27 Juillet 2004. Ouverture de la Convention des Démocrates : Le Discours qui révéla Barack Obama à l’Amérique
11/02/2007
Juillet 2004 à la Convention des Démocrates, le seul sénateur noir fait irruption sur la scène politique américaine pour ne plus la quitter : Barack Obama. Son discours très américain dans l’espoir, le rêve accessible d’une vie meilleur au prix du travail et très … africain dans l’évocation des racines enflammera les foules et la notoriété du sénateur de l’Illinois ne faisait que commencer un long chemin.
Afrikara présente cet important texte fondateur du sénateur noir de l’ Illinois, Black de père kenyan et de mère américaine qui se hausse sur la marche politique la plus élevée du pays le plus puissant du monde. Une traduction Dr Régine Mfoumou, spécialiste de littérature et auteure d’ouvrages sur Olaudah Equiano, un Esclavisé africain qui écrivit une célèbre autobiographie à la fin du 18ème de siècle en Angleterre.
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Au nom du grand Etat de l’Illinois, Carrefour d’une nation, Terre de Lincoln, permettez-moi d’exprimer ma plus profonde gratitude pour le privilège de prendre la parole à cette convention.
Pour moi, cette soirée revêt un honneur particulier parce que -voyons les choses comme elles sont- ma présence sur cette estrade est assez invraisemblable. Mon père était un étudiant étranger, né et élevé dans un petit village du Kenya. Il a grandi en surveillant les chèvres, allait à l’école dans une cabane à la toiture de tôle. Son père -mon grand-père- était cuisinier, un serviteur domestique pour les Anglais.
Mais, mon grand-père avait de grands rêves pour son fils. En travaillant dur et en persévérant, mon père obtint une bourse pour étudier dans un endroit magique, l’Amérique, qui brillait comme un phare de liberté et d’opportunité pour beaucoup qui y étaient arrivés avant lui.
Alors qu’il étudiait dans ce pays, mon père rencontra ma mère. Elle naquit dans une ville, de l’autre côté du monde, au Kansas. Son père travaillait sur les derricks et dans des champs pendant une grande partie de la Dépression. Le jour suivant Pearl Harbor, mon grand-père s’engagea pour le service; rejoignit l’armée de Patton, parcourut l’Europe. Pendant ce temps, ma grand-mère élevait leur bébé et allait travailler à la chaîne dans un bombardier. Après la guerre, ils étudièrent sous le programme du G.I. Bill[1], achetèrent une maison par le F.H.A, et, plus tard, ils allèrent à l’ouest, en direction de Hawaii en quête d’opportunités.
Et eux aussi avaient de grands rêves pour leur fille.
Un rêve commun, issu de deux continents. Mes parents ne partageaient pas seulement un amour invraisemblable, ils partageaient aussi une foi éternelle aux possibilités de cette nation. Ils me donnèrent un nom africain, Barack, qui signifie “béni,” croyant que, dans une Amérique tolérante, le nom qu’on porte ne constitue pas une barrière vers le succès. Ils m’imaginèrent allant dans les meilleures écoles du pays, même s’ils n’étaient pas riches, parce que, dans une Amérique généreuse, vous n’avez pas besoin d’être riche pour atteindre votre potentiel.
Ils sont tous les deux à présent décédés. Et pourtant, je sais que, ce soir, ils me regardent avec grande fierté.
Je me tiens ici aujourd’hui, reconnaissant pour la diversité de mon héritage, conscient que les rêves de mes parents survivent à travers mes deux précieuses filles. Je me tiens ici sachant que mon histoire fait partie de la plus grande histoire américaine, que j’ai une dette envers tous ceux qui se tiennent devant moi, et que dans aucun autre pays au monde, mon histoire n’est même pas envisageable.
Ce soir, nous sommes assemblés pour affirmer la grandeur de notre pays -non pas à cause de la hauteur vertigineuse de nos gratte-ciel, ni pour le pouvoir de notre armée, ni pour la taille de notre économie. Notre fierté repose sur un très petit principe, résumé par une déclaration datant de plus de deux cents ans: “Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes le fait que : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.”[2]
C’est cela le véritable génie de l’Amérique -foi en de simples rêves, insistance sur de petits miracles. Que nous puissions border nos enfants la nuit et savoir qu’ils ont mangés, qu’ils sont vêtus et à l’abri du mal. Que nous puissions dire ce que nous pensons, écrire ce que nous pensons, sans entendre des coups soudain à la porte. Qu’on puisse avoir une idée et entamer notre propre affaire sans payer de pot-de-vin. Qu’on puisse participer à la vie politique sans peur d’être châtié, et, que nos votes seront comptés -du moins, la plupart du temps.
Cette année, pendant cette élection, nous sommes appelés à réaffirmer nos valeurs et nos engagements, à les tenir face à une dure réalité et à voir dans quelle mesure nous sommes à la hauteur de l’héritage de nos prédécesseurs et de la promesse des générations futures. Et, mes compatriotes américains -Démocrates, Républicains, Indépendants- je vous dis ce soir : nous avons plus de travail à accomplir.
Plus de travail à accomplir pour les travailleurs que j’ai rencontrés à Galesburg en Illinois, qui sont en train de perdre leurs emplois syndiqués à l’usine Maytag qui est délocalisée au Mexique et à présent doivent se retrouver en concurrence avec leurs propres enfants pour des emplois qui paient sept dollars de l’heure.
Beaucoup à faire pour le père de famille que j’ai rencontré et qui perdait son emploi et refoulait ses larmes parce qu’il se demandait comment il paierait les $4,500 mensuels que coûtent les médicaments dont son fils a besoin, sans les allocations de santé sur lesquels il comptait.
Beaucoup à faire pour la jeune femme de East St. Louis, et des milliers d’autres comme elle, qui a de bonnes notes, a la motivation et la volonté, mais n’a pas d’argent pour aller à l’université.
Maintenant, qu’on s’entende bien. Les personnes que je rencontre -dans des petites et des grandes villes, lors des dîners et des parkings de bureau- ne s’attendent pas à ce que le gouvernement résolve tous leurs problèmes. Ils savent qu’ils doivent travailler dur pour avancer – et ils veulent le faire.
Parcourez les comtés de Chicago, et les gens vous diront qu’ils ne veulent pas que leurs impôts soient gaspillés par un centre d’assistance sociale ou par le Pentagone.
Allez dans tout quartier déshérité de la ville, et les gens vous diront que le gouvernement ne peut pas à lui seul enseigner l’apprentissage à nos enfants -ils savent que les parents doivent les éduquer, que les enfants ne peuvent réussir sans que nous ne leur donnions de l’espoir, que nous n’éteignions les postes de télévision et que nous n’éradiquions la calomnie qui dit qu’un jeune noir avec un livre se conduit comme un blanc.
Ils savent tout cela.
Les gens ne s’attendent pas à ce que le gouvernement résolve tous leurs problèmes. Mais ils ont le pressentiment, dans leur for intérieur, qu’un tout petit changement des priorités nous permettra de nous assurer que chaque enfant en Amérique ait un démarrage décent dans la vie, et que les portes d’opportunités demeurent ouvertes à tous.
Mar 13 Fév - 20:46 par mihou