mihou
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mihou


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Le "lobby pro-israélien", pieuvre ou fumée? Empty
07092007
MessageLe "lobby pro-israélien", pieuvre ou fumée?

Le "lobby pro-israélien", pieuvre ou fumée?


Par Bernard Cohen (Ecrivain et traducteur) 12H04 07/09/2007
Le "lobby pro-israélien", pieuvre ou fumée? 20070903USIsraelLobbyPolémique,
assurément. Dès avant sa parution le 4 septembre, le livre, précédé
d'une version plus courte l'an dernier dans la London Review of Books,
suscite une controverse qui s'étend bien au delà des Etats-Unis.
Paradoxal, c'est sûr : ces deux universitaires américains, jusque
là seulement connus de quelques spécialistes pour leurs travaux en
matière de relations internationales, donnent ici un ouvrage qui a plus
allure de brûlot que d'essai académique. "Nous nous attaquons à un
sujet tabou, c'est pourquoi on nous critique avec tant de virulence",
affirmaient les auteurs après la publication de leur première salve en
mars 2006, tout en laissant entendre qu'ils avaient dû s'adresser à une
revue londonienne parce qu'aucun organe de presse américain n'aurait
osé les publier.
Entretemps, on a appris que le Los Angeles Times avait offert ses
colonnes, avant de se dédire en raison de l'argumentation souvent
claudiquante des auteurs. Et tout cela n'a pas empêché leur livre de
passer aussitôt dans la liste des bestsellers, alors que les ouvrages
critiquant durement l'Etat d'Israël foisonnent outre-Atlantique.
Mais de quoi est-il question, exactement? Mearsheimer, un ancien
officier de l'US Air Force devenu théoricien en stratégie
internationale à l'université de Chicago, et Walt, professeur à
Harvard, disent bousculer les idées reçues en affirmant que
1) il existe un puissant lobby pro-israëlien aux Etats-Unis - qu'ils
appelaient "The Lobby" avec capitales dans leur article, mais auquel
ils réservent un simple " the lobby " dans leur livre ;
2) celui-ci conditionne depuis des décennies la politique
internationale américaine, avec des conséquences désastreuses pour la
sécurité de ce pays.
Sur le premier point, personne ne penserait objecter : dans le
paysage politique américain, les lobbys sont importants et actifs, et
celui prônant l'engagement des USA aux côtés d'Israël - sans pour
autant soutenir tous les choix de ses dirigeants, comme le
reconnaissent eux-mêmes les auteurs - l'est aussi. Il le serait
"particulièrement", soutiennent-ils cependant, au point qu'il
parviendrait à convaincre les décideurs américains d'oublier les
intérêts de la nation à l'heure des choix.
Mais pourquoi cette remarquable force d'influence? Ici, nos deux
professeurs savent qu'ils avancent sur un terrain miné. Ils connaissent
le spectre du "lobby sioniste" brandi par les opposants à toute
solution négociée du conflit israelo-palestinien.
Jurant leurs grands dieux qu'ils ne veulent pas incriminer la
communauté juive américaine en bloc, que ce phénomène est
interconfessionnel - embrassant par exemple les "sionistes chrétiens",
ces millénaristes qui voient en Israël le signe d'une prochaine et
apocalyptique rédemption -, ils avancent cette définition pour le moins
étrange du fameux lobby:
"Une coalition informelle d'individus et
d'organisations qui travaillent activement à modeler la politique
étrangère américaine dans un sens pro-israelien. Ce n'est cependant
-- c'est moi qui souligne -- pas un mouvement unique, unifié, doté d'un
commandement central (...), ni un complot, ni une conspiration. Au
contraire, ces organisations et individualités agissent ouvertement, et
de la même manière que d'autres groupes (...) On pourrait l'appeler
plus justement la 'communauté pro-Israël' ou le 'mouvement Aidons
Israel' " (p 112).
En d'autres termes, il s'agirait de tous les secteurs, les simples
citoyens ou les associations qui militent pour l'existence et la
sécurité d'Israël sont des éléments à la fois stratégiques et
principiels sur lesquels la politique étrangère américaine ne peut
transiger. On est loin de la "pieuvre sioniste" oeuvrant dans les
coulisses du Capitole et de la Maison Blance telle que la présentent
les pamphlétaires anti-israëliens d'aujourd'hui. Mais après cette
définition dont la prudence confine à l'immatériel, nos auteurs
poursuivent en présentant ces tenants du lobby comme - et il s'agit de
titres de sous-chapitres énumérant la litanie de leurs redoutables
méfaits - des " faiseurs de présidents" qui " maintiennent le
gouvernement sur leur ligne ", "dominent le discours public américain "
et " font la police à l'université"...Un peu beaucoup, pour une
"coalition informelle".
Quid du lobby des pétrodollars?
Lorsqu'on veut prouver l'ascendance d'un agent social particulier,
on a tendance à minimiser la place réelle des autres: c'est peu
scientifique, mais c'est humain. Et c'est ainsi que les deux
universitaires consacrent plusieurs pages à prétendre que les secteurs
pro-israeliens seraient les seuls groupes de pression inspirés par la
situation au Moyen-Orient. La pénétration grandissante du capital et de
la vie universitaire américains par les investissements saoudiens? Rien
de sérieux, tranchent-ils, sans que le professeur Walt ne pense à
rappeler, même dans une note de fin de page, que l'université qui
l'emploie, Harvard, a récemment reçu deux millions de dollars de la
famille royale saoudienne.
Et nos deux auteurs d'asséner cette "évidence " pour le moins naïve,
de la part de spécialistes des relations internationales : "Si les
pétrodollars arabes ou les compagnies pétrolières dirigeaient la
politiques extérieure américaine, on s'attendrait à voir les Etats-Unis
prendre ses distances d'Israël et n'épargner aucun effort pour que les
Palestiniens aient leur Etat” (p 143). Quand on sait le grand cas que
les puissances pétrolières du Golfe font du sort du peuple palestinien,
cette preuve par l'absurde est assez confondante.
Afin de démontrer la puissance de ce “lobby-communauté” ,
Mearsheimer et Walt poussent très loin leur argumentation: selon eux,
pour les USA, Israël est devenu un “allié douteux” sur le plan
militaire et de la lutte antiterroriste, un “handicap plus qu'un atout”
sur le plan stratégique, et une “cause morale en perdition” sur le plan
des valeurs démocratiques universelles que les Etats-Unis prétendent
défendre. En ce qui concerne ce dernier point, leur description d'un
Etat hébreu à peine moins anti-démocratique que les dictatures qui
l'entourent est d'autant plus étonnante qu'ils citent eux-mêmes, parmi
leurs principales sources, la presse israëlienne et les travaux
d'universitaires israëliens. Pourquoi aller puiser dans un vivier aussi
sclérosé et “douteux”? N'est-ce pas le signe que, malgré les effets
destructifs de l'état de guerre permanent, Israël n'en demeure pas
moins un “exemple remarquable de société multiculturelle”, pour
reprendre les termes du philosophe britannique Bernard Harrisson?
Là où le manque de rigueur de leur argumentation atteint des
sommets, c'est lorsqu'ils s'essaient à prouver que l'aventure irakienne
de George Bush a été essentiellement voulue et imposée par “le lobby”.
Israël serait ainsi non seulement responsable de l'impasse dans la
solution du problème palestinien mais la cause directe de la guerre
civile en Irak...
Les sources: politiciens ou de généraux à la retraite
Pour étayer une accusation aussi grave, les deux chercheurs ne font
qu'aligner des déclarations de politiciens ou de généraux à la
retraite. Parmi elles, et c'est un exemple de la démarche qui est à la
base de leur essai sensationaliste, ils citent le sénateur de Caroline
du Sud, Ernest Hollings, selon lequel “tout le monde sait que la raison
de notre intervention en Irak était de protéger nos amis israeliens”.
Comme ça, en passant, la remarque paraît avoir un certain poids,
même si le sénateur Hollings n'a jamais été connu comme un expert du
Moyen Orient. Mais lorsqu'on se penche un peu sur le cas, que l'on se
rappelle que ledit sénateur avait été mouché en plein Sénat en 1981
pour une attaque personnelle ouvertement antisémite, et qu'il a été
l'un des premiers à chercher à faire porter le blâme de la guerre
d'Irak sur l'alliance américano-israelienne (en 2004), on se dit que
cette citation est un tiroir à double fond.

Théoriciens en chambre
Un commentaire du New Yorker à propos du livre de Mearsheimer et
Walt offre cette semaine une explication intéressante de la démarche
apparemment scientifique et fondamentalement polémiste des auteurs:
“Les arguments malhonnêtes avancés en justification de
l'intervention en Irak, l'incapacité presque totale de la presse à
exposer ces mensonges, les illusions triomphalistes, les lamentables
erreurs et l'arrogance du Pentagone, la défaite morale d'Abu Ghraib et
de Guantanamo, l'extension de la guerre civile et l'incapacité de faire
face au vainqueur inattendu de cette guerre, l'Iran, tout cela a laissé
les Américains pleins de colère et en demande d'explications.
Mearsheimer et Walt en apportent une: le “lobby pro-israëlien”. De ce
point de vue, leur livre est un symptôme, non un diagnostic de nos
troubles actuels”.
Cherchant des coupables au lieu de se livrer à une analyse sans
concession de l'implication américaine dans l'imbroglio moyen-oriental,
les auteurs cherchent à se dédouaner dans la conclusion par une formule
aussi condescendante que révélatrice:
“Nous considérerions avec de très sérieuses réserves toute tentative de creer un lobby explicitement -
je souligne- “anti israëlien”, car ce genre de groupement pourrait
facilement encourager la résurgence d'un authentique antisémitisme” (p
350).
Mais cette pirouette de théoriciens en chambre n'efface pas le fait
qu'ils échouent là où le récent livre de Michael Oren offre des
perspectives stimulantes: appréhender la diplomatie américaine au Moyen
Orient dans toute sa complexité, avec toutes ses erreurs tragiques et
ses quelques succès. Non, il n'y a pas eu de “soutien inconditionnel”
d'Israël de la part des dirigeants américains, de Harry Truman à George
Bush.
Et la bonne volonté, la naïveté, le cynisme et l'outrecuidance de
ces derniers se sont confrontés aux réalités orientales bien avant que
l'Etat moderne d'Israël n'apparaisse sur la carte mondiale. Comme le
rappelle Oren, le tout premier conflit dans lequel les Etats-Unis se
soient engagés hors de leurs frontières les avaient opposés aux beys
d'Alger et de Tripoli. Et le tout premier traité “de paix et d'amitié”
signé par la jeune nation, en 1786, le fut avec un dirigeant musulman,
le sultan du Maroc. C'est dans ce legs historique qu'il faut chercher
des clés pour l'avenir, non dans la vision policière de l'histoire
chère à ceux qui voient des lobbys partout.
John J. Mearsheimer & Stephen M. Walt, The Israel Lobby and US Foreign Policy, Farrar-Strauss-Giroux, 2007
(à paraître en France chez la Découverte, fin septembre, sous le titre:
"Le lobby pro-Israelien et la politique étrangère américaine")

http://www.rue89.com/2007/09/07/le-lobby-pro-israelien-pieuvre-ou-fumee
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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