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Le Devoir
LES ACTUALITÉS, jeudi 10 mai 2007, p. a4
Les risques reliés à la popularité grandissante des biocarburants
Nourrir les humains avant les VUSUn rapport de l'ONU recommande d'établir des balises pour éviter la catastrophe
Francoeur, Louis-Gilles
Depuis que les États-Unis se sont donné pour
objectif de remplacer 20 % de pétrole par des biocarburants d'ici 2020,
les prix du maïs ont augmenté comme les superficies consacrées à cette
culture, car beaucoup d'agriculteurs se rendent compte qu'il sera plus
payant de remplir les réservoirs de VUS que les estomacs d'humains ou
d'animaux.
L'ONU estime que l'essor des biocarburants pourrait
être tout autant bénéfique dans certains cas précis que catastrophique
s'il débouche sur une nouvelle vague de déforestation ou sur des
hausses généralisées du prix des aliments en raison de la diminution
des surfaces agricoles destinées à assurer la sécurité alimentaire des
différentes régions de la planète.
Ce rapport, divulgué hier par l'agence UN Énergie,
un organisme créé dans la foulée du Sommet de Johannesburg en 2002 et
qui regroupe la plupart des grands organismes internationaux intéressés
par ce dossier, ne condamne pas d'entrée de jeu la filière des
biocarburants mais insiste auprès des gouvernements pour qu'ils
planifient méticuleusement son développement afin d'éviter les effets
pervers de cet engouement, surtout sur la sécurité alimentaire de leur
population. La production des biocarburants ne devrait pas soustraire
les meilleures terres à l'agriculture et à l'élevage mais mettre en
valeur ce qui ne l'est pas présentement. Si la course aux biocarburants
peut absorber les surplus de production qui font chuter les prix,
indique le rapport, le niveau d'augmentation des denrées alimentaires
pourrait devenir prohibitif en raison du prix du pétrole, sans cesse à
la hausse.
Globalement, précise le rapport, les biocarburants
ne donnent pas leur plein potentiel lorsqu'ils remplacent le pétrole
dans les transports, mais lorsque cette biomasse produit chaleur et
énergie, notamment de l'électricité, à la place du pétrole et surtout
du charbon. On estime aussi que les biocarburants offrent d'importants
atouts aux petits pays qui n'ont pas les moyens d'acheter du pétrole.
Mais ces petits pays devront encadrer eux aussi la production des
biocarburants pour qu'elle demeure, idéalement, contrôlée localement
par les agriculteurs au sein de coopératives.
Le rapport indique aussi que les gouvernements
devront délivrer aux petits agriculteurs de véritables titres de
propriété s'ils veulent éviter que des multinationales mettent la main
sur de vastes territoires, souvent forestiers, dont ils ne vont pas
hésiter à chasser les habitants pour en faire des monocultures
susceptibles d'engendrer érosion, épuisement des réserves d'eau et même
une intensification des émissions de gaz à effet de serre en raison de
la disparition des forêts qui fixaient le carbone jusque-là. Le rapport
cite la région de São Paolo au Brésil, un État qui a réussi à produire
de l'éthanol à des prix concurrentiels à ceux du pétrole mais qui a dû
enrayer la déforestation galopante au profit de la canne à sucre en
exigeant que les fermiers conservent intact un pourcentage précis du
territoire forestier.
Selon le rapport onusien, si des communautés pauvres
peuvent tirer profit de cultures plus payantes, il n'en reste pas moins
que les régions rurales des pays en développement sont les plus pauvres
et que toute augmentation des prix de la nourriture pour cause de
concurrence entre biocarburants et aliments va aggraver une pauvreté
déjà endémique. Le rapport note qu'en quelques années, les prix de
plusieurs denrées alimentaires en Asie et en Afrique ont bondi en
raison du passage des cultures traditionnelles à celles au profit des
biocarburants, éthanol ou diesel.
Les biocarburants devraient en priorité, estime le
rapport, servir à la cuisson des aliments dans les pays en
développement qui misent jusqu'à présent sur la biomasse. Les maladies
engendrées par les toxiques présents dans la fumée des fours familiaux,
qu'on appelle les «maladies de la cuisine», constituent déjà un
problème de santé plus important que la malaria. Et la recherche du
bois mort empêche souvent les jeunes filles d'aller à l'école, quand
elle ne les offre pas en pâture aux violeurs tout simplement.
Les biocarburants pourraient répondre à 25 % des
besoins en énergie de la planète d'ici 15 ou 20 ans. Leur production a
doublé depuis cinq ans et doublera encore d'ici quatre ans. Ils
constituent une solution à portée de la main pour une partie des 2,4
milliards de personnes qui dépendent de la biomasse - paille, bois
mort, fumier séché, etc. - pour leurs besoins en énergie de base et
pour les 1,6 milliard qui n'ont aucun service électrique.
Illustration(s) : Avec la pièce Amadeus, le doué metteur en scène
Alexandre Marine orchestre un spectacle dynamique, élégant et ironique,
au mouvement souple et fluide.
Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Réchauffement de la planète
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 581 mots
© 2007 Le Devoir. Tous droits réservés.Doc. : news·20070510·LE·142882