Au-delà de l'expulsion du délégué
de la Banque Mondiale, Correa n'écarte pas la possibilité de poursuivre
en justice cette institution
Selon une déclaration du Président de la République, Rafael Correa,
faite vendredi 27 avril, en plus de l'expulsion du représentant de la
Banque Mondiale (BM), le pays n'écarte pas la possibilité d'adopter
d'autres mesures contre cet organisme multilatéral de crédit. Ce
jeudi 26 avril, le ministère des affaires extérieures a émis un
communiqué dans lequel il déclare « persona non grata » le représentant
de la Banque mondiale, Eduardo Somensatto. Ce dernier avait 72 heures
pour quitter le pays.
Correa a affirmé hier que le
gouvernement se réserve le droit d’entreprendre des actions légales
contre la Banque, en raison de sa politique à l’égard de l’Equateur. En
ce qui concerne la dette du pays à la Banque mondiale, il a précisé que
le pays remboursera «
ce qui est justifié et pas ce que la BM demande ». Il a ajouté que le pays pourrait qualifier d’illégitime la dette due à la Banque mondiale.
De plus, le gouvernement est en train
de prendre des mesures pour réduire la dépendance à l’égard de la
Banque mondiale. La dette équatorienne actuelle à l’égard de celle-ci
s’élève à 755 millions de dollars. Le ministre de l’économie, Ricardo
Patino, précise que son ministère essaye d’éviter un remboursement pour
un montant de 80 millions de dollars prévu pour 2007.
Patino met en évidence que le pays a
renforcé ses relations avec la Corporation andine de crédit
(Corporacion andina de fomento) parce qu’elle n’impose pas des
conditions lorsqu’elle octroie des prêts.
Le gouvernement a expulsé Somensatto en
représailles de la suspension d’un prêt de 100 millions de dollars
quand Correa était ministre de l’économie en 2005. La cause de cette
suspension résidait dans la réforme de la loi de transparence fiscale
qui remplaça le fonds pétrolier Feirep par Cereps ce qui permit de
réduire le pourcentage du budget destiné au remboursement de la dette.
Patino affirme que la mesure prise par la Banque mondiale en 2005 «
mit en péril la stabilité des comptes de l’Etat ».
Correa, de son côté, souligne que la
suspension du prêt de la Banque mondiale constitue un manque total de
respect de la souveraineté du pays.
Le ministère des affaires extérieures
communique qu’il n’y a pas eu de réponse officielle de la Banque
mondiale à la décision du gouvernement. Des représentants de la Banque
mondiale à Washington ont téléphoné au Ministère des affaires
extérieures afin d’obtenir une réunion avec la Ministre Maria Fernanda
Espinosa. Il n’y a pas encore de rendez-vous prévu.
La même source signale que la décision éventuelle de remplacer Somensatto est de la responsabilité de la Banque mondiale.
Il y aura une aide extérieure pour la commission de l’auditLe ministre de l’Economie, Ricardo
Patino a annoncé qu’il invitera des experts internationaux à intégrer
la nouvelle Commission d’Audit de la dette grâce à laquelle le
gouvernement espère identifier la dette « illégitime » pour concrétiser
une renégociation.
Parmi les candidats pour intégrer la
commission on trouve le Belge Eric Toussaint, expert des prêts de la
Banque mondiale, et le Péruvien Oscar Ugarteche, expert en
renégociation de la dette. Les deux ont assisté cette semaine au
séminaire « Dette illégitime », organisé par Jubilé 2000.
La commission analysera les prêts octroyés par la Banque mondiale et les conditions auxquels ils étaient liés.
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Quotidien
El Universo, Quito, samedi 28 avril 2007, P. 5.
El Universo est un des deux principaux quotidiens équatoriens.
Lundi 30 Avril 2007
par El Universo (Equateur)