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Le Devoir
LES ACTUALITÉS, vendredi 18 mai 2007, p. a4
Prisonnier dans un presbytère depuis 500 joursAbdelkader Belaouni réclame l'asile au Canada
Myles, Brian
Abdelkader Belaouni a fêté hier son 40e anniversaire
de naissance au presbytère de l'église Saint-Gabriel, dans le quartier
Pointe-Saint-Charles, où il se terre depuis plus de 500 jours pour
échapper à un ordre d'expulsion vers son pays d'origine, l'Algérie.
M. Belaouni a épuisé tous les recours juridiques
pour rester au Canada. Ses demandes de révision pour motifs
humanitaires ont même été rejetées à deux reprises par Immigration
Canada. Mais l'homme refuse de baisser les bras. Au nom «de la dignité
et de la liberté», il demande à la ministre de l'Immigration, Diane
Finley, de revenir sur sa décision. «Je ne suis pas un étranger et la
population de Pointe-Saint-Charles ne me voit pas comme un étranger», a
dit M. Belaouni lors d'une conférence de presse symbolique hier.
En effet, mardi dernier, Abdelkader Belaouni a passé
son 500e jour dans le presbytère de l'église Saint-Gabriel. Il s'y est
réfugié le 1er janvier 2006 pour échapper à un ordre d'expulsion. «Je
suis très très fatigué, ce n'est pas une vie. Je demande ma liberté.
Mme Finley a toute l'autorité pour m'accepter en une seconde. Ça ne
prend pas 500 jours», a-t-il dit.
Pendant que le ministère de l'Immigration fait la
sourde oreille, Abdelkader Belaouni continue de récolter des appuis. À
ce jour, plus de 500 personnes et 71 organismes, dont la Ligue des
droits et libertés, le Conseil musulman de Montréal et Amnesty
International, ont écrit à la ministre de l'Immigration pour lui
communiquer leur indignation.
M. Belaouni est complètement aveugle et diabétique.
Depuis son arrivée à Montréal, en mars 2003, il n'a pas été en mesure
de trouver un emploi et a vécu de l'aide sociale. Par contre, il a fait
du travail bénévole auprès de l'Association multiethnique pour
l'intégration des personnes handicapées et du Comité des droits sociaux
du Sud-Ouest. Il a également suivi des cours d'orientation pour
accroître son autonomie à l'Institut Nazareth et Louis-Braille. Cinq
personnes sont également prêtes à lui offrir un soutien financier, en
lieu et place de l'État, jusqu'à ce qu'il gagne sa pleine autonomie.
M. Belaouni n'a pas pu obtenir le statut de réfugié
en raison de certaines contradictions entre sa déclaration aux Douanes
et son formulaire de demande officielle. Une première requête de
révision pour motifs humanitaires a été rejetée par le ministère de
l'Immigration au prétexte qu'il n'avait pas réussi à intégrer le marché
du travail. Une deuxième demande similaire a été écartée parce que son
retour en Algérie ne posait aucun risque pour sa sécurité.
Selon la Ligue des droits et libertés, Immigration
Canada a fait de la discrimination à l'encontre de M. Belaouni en
ignorant le fait que son handicap constitue un obstacle sérieux à
l'obtention d'un emploi.
Selon Brian McDonough, directeur de l'Office de la
pastorale sociale à l'Archevêché de Montréal, le statut précaire
d'Abdelkader Belaouni est représentatif d'une culture de méfiance et de
peur envers les étrangers dans le monde de l'après-11-Septembre. «Il
faut reconnaître en Kader un de nos frères, une personne qui a
contribué à cette communauté et qui veut contribuer encore au
développement de Pointe-Saint-Charles, a dit M. McDonough. Kader est
une personne et, de ce fait, on ne peut pas l'utiliser pour envoyer des
messages marqués par la peur de l'étranger.»
Le Comité de soutien d'Abdelkader Belaouni demande
une rencontre avec la ministre Finley pour lui exposer tous ces
nouveaux arguments.
Illustration(s) : Aveugle et diabétique, Abdelkader Belaouni prie le Canada de lui accorder refuge.
Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Immigrants, émigrants et réfugiés; Droits et libertés
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 409 mots
© 2007 Le Devoir. Tous droits réservés.Doc. : news·20070518·LE·144044