Le 26 février 1885 prend fin la conférence de Berlin sur l'Afrique.
Considéré par les Européens comme une terre sans maître, l'immense continent noir est partagé comme une vulgaire tarte aux pommes... sans que les habitants, pas plus que les pommes, aient leur mot à dire.
Joseph Savès
Un continent à l'encan
Le chancelier allemand Otto von Bismarck a convié les représentants des États-Unis et de treize pays européens à se répartir les dernières terres qui échappent à la mainmise occidentale.
En trois mois, la conférence fixe les règles qui doivent présider à l'occupation du continent africain. Elle proclame la liberté de navigation sur les grands fleuves africains, le Niger et le Congo, et permet aux États européens déjà présents sur le littoral africain (par exemple en Côte d'Ivoire) d'annexer l'arrière-pays correspondant. La France mais aussi le Portugal et l'Allemagne sont dans ce cas.
La France obtient des droits sur les vastes territoires de l'Afrique de l'ouest. Le chancelier Bismarck espère, mais à tort, que les Français se résigneront de la sorte à la perte de l'Alsace-Lorraine. L'Angleterre se réserve la possibilité de constituer un axe continu du Caire au Cap, à la pointe sud du continent.
Malgré son importance pour le continent africain, la conférence de Berlin ne suscite qu'indifférence en Europe. L'opinion publique se désintéresse dans son immense majorité des conquêtes coloniales.
Celles-ci sont le fait de quelques militaires, philanthropes et aventuriers qui ont réussi à convertir à leurs vues des responsables politiques comme le républicain français Jules Ferry, le conservateur britannique Benjamin Disraeli ou le roi des Belges, Léopold II.
Léopold II comblé
Le principal bénéficiaire de la conférence de Berlin est le roi des Belges, Léopold II. Il a consacré sa fortune personnelle à l'exploration et à l'occupation de l'Afrique centrale. Ses efforts sont récompensés par la conférence de Berlin. Celle-ci lui reconnaît la possession à titre privé d'un vaste territoire au coeur de l'Afrique noire, qui sera baptisé «État indépendant du Congo» !
Léopold II promet aux grandes puissances que le territoire sera ouvert à leur commerce. Lui-même va s'efforcer de tirer de sa colonie un maximum de ressources en instituant le travail forcé. A sa mort, il lèguera le Congo à la Belgique mais celle-ci ne l'acceptera qu'à son corps défendant.
http://www.herodote.net/evenements/evenement.php?jour=18850226