Le Devoir
LES ACTUALITÉS, mercredi 11 avril 2007, p. a5
Greenpeace s'émeut de la générosité des industriels forestiers envers le PLQFrancoeur, Louis-Gilles
Selon une analyse des contributions électorales au
Québec, Greenpeace a établi que le Parti libéral de Jean Charest a été
«fortement privilégié» par les industriels de la forêt, regroupés dans
le Conseil de l'industrie forestière (CIFQ) en 2004 et 2005.
Le groupe environnemental y voit une explication, du
moins partielle, des retards mis par Québec à appliquer des volets
majeurs du rapport Coulombes, particulièrement au chapitre de la
gestion écosystémique et des aires protégées.
Cette analyse a fait bondir le CIFQ, qui n'a pas nié
les chiffres dévoilés par Greenpeace mais les a relativisés en
démontrant que les contributions de ses membres correspondaient tout au
plus en 2005 à 0,61 % des contributions électorales totales. En somme,
pas de quoi influencer les politiques libérales.
Au cabinet du ministre des Ressources naturelles et
de la Faune, Pierre Corbeil, son attaché de presse, Matthieu
Saint-Amant, soutenait qu'«il n'y a aucun lien entre les contributions
des citoyens, leur employeur et les décisions gouvernementales».
Greenpeace a comparé récemment les noms et adresses
de toutes les personnes qui apparaissent au registre des sociétés dans
les dossiers des 103 compagnies membres du CIFQ. Et le groupe
environnemental a comparé leurs contributions aux différents partis
politiques.
Il en ressort que ces personnes ont fourni 44 215 $
au Parti libéral en 2005, contre 15 375 $ au Parti québécois et 3000 $
à l'ADQ. En 2004, les «personnes liées» aux sociétés forestières et
papetières ont fourni 31 130 $ au PLQ, 4020 $ au PQ et 220 $ à l'ADQ.
«Ainsi donc, a commenté le porte-parole de
Greenpeace Québec, Jocelyn Desjardins, la proportion des contributions
allant au PLQ par les personnes liées aux compagnies membres du CIFQ
dépasse largement la proportion observée dans l'ensemble de la
population. En effet, les libéraux ont reçu 64 % de tous les dons de
plus de 200 $ [des industiels forestiers] aors qu'ils recevaient 79 %
en 2004.»
Jocelyn Desjardins reconnaît immédiatement que ces
contributions individuelles sont légales. «On ne dit pas que ce n'est
pas correct, ajoute-t-il. On ne fait qu'informer les gens de la
proximité qui existe en très grande partie entre les libéraux et les
gens de l'industrie forestière.» Cette concentration de contributeurs à
la caisse libérale lui apparaît d'ailleurs «comme quelque chose de
malsain pour la gestion de la forêt et de la démocratie».
La porte-parole du groupe environnemental au dossier
forêt, Mélissa Filion, estime que si cette proximité n'explique pas
tout, elle soulève des questions sur le retard du gouvernement à
appliquer des recommandations centrales de la commission Coulombes,
notamment en ce qui a trait à la gestion écosystémique et la protection
des aires protégées, où le PLQ n'a respecté ni l'échéance fixée par la
commission ni le niveau de 8 % qui s'est résumé à protéger dans les
faits
4,7 % du territoire québécois.
Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Industries forestières, du bois et des pâtes et papiers
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 338 mots
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