Afrique
Sommet des "pauvres" au Mali : tout n’est pas la faute aux riches
vendredi 8 juin 2007, par Nettali /
SIKASSO
(AFP) - jeudi 07 juin 2007 - 13h44 - Les altermondialistes réunis au
Mali dans le cadre d’un sommet des "pauvres", en marge du G8 en
Allemagne, ont exigé de leurs dirigeants, dont il dénoncent la
corruption, une "bonne gouvernance", estimant que tout n’est pas la
faute aux riches.
"Les
pays riches, ne sont pas les seuls responsables de notre
sous-développement", a estimé Dounatié Dao, directeur exécutif de la
Coalition africaine Dette et développement (CAD-Mali) lors de la
rencontre qui réunit un millier d’altermondialistes à Sikasso,
"capitale" du coton malien.
Après avoir tiré à boulets rouges sur les pays riches,
accusés notamment de ne pas avoir tenu leurs engagements concernant
l’aide au développement, les participants se sont penchés jeudi,
dernier jour de la rencontre, sur la "bonne gouvernance".
"Regardez en France, un pays de plus de 57 millions
d’habitants, il n’y a que 15 ministres dans le gouvernement", renchérit
Chrisostome, un participant togolais, citant l’exemple du gouvernement
"resserré" du nouveau président français Nicolas Sarkozy. "Dans
certains pays du continent de moins de deux millions d’habitants, il y
a parfois trente ministres dans un gouvernement. C’est du gaspillage
des maigres ressources de l’Etat", souligne-t-il.
Plusieurs altermondialistes admettent en outre que le
"diktat" des institutions financières internationales, est "facilité"
par la "mauvaise gouvernance" dans les pays du sud. Selon Georges
Ouédraogo, un économiste originaire du Burkina Faso, dans les filières
cotonnières du Bénin, du Togo, et du Mali, "des dizaines de milliards
de FCFA (1 euro = 656 FCFA) ont été détournées par des fonctionnaires,
avec des complicités, au détriment des paysans". "Cela s’appelle +la
mauvaise gestion+, et c’est un terreau fertile pour que la Banque
mondiale puisse imposer sa +recette+ et donc asservir nos pays",
ajoute-t-il.
Après le Bénin, le Burkina Faso, la privatisation de la
filière coton entrera dans sa phase décisive dès 2008 au Mali, où l’"or
blanc" est la principale richesse du pays avec l’or. "Avant de
critiquer les autres, il faut balayer devant sa propre porte", relève
Anatole Diarra, un étudiant malien, avant de citer le cas du Niger où
des milliards de FCFA alloués par les bailleurs de fonds et destinés au
secteur de l’éducation nationale ont été "détournés par des gens
connus".
"Comment voulez-vous qu’on nous fasse confiance ? Dans
d’autres pays, ce sont les recettes mobilisées par la production du
pétrole qui sont détournées", regrette-t-il. "L’impunité doit cesser.
Quand quelqu’un vole, il doit aller en prison", lance-t-il. "Il y a
trop de magouilles en Afrique. Pour obtenir un marché, il faut
+graisser les pattes+. Il faut souvent corrompre toute une chaîne de
personnes. Tout ça tire l’Afrique vers le bas", affirme de son côté
sous couvert de l’anonymat un homme d’affaires malien.
Face à cette situation peu flatteuse, Mme Barry Aminata
Touré, une des responsable de la Coalition africaine-Dette et
développement propose un "Observatoire-Citoyen" composé des
responsables de la société civile africaine pour "surveiller" notamment
la gouvernance sur le continent.
http://www.nettali.net/spip.php?article3669