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QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
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 Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde

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AuteurMessage
mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde Empty
05062007
MessageComité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde

Bulletin N°29
Juin 2007
E-mail : france@cadtm.org
Site : www.cadtm.org
Comité pour l’Annulation
de la Dette du Tiers Monde
F r a n c e
ÉDITORIAL
A quelques jours du sommet du G8, l’économie
internationale est en ébullition :
violentes secousses à la Banque mondiale
où le président a dû faire ses valises bien
avant l’heure ; inquiétudes des grands
argentiers occidentaux face à la montée
en puissance de la Chine et au rôle croissant
des fonds spéculatifs, qui s’encombrent
rarement de scrupules et ne s’embarrassent
pas des textes de droit international
pour prendre leurs décisions ;
arrivées au pouvoir en Amérique latine de
gouvernements de plus en plus contestataires
et mise en place de mesures alternatives
radicales, etc. Le modèle néolibéral
est dans l’impasse, et dans ce cas, la
fuite en avant est rarement la solution
recommandée... Seule la construction
d’un modèle basé sur une toute autre
logique pourra nous sortir de cette impasse
et proposer une issue équitable et
durable. Venez vous battre à nos côtés
pour la faire émerger au plus vite !
\\\ L'ÉQUIPE DU CADTM FRANCE
- 1 -
ENCORE UN G8 DE TROP !
C'est à Heiligendamm (nord de l’Allemagne),
encerclée d'un mur de barbelés rappelant aux Allemands de tristes souvenirs, que se déroulera cette année le
sommet des maîtres du monde. Voilà 33 ans (depuis 1975, à l'initiative de Valéry Giscard d'Estaing) que les
pays les plus riches de la planète, 8 à ce jour, se réunissent chaque année dans une «ambiance décontractée
», «pour discuter des affaires du monde». Voilà 33 ans qu'ils poussent les pions pour gagner toujours plus.
Groupe informel, tout comme le Club de Paris, ils représentent ensemble seulement 15% de la population
mondiale, mais se donnent le droit de décider de l'avenir de tous les pays, comme bon leur semble. Et ce qui
leur semble bon, c'est, bien sûr, le système néolibéral, sans
aucune limite, le «marché» étant le maître des cérémonies. Ils
en sortent chaque fois avec de belles déclarations, assorties de
promesses qui, comme d’habitude, n’engagent que ceux qui y
croient. Mais les pays pauvres en ont assez d'entendre ces mensonges.
Depuis 2005, année où le G8 avait promis monts et
merveilles, spectacle à l'appui, les aides des pays riches à
l'Afrique ont, au contraire, diminué. Cette année encore, Angela
Merkel et Tony Blair agitent des panneaux «En finir avec la pauvreté,
aujourd'hui», alors que la Constitution européenne sera
l’une de leurs vraies préoccupations. A Rostock, plusieurs
milliers d'altermondialistes - dont bon nombre de militants du CADTM - font leur sommet alternatif. Après les
manifestations des 2 et 3 juin, des ateliers de réflexions, d'actions, et spectacles exprimeront le refus de ce
système.
L’an prochain, c’est le Japon qui devrait accueiller le G8 : du 7 au 9 juillet, au lac Toya, sur l'île d'Hokkaido.
S’ils y sont, nous y serons aussi... \\\ YVETTE KROLIKOWSKI
AGENDA
6-8 juin, Heiligendamm (Allemagne) : réunion
du G8 et contre-sommet altermondialiste.
7 juin, Orléans (45) : intervention d’Olivier
Lorillu après le film We feed the world, au cinéma
des Carmes, à 20h.
8 juin, Nuits st Georges (21) : intervention de
Nicolas Sersiron après le film We feed the world.
9 juin, Lille (59) : Réunion du groupe CADTM, sur
le thème «Le poids de la dette dans les pays du
Maghreb», au Café Citoyen.
9 juin, Pierrefitte (65) : stand CADTM au festival
Cuba Hoy.
14 juin, Baisieux (59) : intervention de Bertrand
Baillot et Serge Vienne, à 19h.
14 juin : émission de radio sur Radio Aligre avec
Julie Castro, à 9h.
15-17 juin, Montreuil (93) : participation du
CADTM au Festival Taparole, au studio théâtre de
Montreuil.
16 juin, Pleneuf Val André (22) : intervention de
Roseline Péluchon après le film Bamako.
19 juin, Paris : projection-débat sur le thème
«Migrations internationales et développement», au
Théâtre alternatif des 5 diamants, à 18h30.
22 juin : nuit contre la Françafrique avec Zalea TV
et Survie, nuitcontrelafrancafrique.africa-web.org,
à partir de 22h.
- 2 -
BANQUE MONDIALE : DU
PLOMB DANS L’AILE
Acculé, Paul Wolfowitz vient d’annoncer sa démission de la
présidence de la Banque mondiale. L’affaire de népotisme et
d’augmentation de salaire exorbitante de sa propre compagne
n’est-elle vraiment qu’une simple « erreur » de la part de
quelqu’un qui a agi « de bonne foi » ? Foutaises… Connaître
Wolfowitz permet de mieux comprendre comment on en est
arrivé là.
Paul Wolfowitz est un pur produit de l’appareil d’État des
États-Unis. Très tôt, il aborde les questions de stratégie militaire.
En 1969, il travaille pour une commission du Congrès et
parvient à convaincre le Sénat de la nécessité de doter les
États-Unis d’un parapluie anti-missile face aux Soviétiques
[1]. Sa réflexion stratégique comporte un fil rouge : identifier
des adversaires (URSS, Chine, Irak…) et démontrer qu’ils sont
plus dangereux que ce que l’on imagine, afin de justifier un
effort supplémentaire de défense (augmentation du budget,
fabrication de nouvelles armes, déploiement massif de troupes)
allant jusqu’au déclenchement de guerres préventives.
On connaît la suite…
Le parcours de Wolfowitz passe ensuite par l’Asie. De 1983
à 1986, il dirige le secteur Asie de l’Est et Pacifique du département
d’État sous Ronald Reagan, avant de devenir ambassadeur
en Indonésie entre 1986 et 1989. Pendant cette période,
il soutient activement plusieurs régimes dictatoriaux :
Ferdinand Marcos aux Philippines, Chun Doo Hwan en Corée
du Sud, Suharto en Indonésie… Suite à la mobilisation populaire
qui chasse Marcos en 1986, Wolfowitz organise la fuite
du dictateur qui trouve refuge à Hawaï, 50e Etat des Etats-
Unis... Alors que les États-Unis ont soutenu la dictature de
Suharto pendant plus de 30 ans, Paul Wolfowitz ose déclarer
en mai 1997 : « Tout jugement équilibré concernant la situation
de l’Indonésie aujourd’hui, y compris le sujet très important
et sensible des droits humains, doit prendre en compte
les progrès importants déjà accomplis par l’Indonésie et il
convient de reconnaître que beaucoup de ces progrès sont à
mettre au compte du leadership à la fois fort et remarquable
du président Suharto » [2]. Un an plus tard, le vieux dictateur
lâché par Washington doit renoncer au pouvoir dans un
contexte de grandes mobilisations populaires.
Devenu sous-secrétaire d’État à la Défense et l’un des principaux
architectes de l’invasion militaire de l’Afghanistan en
2001 et de l’Irak en 2003, Wolfowitz est nommé en mars
2005 par le président George W. Bush à la présidence de la
Banque mondiale, qu’il va donc quitter le 30 juin prochain.
Mais Paul Wolfowitz n’est pas pour autant le vilain directeur
d’une institution généreuse et immaculée. Il est grand temps
d’arracher le voile sur l’action de la Banque mondiale depuis
60 ans, notamment sur les points suivants :
- pendant la guerre froide, la Banque mondiale a utilisé l’endettement
dans un but géopolitique et systématiquement
soutenu les alliés du bloc occidental, notamment des régimes
dictatoriaux (Pinochet au Chili, Mobutu au Zaïre, Suharto en
Indonésie, Videla en Argentine, apartheid en Afrique du
Sud…) qui ont violé les droits humains et détourné des sommes
considérables, et elle continue de soutenir des régimes
de même nature (Déby au Tchad, Sassou Nguesso au Congo,
Biya au Cameroun, Musharraf au Pakistan, la dictature à
Pékin…) ;
- au virage des années 1960, la Banque mondiale a transféré
à plusieurs pays africains nouvellement indépendants
(Mauritanie, Gabon, Congo-Kinshasa, Nigeria, Kenya…) les
dettes contractées par leur ancienne métropole pour les coloniser,
en totale contradiction avec le droit international ;
- une très grande quantité des prêts octroyés par la Banque
mondiale a servi à mener des politiques qui ont provoqué des
dégâts sociaux et environnementaux considérables, dans le
but de faciliter l’accès à moindre coût aux richesses naturelles
du Sud ;
- après la crise de la dette de 1982, la Banque mondiale a
soutenu les politiques d’ajustement structurel, alliant forte
réduction des budgets sociaux, suppression des subventions
aux produits de base, privatisations massives, fiscalité qui
aggrave les inégalités, libéralisation forcenée de l’économie et
mise en concurrence déloyale des producteurs locaux avec les
grandes multinationales, ce qui va dans le sens d’une colonisation
économique ;
- la Banque mondiale a mené une politique qui reproduit la
pauvreté au lieu de la combattre, et les pays qui ont appliqué
à la lettre ses prétendus « remèdes » se sont enfoncés dans
la misère ; en Afrique, le nombre de personnes devant survivre
avec moins de 1$ par jour a doublé depuis 1981, plus de
200 millions de personnes souffrent de la faim et pour 20 pays
africains, l’espérance de vie est passée sous la barre des 45
ans ;
- malgré les annonces tonitruantes, le problème de la dette
reste entier car les remises de dette de la part de la Banque
mondiale sont réservées à un petit nombre de pays sélectionnés
pour leur docilité économique et dissimulent en contrepartie
des réformes économiques draconiennes, dans la droite
ligne de l’ajustement structurel.
Le passif de la Banque mondiale est bien trop lourd pour que
l’on puisse se contenter de la démission de Paul Wolfowitz. En
fait, la Banque mondiale est dotée d’un grave vice de forme :
elle sert les intérêts géostratégiques des Etats-Unis, de leurs
grandes entreprises et de leurs alliés, indifférente au sort des
populations pauvres du tiers-monde. Dès lors, une seule issue
devient envisageable : l’abolition de la Banque mondiale et
son remplacement dans le cadre d’une nouvelle architecture
institutionnelle internationale.
La Banque mondiale tangue dangereusement et cette grave
crise pourrait la faire couler définitivement, d’autant qu’elle
subit dans le même temps les assauts de plusieurs gouvernements
d’Amérique latine. Le Venezuela a annoncé le 30 avril
dernier qu’il quitte le FMI et la Banque mondiale. La Bolivie et
le Nicaragua s’apprêtent à quitter le Centre international de
règlements des différends relatifs aux investissements (CIRDI,
[3]), l’une des branches de la Banque mondiale. L’Equateur a
expulsé le représentant permanent de la Banque mondiale. Six
pays latino-américains [4] sont en train de jeter les bases
d’une Banque du Sud aux choix radicalement différents.
Différents experts, dont plusieurs membres du CADTM, ont
pris part à ces discussions qui visent une vraie modification du
rapport de forces mondial, sur les décombres d’une Banque
mondiale moribonde…
\\\ DAMIEN MILLET ET ERIC TOUSSAINT
[1] Voir l’histoire détaillée de la Banque mondiale et de Paul
Wolfowitz dans Eric Toussaint, Banque mondiale, le coup d’Etat permanent,
CADTM/Syllepse, 2006.
[2] Tim Shorrock, “Paul Wolfowitz, Reagan’s Man in Indonesia, Is
Back at the Pentagon”, in Foreign Policy in Focus, février 2001, p3.
[3] CIRDI : sorte de tribunal au sein de la Banque mondiale où une
entreprise privée peut attaquer un Etat si elle s’estimé lésée par une
décision, même prise démocratiquement par un gouvernement soucieux
des conditions de vie de son peuple.
[4] Argentine, Bolivie, Brésil, Equateur, Paraguay, Venezuela.
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Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde :: Commentaires

BANQUE MONDIALE :
ZOELLICK ARRIVE...
Paul Wolfowitz, contraint de démissionner après avoir
violé les règles internes de la Banque mondiale, sera très
probablement remplacé à la tête de l’institution par le
candidat de George.W.Bush, Robert Zoellick. Ce dernier
fut successivement chef du cabinet de George Bush père
au début des années 1990, secrétaire au commerce
extérieur au début des années 2000 et le numéro deux
du département d’Etat, au côté de Condolezza Rice,
entre janvier 2005 et juin 2006. Depuis cette date, il travaillait
à la banque d’affaires Goldman Sachs.
Le CADTM s’insurge contre cette nomination pour deux
raisons majeures.
La première est que le président de la Banque mondiale
sera une fois de plus un ressortissant des Etats-Unis
sélectionné selon le bon vouloir du président des Etats-
Unis. La règle tacite en vertu de laquelle le président de
la Banque mondiale doit être un citoyen états-unien,
décriée par tant de mouvements sociaux et de personnalités
dans le monde, sera donc appliquée une fois de
plus, en totale contradiction avec les règles élémentaires
de gouvernance et de démocratie. L’influence des Etats-
Unis sur la Banque mondiale ne s’arrête pas là puisque
ils disposent d’un droit de veto de fait sur toutes les
grandes décisions de l’organisation.
La deuxième raison découle de la première : la Banque
mondiale n’est qu’un instrument au service de la politique
extérieure des Etats-Unis et des intérêts des multinationales
américaines. Il ne faut pas compter sur la
présidence de Zoellick pour espérer un changement d’orientation.
Fervent défenseur du libre-échange, il a
représenté les intérêts du gouvernement américain dans
les négociations pour une dérégulation forcenée au sein
de l’OMC, aujourd’hui dans l’impasse, et fut l’un des artisans
du traité de libre-échange nord américain (ALENA),
signé en 1994 et qui impose l’ouverture totale des frontières
pour le commerce entre les Etats-Unis, le Canada
et le Mexique, ouvrant surtout le marché mexicain aux
marchandises états-uniennes fortement subventionnées.
Enfin, le dogmatisme de Zoellick est tel qu’il affirmait, au
lendemain des attentats de septembre 2001, que la lutte
contre le terrorisme passait par la libéralisation du commerce
international. Avec un tel président, il ne fait
aucun doute que la Banque mondiale poursuivra les politiques
néolibérales violemment génératrices de pauvreté
qu’elle applique depuis plusieurs décennies.
La nomination de Robert Zoellick à la tête de la Banque
mondiale est un argument supplémentaire pour le
CADTM de réclamer l’abolition de cette institution incapable
de changer sa vision du développement qui repose
inlassablement sur l’ouverture des marchés. Le
moment est venu de rompre avec cette idéologie néolibérale
en remplaçant la Banque mondiale dans le cadre
d’une nouvelle architecture institutionnelle internationale.
Un Fonds mondial du développement pourrait être
créé dans le cadre des Nations-Unies et relié à des
banques régionales du développement du Sud. Le projet
de Banque du Sud regroupant plusieurs pays d’Amérique
latine est une avancée dans ce sens à condition que son
fonctionnement se distingue radicalement de celui de la
Banque mondiale.
DE SIBY À SIKASSO
Au moment où, en Allemagne, les dirigeants des huit pays
les plus riches se partageront le monde, les plus pauvres se
réuniront en Afrique, pour dire une fois de plus : «Assez, nous
existons et nous voulons choisir pour nous-mêmes».
Depuis 2002, le CAD Mali organise en contrepoint du G8 le
Forum des peuples. La 6ème édition se tiendra du 4 au 8 juin,
à Sikasso, au sud-est du Mali, capitale du coton. Cette région,
où siège la Compagnie malienne de développement des textiles
(CMDT), possède aussi d'importants gisements d'or.
Près de 800 participants devraient se retrouver, venant des
pays voisins (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée, Niger, Sénégal),
mais aussi de France, Belgique et Canada. Beaucoup de thèmes
seront toujours malheureusement d'actualité : la dette,
les privatisations, la menace des OGM, la souveraineté alimentaire,
l'accès à la santé, à l'eau, à l'électricité, les rapports
Nord-Sud et les politiques néolibérales, le drame des
migrants... Cette année, les institutions financières internationales
auront une place de choix avec l'échec de plus en plus
patent de leur action, et le projet naissant, en Amérique latine,
d'une «Banque du Sud», enfin au service des peuples
concernés.
Enrichie de l'expérience des années précédentes, cette édition
sera à nouveau un lieu de rencontre et d'échange où se
confirmera le renforcement du mouvement social malien et
africain, ainsi que sa volonté de résister «à la mondialisation
libérale». \\\ YVETTE KROLIKOWSKI
COMPTONS SUR LES DOIGTS
+ Les riches vont bien, merci pour eux ! Selon le magazine
Forbes, le monde abritait 946 milliardaires (en
dollars) en 2006, contre seulement 793 l’année précédente.
Leur patrimoine cumulé atteint 3500 milliards de
dollars. Pas mal, hein ? Il y a 5 ans, ils n’étaient que 497,
pour une fortune de 1540 milliards de dollars. Les très
riches sont de plus en plus riches. Et à votre avis, les très
pauvres ?
+ Les dépenses militaires mondiales explosent !
Estimées à 1000 milliards de dollars en 1990 et 1200
milliards de dollars en 2006, elles devraient atteindre
1500 milliards de dollars en 2007 selon Jeune Afrique du
13 mai 2007. Les Etats-Unis y consacrent 565 milliards,
devant la Chine (123), la Russie (87), la France (62) et
le Royaume-Uni (61).
+ Et la dette extérieure des pays en développement ?
Elle va bien aussi ! Selon le World Economic Outlook
2007 du FMI (qui a un système statistique un peu différent
de la Banque mondiale), contrairement aux proclamations
médiatiques, elle poursuit sa course folle : 3000
miliards de dollars en 2005, 3240 milliards en 2006, et
des prévisions de 3500 milliards de dollars en 2007 !
Au moins, si on manque de capitaux pour financer le
développement du Sud, on saura où piocher...
\\\ DAMIEN MILLET
- 3 -
Bulletin du CADTM France
17 rue de la Bate, 45150 Jargeau - France
Tel : 00 33 (0)2-38-59-98-28
Email : france@cadtm.org
Directeur de la publication : Damien Millet
Photos : N. Sersiron (p1) / Indymedia
ISSN 1634-5932 Dépôt légal : à parution.
FAMINE ET DETTE
PERSISTENT AU BURUNDI
La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation
et l’agriculture) déclare, sur sa carte mondiale de
la faim, qu’en ce printemps 2007, plus d’1,2 million de
personnes, soit 25% de la population du Burundi, nécessite
une aide alimentaire. Après une décennie de guerre,
le Burundi est, depuis 2001, anéanti par une série de
mauvaises récoltes. Plus de 4000 personnes n’ont déjà
plus d’autre solution que de s’enfuir vers la Tanzanie voisine.
L’UNICEF rapporte que «les familles des régions touchées
[c’est-à-dire 10 des 17 provinces que compte le
pays] n'ont plus de réserves alimentaires et la plupart
des foyers ne mangent qu'une fois par jour. »
Cette famine est la conséquence de phénomènes climatiques
inhabituels à ces latitudes équatoriales : une
longue période de sécheresse suivie de pluies torrentielles
survenues en septembre 2006, au début de la nouvelle
saison culturale, et qui ont détruit jusqu’à 60% des
récoltes. Les productions de maïs, de haricots et de
patates douces sont très inférieures aux besoins et
comme toujours en pareil cas, le prix de ces produits de
base s’envole.
L’UNICEF ajoute : «au moins 60 pour cent des
Burundais vivent avec moins d'un dollar par jour, mais le
prix des haricots - leur source de protéines la plus abordable
- a presque doublé. Un kilogramme de haricots,
qui coûtait 450 francs du Burundi [environ 0,45 dollar]
en janvier 2006, coûte aujourd'hui [début 2007] aux
alentours de 750 francs.»
Même si aucun bilan officiel n’a été publié, on sait que
des centaines de personnes ont déjà péri et que des
dizaines de milliers d’enfants ont dû abandonner l’école.
Malgré cette situation dramatique, le Burundi continue à
rembourser sa dette, estimée à 1,2 milliard de dollars
alors que le PNB n’est que de 665 millions. Le service de
la dette selon la Banque mondiale représentait déjà, en
2002, 41% du budget national. Il est évidemment encore
plus lourd aujourd’hui.
Reconnu PPTE (Pays pauvre très endetté) en 2005, il
n’a toujours bénéficié d’aucun allègement de dette, malgré
une situation économique plus que précaire. Il payait
au titre du service de la dette 25 millions de dollars en
2002, il en a versé 85 en 2006 et doit encore en verser
98 en 2007.
Ecrasé par la dette et soumis à une stricte politique d’ajustement
structurel, le Burundi ne peut pas venir en
aide aux sinistrés de la famine, en important par exemple
les 330 000 tonnes de nourriture qui manquaient à la
population en janvier 2007 selon le PAM (Programme alimentaire
mondial). Faute d’argent, le gouvernement
avait déjà suspendu à l’automne 2006 les campagnes de
dépistage du SIDA, alors que sur les 250 000 personnes
diagnostiquées séropositives, 8 250 seulement recevaient
un traitement.
Les autorités internationales ont pourtant récemment
montré tout « l’intérêt » qu’elles portaient au Burundi.
Paul Wolfowitz en personne s’est rendu dans le pays les
7 et 8 mars 2007. Il a bien sûr, comme à son habitude,
commencé par dénoncer la corruption, et espéré que le
Burundi atteindrait bientôt le point d’achèvement de l’initiative
PPTE, qui permettra d’envisager enfin une
annulation de la dette. Il a aussi souligné que la Banque
mondiale est «toujours prête à intervenir pour faciliter le
climat des affaires» et a reconnu, à la grande satisfaction
de la présidence de la République du Burundi, dont
le site internet rapporte ses propos, que «le peuple du
Burundi est laborieux», gage certain de lendemains heureux…
Deux mois plus tard, le 3 mai 2007, c’est au tour de
Murilo Portugal, directeur-général adjoint du FMI, de se
rendre à Bujumbura. Il a chaleureusement félicité les
autorités du Burundi en ces termes : «Dans des conditions
très difficiles, le gouvernement a maintenu une discipline
budgétaire rigoureuse, qui est essentielle pour la
stabilité macroéconomique. Les autorités ont libéralisé le
commerce extérieur et le régime de change, ont renforcé
la politique monétaire et la gestion des finances
publiques, et ont commencé à réformer les secteurs productifs.
» Il a aussi distribué quelques conseils pour l’avenir
: «[l’Etat] doit exécuter résolument les profondes
réformes structurelles qui sont nécessaires pour relancer
l'économie, y compris dans le secteur café. La privatisation,
dans des délais appropriés, des vastes participations
de l'État aidera à mettre en place des conditions
propices à l'activité et à l'investissement du secteur
privé.»
Le contraste entre ces déclarations officielles lénifiantes
et l’urgence de la situation alimentaire est consternant
autant qu’est aberrante la structure de l’agriculture de ce
pays aux sols pourtant riches, incapable aujourd’hui de
nourrir sa population mais fier d’être, depuis les années
1930, un des grands exportateurs africains de café !
\\\ SERGE VIENNE
ECOUTER
Le CADTM soutient depuis longtemps le combat inlassable
contre la «Françafrique» de l'association Survie, mené
conjointement avec de nombreuses organisations de la
société civile africaine. Par delà les continents, des artistes
et des citoyens réfléchissent et se mobilisent pour
sortir du néocolonialisme, d’où la sortie en 2005 de la
première compilation «Africa wants to be free !».
Afin de mettre en évidence la filiation entre ces formes
de domination et les pratiques coloniales d'antan, et de
dénoncer la persistance d'imaginaires coloniaux au sein
de la société française, Survie et plusieurs artistes de la
compilation «Africa wants to be free !» ont décidé de
poursuivre l'aventure et de
lancer le projet politicomusical
«Décolonisons !».
Un morceau collectif a été
enregistré pour l’occasion,
reprenant des extraits d'interviews
de François-Xavier
Verschave, ancien président
de Survie, dont les écrits
ont inspiré la plupart des
artistes présents sur la
compilation.
Le CD Décolonisons ! est
sorti le 23 février 2007, date ô combien symbolique, deux
ans après le vote à l'Assemblée nationale de la loi sur le
«rôle positif de la colonisation». A se procurer de toute
urgence, si ce n’est déjà fait...
- 4 -
- 5 -
JOURNALISTE MENACÉ DE


MORT AU BURKINA


La liste des crimes du régime Compaoré est bien longue,


rappelons simplement l'assassinat fondateur de


Thomas Sankara le 15 octobre 1987, mettant fin à la


révolution burkinabè, puis ceux de l'étudiant en 7ème


année de médecine Dabo Boukary en 1990, du journaliste


indépendant Norbert Zongo en 1998...


Chacun de ces trois là savaient qu'ils étaient menacés,


et vivaient en permanence avec cette crainte.


Tous les trois ont cependant continué leurs combats,


certains d'être du bon côté, du côté de la justice, du peuple


et de la dignité. On le sait, une des grandes batailles


de Thomas Sankara fût celle pour l'annulation et le non


paiement de la dette, et c'est sans doute celle qui aura


le plus dérangé, jusqu'à son assassinat. Norbert Zongo


pour sa part cherchait la vérité : sur les assassinats du


régime, sur les agissements du pouvoir. Devenu trop


populaire, éveillant la conscience des populations, on l'a


alors éliminé. Dabo Boukary luttait lui pour les droits des


étudiants. Dérangeant, on a mis fin à son engagement


en s'en débarrassant une nouvelle fois par la violence.


Sams’K Le Jah, à travers son action quotidienne auprès


du peuple burkinabè, de sa jeunesse et même par delà


les frontières de son pays, contribue chaque jour à


éveiller les consciences, à secouer les mémoires. Alors


que rares, voire inexistants, sont ceux qui osent parler


de la question de la dette au Burkina depuis l'assassinat


de Sankara, Sams’K Le Jah, lui, chante le président burkinabè


assassiné et ses idées, reprend ses meilleurs discours


sur la question de la dette et les diffuse efficacement


auprès d'un public attentif à ses messages.


Par son travail, deux fois par semaine à la radio Ouaga


FM, il explique les mécanismes de domination qui


oppresse l'Afrique. Entre deux morceaux de reggae, il


invite la jeunesse du Burkina à se prendre en main, et à


s'engager pour donner un nouveau visage au continent.


L'on pourrait penser que ce travail serait suffisant, mais


sa soif de changement lui donne l'énergie à chaque


instant pour en faire toujours plus. En moins d'un mois,


on l'a vu organisé une caravane 100% reggae, avec plusieurs


étapes dans des grandes villes de l'intérieur du


pays, faisant salles combles à chaque fois, et expliquant


sans relâches comment la dette et les systèmes mis en


place empêchent la jeunesse de s'en sortir. Avec des


mots simples, il se fait comprendre de tous, convaincant


et mobilisant toujours plus de monde. Avant chaque


concert, c'est sur les radios locales qu'il répète ses messages.


Lors du Fespaco, il anime des projections-débats


sans jamais se lasser de communiquer...


On a pu le constater lors du Festival international de la


liberté d'expression et de presse (FILEP), qui se tenait à


Ouagadougou du 11 au 14 avril 2007, réunissant plus de


80 journalistes et artistes engagés de toute l'Afrique,


Sams’K Le Jah est immensément populaire.


Et c'est ce bruit qui circule, cette colère grandissante,


sous-jacente qui commence à sérieusement déranger...


Qui ? On ne le sait pas, mais depuis 3 semaines, les


menaces de mort qui lui sont adressées se font chaque


fois plus précises, plus dangereuses, plus inquiétantes.


Les réactions des organisations de défense des journalistes,


et de la société civile burkinabè et internationale


ont pour l'instant consisté à porter plainte auprès des


autorités policières, et à dénoncer ces menaces dans des


communiqués. Rien n'est fait, en dehors d'une solidarité


de quartier, avec ses amis, pour assurer sa sécurité.


L'Etat se garde bien de réagir, et se terre dans un silence


complice, tandis que les autorités ne coopèrent que


très peu, refusant de délivrer les documents permettant


d'identifier l'origine des messages auprès de Yahoo!... En


attendant d'en savoir plus, le directeur de la radio a préféré


mettre fin aux émissions de Sams’K Le Jah, et des


journaux complices du pouvoir en place lancent des


polémiques fumeuses sur la volonté prétendue de


Sams’K Le Jah d'obtenir asile en Europe, où il sera effectivement


au mois de juin pour subir une opération prévue


de longue date.


Malgré tout ça, Sams’K tient bon, essaie de garder le


moral, et espère reprendre au plus vite ses émissions. Le


soutien qu'il reçoit d'un peu partout est essentiel et doit


s'élargir. Il est de notre devoir de soutenir l'engagement


des artistes et des journalistes qui prennent des risques


inestimables pour éveiller les consciences, changer les


mentalités, refuser le fatalisme...


Sams’K en est un parfait exemple et nous devons en


parler : c'est déjà beaucoup. Parlons en donc à nos amis,


dans nos réseaux, et restons attentifs. Nous devons également


faire pression, via les ambassades, et par tous


les moyens possibles, pour que Sams’K reprenne au plus


vite ses émissions et que la vérité soit faite sur l'origine


des menaces...


L'ensemble des mails de menaces, ainsi que d'autres


infos sur Sams’K sont disponibles sur le site Internet :


www.thomassankara.net


\\\ SEBASTIAN ALZERRECA


LIRE ET VOIR


+ We feed the world (Le marché de la faim), film


autrichien d’Erwin Wagenhofer ; livre d’Erwin


Wagenhofer et Max Annas, Actes Sud, 2007.


Chaque jour à Vienne, la quantité de pain inutilisée, et


vouée à la destruction, pourrait


nourrir la seconde plus grande ville


d'Autriche, Graz... Environ 350 000


hectares de terres agricoles, essentiellement


en Amérique latine, sont


employés à la culture du soja destiné


à la nourriture du cheptel des


pays européens alors que près d'un


quart de la population de ces pays


souffre de malnutrition chronique.


Chaque Européen consomme


annuellement 10 kilogrammes de


légumes verts, irrigués artificiellement dans le Sud de


l'Espagne, et dont la culture provoque des pénuries


d'eau locales... We feed the world est un film sur la pauvreté


au coeur de la richesse qui éclaire la manière dont


notre nourriture est produite et répond aux questions


que le problème de la faim dans le monde nous pose. Ce


ne sont pas seulement des pêcheurs, des fermiers, des


agronomes, des biologistes qui sont interrogés, mais


aussi notre ami Jean Ziegler (rapporteur spécial de l’ONU


sur le droit à l’alimentation), un des responsables de


Pioneer (le leader mondial des ventes de semences)


ainsi que Peter Brabeck (PDG de Nestlé). Soutenu par le


CADTM, à voir absolument.


- 6 -


L’EQUATEUR A RENDEZ-VOUS


AVEC L’HISTOIRE...


L’attitude du gouvernement de Rafael Correa en


matière de dette


L’Equateur est le pays d’Amérique du Sud qui doit


consacrer la part la plus élevée de son budget au remboursement


de la dette. A priori, il est censé faire un


effort insoutenable en 2007 : le service de la dette prévu


est d’environ 2 800 millions de dollars (soit 38% du budget


[1]). Le nouveau gouvernement du président Rafael


Correa, en place depuis début janvier, a déjà été


contraint de payer une somme considérable aux créanciers


(près de 1 000 millions de dollars) et il cherche à


mettre fin à l’hémorragie dans l’intérêt de son peuple. Il


veut utiliser les sommes ainsi économisées pour améliorer


la situation sociale des populations, notamment dans


le secteur de la santé. Il vient de recruter du personnel


de santé, environ 600 personnes, pour améliorer immédiatement


les services rendus aux secteurs de la population


qui en ont le plus besoin. Il voudrait garantir des


progrès dans d’autres domaines également. La radicalité


du président Correa et de son ministre de l’Economie et


des Finances Ricardo Patiño suscite différentes tentatives


de déstabilisation de la part des milieux financiers locaux


et internationaux ainsi que des partis de droite. Tout est


bon pour tenter de leur nuire.


Un processus se met en place pour parvenir à


l’annulation de la dette


Le nouveau gouvernement cherche à identifier la part


de la dette qui peut, sans contestation possible, donner


lieu à une dénonciation et à une répudiation. A ce titre,


il veut s’appuyer sur les résultats des travaux de la commission


d’audit mise en place par le régime antérieur, en


créant une nouvelle commission d’audit qui devrait pousser


beaucoup plus loin les recherches et qui associerait


des experts internationaux


aux experts nationaux.


L’objectif de Ricardo Patiño


est de mettre en place une


commission de six personnes


au moins, composée de


trois internationaux [2]. La


commission s’appuierait sur


un groupe de recherche de


plusieurs dizaines de personnes


qui travaillerait à l’identification


des dettes illégitimes,


que ce soit à l’égard


des créanciers multilatéraux


(comme la Banque


mondiale, le FMI, la Banque interaméricaine de développement,


etc.) ou à l’égard des créanciers bilatéraux


(dont les principaux sont l’Espagne, le Japon, le Brésil et


l’Italie). Il y a plus de 15 créanciers bilatéraux pour un


montant de 2 milliards de dollars qui représentent 20%


de la dette extérieure publique de l’Equateur. Le gouvernement


voudrait auditer les dettes dues à des créanciers


privés, sous la forme de titre de la dette, les « bonos »,


afin de déterminer quelle partie est illégitime et ainsi justifier


une annulation. Il en va de même pour la dette


intérieure publique ; des mesures d’annulation sont en


cours d’exécution. Le gouvernement équatorien actuel


veut aller vite, c’est pourquoi les experts internationaux


actifs sur la problématique de la dette sont prêts à


retourner rapidement en Équateur. De toute manière,


plusieurs ministres ont une connaissance approfondie de


la question de la dette et, du côté des mouvements


citoyens, de nombreuses personnes sont investies


depuis des années dans le travail d’audit. C’est pour cela


que les autorités équatoriennes sont en mesure de prendre


rapidement des décisions fondées sur un dossier


qu’elles maîtrisent très bien.
Quelle orientation adopter ?


Il faut une action unilatérale parce que si l’Equateur


attend de la communauté internationale que celle-ci


mette en place un tribunal international d’arbitrage, cela


prendra des années avant d’arriver à un résultat - sans


doute médiocre. Or il y a urgence. L’action unilatérale en


matière de dette est une action légitime et beaucoup


plus efficace. Il vaut beaucoup mieux dénoncer et


suspendre le paiement de certaines dettes de manière


souveraine et ensuite, si cela s’avère nécessaire, entrer


dans une négociation pour certaines de celles-ci avec les


créanciers. Dans ce cas, le gouvernement est en position


de force car ce sont les créanciers qui seront demandeurs


de la reprise du paiement. Ils seront prêts à se «


mettre à table » et à réduire leurs exigences. L’Equateur


a donc toutes les raisons pour entreprendre une action


unilatérale en décrétant, sur la base de l’audit, qu’une


large part de la dette est illégitime. Une décision souveraine


des autorités de Quito d’arrêt des paiements serait


fondée sur divers arguments du droit interne et international.


Quels sont ces arguments en faveur de l’annulation


de ces dettes ?


De nombreux contrats sont liés à des taux d’intérêts


usuraires. Des remboursements sont réclamés à


l’Equateur pour des projets qui n’ont jamais été réalisés


ou qui l’ont été de façon tout à fait partielle sans correspondre


aux exigences du


cahier des charges. Des


dettes ont été contractées


pour payer ou rembourser


d’anciennes dettes contractées


par des régimes dictatoriaux


des années 1970. Il


y a donc de multiples arguments


liés à une analyse


détaillée des projets qui


sont à l’origine de cette


dette pour justifier un nonpaiement.


Cela représente


la majorité de la dette qui


est réclamée à l’Equateur. Il


s’agit donc de déterminer rapidement les dettes qu’on


peut mettre directement en cause pour passer à la phase


suivante, qui est celle de la suspension des paiements.


Cela pourrait se faire dans les mois qui viennent, dès


l’été 2007... Le gouvernement et le président prendront


la décision finale.


Comment vont s’organiser les travaux de la nouvelle


commission d’audit ?


Le gouvernement veut suivre une politique transparente


: la décision est prise de créer cette nouvelle commission


sur l’audit qui réalisera ses travaux de manière


publique. Les bureaux de la commission d’audit seront


- 7 -


ouverts, accessibles au public qui voudrait apporter son


aide ou qui voudrait apporter son témoignage pour identifier


les détournements, pour identifier les projets qui


n’ont pas été réalisés ou différents types de dol (tromperie)


dont ont été victimes les Equatoriens auxquels on


réclame le remboursement de la dette. Selon cette


démarche de transparence, cette commission devrait


disposer d’un site Internet où seraient mis en ligne la


plupart des contrats. Si cette étape est réalisée, le


CADTM, avec les autres mouvements qui luttent pour


l’annulation de la dette, pourrait lancer un appel international


à témoignage. Il est plausible que d’anciens


consultants de la Banque mondiale, voir d’anciens fonctionnaires


de la Banque mondiale, de la Banque interaméricaine


de développement, du FMI, des créanciers,


des agents des créanciers privés... soient prêts à dénoncer


les pratiques douteuses, illégales, voire criminelle,


des créanciers, de manière à venir en aide aux autorités


équatoriennes pour ne pas payer la dette illégitime.


Un témoin important : John Perkins


C’est notamment le cas de John Perkins, dont le livre


Les confessions d’un assassin financier [3] a fait beaucoup


de bruit. Il explique clairement sa mission, qui était


d’«encourager les dirigeants de divers pays à s’intégrer


à un vaste réseau promouvant les intérêts commerciaux


des Etats-Unis. Au bout du compte, ces dirigeants se


retrouvent criblés de dettes, ce qui assure leur loyauté.


Nous pouvons alors faire appel à eux n’importe quand


pour nos besoins politiques, économiques ou militaires.


De leur côté, ils consolident leur position politique en


créant pour leur peuple des zones industrielles, des centrales


électriques et des aéroports. Les propriétaires des


compagnies américaines d’ingénierie et de construction


s’enrichissent ainsi fabuleusement.» Il a justement


ouvré en Equateur où il a travaillé avec le président


Jaime Roldos : «Jaime Roldos allait de l’avant. Fidèle à


ses promesses électorales, il avait lancé une attaque en


règle contre les compagnies pétrolières. [...] La réaction


des compagnies pétrolières était prévisible : elles firent


le maximum pour empêcher l’adoption de cette loi. [...]


On dépeignit le premier président démocratiquement élu


de l’Equateur moderne comme un nouveau Castro. Mais


Roldos ne céda pas à l’intimidation. [...] Il prononça un


grand discours au stade olympique Atahualpa, à Quito,


après quoi il se dirigea vers une petite communauté


située dans le sud du pays. Il y mourut dans un accident


d’hélicoptère, le 24 mai 1981.» Accident, comme pour le


président du Panama, Omar Torrijos, à la même époque?


Pour Perkins, évidemment non, il n’y avait rien d’accidentel


: «Ils furent assassinés parce qu’ils s’opposaient


à la coalition formée par de grandes compagnies, le gouvernement


américain et des banquiers, dans le but d’établir


un empire global. Nous, les assassins financiers,


n’avions pas réussi à obtenir la collaboration de Roldos


et Torrijos, et les tueurs à gages de la CIA, qui nous suivaient


de près, sont donc intervenus.» Le bilan est limpide


: «L’Equateur est maintenant enlisé dans les dettes


et doit consacrer une part anormale de son budget national


à leur remboursement» ; par conséquent, «ce pays


ne peut s’acquitter de ses obligations qu’en vendant ses


forêts tropicales aux compagnies pétrolières.» En


somme, piétinant la souveraineté équatorienne pourtant


inaliénable, « l’empire global réclame son dû sous la


forme de concessions pétrolières »... John Perkins était


de retour en Equateur le 22 mai 2007 pour présenter ses


excuses au peuple équatorien. D’autres responsables de


l’endettement illégitime pourraient suivre son exemple.


Agir au Nord aussi


Pour compléter le dispositif, il faut également créer des


commissions d’audit sur les créances réclamées par les


gouvernements du Nord aux pays du Sud. Par exemple,


la Belgique réclame 16 millions de dollars de dette à


l’Equateur, notamment pour des projets qui se sont


inscrits dans le cadre de l’aide liée. À la première analyse


des projets, on se rend compte que les prêts réalisés


par la Belgique en Equateur avaient comme contrepartie


l’obligation pour l’Equateur de dépenser l’argent auprès


d’entreprises belges, notamment de fourniture de matériel


électrique. Or la Belgique affirme qu’elle a abandonné


depuis des années toute politique d’aide liée parce


qu’elle reconnaît elle-même que c’est une politique tout


à fait illégitime. Nous allons, en tant que CADTM, avec le


CNCD et d’autres mouvements, analyser en détail les


contrats qui lient l’Equateur à la Belgique afin de déterminer


s’il est encore légitime de la part la Belgique de


réclamer le paiement ou s’il faut annuler purement et


simplement cette dette comme la Norvège l’a fait à l’égard


de l’Equateur en 2006, pour notamment cinq


bateaux de pêche qu’elle avait livrés à l’Equateur il y a


un peu plus de 20 ans, à un moment où l’industrie navale


norvégienne en avaient davantage besoin que l’économie


équatorienne...


\\\ DAMIEN MILLET ET ERIC TOUSSAINT


[1] L’ensemble des dépenses sociales ne représente que 22%


du budget, sauf si le gouvernement arrive à modifier la situation


en réduisant radicalement la part accaparée par la dette.


[2] Eric Toussaint pourrait en faire partie. Cela doit encore être


confirmé par décret présidentiel.


[3] La version française est parue aux éditions alTerre en


2005. Les citations qui suivent en sont extraites. Edition originale


: Confessions of an economic hit man, Berrett-Koehler


Publishers, 2004, San Francisco.

QUI A DIT ?





Enfin une explication, de la part d’un connaisseur,





de l’incurie du FMI et de la Banque mondiale, et





des dégâts sociaux et environnementaux que





leurs exigences ont provoqués depuis des décennies...





Michel Camdessus, ancien directeur du





FMI, a lancé sur France Culture le 23 mai 2007 :





«On n’a jamais vu une institution de type purement





idéologique faire grand bien au plan économique.»





Bon, même si le CADTM décrypte depuis des





années l’idéologie mortifère de ces deux institutions,





Camdessus faisait allusion à la Banque du





Sud qui se met en place en Amérique latine, à





propos de laquelle nous vous conseillons la lecture





du Monde diplomatique de juin 2007 qui





contient un article d’Eric Toussaint et Damien





Millet sur ce sujet... Pourquoi cette volonté de rompre





avec la logique du FMI ? La ministre argentine





des Finances, Felisa Miceli, est très claire : «Le





Fonds s’est, de manière répétée, opposé à toute





fixation d’un salaire minimum et s’est fait l’avocat de





la flexibilité du marché du travail, sans se préoccuper





des conventions internationales sur les normes





sociales de base ou, au minimum, de l’application





des normes nationales.» Conclusion : à dégager !





PLAN AFRICA ESPAGNOL :





UN MARCHÉ DE DUPES





Le gouvernement espagnol vient d'approuver l'annulation





d’une dette de 25 millions de dollars à l’égard de





trois pays africains : Mauritanie, Ouganda et Ethiopie,





dans le cadre du Plan Africa. Geste généreux a priori,





mais qui cache un vrai mécanisme de domination.





D’une part, ces dettes proviennent de crédits accordés





par les Fonds d'aide au développement, qu’il faut





pourtant rembourser avec intêrets. A noter qu'en





2005, 12 pays subsahariens avaient remboursé 19,1





millions de dollars à ce même Fonds. En réalité ce que





l'Espagne donne avec une main, elle l'avait déjà pris de





l'autre. En 2005, par exemple, le Cameroun et





l'Ouganda remboursèrent au FAD espagnol plus d'argent





qu'ils n'en avaient reçu au titre de l'aide espagnole





au developpement. Le Cameroun, qui ne consacre





que 1,21% de son PIB à ses besoins de santé, avait





remboursé cette même année 4,5 millions de dollars à





l'Espagne.





D’autre part, cette opération est liée à des conversions





de dette : les ressources liberées créditent un





Fonds de financement de projets de développement...





sous tutelle espagnole. L'utilisation de l'argent des





peuples africains reste ainsi toujours sous surveillance





espagnole. Il est connu que la légendaire mauvaise





gouvernance des dirigeants africains pourrait dégénerer





en détournements et malversations... Le bon et





honnête père de famille assurera donc la bonne gestion...,





sauf que les innombrables cas de corruption,





malversations, scandales immobiliers, népotisme, etc.,





devoilés ces dernières annèes, déshonorent des centaines





de responsables politiques espagnols !





Mais ce n'est pas tout : le Plan Africa n'annulera que





75 millions de dollars. C'est une goutte d'eau dans l'océan





de la dette africaine. La dette extérieure de





l'Afrique subsaharienne dépasse 200 milliards de dollars





et son mécanisme aspire de nombreuses ressources





financières des peuples africains.





En fait, son but est clair : le Plan Africa espagnol classe





les pays visés en fonction des intêrets géopolitiques





de l'Espagne. Il affiche au même niveau que la lutte





contre la pauvreté, les droits de l'homme et autres





bons sentiments, d’autres objectifs très concrets :





contrôle des flux migratoires (sous-traitance locale





d'une police de l'air et des frontières), sécurité (mais





l'Espagne reste le plus grand exportateur de munitions





vers l'Afrique subsaharienne), échanges commerciaux





et de renforcement des investissements (appel à l'ouverture





des frontières, aux privatisations des entreprises





publiques, etc.), sécurité energétique (pour les





- 8 -





sociétés espagnoles qui feront main basse sur les ressources





pétrolières et halieutiques d’Afrique), rayonnement





culturel et politique espagnole en Afrique, etc.





Rien d'autre qu'un plan de coordination avec la Banque





mondiale, le FMI, la BAD, dans la droite ligne du





Nepad, c’est-à-dire un plan d’ajustement structurel à





l’échelle du continent. Rien d'autre que la participation





espagnole à l'architecture mondiale de domination





financière et idéologique du Sud par le Nord. Rien d'autre





qu’une recolonisation néoliberale de l'Afrique. En





somme, une copie espagnolisée de tant d’autres plans





qui récompensent la docilité des gouvernements africains





qui acceptent de jouer ce funeste jeu-là.





\\\ GUILLERMO SINTES DIAZ





Pour consulter le Plan : www.mae.es/NR/rdonlyres





/C4C81869-0E32-470D-8D5F-7A49AD84D5C0/0/planafrica.





pdf





LIRE





+ Paradis fiscaux et judiciaires : cessons le scandale





!, brochure réalisée par la plateforme «Paradis fiscaux





et judiciaires», née dans le





cadre de la campagne « 2005 :





plus d’excuses ! » autour des





objectifs du millénaire pour le





développement. Il n’est pas





trop tard pour atteindre les -





bien trop modestes - objectifs





de développement fixés par les





Nations Unies, à condition de





prendre un certain nombre de





mesures d’urgence. Parmi elles,





la lutte contre les paradis fiscaux





et judiciaires. Ces territoires





posent en effet le problème de «l’injustice fiscale» : la





concurrence fiscale déloyale de certains pays aboutit à priver





d’autres de ressources qui auraient pu être affectées





à des projets sociaux. Ils favorisent aussi l’opacité : une





masse importante de fonds qui transite par ces territoires





provient de la corruption. Ces détournements de fonds





publics privent ainsi les États du Sud de recettes qui





auraient pu être affectées à leur développement.





L’objectif de cette coalition est de contribuer à faire





changer ce système qui implique des territoires ou des





pays qui outre une fiscalité accommodante pratiquent le





secret bancaire et une certaine impunité juridique. Le





CADTM est membre de cette plate-forme aux côtés des





organisations suivantes : Amnesty International, Attac,





CCFD, CRID, Droit pour la justice, Eau Vive, Fédération de





l’Entraide Protestante, Oxfam France Agir ici, Réseau Foi





et Justice Afrique Europe, Secours catholique Caritas,





Sherpa, Survie, Transparence International.





Voir www.cadtm.org/article.php3?id_article=2582
 

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