Johnny Hallyday : bye bye le fisc, bonjour la Suisse
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J'en ai marre, comme beaucoup de Français, de payer ce qu'on nous impose comme impôts» a déclaré Johnny Hallyday. (Photo : AFP)
«J'en ai marre, comme beaucoup de Français, de payer ce qu'on nous impose comme impôts» a déclaré Johnny Hallyday.
(Photo : AFP)
Johnny Hallyday va s’exiler à Gstaad, la très huppée station de ski helvétique où il possède un chalet. Le cadre de vie et l’air de la montagne ont certainement motivé la décision de la star du rock français de s’installer en Suisse. Mais, il l’a reconnu lui-même, la pression fiscale qu’il subit dans l’Hexagone n’est pas étrangère non plus à cette expatriation. L’annonce du départ de Johnny Hallyday n’a pas manqué de relancer le débat autour de l’impôt sur la fortune (ISF), spécificité française qui fait grincer les dents des riches. Elle a aussi donné l’occasion aux adversaires de Nicolas Sarkozy d’ironiser sur le choix des artistes qui lui ont apporté leur soutien.
Johnny Hallyday n’a plus envie … de payer ses impôts en France. L’information a été diffusée par le magazine L’Express et a été confirmée par le rocker sur la radio privée Europe 1 : «J’en ai marre, comme beaucoup de Français, de payer ce qu’on nous impose comme impôts, puis voilà, j’ai fait mon choix». Le chanteur ne renie rien, Français il est, Français il reste. Il ne s’agit que d’aller vivre un peu plus de temps, 6 mois et un jour pour être exact, de l’autre côté de la frontière. «J’aime la France et même si je suis résident ailleurs je suis quand même citoyen français, il ne faut pas l’oublier».
Bon d’accord mais quand même, les Français eux se souviennent qu’il n’y a pas si longtemps le chanteur avait engagé une procédure auprès des autorités belges pour demander la nationalité du plat pays. Comme par hasard, une autre destination fiscale avantageuse. Même s’il est vrai que le papa de Johnny était belge, cette envie soudaine à la soixantaine d’opérer un retour aux sources était peut-être motivée par les conditions avantageuses offertes aux riches expatriés résidant dans le pays. Manque de chance, il semble que le royaume n’ait pas décidé de donner une suite favorable à la requête du chanteur. Ce qui pourrait expliquer les aménagements entrepris à la hâte dans le chalet de Gstaad et les négociations engagées par les hommes d’affaires de Johnny avec les autorités du canton de Berne concernant le forfait fiscal auquel il pourrait être soumis en s’installant dans la région.
«Quand on a des amis comme ça… »
Johnny qui part de France, c’est «l’idole des jeunes» des années soixante qui quitte le navire. Et ça fait mal au cœur de Jean-Louis Borloo, le ministre de la Cohésion sociale : «J’aime tellement ce chanteur. Quelque part ça me fait de la peine», et au porte-monnaie de Jean-François Copé : «Il s’est délocalisé pour des raisons de fiscalité et je le regrette en tant que ministre du Budget». Même son de cloche chez Dominique de Villepin, avec un petit pincement au cœur en plus car la France «a besoin» de tous les talents, «sportifs, artistes, industriels».
Certains ont aussi profité du soutien apporté par Johnny Hallyday à Nicolas Sarkozy pour railler le ministre de l’Intérieur. François Bayrou, le président de l’UDF, a conclu que Nicolas Sarkozy n’avait «pas de chance avec ses soutiens» et que l’attitude du chanteur n’offrait «pas un très bon exemple civique». François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, ne s’est pas privé non plus en affirmant : «C’est vrai que quand on a des amis comme ça, on ne part pas dans une campagne électorale avec les meilleures chances».
Quels que soient les commentaires sur le cas de Johnny Hallyday, il ne s’agit que de la partie symbolique de l’exil fiscal. Car ce phénomène touche, selon les estimations, environ 300 à 350 personnes par an. La plupart sont des héritiers et des patrons peu médiatisés mais très riches. L’impôt sur la fortune (ISF) a, semble-t-il, un effet répulsif sur les personnes les plus fortunées du pays qui lui ont donné un petit nom dans leur jargon : «Incitation à sortir de la France». La Suisse fait partie des pays attractifs sur le plan fiscal. Elle propose aux personnes qui désirent y résider de payer une somme fixée à l’avance et calculée sur la base des dépenses du contribuable et, notamment, à partir du montant annuel du loyer ou de la valeur locative du logement qu’il possède, sans tenir compte des revenus réels. Rien à voir avec la France où la taxation des plus riches peut atteindre plus de 60% des revenus. Mais la Suisse n’est pas le seul pays fiscalement intéressant à proximité de l’Hexagone. La Belgique offre aussi de nombreux avantages pour les détenteurs de gros patrimoines, capitaux en actions ou stock-options. L’Angleterre permet aux chefs d’entreprises d’échapper aux charges sociales. Et même l’Italie a réduit certains prélèvements comme les droits de succession et de donation.
Réformer l’impôt sur la fortune
Tout cela, les autorités française le savent. Mais il paraît peu probable que le fameux ISF disparaisse. En France, il s’agit d’un sujet sensible. Jean-François Copé l’a dit clairement, il est aujourd’hui «impossible d’être favorable à la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune. Cela a pris des proportions tellement passionnelles qu’un discours comme cela n’est pas tenable». Cela n’empêche pas certains de critiquer le système actuel. Christian Estrosi, un proche de Nicolas Sarkozy, a estimé que «la situation fiscale de la France n’est plus acceptable» et qu’il est choquant qu’elle «génère l’évasion des capitaux». Une occasion de rappeler que le candidat Sarkozy envisage de lutter contre ce phénomène en limitant les prélèvement à hauteur de 50% des revenus. François Bayrou a lui aussi affirmé qu’une «réforme profonde» était nécessaire. Ce n’est pas Alain Delon, Charles Aznavour, Patricia Kaas, Alain Prost, Guy Forget, Amélie Mauresmo, Alain Afflelou, qui ont choisi à un moment au moins de leur vie l’expatriation fiscale, qui diront le contraire.
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